Comme chez Francis Bacon – ( RC )

Si c’est la chair abandonnée,
de peine, de joies, de rages,
l’éclairage cru, d’otage,
le sang égoutté
lentement dans la nuit,
cette grande baignoire
où la vie s’enfuit
d’un coup de rasoir.
Difficile ainsi de se représenter
en auto-portrait….
- plutôt se filmer là,
devant la caméra :
machine sans émotion
oeil indifférent
où s’installe l’espion
de nos derniers instants
( Pour ceux qui aurait du mal à le croire
en léger différé – vous pourrez revoir
la vidéo prise ce soir là ) :
une fleur pourpre s’étend
lentement sur le drap ,
- un bras pend
- et la lumière s’éteint
Bacon aurait pu peindre
cet évènement sur la toile:
une pièce presque vide
- un fond bleu pâle
- une sorte de suicide
sous un éclairage livide
cru dans son contour électrique
une ampoule laissée nue
( on dira que cela contribue
au geste artistique ).
Un corps semblant inachevé
aux membres désordonnés
exhibés comme dans une arène
livré au regard obscène
alors que , pour tout décor
l’air brassé par un vieux ventilateur
tourne lentement encore
dans d’épaisses moiteurs
La peinture a de ces teintes sourdes
comme enfermée dans une cage
On n’y rencontre aucun visage
c’est une atmosphère lourde
de senteurs délétères,
dont elle demeure prisonnière.
Même exposée dans le musée,
elle sent le renfermé …
Anise Kolz – tout perdre
Aimer
c’est être mortel
et lutter contre
avec toi
pénétrer dans ta chair
en nageant
m’y mordre
et me posséder
tout perdre
pour continuer
à vivre
dans une peau
humide et calme
comme une grotte
Me voilà parvenue jusqu’ici
maintenant je rebrousse chemin
ma voix en cage
muette
–
Une île de douleur – ( RC )
Une frêle île flottante,
une barque malmenée par les vagues
chargée jusqu’à ras bord
d’abandon et de douleur.
C’est une partie de pays
mise en quarantaine,
qui espère un jour
retrouver la terre ferme.
Epuisée des orages,
abandonnée par le soleil,
à chaque jour son naufrage
une barque prisonnière du destin
Comme un oiseau dans sa cage
livré aux éléments,
c’est une île fragile
sur la route de l’exil
La route de l’inconnu
juste derrière l’horizon :
Empire de la douleur,
le ciel a perdu ses couleurs.
–
RC – oct 2016
–
d’après Louis Aragon » Quarante »
Pierre Reverdy – Mémoire
Une minute à peine
Et je suis revenu
De tout ce qui passait je n’ai rien retenu
Un point
Le ciel grandi
Et au dernier moment
La lanterne qui passe
Le pas que l’on entend
Quelqu’un s’arrête entre tout ce qui marche
On laisse aller le monde
Et ce qu’il y a dedans
Les lumières qui dansent
Et l’ombre qui s’étend
Il y a plus d’espace
En regardant devant
Une cage où bondit un animal vivant
La poitrine et les bras faisaient le même geste
Une femme riait
En renversant la tête
Et celui qui venait nous avait confondus
Nous étions tous les trois sans nous connaître
Et nous formions déjà
Un monde plein d’espoir
Pierre Reverdy
Les ardoises du toit,
: La plupart du temps (coll. Poésie/Gallimard, 1989)
François Corvol – mythologie 5
–
J’ai rêvé tant de vies dont tu n’as pas idée
je les ai toutes vécues je les ai toutes senties
j’en porte la trace et le bruit, les nuits
ne suffisent pas pour me remémorer
nul besoin de vivre dépareillé
de vivre loin d’oublier je les retiens
comme d’autres une cage dans la main
J’en ai rêvé tant dont tu n’as pas idée
et parmi toutes ces vies une seule
une seule m’est inconnue
celle-là qui te contient
elle n’est plus mon rêve mais le tien
celle-là même où tu remues
Tu ne me vois plus … ( RC )
–
Si c’est une feuille d’automne,
Ou alors leur pluie,
Qui font cette nuit
Portée par des soubresauts du vent
Caprices d’un temps brouillé,
Les yeux ouverts dessous
Où tout se confond,
La forme avec le fond
Le sable et la terre avec tes membres
Et les voix profondes
D’un hiver d’intérieur
La petite bête en toi
Tourne dans sa cage
Elle cherche son issue
A travers son nuage sombre
Pour de futures saisons .
