Marc Alyn – chien d’ombre dans la nuit

J’entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard.
Ma lampe seule veille.
Pas de vent. Nul oiseau. Qui passe dans le noir
à pattes de soleil ?
C’est un chien d’autrefois parti pour l’au-delà
Comme on va à la chasse
Et qui revient parfois vérifier s’il a
Toujours ici sa place.
En silence il m’appelle, en l’ombre il me regarde
Avec ses yeux d’Ailleurs,
Puis je l’entends courir sur son aire de garde,
J’entends battre son cœur.
Il rôde doucement pour n’éveiller personne
Du portail au vieux puits
Et l’effraie le salue de son long cri qui sonne
En l’air pur de la nuit.
Tendre ami disparu dont l’absence me blesse,
Est-ce toi ? est-ce toi ?
Boiras-tu quelque nuit l’eau fraîche que je verse
Dans ta jarre là-bas ?
Mais rien ne me répond.
Le rond de la caresse
Réintègre mes doigts.
Est-ce mon âme aussi qui tire sur sa laisse,
Mon chien de l’au-delà ?
Leliana Stancu – berçeuse

Petrov-Vodkin, Kuzma détail de la peinture « l’alarme »
Mon enfant, mon ange,
C’est un rêve étrange,
Chaque soir quand je veille
Ton profond sommeil,
Quand le crépuscule
Emporte tous les jours
Vers d’autres soleils
Attendant l’éveil,
Signe que les Dieux
Avec leurs aveux
Embrassent d’autres mondes,
Et l’amour inonde
Tour à tour, les terres,
Même si celles d’hier,
Vivant en caresse,
Demain, ils les blessent…
Mon enfant, mon rêve,
Chaque jour qui s’achève,
Je murmure un doux
Chant, sur tes chères joues,
Comme une belle corolle
De merveille étole,
Tu m’entends, je sais,
Dans ton monde de fées,
Sans avoir l’orgueil
De donner conseils,
Que même dans ma vie
Je n’ai pas suivis,
Juste quelques légendes,
Ensuite je défends
Tes éternels rêves,
Mon enfant, ma sève…
Mon enfant déesse,
Reçois ma tendresse,
Un jour viendra
Quand on partira
Sur des terres de conte,
Sur des anodontes,
Dans des lointains,
Au-delà des humains,
Quand les beaux voyages
Finiront d’ancrage,
Mais je te promets
Ma bienfaisante fée,
Que tu ne perdras
A jamais mes bras,
Tu vivras toujours
L’infini amour…
–
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Le regard des planches – ( RC )

C’est cet arbre qui penche
et se courbe de vieillesse:
la pluie n’est plus une caresse
pour le poids de ses branches.
Le vent le déshabille
puis le couche sur le flanc
au milieu des brindilles :
il a fait son temps…
D’une coupe franche,
on a débité son tronc
pour du bois de construction,
et des tas de planches.
As-tu vu ce que je vois ?
une empreinte indélébile:
un regard immobile
incrusté dans le bois
– et ce sont ces noeuds
au milieu des échardes
qui me regardent
comme des yeux .
L’arbre défunt ,
des jeunes pousses, se souvient ,
du sol couvert de mousse,
et des feuilles rousses ….
Encadrant mon bois de lit
il m’arrive de penser à lui
quand son regard me suit :
C’est comme cela qu’il survit.
Marine Giangregorio – Signe
photo: Francesca Woodman
Un signe, elle attendait
Un signe, une pluie
Un regard, une odeur
Le sursaut!
Elle en vint à prier
La larme
De lui offrir une caresse
Pour que la peau vive
Sente, que ses lèvres
Gouttent une présence
Mais comme le mot
La larme résiste
La peau est froide
Le signe, croyait-elle
Irriguerait
L’inspiration
La faim
Le désir
La colère
Le regret
Ses artères seraient
Semblables à de petits torrents
Où la vie s’emporte, se révolte
Il lui fallait
Que lui aurait-il fallut?
