Un être de mer – ( RC )

photo RC – Finistère -janvier 2021
Ce n’est pas une frontière,
ni une ligne, ni une surface,
une zone interdite,
c’est un océan, une mer,
qui vient et se retire
mais jamais trop loin.
C’est comme un être qui respire,
aux baisers salins.
Un être qui t’invite
quand la marée se lasse
dans de petite flaques
autour du sable mouillé,
se dissimule derrière les rochers,
les épaves rouillées
dans l’attente du ressac.
Il n’a pas d’étendue définie,
pas de limite ,
se rétrécit au découvert de plage,
puis revient comme un cheval sauvage,
lui que l’on croyait assoupi,
étincelant au soleil de midi,
jouant de sa robe ouverte
sur la gamme bleue des gris.
Ceux qui empiètent sur son territoire
le font en pure perte :
c’est ce pays sans mémoire
qu’on ne peut pas cerner,
trop indocile
pour qu’on puisse le dompter.
Il peut dévorer les îles
les engloutir sous la brume;
à coups d’écume.
Il reprend ce qu’on lui a volé,
des châteaux éphémères
aux navires téméraires
des temps écoulés….
……tel est le pays de mer.
Contre le ciel – (Susanne Derève) –

Le Cénaret Lozère en Causses – René Chabrière
La lumière, aussi incisive que la réverbération du soleil sur la neige. Contre le ciel se hisse la montagne, près du plafond de verre, l'azur des anges. Ainsi était hier, le Causse aujourd'hui est aveugle, obscurci de nuages et la brume entraîne le jour dans sa chute, comme nous avons chuté dans l'automne au retour de voyage.
.
Bernat Manciet – dans la bruine de l’étang

Différents de ceux-là qui dans le Purgatoire s’étant reconnus
s’écartèrent et s’en allèrent tête basse
nous nous sommes étreints dans la bruine de l’Etang
qui nous inonde jusqu’aux os du charme bruissant
Car nous venons d’une brume de froid sans pareil
notre commun lignage de peine et d’ahan
ces aïeux de lande et de mer de mouette et de corbeau
qui trimèrent toussèrent et nulle grâce n’a ruisselé
par les hasards du mauvais temps par toutes les marées
par l’errance des Guerres d’Ecosse à Romagne en poussière lumineuse
ils ont déjà tressé notre destin
et de leur lointain ils nous regardent complices curieux
si nous saurons nous aimer sur les abîmes salés
et de leur dieu d’embruns sur la chevelure décoiffée
extrait de Sonnets
Une petite route sur les collines de Toscane – ( RC )

C’est une petite route
qui cherche son chemin
sur les collines
de la Toscane.
Elle domine la vallée
déjà plongée
derrière un rideau de brume.
On la devine par des nuances de gris
dans la photographie.
Comme dans celles de Giacomelli
les silhouettes des cyprès
disposés sur la crète
semblent accompagner
celles des promeneurs
qui traversent le champ de vision
pour aller vers un horizon
encore lointain…
l’atteindront-ils enfin
quand j’aurais fini
de décrire ce que je vois ici ?
Je me rappelle des brumes du nord – ( RC )

Je me rappelle des vents du Nord,
de la sueur des hommes,
des landes de Bretagne
de la brume
cernant les arbres de partout ,
des légendes
au pays de Brocéliande
du cri des hiboux
et des bateaux fantômes
échoués sur la grève
parmi les méduses.
Je me rappelle des cartes postales
couleur sépia,
et de ces dames
à haute coiffe
des temps anciens
qui gardaient aux creux de leurs mains
quelques brins de genêts
ou de bruyère,
pour des marins revenus
le regard un peu
noyé d’embruns….
Georges Jean – dans le désordre des choses