L’or à tes paupières
Dira le récit
Sauvage à ton regard
Renaissance, en demains
Tu ne me vois plus …
Mais tu es là… toujours,
S’il faut chercher ton regard,
Qui se dit absence
C’est toujours lui
Que je porte en moi .
RC – 4 juillet 2012
–
Sphère – bulle – cellule ( RC )
–
Il y a sans doute un au-delà,
Que je ne connais pas,
Si je dépasse les frontières
De ma propre sphère
Mais pourrais-je un jour pointer mon nez
On dirait que je suis condamné
De naissance , s’il me fallait visiter
Une petite partie de l’immensité .
Le regard opaque et veuf
Je reste recroquevillé , encore dans cet oeuf
Qui me nourrit, mais me happe
Mais m’interdit , que je m’en échappe,
Et qu’enfin, je décolle
Hors de la membrane molle
A faire de la naissance
Voyage en reconnaissance.
Sorti de ma coquille
Faudra q’mes yeux se dessillent
Qu’aux dangers nombreux, je m’habitue
Et que je fasse face, sans qu’on me tue.
Selon les pointillés , je vais découper
Mon épaisse peau, – faut pas se louper –
Pour respirer un peu, l’air du dehors
Risquant peut-être une prochaine mort.
La cage est trop étroite, j’aimerais tant savoir
Si j’peux m’échapper, un tant soit peu du noir
Découvrir une terre, plus hospitalière,
Et s’il existe ailleurs, un peu de lumière…
J’envie les serpents, quand ils changent de peau
Changeant de costume, pour se faire plus beaux,
Ils bousculent l’avatar, oublient leurs cauchemars
Et l’enveloppe ancienne , qu’ils laissent à l’écart.
Moi , je suis collé, dans cette cellule
Que connaissent aussi ,tous les enfants bulle
Je ne peux rien faire, pieds et poings liés
Me voila englué, éternellement prisonnier…
–
RC – 22 juin 2012
Sphere – bubble – cell (RC)
There is no doubt, somewhere a beyond,
I do not know,
If I exceed the borders
From my own sphere
But ,one day could I point my nose
It seems I’m doomed
From the birth, if I had to visit
A small part of immensity.
The look opaque and widowed
I still curled up, still in the egg
Who feeds me, but grabs me
But forbids me, that I escape,
And finally, I take off
Out of the soft membrane
To make , with the birth
A travel in recognition.
Out of my shell
My eyes will be opened
As many dangers, I’m getting used
And I do face, without anyone killing me.
Along the dotted line, I’ll split
My thick skin – should not miss –
For a breath, the outside air
Risking may be an upcoming death.
The cage is too narrow, I would like to know
If I can get away, a little bit out of the black
Discover a land more hospitable,
And if there is somewhere, a little light ,too…
I envy snakes, when they change their skin
Changing her costume, to make them more beautiful,
They upset the avatar, forget their nightmares
And the old enclosure, they leave apart.
I’m stuck in this cell
All bubble children are knowing
I can not do anything,hand and feet bound ed
Here I am stuck, forever prisoner …
RC – June 22, 2012
Ombres -Contrevents – Lueur noire
Encore ( ombres et contrevents)… le blog d’Adelline
Tu marches les yeux baissés
pour protéger
la lumière
emprisonnée dans la cage des rêves
elle s’insinue jusqu’en ta bouche
jusqu’en tes doigts
barrière de pluie teintée
du sang séché de ta mémoire
dis aux yeux ignorants
aveuglés
qu’ils te ressemblent
Je sais c’est parce que
tu la secoues ta vie
que les signes
tombent
aussi noirs
mais
devront réveiller demain une aurore ensoleillée
–
Edith de Cornulier – Deltaplane
–
le rêve d’Icare
-…
Deltaplane
à Siobhan H.
Ne plus jamais poser mes deux pieds sur la terre.
Ni herbe, ni béton, je veux mourir dans l’air.
Rêver, voler, nager dans le nuage bleu
Et les nuages blancs – enfin vous dire adieu.
Dans le champ de foin jaune à côté de la route,
Ma splendide auto rouge halète au soleil d’août.
Je me sens me confondre avec mon deltaplane :
J’ai des ailes et des larmes et je plane et je plane.
Ne plus jamais revoir l’humain artificiel.