Un peu d’amour de soi
Un peu de dégoût aussi
Non de l’indifférence
« L’absence à soi
C’est le pire des sentiments »
Se dit-elle,
Attendant un signe
Un signe d’elle
Et comme rien n’arrivait
Elle se mit face au grand miroir
Scellé au mur
Regarda longuement
L’image reflétée
Y enfonça le crane
Tête baissée
–
on peut consulter d’autres textes de M Giangregorio en allant sur son site
Eugenio de Andrade – le petit persan
peinture: Mirko Hànak
C’est un petit persan
bleu le chat de ce poème.
Comme n’importe quel autre, mon amour
pour cette âme ténue est maternel :
une caresse lèche son pelage,
une autre met le soleil entre ses pattes
ou une fleur à la fenêtre.
Avec griffes, dents et obstination,
il fait une fête de ma vie.
Je veux dire, ce qui me reste d’elle.
Renée Vivien – Ondine
Ton rire est clair, ta caresse est profonde,
Tes froids baisers aiment le mal qu’ils font ;
Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l’onde,
Et les lys d’eau sont moins purs que ton front.
Ta forme fuit, ta démarche est fluide,
Et tes cheveux sont de légers roseaux ;
Ta voix ruisselle ainsi qu’un flot perfide ;
Tes souples bras sont pareils aux roseaux,
Aux longs roseaux des fleuves, dont l’étreinte
Enlace, étouffe, étrangle savamment,
Au fond des flots, une agonie éteint
Dans un nocturne évanouissement.
(Études et préludes, 1901)
Renée Vivien – un éclair qui laisse les bras vides
Ta forme est un éclair qui laisse les bras vides,
Ton sourire est l’instant que l’on ne peut saisir…
Tu fuis, lorsque l’appel de mes lèvres avides
T’implore, ô mon Désir !
Plus froide que l’Espoir, ta caresse est cruelle
Passe comme un parfum et meurt comme un reflet.
Ah ! l’éternelle faim et soif éternelle
Et l’éternel regret !
Tu frôles sans étreindre, ainsi que la Chimère
Vers qui tendent toujours les vœux inapaisés…
Rien ne vaut ce tourment ni cette extase amère
De tes rares baisers !
____________(Études et préludes, 1901)
Fouad El Etr – Dans le sens du sommeil

Je m’approche d’elle pendant qu’elle dort
Pour mieux me regarder
Je la caresse dans le sens du sommeil
Entre l’âme et le corps
Ses rêves sont tissés des lignes de mes mains
Adeline Baldacchino – Déjetée
peinture: John Sloane
extrait d’un titre de son blog poétique, sur tumblr
Ainsi donc la douceur aussi n’était qu’un mirage, juste avant ce bruit de collision contre le beau mur étroit du silence, ajointé dans la nuit dans l’aube au soleil par tous les temps. Je cherchais l’aigle encore et le serpent, Zarathoustra qui détourne le regard. Ainsi donc indifférente elle était mais vivante la mer. Et ce n’était rien pourtant qu’un peu de murmure à la surface du temps, les cuisses déjetées du monde ouvertes sur la matière des chants qui ne transmutent plus rien. Le vent répétait des caresses d’ombre sans chair, défaisait les faux miracles de la parole recommencée. Ne plus dormir, juste regarder glisser dans l’éternel instant, dur et lumineux, l’écart insistant du désir au monde. Le cœur y loge tout entier souverain fragile et nu, puissant qui ne sait plus
rien.
Eugenio de Andrade – poids de l’ombre ( 2 )
..
Jeune est la main sur le papier
ou sur la terre !
Jeune et patiente : quand elle écrit
et quand au soleil
elle se transforme en caresse.
Le poids de l’ombre III.
.
.
.
C’était septembre
ou bien tout autre mois
propice à de petites cruautés :
Que veux-tu encore ?