Les fruits sur la prairie pourrissent
Les sentiers mènent aux étangs
Où le ciel ouvre sa pulpe
Les dernières roses construisent
Le réseau profond de la mort
Les maisons prennent dans leurs mains
Les personnages de la brume
Nous sommes dans la chair du temps
Les arbres noirs de la nuit
Les oiseaux gris dans le matin
Il semble que le soleil
Va déchirer ces voiles blancs
Ainsi dans le matin du temps
Les paroles simples se lèvent
Alors éclatent les ailes
Se fendent les rameaux
Saigne l’Orient
Et quelques mots dans le silence
Permettent d’entendre la danse
Et rêver de l’Océan
Pour les regards du dedans
Les pierres sont en gésine
Au cœur de la forêt proche
Là dans les sentiers de silex
Le plaisir bat comme le cœur
Voici les traces les sillages
Les filles des longs retours
Et dans l’ombre d’alentour
Les absents se sont levés
Et le jour ouvre nos lèvres
Et les mots entrent dans les choses.
–
extrait de « parcours immobile »
Christine Lapostolle – Brest (Temps permettant -extrait) –

Dans cette opacification blanchâtre, grisâtre
et même vaguement jaune de tout
alors que le jour devrait se lever, la lumière inonder la radio vient de dire « ciel magnifique sur tout le pays,
un temps splendide nous attend aujourd’hui » –
ici on ne voit même pas la mer
Les bâtiments industriels, les cheminées ressemblent
aux vieux poèmes qui célébraient autrefois le monde
moderne et l’espoir des usines
Ce sont des mots du Nord, des Flandres, qu’il faudrait pour dire ce qu’on voit depuis les fenêtres aujourd’hui
Écrans de brume crue, steamers charbonneux qui
mugissent et fument en appelant le soir
Petite pluie finasse, verticale qui larmoie, faufile l’air,
tisse de l’eau
Le verbe pluviner, l’oiseau pris dans un filet mouillé
Ignorant ces réalités blêmes, un spécialiste de l’amour
inonde les ondes de ses propos sentencieux
Un chien s’arrête pour pisser au pied d’un platane
Toute la mer va vers la ville
Christine Lapostolle
Temps permettant
Editions MF Inventions Janvier 2022
.
Daniel Molinier photo –
Georges Jean- un soleil de fin du monde

Derrière ces nuages blancs
Naît un soleil de fin du monde
Les hommes sont tristes ce matin
Serrés dans les doigts de la brume
On voit aux portes des maisons
Croître des arbres de pierre
Des visages penchés sur l’ombre
Écoutent bruire le jour
Une pendule sourde partage
Le sommeil noir des survivants
Les chats de soie suivent la trace
Des oiseaux perdus de la nuit
Une voiture aveugle perce
Le voile calme du silence
Nous ne savons plus si c’est l’aube
Ou l’ombre du dernier rideau.
–
extrait de « parcours immobile »
Cesare Pavèse – Rencontre

Ces dures collines qui ont façonné mon corps
et qui ébranlent en lui autant de souvenirs,
m’ont fait entrevoir le prodige de cette femme
qui ne sait que je la vis sans réussir à la comprendre.
Un soir, je l’ai rencontrée : tache plus claire
sous les étoiles incertaines, dans la brume d’été.
Le parfum des collines flottait tout autour
plus profond que l’ombre et soudain une voix résonna
qu’on eût dit surgie de ces collines, voix plus nette
et plus âpre à la fois, une voix de saisons oubliées.
Quelquefois je la vois, elle vit devant mes yeux,
définie, immuable, tel un souvenir.
Jamais je n’ai pu la saisir : sa réalité
chaque fois m’échappe et m’emporte au loin.
Je ne sais si elle est belle. Elle est jeune entre les femmes :
lorsque je pense à elle, un lointain souvenir
d’une enfance vécue parmi ces collines, me surprend
tellement elle est jeune.
Elle ressemble au matin. Ses yeux me suggèrent
tous les ciels lointains de ces matins anciens.
Et son regard enferme un tenace dessein : la plus nette lumière
que sur ces collines l’aube ait jamais connue.
Je l’ai créée du fond de toutes les choses
qui me sont le plus chères sans réussir à la comprendre.
In Travailler fatigue, © Poésie/Gallimard, p.51
Le ciel se ressoude, la mémoire s’en va … – ( RC )

