La cathédrale – ( RC )
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Croise les mains au-dessus du cœur,
Il faut protéger le feu,
Et des orages et des brisures,
Une cathédrale de chair, où même
Les mots n’ont plus de prise,
Assoupis à la naissance des eaux .
Seule s’élève la musique,
Entre les doigts des voûtes,
Avant qu’elle ne retombe,
Et tienne à distance,
Toute la cacophonie du monde,
Où les bruits se heurtent.
Il y a si peu de temps à vivre.
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RC- juillet 2014
Derrière les paupières du monde ( RC )
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Derrière les paupières du monde,
Les lignes s’embrouillent,
Les sons se mélangent, et les lettres dansent,
Qu’elles soient consonnes ou voyelles,
Le silence, côtoie le verbe, et bégaie…
On ne sait s’il faut le traduire,
Transposer de l’intérieur ce qu’on y voit,
Déposer sa propre couleur sans trahir,
Puis faire naître de l’obscurité,
Et d’un imaginaire, une pâle clarté.
Filtrant à travers d’autres yeux, mi-clos,
Tout existe, et son contraire,
Dans le bouleversement de la terre,
Où, parmi la cacophonie,parvient à l’ouïe,
Malgré tout, le chant des oiseaux.
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RC- 23 juillet 2013
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« réponse » à une création de Serge Mathurin Thebault:
« Fermez les yeux »
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Je titille
A la façon du maçon
La truelle du verbe
J’y vois que goutte
Pas même celle du sang
Que dépose le texte
Sur la membrane
De mon imaginaire
Les lignes se brouillent
Je m’exerce à un nouvel exercice
Pour ne pas fatiguer la pupille
J’écris les yeux fermés
C’est jeu que je croyais difficile
Et qui s’avère finalement facile
Pour faire bien comprendre la chance
De pouvoir créer dans la cacophonie
De ce monde bizarre
Au milieu des voyelles et des consonnes
Un soi à part qui émerveille
Je vois de l’intérieur
Je vois précis
Et si je ne parviens pas
Encore à vous le traduire
Mes poils hérissés
Le long de mon bras
Témoignent de ce bouleversement
Dans l’appréhension des choses
Allez même si votre vue est claire
Fermez quelques secondes vos paupières
Dans l’exigence du silence
Enivrez-vous de cette obscurité
Qui dans sa pâle clarté
Attire à elle l’éclat de la lumière
Et les cristaux d’or de son élévation.
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Serge Mathurin THEBAULT
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photo CNRS
Le concert des fausses notes ( RC )
- retable d ‘Issenheim : tentation de St Antoine
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Les cors essoufflés font avec, les violons langoureux
Un dialogue grisé, qui éteint le décor.
La symphonie fantastique a mille retours
Gnomes et djinns me soufflent au visage
Une haleine soufrée, des cloches fêlées
Les héros politicards, vite endormis
Aux matières sournoises, se drapent dans le pourpre
Et s’entourent de mains molles,
D’anciennes affiches pendantes, en clones plats
Le miroir n’a plus à raconter l’avenir,
L’humanité pleure, le concert des fausses notes
Les saxophones barbotent en faux airs enjoués,
Le fossoyeur, jette une tasse brisée
Avec les fleurs passées du retable d’Issenheim,
Les tarots alignés, montrent bâtons,
Les mères pleurent leurs fils partis
– Combattre d’autres enfants,
…..L’au delà des frontières, appelle chimères.
Chaque coup marqué par les timbales
– cerne le présent , celui d’ ici –
Les hennissements des trompettes…
Après la “marche au supplice’
> Rendez-vous sous l’horloge…
… maintenant avec des chiffres, elle égare ses aiguilles
Qui défilent, et le progrès qu’on emballe;
Cacophonie ouatée, cuivres ternis
Les pères ont disparu – On leur a menti
– La fumée jaunasse des usines
Au dernier mouvement, noie bientôt l’orchestre…
Et ses ressacs d’un matin. – insolvables –
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RC – 22 septembre 2012
( composé au souvenir d’un panneau du retable d’Issenheim, de Grünewald, dont la
reproduction illustrait la “symphonie fantastiques ” de Berlioz )
- Caricature d’Hector Berlioz par Etienne Carjat, 1858