Le souffle des dunes sur la bouche ?
La lumière presque nue ?
Faire du corps entier
un lieu en marge de l’hiver ?
—
Le poids de l’ombre XXXVI.
Herbes de givre – ( RC )
photo perso- dec 2016
Les herbes sont unies,
sous leur manteau de givre,
et se confondent entre elles,
comme la mémoire glacée,
des larmes et du chagrin ,
soudées entre elles,
raidies par le froid,
cassantes.
Juste une image dentellée
un dessin sur le sol,
qui attend , pour se réveiller ,
bruire, la caresse d’un soleil,
qui s’était absenté .
–
RC – janv 2017
Au risque de l’aventure – ( RC )
peinture: G de Chirico: deux masques – 1926
Ici l’errance se paie,
lorsque tu te bandes les yeux.
Il n’y a pas d’obscurité douce…
Tu peux avancer tes doigts,
au coeur des buissons,
de la fourrure.
Gare aux blessures,
…à commencer par le coeur !
Je t’entendrai crier,
lorsque la créature
se détache du fond,
qu’elle signe la fin de la trève,
après la caresse,
et plante ses crocs dans la paume.
Des fouets de fer,
la coupure du verre,
le scalpel habile des mandibules,
ont raison de l’avancée
imprudente d’un bras,
d’une tête.
On ne sort pas entier
de cette jungle.
Elle pénètre dans la chair
avant même qu’on ne l’explore,
On y laisse quelque chose,
définitivement.
Et si ce n’est le sang,
déjà la raison s’égoutte ,
voracement aspirée,
par l’inconnu (e).
C’était le risque encouru
par l’aventure.
Avant d’être savourée,
il a fallu qu’elle goûte d’abord à toi.
–
RC – mars 2016
Gema Gorga – Le livre des procès-verbaux – ( 39 )
39.
per exemple, l’aire conserva l’escalfor del teu cos durant una
estona, així com la sorra guarda tota la nit la tebior trista del sol.
Quan marxes, per continuar amb el mateix exemple, les meves
mans persisteixen en la carícia, malgrat que ja no hi ha pell per
acariciar, només la carcanada del record descomponent-se al buit
de l’escala. Quan marxes, deixes enrere un tu invisible adherit a
les coses més petites: potser un cabell a la coixinera, una mirada
que s’ha entortolligat amb els tirants del desig, una crosteta de
saliva a les comissures del sofà, una molècula de tendresa al plat
de la dutxa. No és difícil trobar-te: l’amor em fa de lupa.
Paul Bergèse – Au gré des galets
Au repos de la plage
les galets apaisés
tendent leurs joues
à la caresse de la vague.
Couleurs soleil ,
les galets du Verdon,
portent encor des odeurs
des goûts et des musiques.
Souvenirs d’enfance.
Neige, vent, pluie, soleil ,
torrent , rivière et plage.
Combien de souvenirs
dans la vie du galet ?
Mais son visage lisse
est toujours impassible.
Une aventure vibre
au profond du galet.
Musique de fontaine
où s’abreuve un poème.
–
Il est minuit depuis si longtemps – (RC )
–
Il est minuit depuis si longtemps
…. Le long des parcours du jour.
J’ai traversé le sommeil,
> Et dehors, la caresse
Des courants tièdes,
N’atteignait pas le mur.
J’y étais enfermé,
Et mes bras menus ne pouvaient rien
Contre le froid, contre l’attente …
Et la douceur des choses
N’était qu’à deux pas.
Des promesses de l’été.
Les paroles gelées sous les lèvres,
La jeunesse habillée d’oublis,
Les yeux grand ouverts
Derrière des paupières inutiles
Sont à l’écart des champs de jeunes blés,
Où le vent s’ondoie.
Il faudrait que la terre tremble,
Que les lézardes prolifèrent,
Et que les pierres se descellent,
Pour que le sortilège tombe avec,
Et que le regard puisse enfin,
Goûter vraiment, à la douceur des choses.