Allons nous asseoir sur les dunes,
de là, nous verrons en rêve
se lever les rideaux de brume
déchirer des morceaux de ciel;
il y aura peut-être les colombes,
qui survoleront les palais,
pour se réfugier dans les tilleuls,
ou bien ce sera le soir,
à l’heure où le soleil tire sa révérence.
Rappelle-toi de ces oiseaux
courant, sautillant sur la plage,
ignorant les hommes
le vent, les herbes sauvages.
( Nous aurons contourné
ce bunker renversé,
qui lentement s’enfonce
dans le passé ),
comme ce château de sable…
Y aura-t-il des lendemains
à l’histoire enchantée
où tout passé s’efface ?
Le ciel se reforme,
se ressoude, la mémoire s’en va :
la ville ne laissera pas de trace.
Seuls, quelques gravats
seront poussés par le ressac
et la marée .
Averses – ( Susanne Derève)

Utagawa Hiroshige – Shôno , pluie d’orage Musée Guimet – Paris
.
Je leur laisserai le soin de brouiller les pistes :
bruines , crachins, averses , rideaux de nuées légères …
.
Rien des pluies écrasantes du Sud ,
de simples rumeurs d’étoiles,
un tendre flou de photographie,
le grisé d’une estampe, la fine ondée du jour.
.
Ainsi naissent les larmes aux pétales des roses,
la sueur aux cils fins des trembles.
.
Voiles de printemps, ombelles soyeuses chargées de sève
vouant leurs chevelures au vent,
lâchant des perles de pluie qui glissent au cou nu
des passants . frêles silhouettes taciturnes
qui s’évanouissent dans la brume
en frissonnant.
.
Gustave Roud – frontière du temps

