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Une route perdue – ( RC )


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Au bord du son déjà lointain
De la cloche fêlée
J’ai cheminé sous les brumes
Au bord des étangs remplis de nuages,
Essuyant leur camouflage.

Ce qui avait été une route
Traçait sa voie au milieu des sables
Fougères et terrains instables,
Se morphondait en plaies,
Les dents de cailloux sous la surface.

Cette voie je l’ai suivie
Aussi loin que le regard porte.
Elle se déroule toute droite,
Et absente des cartes…
Censée mener quelque part,
Maintenant plongée dans la forêt :

Une échancrure fine et rectiligne,
Qui pourtant s’essouffle,
Lorsque les îlots d’asphalte
Burinés de sable noir, se font rares,
Mangés par les flaques,
Aux bouches opaques.

Elle se rétrécit encore,
Serpente et se tord,
Et puis se perd,
Bue par la densité du vert,
Comme un vieux langage,
Dont on aurait perdu l’usage.

Transformée en chemin,
Celui-ci s’éteint
Au milieu des pins,
Cédant la place à une impasse,
Un rideau clos,
Un fouillis de végétaux
a reconquis la place,
fermant peu à peu l’espace.

Habitée par les ombres,
Des arbres sans nombre ;
une cabane abandonnée,
Où le chemin m’a mené :

cette petite cabane,
dont les couleurs se fanent
perdant peu à peu ses planches,
Masquée par les branches ,
c’est vers le sol qu’elle s’incline…
le temps lui fait courber l’échine .

.

juillet 2014 – fev 2018


Claude Chambard & Juliette Thomas – Il dit qu’un homme peut mourir d’une lettre perdue


Au bord de la mer

Je ne me bâtirais pas de maison
(mon bonheur exige même que je n’en possède pas!).

« cabane’,  de Juliette Thomas

Mais s’il fallait que je le fasse,
Si je renonce, la cabane ne sera pas. Si je renonce, je n’aurais nulle part où aller.
Si je renonce, où me coucher le soir, où fermer les yeux pour ne plus voir le monde ou l’absence de monde.

Brindilles, branches, feuillages, paille… petit à petit une cabane gagne un destin… amor fati

. Une petite pièce, une dynamique paisible, détachée du monde, une dynamique polyphonique, très ancienne & très moderne.

Rien de complexe, rien de déconcertant, très peu d’éléments, une main, deux mains.

Répétition du thème, bourdon continu, lumière neuve & accents sombres. Une montée, échelon par échelon

Au bord de la mer

Je ne me bâtirais pas de maison (mon bonheur exige même que je n’en possède pas!).
Mais s’il fallait que je le fasse, je voudrais, comme certains Romains, la bâtir jusque dans la mer il me plairait de partager quelques secrets avec ce beau monstre.

il dit qu’un homme peut mourir d’une lettre perdue
une descente, échelon par échelon, rien de conceptuel, une singulière émotion oui.

Une laisse de mer, un murmure de lecture, une plainte au bord de l’eau.

La cabane & la mer, comme deux pages, face à face, lettre à lettre. Un soupir vers la pliure
Entre les gouttes & le sable, entre le vent & la paille, un  cillement de la mémoire.

Petite rognure de phrase, cerise qui tombe, oursin  ouvert & dégusté sur le rivage, immense océan ou petite larme,
qu’importe : une collection de très petits mouvements.

Les pieds dans l’eau, le crayon dans la bouche, le  papier sur les genoux.
Il dit que le seul secret est qu’un homme peut mourir d’une lettre perdue.

On peut retrouver  l’association Claude Chambard, Juliette  Thomas  dans la revue en ligne   » à la dérive »

revue littéraire  » à la dérive »


Latife Tekin,- Meydan – La Place


photo: lieu abandonné

Latife Tekin, dans Meydan La Place

Par cjeanney dans -CE QU’ILS DISENT- le 25 Janvier 2012 à 14:27

 

« En tout dernier lieu j’aimerais vous envoyer le manifeste que j’avais rédigé du temps où j’étais encore anarchiste de l’amour.
1. Tu oublieras tous les livres que tu as lus, toutes les photos que tu as prises, tous les dessins que tu as faits
2. Tu oublieras ton nom, ton passé, ton futur, ce que tu as écrit, ce que tu vas écrire
3. Tu oublieras les rêves de ton enfance, les noms d’arbres que tu connais, pourquoi la terre se décompose, à quelle saison il pleut le plus
4. Tu oublieras le chemin qui mène à la cabane en bois, les villages aux bords des eaux, les pages de cahiers qui se déchirent
5. Tu oublieras les îles où tu voulais te rendre, les maisons que tu as détruites, la guitare cassée, les bûches que tu as empilées, les rêves que tu as imaginés, les oiseaux que tu as connus, la vie des fourmis, tous les visages que tu as aimés
6. Tu oublieras les corps que tu as visités, les pays que tu as traversés, les mers où tu as nagé, les terres que tu as desséchées, les arbres que tu as plantés, les jardins que tu as arrosés, les visages d’enfants que tu as caressés, les chats que tu as griffés
7. Tu oublieras les incendies que tu as éteints, les étangs qui ont débordé, les nuits blanches que tu as passées à danser, les matins où tu t’es réveillée en sueur gémissant le nom de ton bien-aimé
8. Tu oublieras ce que je t’ai écrit, ce que je t’ai caché, les cadeaux que tu n’as pas reçus, ce que tu as donné, les jours où tu as couru sous les cris, les traces de poing sur le mur, ton corps broyé, la personne inconsciente étalée dans les toilettes
9. Tu oublieras les héros de contes de fées qui brûlent au pays des glaces, les clowns, les dauphins, les écureuils qui s’échappent de tes mains, les écrits qui ont disparu sous les flammes
10. Tu oublieras que ton enfance est un pays des rêves, que la jeunesse est piégée entre les murs, les moments où tu t’es envolée vers le ciel avec ta voiture, les chambres en blanc où tu t’es endormie

Il n’y a qu’une seule chose que tu ne vas pas oublier. Et cela, je ne vais
pas te le dire. »

[…]

 

Latife Tekin
 

 

rene chabriere

 

 

cela  me  fait penser  à « Eldorado »,  le  roman  de Laurent Gaudé,  éditions  actes/sud, que je suis  en train de lire…

sur l’exil, l’expatriation, les boat people…  


Claude Chambard – le chemin vers la cabane-


Claude  Chambard est un écrivain, que j’ai découvert  grâce à Anne-Françoise  Kavauvea,  (  voir  son site « de seuil en seuil »…),  et particulièrement  son article  sur Claude Chambard

 

C’est avec  « le chemin vers la cabane », un recueil de textes  courts,  poétiques  ou récit,  dont voici une  « parcelle »,que j’en donne une  petite idée…  il est édité au   » bleu du ciel  »

photo; Ghedolo

 

 

 

 

 

 

un jour j’ai marché

le long d’une voie ferrée

aucun train n’est passé

 

rien ne voulait de mes guenilles

(ritournelle)

 

 

Claude  Chambard

(un nécessaire malentendu III  )                                                     ed le bleu du ciel    Juin 2008