Le baiser à la terre,
La ronde du soleil …
Le temps d’un autre départ,
Pour retrouver le désir,
Sa propre route, au dedans,
Pour y courir librement, les pieds nus .
–
RC – juillet 2014
–
Agnes Schnell – Rêves chagrinés
gravure: Raoul Ubac: lisières du devenir
On pensait jouir de l’infime
ombre d’un oiseau
chaîne rongée des barques
chuchotis des herbes
sous la caresse du fleuve…
En nos ravins et gravats
en nos lisières floues
la voix jaillissait
et berçante nous dominait.
Il y a de toi à moi
des pierres que l’on traîne
et le sable toujours irritant.
Il y a la lumière
le tumulte de l’ignition
et la faim houleuse.
Nous sommes soudain
déplacés destitués
tels des insectes évidés
un jour de pierre humide
et d’enfance éteinte.
Envahissement du ciel , par le corps d’une géante – ( RC )
photo: Raoul Ubac – nu solarisé 1938
Flottante, entre deux peaux,
Ou bien ayant quitté un temps la terre …
C’est un nuage de chair,
– Ainsi l’indique la photo.
L’envahissement du ciel,
Par le corps d’une géante :
Confisquées: les montagnes et leurs pentes ,
Battement à tire d’elle…
Peuplée de formes blanches,
Il n’y a de neige douce,
Que cette peau de rousse,
Et vers nous elle penche.
Souffle une brise dans tes cheveux,
- As tu froid, ainsi découverte ,
- Quel message, portent tes lèvres entr’ouvertes ?
- Que nous confient tes yeux ?
Tu prends tout l’espace de la vision
Occupes la totalité du paysage,
Nous protégeant des orages ,
de leur sourde invasion :
Prenons nos désirs pour la réalité,
Allons nous réfugier sous le parapluie,
De son corps : un prélude à la nuit,
> Indulgence et sensualité .
Une ondulation des hanches ,
Répand des sourires sur la ville,
Le creux de ton nombril est une île,
Où pas un cyclone ne se déclenche .
Et de ces syllabes à détacher,
S’il faut parler mété-o,
Je préfère t’aimer haut
Ayant quelque mal à m’arracher
A l’humaine condition …
Pour admettre que les caresses,
Conviennent aussi aux déesses ,
( et qu’il peut pleuvoir en émotions ).
–
RC – sept 2015
Angkor : la caresse du sourire – ( RC )
–
C’est le sommeil, peut-être,
Qui a clos les paupières :
Le regard ne voyait qu’en dedans,
la prolongation du sourire,
Et les lèvres épaisses , se sont closes,
Dans leur secrètes pensées.
Qui peut dire que ces figures de pierres,
Ne sont que des œuvres oubliées ?
Lorsque les hommes ont délaissé les lieux,
Et laissé les arbres les enlacer
Jusqu’à les enfouir
sous le fouillis végétal….
C’est leur sommeil, sans doute,
Qui gravite autour du temps ;
> Et celui-ci est immobile.
( La pierre , gardant la mémoire,
du regard intérieur,
Continue de nous contempler,
Avec son sourire ) ,
Comme si elle était habitée
De l’âme de ceux qui les ont créées,
Dépositaire d’un accord
dont nous ne percevons que la surface :
Les mains de la pensée,
Caressent encore la sérénité de leur visage .
–
RC – mai 2015
la vibration d’un gong, un arrière plan de toile – ( RC )
–
C’est comme la vibration d’un gong : cela frissonne,
puis cela frémit, dans un froissement qui monte en puissance,
En s’amplifiant jusqu’à la parole délivrée de l’étain.
Un point critique nait de la rencontre de la mailloche et du disque de métal.
Un germe du sensible : Un geste le précède.
Mais le son qui s’en extrait, cache son envers, sa mutité,
sa « face silencieuse », en quelque sorte , dans l’objet.