Chaque nuit,
chaque jour
j’atteins vivant cette frontière du temps
que nul pourtant ne passe
avant son dernier battement de cœur,
nappe de neige trouée à chaque pas,
toujours plus mince,
sa frange extrême enfin fondue
à ce banc de brume ou d’absence
qui est Ailleurs.
Sommeil de la déraison – ( RC )
–
Du sommeil de la déraison,
des rêves chavirent ,
fruits de la passion …
Faut-il s’appesantir ,
sur l’aube du réveil
ou laisser le miroir décider à sa place ?
Prolonge indéfiniment le sommeil ,
si ton image s’extrait de la glace ,
sans que tu t’en rendes compte ,
et qu’avec ton corps ,
tu affrontes
d’autres volutes, et un décor ,
qui partage celui de mes rêves .
Ils sont toujours en partance ,
et parfois la brume se soulève
assez pour qu’ils s’élancent
à travers le miroir,
( il suffit, pour cela, d’y croire )
–
RC – sept 2018
Pas d’épaisseur, de celle des pierres – ( RC )
image – montage perso
Je te verrai,
Image présente,
A travers les murs,
Tournant mon regard
Vers où je te sais.
Il n’y a pas d’épaisseur,
De celles des pierres,
A jouer la distance
Avaler les espaces,
Les collines et les villes,
Redessinant tes gestes,
Comme si la barque des songes,
Ouvrait aux portes du jour,
Ta silhouette indécise
Se découpant dans la brume.
–
RC – juin 2014
Joseph Brodsky – Dédicace à Gleb Gorbovski
Quitter l’amour, dans le soleil de midi, sans retour,
et le chuchotement de l’herbe sur les pelouses qui s’enfuient.
Dans le nuage brûlant du jour, dans le crépuscule assoupi
l’aboiement des chiens de la nuit traverse les allées obliques.
Il faut résister à notre époque sombre et courir au-delà de ces années,
il faut oublier à chaque souffrance nouvelle l’infortune d’hier,
accepter à chaque instant la blessure et la douleur,
pour entrer paisible dans la brume des aurores vierges.
L’automne et impétueux en cette année de voyages,
les processions silencieuses du rouge et du noir longent le ciel,
près des arbres nus les feuilles s’envolent et trébuchent
contre les fenêtres et les pierres
Joseph Brodsky
Matin (Susanne Derève)
CHUTA KIMURA, Landscape
Se réveiller heureux un matin blanc
Il y a si peu de vent
Les arbres se diluent
dans un semblant de brume
comme une estampe japonaise
un vert grisé
où vacille un halo de lumière incertaine
Un brouillard qui s’étend jusqu’aux franges
de l’être
un demain dont on ne saisirait pas le contour
dont on se dit que l’amour peut s’y glisser
peut-être ou bien s’en évader
aux premières vendanges
par la fenêtre
L’oiseau qui se pose, replie ses ailes et s’ébroue,
le sait-il, où le mèneront les transhumances
En perd-il pour autant l’insouciance
du jour
Se rendormir heureux un matin blanc
Attendre que le rideau se lève
Faire semblant
Presque bleue – ( RC )
dessin: Albert Dürer
presque bleu, c’était le vent
presque bleue il y avait l’eau
presque bleu le ciel encore
– celui qui se reflète
avant qu’il ne se brume,
dans l’oeil du cerf abattu .
Comme s’il regardait au-delà :
sans regard pourtant ,
le presque bleu des choses promises .
Le corps est encore fumant,
chaude aussi est la terre,
avant qu’elle ne se brume de neige
presque bleue dans le froid
qui la saisit.
–
RC – sept 2017
( écho à Sylvie-E. Saliceti )
Gabriela Mistral – L’attente inutile
sculpture en bronze représentant une fille tenant un cadran solaire, au jardin botanique de Brooklyn
—
J’avais oublié qu’était devenu
rendre ton pied léger,
et comme aux jours heureux
Je suis sortie à ta rencontre sur le sentier.
J’ai passé vallée, plaine, fleuve,
et mon chant se fit triste.
Le soir renversa son vase
de lumière, et tu n’es pas venu !
Le soleil s’effilocha,
coquelicot mort consumé;
des franges de brume tremblèrent
sur la campagne. J’étais seule!
Au vent automnal craqua
d’un arbre le bras blanchi.
J’eus peur et je t’appelai ;
Bien aimé, presse le pas!”
J’ai peur et j’ai amour,
presse le pas, bien-aimé!
Mais la nuit s’épaississait
et croissait ma folie.
La espéra inûtil.
—
J’avais oublié qu’on t’avait
rendu sourd à mes cris;
j’avais oublié ton silence,
ta blancheur violacée;
ta main inerte, malhabile
désormais pour chercher ma main,
tes yeux dilatés
sur la question suprême!
La nuit agrandit sa flaque
de bitume; augure maléfique,
le hibou, de l’horrible soie de son aile,
griffa le sentier.
Je ne t’appellerai plus
car tu ne parcours plus ton étape;
mon pied nu poursuit sa route,
le tien est au repos.
C’est en vain que j ’accours au rendez-vous
par les chemins déserts.
Ton fantôme ne prendra plus corps
entre mes bras ouverts!
Tomas Tranströmer – Novembre aux reflets de nobles fourrures
C’est parce que le ciel est gris
que la terre s’est mise à briller :
les prairies et leur verdure timide,
le sol labouré et noir comme du sang caillé.
Il y a là les murs rouges d’une grange.
Et des terres submergées
comme les rizières lustrées d’une certaine Asie —
où les mouettes s’arrêtent et se souviennent.
Des creux de brume au milieu de la forêt
qui doucement s’entrechoquent.
L’inspiration qui vit cachée
et s’enfuit dans les bois comme Nils Dacke.
Tomas Tranströmer, Baltiques. Œuvres complètes 1954-2004. Poésie/Gallimard
Jacques Ancet – N’importe où
Installation : United Visual Artists
—
N’importe où une salle d’attente
par exemple les chaises rangées
le froissement des pages l’ennui
sur les visages ou n’importe quand
la porte s’ouvre grince se referme
celui qui entre dit messieurs-dames
bonjour les yeux se lèvent se baissent
on pense que c’est peut-être là
tout près on ne sait pas ce que c’est
*
Là aussi devant le soir qui tombe
collines bleues brume etc
les mots peu à peu deviennent sombres
on croit deviner que c’est à cause
de ce qui s’en va du noir qui vient
pourtant c’est autre chose la lampe
fait de l’ombre les murs se resserrent
on écoute le bruit de la voix
elle s’approche on la reconnaît
N’importe où – 1998
Un encrier versé sur le vide – ( RC )
Il y a un ciel d’orage en été,
Mais toi-seule peut le voir,
et cet encrier versé
sur le vide et la vie
dont tu pétris
la vaste esquisse…
Des nuages aux contours noirs,
Des bêtes étranges, les dents acérées,
Se bousculent et se développent
Dans l’esprit de brume
où tu navigues seule ,
bien au-delà
– on ne peut plus te suivre –
D’ailleurs le dessin au fusain,
retourne à la poussière,
et toi, à ton destin.
Il n’y a sur la page,
que les traces de tes doigts ,
mêlées aux premières gouttes
d’un ciel qui bascule .
–
RC – avr 2016
Denise Jallais – Les Couleurs de la Mer
photo d’actualité modifiée RC
Assise sur la dune
Je regarde les feux du carrefour
Rouges pour arrêter ton cœur
Jaunes pour t’ensoleiller
Verts pour te permettre
Et les voitures roulent sous la pluie
Comme dans une brume jaillissante
Vers l’odeur mêlée de la plage et des chênes verts
Je regarde les feux du carrefour
Sages comme des phares de mer
Et ton ombre changeante
Qui grandit lentement
Du fond de la route .
Denise JALLAIS « Les Couleurs de la Mer » (Seghers, 1956)
Le périmètre, qui maintient l’étranger à distance – ( RC )
photo: junipergallery.com
Je m’installe à une table.
Elle est très longue
il y a des traînées de bière qui brillent ;
les bancs sont des barres revêches,
sous des néons verdâtres;
c’est dans un quartier populaire de Prague ;
un groupe d’ouvriers, aux vestes matelassées,
s’assoit.
il fait froid dehors ;
des trams fatigués scindent un espace de brume,
on voit jusqu’au terre-plein au centre de l’avenue,
avec des herbes roussies qui s’obstinent .
Ici, le carrelage s’essaie à la géométrie
sombrant dans des zones où le ciment le nivelle.
L’ordonnance des panneaux où les spécialités
locales, sont alignées en colonnes,
est contredite, par un nuage échappé
d’une huile de friture, quelque part dans la cuisine .
Je pense à d’autres endroits ;
L’ailleurs des quartiers des ports,
l’odeur persistante du mazout,
et toujours le périmètre,
qui maintient l’étranger à distance .
Il faut du temps ,pour secouer
le manteau de solitude,
au milieu de quelques plantes maigres,
qui, elles aussi,
ne semblent pas à leur place.
–
RC – janv 2015
Soleils des gongs – ( RC )