Ne plus vous revenir, être un oiseau décent
Et au bout du voyage, expirer dans le ciel,
Une aile déchirée, le cœur-moteur en sang.
Pauvres tristes oiseaux qu’on a mis dans les cages !
Victimes de l’atroce et vil esprit humain !
Moi, j’ai pu m’échapper pour faire un long voyage ;
L’engin volant tiendra jusqu’au petit matin.
Alors le deltaplane épuisé tombera,
Alors je coulerai dans la tombe océane.
J’ai quitté les cités et les humains d’en bas,
J’ai des ailes et des rires et je plane et je plane.
Edith de CL, été 1999
–
le bois des mots ( RC)
une réponse à
« De quel bois sont faits les mots »
–
Si les mots se refusent à lui
Lesquels ne coulent plus de source
C’est dire aussi, le reflux, celui
De l’inspiration arrêtant sa course
Des idées , qui n’ont plus de sens
Le texte en dérive, partant à vau-l’eau
Ne résonne plus que d’absence
Quand le poète cherche dans son stylo
Le temps qui s’est arrêté. L a fluidité
De l’écrit et des motifs qui s’enchaînent
Au naturel, et sans difficulté
Et que nul questionnement ne freine…
Il n’est même pas question de talent
Celui dont la pensée, veut le partage
Ira toujours , porté en avant
Ne faisant pas ,des phrases en friche, une cage…
RC 10 mai 2012
–
Nadia Tueni – En montagne libanaise

photo perso: montagne du plateau de Lassithi ( Crète)… n’étant jamais allé au Liban… mais je suppose qu’il y a – dans la sécheressse, – des points communs
A la découverte ( en voletant cueillir du pollen ), l’abeille que je suis découvre « encres du monde », – de Claire-Lise
dont j’extrais ce beau texte
En montagne libanaise, un poème de Nadia TUENI (Liban)
Se souvenir – du bruit du clair de lune,
lorsque la nuit d’été se cogne à la montagne,
et que traîne le vent,
dans la bouche rocheuse des Monts Liban.
Se souvenir – d’un village escarpé,
posé comme une larme au bord d’une paupière ;
on y rencontre un grenadier,
et des fleurs plus sonores
qu’un clavier.
Se souvenir – de la vigne sous le figuier,
des chênes gercés que Septembre abreuve,
des fontaines et des muletiers,
du soleil dissous dans les eaux du fleuve.
Se souvenir – du basilic et du pommier,
du sirop de mûres et des amandiers.
Alors chaque fille était hirondelle,
ses yeux remuaient, comme une nacelle,
sur un bâton de coudrier.
Se souvenir – de l’ermite et du chevrier,
des sentiers qui mènent au bout du nuage,
du chant de l’Islam, des châteaux croisés,
et des cloches folles, du mois de juillet.
Se souvenir – de chacun, de tous,
du conteur, du mage, et du boulanger,
des mots de la fête, de ceux des orages,
de la mer qui brille comme une médaille,
dans le paysage.
Se souvenir – d’un souvenir d’enfant,
d’un secret royaume qui avait notre âge ;
nous ne savions pas lire les présages,
dans ces oiseaux morts au fond de leurs cages,
sur les Monts Liban.
Charles Coutarel – Osmoses
m’enivrer d’airs
et d’eaux
apprendre l’oiseau
sans la cage
frissonner ô nouveau
ne rien attendre
davantage
sinon le chant
des mots
la magie
du sage
la musique du monde
la présence de la marge
OSMOSES
Ch. Coutarel, 24.11.87
check point Charly Il
Muhammad IQBAl – dialogue
DIALOGUE
DIEU.
J’ai fait ce monde d’eau et d’argile !
toi tu as fait l’Iran, la Tartarie, le Zanzibar.
Avec de la terre j’ai fait l’acier ;
toi tu as fait l’épée, la flèche, le fusil,
tu as fait la hache pour l’arbre de la prairie,
tu as fait la cage pour l’oiseau chanteur.
L’HOMME.
Tu as fait la nuit, moi j’ai fait la lampe.
Tu as fait l’argile, moi j’ai fait la coupe.
Tu as créé les déserts, les vallées, les montagnes,
moi j’ai fait les parterres, les jardins, les roseraies.
Moi, de la pierre, j’ai tiré le verre
et, du poison, l’antidote.
Muhammad IQBAl