Partout des pierres – Susanne Derève –

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Partout des pierres,
hors et dedans l’eau,
dans le fil des ruisseaux et le lit des rivières,
aux berges lentes des chenaux,
abimées dans de sombres reflets d’émeraude
où serpentent doucement les nuages
comme de blancs bateaux qu’y jetterait le ciel
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Des pierres écrasées de soleil
comblant les grandes drailles désertes de l’été
éraillant le ventre des Causses
parmi les lavandes, les blés,
les roues de lumière des carlines
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Tapies dans la profondeur des sous-bois,
– les sombres sapinières , l’aile légère
des grands hêtres –
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Schistes parcheminés, marnes grises,
et le vertigineux calcaire érodé par les fleuves
où l’œil abasourdi chancelle
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Causses – (Susanne Derève)-

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Ondulant à perte de vue dans la lumière,
les courbes blondes des prairies
griffées de la pierre grise du calcaire,
le sillon brun des labours
et les vertes dolines
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où le vent frais balaie la chaleur de midi,
berce dans les sous-bois les strates accumulées
d’anciens automnes.
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Résonne de loin en loin
l’écho d’un pas,
le craquement assourdi du bois mort …
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Soleil.
Le long dimanche de fiançailles
d’une fin d’été
avant les noces blanches d’hiver.
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On se prend à rêver de chemins effacés,
de villages engloutis sous la neige,
du tintement des pelles sur les seuils,
de ciels de cire ponctués de fumées grises,
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comme si l’oubli n’était en toute saison
le cœur de ce pays, son âme claire
sa terre promise
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Feuilleter le recueil des causses ( RC )
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Texte en rapport avec « A la mer retirée »
Causse Méjean – reliefs et neige – ( toutes photos présentes ici : perso – me contacter pour une réutilisation éventuelle )
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Des bouffées de lumière,
décrivent ,mieux que je ne ferais,
le recueil des causses.
Encore striés sous les neiges,
piquetés d’impatientes pousses, et de bruns.
A chaque détour, le savoir lire ,
du vent de l’ivresse,
épouse les accidents des collines,
chapeautées de bois sombres.
Le dialogue menu des eaux, serpentant dociles,
puis, rassemblées, mugissantes,
De chants clairs cascadeurs,
et résurgences vertes.
Le pied des pentes abruptes,
surplombées de témoins sévères, verticaux
Une route mince, s’essaie à contourner
ces vases de pierre,
Pour plonger dans une vallée étroite,
encore habitée par l’obscur,
Dispensée des lignes orgueilleuses,
des ponts de béton.
Et le silence matinal, n’est habité
que de spirales lentes
Des vautours, glissant sous des écharpes
blanches, effilochées ,portées par la brise.
Peu importe la route
Ses dévers et sa course,
Soumise au caprice de la rivière,
Ou lancée sur les plateaux.
La constance du roc
Ou le moelleux des terres.
Le paysage reste une porte
Feuilletant le passé calcaire
D’un océan, son souvenir
Enfui
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RC – 19 mai 2013
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Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse de Sauveterre, vers Montmirat
Vallée du Tarn au dessus de St Chély
Arbre illuminé entre rocs St Chély-du-Tarn
« couple »: rochers ruiniformes vallée du Tarn
Sainte Enimie, Vallée du Tarn, résurgence de la Burle
Sainte Enimie, Vallée du Tarn
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Causse de Sauveterre, environs de Champerboux |
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Causse de Sauveterre, environs de Champerboux
Article visible aussi sur mon site de photos des causses .