photo: commémoration de l’anniversaire du Bouddha – Indonésie
–
Le frisson, soudain prend de l’amplitude,
Le soleil des gongs, s’élargit .
Proche. On pourrait presque le palper.
Ses rayons fusent dans l’espace
Et se posent sur les ors des Bouddhas.
–
Le temple est sérénité…
Même l’encens est immobile .
Il plane, comme brume d’automne,
Sur l’assemblée agenouillée,
Qui médite …. – orange .
–
RC- juin 2015
Jusqu’au silence blanc – ( RC )

photo: studio16mmjackinthebooks
–
Les pages jaunies des hiers,
Ont gardé la mémoire,
Intacte.
Les rives ont beau être lointaines,
Elles s’inscrivent,
Sans frontière
Au pays où le présent
ne faisait aucun doute.
Peut-on dire qu’il dérive ?
Qu’il sombrera dans l’oubli,
ou la brume,
qui, avec le lointain,
recouvre toute chose ?
Ce sont plutôt les hiers,
qui s’étiolent en notre mémoire,
comme les rides,
creusant un peu plus nos corps,
Jusqu’au silence blanc.
–
RC- dec 2014
d’après un texte d’Isabelle Debiève » Présent désarticulé «
Béatrice Douvre – Ce matin
–
Ce matin…
Ce matin est plein de brume
Où des oiseaux se mêlent à des feuilles
Des oiseaux froids se suivent
À peine si l’on distingue
Tant c’est l’aube
Leurs jeux du peu de nuit
Restée au sol d’automne
Les troncs penchent
Où nous avions marché
Par degré dans l’eau de la lumière
Comme un corps enchevêtré qui a mémoire
Et le temps pour œuvre.
–
Béatrice Douvre