Es-tu cet être sans corps ? – ( RC )
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Es-tu cet être sans corps,
qui ne fait que penser,
et n’a comme décor,
que d’autres exemplaires alignés,
sur les étagères
du laboratoire ?
Ame passagère
que l’on peut voir
dénuée de crâne
( le corps devenu inutile )
un simple organe
reposant tranquille
au fond du bocal :
juste un cerveau ,
dont le mental
ne prend pas eau
> tout cela s’analyse
et se soupèse
et même l’hypophyse
se sent plus à l’aise
flottant dans un liquide
aimable et moelleux,
bien que translucide
(que peut-on espérer de mieux ? ).
Pas de corps vieillissant,
pas de rides,
pas de sang,
mais un autre fluide,
un existence certes monotone,
mais pour les bienfaits de la science,
et la satisfaction des neurones …
la nécessaire expérience
qui libère les pensées
– en se passant d’un corps oppressé –
De toutes façon tu peux communiquer
l’essentiel de tes émotions
et même pouvoir les expliquer ,
en maintes occasions :
va-t-on donc grâce à toi
pouvoir comprendre les détours d’âme,
et tous les émois
d’un psychodrame
tout cela transcrit sur un graphique,
par impulsions électriques ?
Le corps est-il encore nécessaire,
quand on peut en faire abstraction ?
s’il est libre comme l’air
( après son ablation )
on sait qu’il est encore capable
ce cerveau isolé,
– mais relié à des câbles –
d’avoir des pensées pouvant fleurir sans s’emmêler…
> Avec celui d’Einstein on compte bien
recueillir les confidences du physicien…
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RC – janv 2018
Coquilles vides, Serra Estrela ( RC )
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Serra Estrela, tout en sépia
Colorée d’un vent de sable
Des cubes de béton, placés là, incongrus,
Relais entre précipices,
Ouverts à tous les vents,
Et à ceux qui emportèrent,
le fil ténu, et les cabines du téléphérique,
Quelque part dans l’oubli.
Reste une coquille vide
Et qui sert d’abri, à l’occasion,
Aux troupeaux de passage,
Comme toute la surface jonchée
Des crottes des moutons,
Poursuivant consciencieusement,
Leurs destins brouteurs,
Quelque soit l’endroit,
Même dans l’ambiance grise
où, tapis dans l’ombre, des câbles remisés,
Et de gigantesques mécanismes
Rouillaient d’inutile,————–pendant que la vallée
S’éteignait dans le soir.
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RC 23 mai 2013
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Inspiré de deux lignes d’un poème de Marie-Ange Sebasti;
Les troupeaux ont noirci les dalles du temple
et piétiné ses murs …
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Musée de la mine ( RC )
( Cet article fait référence au musée de la mine de St-Etienne)

photo: Gwenaelle Boisseleau
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Au long des galeries,
Profondes, en sous -sol,
D’où l’air libre est d’un oubli,
S’alignent les wagonnets,
Sous l’atmosphère confinée,
Et les voûtes blêmes,
Parcourues de câbles,
Ponctuées d’éclairages falots,
Quelques centaines de mètres,
En dessous,
Et une ruche d’ouvriers,
Casqués,
Et le bruit,
Les machines trépidantes,
Celles qui arrachent,
Au coeur des roches,
Le minerai noir,
Des entrailles du sol.
Juste au-dessus,
Cette tour de poutrelles,
Signal désormais dérisoire,
De l’activité suspendue,
Où les hommes casqués,
Ne s’enfoncent plus,
Enfermés dans de crasseux ascenseurs
A l’aplomb de verticales obscures,
Pour extraire leur pain, du charbon.
Et la salle des machines,
Désormais déserte,
Les turbines endormies,
Comme de gros escargots,
Boulonnés à leur socle de ciment,
Alors que pendent du plafond,
Les tenues , marquées du labeur, vides,
> Flasques fantômes d’humains,
Désormais inutiles,
Matricules numérotés,
Au musée de la mine.
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RC- 4 juin 2013

Photo: musée de la mine – salle des pendus