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La main de l’aride effleure le calcaire ( RC )
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peinture: Ch Soutine
La main de l’aride
effleure le calcaire
La puissance blanche
Au pied des monts,
le front des Corbières,
les dentelles hérissées
de pierres cathares
Attendent, enracinées
au regard des années
et du pays d’Espagne
Comme l’attente
du désert des tartares
La voix catalane,
et la chaîne pyrénéenne…
Peyrepertuse, isolée,
gratte les nuages,
juste avant les ravins
La mer, pas si lontaine
Le soleil de Céret
peint par Soutine
au-delà des remparts
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RC – 2 mars 2013
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Sentinelle de la plaine – ( RC )
Photo perso: Inscription au dessus du cloître de Ste Trophime Arles 2012
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Les Alpilles, sont une série de dents
Une série de barrières
D’ascensions calcaires
Sous le soleil ardent
Qui en prend à ses aises
Suivant la route des oliviers
Au mistral, rien à envier
Attendant qu’il s’apaise
Au milieu des jaunes
Comme s’apaisent les pentes
Le fleuve portant l’eau lente
De ses bras de Rhône…
Il faut que je vous parle
De la ville sereine,
Sentinelle de la plaine
— l’antique cité d’Arles
Au parcours de l’histoire
A capter le soleil
A nulle autre pareille
Dressée dans le soir,
Prise dans les filets,
Attrapée comme une mouche
Lorsque le soleil se couche
….D’eaux, l’arrose de reflets
Quand elle reprend haleine,
Ses maisons s’animent,
Les ruelles intimes
Aux pourtours des arènes
Aux lanternes, l’éclairage
Comme l’étape souterraine,
La vieille dame, de l’histoire romaine
….ne dit pas son age…
Puis son monologue
S’habille de parures
Que fait la peinture
De Vincent Van Gogh
Il dit, le taciturne
Au rayons de son art,
Les platanes des boulevards
Et le ciel nocturne.
La nuit étoilée
Aux parlers chantants
Les cyprès délirants,
Des Alyscamps, les allées,
Comme la Camargue est peinte
En touches serrées
Végétaux acérés
Dont on garde l’empreinte.
Arles se détend,
et lance des défis
A la photographie
Et …prend le ciel nocturne pour amant.
RC – 10 décembre 2012
voir également le texte de Xavier Lainé:
et ma « lecture des Alpilles en Crau » ( écrit de janvier 2012 )
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Aran ( RC )
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Trois petits galets dans l’Atlantique,
Trois vaisseaux de pierre,
Striés dans leur chair,
Au sol de calcaire
Dressent un parcours de murs,
Autour d’une terre maigre,
Et d’herbes arrosées d’eau salée
Lorsque fond un ciel liquide
Où le gris, dispute de l’océan, l’indigo
Trois petites îles se suivent
D’un voyage immobile,
Au Connemara, voisines.
Les soeurs sont sentinelles,
Don Aengus est toujours là
A surveiller l’horizon
Depuis les falaises noires,
Au choc profond des vagues.
Les maisons blanches adossées aux rocs,
Se font lumière, aux ciels de plomb,
Résistent et s’entêtent
Au courroux des tempêtes,
Et aux vents qui les fouettent.
Les îles, échouées sur un socle qui tangue,
Subissent les éléments qui les poussent,
Et où bien peu d’arbres, moussent.
Les hommes qui vivent là,
Aux longues histoires de pêche,
La cicatrice de générations de noyés,
Ont le regard dilué d’eau fraîche.
Vêtus en laine de leurs troupeaux,
Laissés pour compte de leurs terres pauvres,
Ils ont vécu longtemps coupés du monde
L »oral d’un gaëlique d’antan
………………..Sur les îles d’Aran.
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RC – 18 septembre 2012
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Lecture des Alpilles, en Crau ( RC)
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Je lis les Alpilles assises sur la Crau
Un parcours ouvert, qui se fait sans pirogue
Au pays peint par Van Gogh
Marquant son passage, en solitaire héros
Et à revoir, encore, et encore ses peintures
Au mistral agitant les oliviers: il perdure
Et penche au bord des routes les verticales
des platanes – sans les faire pour autant bancales
Je revois la lumière qui s’étale dans la plaine
Et vibre, jusqu’aux salins, sans perdre haleine
Les tours de Tarascon et Beaucaire
Son choc ,sur les contreforts de calcaire
Par dessus l’enclos de Fos, les géants de fer
De Moralès,, gardent leurs grands airs
Attendant, d’un envol de leur cimetière
De rejoindre la mer à l’étang de Berre
Il faut aussi que je nomme
La sentinelle du grand Rhône
Arles ,ensoleillée, et magnifique
Des compétitions photographiques
Partageant solennelle et intime
Les sculptures de Ste Trophime
Aux Picasso de Réattu, lyriques
Les allées des Alyscamps, ces antiques
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Ce poème ailé, est un paysage .
Il n’est pas que sur la page
Mais en conscience ,l’oeil , voyageur
Semblable, mon frère ma sœur, et quel qu’en soit le lecteur
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Variation à partir de « j »aperçois le semblable » de J Jacques Dorio