Celui -ci pourrait être joliment décoratif,
mais sa matière, sa forme, recèle en puissance le son.
Même lorsqu’il est silencieux.
Et pour une peinture, c’est parallèlement, la rencontre des formes,
des couleurs et des contrastes, qui révèle
de la toile « silencieuse », les dialogues de la lumière avec l’ombre,
de la matière même du geste de peindre,
et ce qui fait la personnalité de son auteur.
Cet arrière plan de toile, entend les soleils,
écoute les matins blêmes, et retransmet, comme le gong, dès qu’on la regarde,
ce frissonnement des éléments « dans un certain ordre agencés ».
Cachée, elle peut, comme un instrument de musique, demeurer muette,
ses potentialités ne s’éveillent que sous la caresse du regard.
–
RC – avr 2015
Eugenio de Andrade – Jeune est la main
–
Jeune est la main sur le papier
ou sur la terre !
Jeune et patiente : quand elle écrit
et quand au soleil
elle se transforme en caresse.
Si Talmont devient une île – ( RC )

Talmont église- cf laboutiquede Royan
–
C’était un soir frisant,
Sur ses eaux calmes …
Et le sanctuaire se dresse,
Juste au bord de l’estuaire,
Presque en équilibre sur un fil..
La lumière bondit sur l’eau .
Ses vieilles pierres amassées, comme
Une sentinelle attentive
Qui patiente, toutes voiles dehors,
De ses arcades romanes.
Le temps est ralenti,
Poussé entre deux rives,
Mémoires d’or
Brins de fièvre sous la caresse,
Des derniers rayons du soleil.
Peut-être son vaisseau immobile,
Un jour , se décidera,
A traverser l’Atlantique,
Belle endormie,pour tenter l’aventure,
Comme un bouchon sur les flots.
Si Talmont devient une île .
–
RC- mars 2015
photo auteur non ident

montage et photos persos… panoramique des modillons de l’église de Talmont — ……. cliquer sur l’image pour l’agrandir…
ifié
Laetitia Lisa – Offrande
–
Le sable me chuchotait
De marcher dans sa chaleur
J’ai ôté mes chaussures
Pour recevoir ses caresses
J’ai laissé glisser au sol
Mon manteau d’ombres
Et ma robe de feuillets
J’ai offert ma peau aux embruns
Et revêtu le vent
J’ai libéré mes cheveux
Evadés sur ma nuque
En cascades légères
En vagues irisées
Priant le soleil
De venir s’y coucher
A l’appel de l’heure bleue
J’ai déposé sur le sable
Ma peau d’arc-en-ciel
Mon sang de rosée
Puis chevauchant la nuit
J’ai étreint l’univers
–
L L – septembre 2010
La couleur fluide, tout au long des pages du livre – ( RC )
–
Il y a des lignes qui s’écrivent,
De la couleur fluide,
Qui l’accompagne et la guide,
Tout au long des pages des livres.
Ils s’ouvrent et se déplient,
Et les mots s’espacent ou se pressent,
Comme le temps d’une caresse,
– le temps évanescent d’une folie –
–
RC – avril 2014
Caresse d’écriture, caresses dansées – (RC )
peinture perso: créée à partir de l’écoute de la musique d’Alexandre Scriabine: — suite n°4
—
Et de la grande feuille, si je la lis
Et si j’y participe, à cette folie
En lançant des traits d’encre noire
Sur l’espace libre – bienvenu- d’écritoire
C’est que j’aime aussi où nous entraînent
Des mots, le heurt et la mise en scène
Au jeu des miroirs inversés, aux reflets mobiles
Qui font de l’écriture la rencontre habile
D’avec celle et celui , qui va lire et rebondir
De sa tête et ses doigts, au mieux dire
A la fantaisie, aux profondeurs des pensées
Aux thèmes connus et caresses dansées…
—-
——–NB: caresse dansée est le titre
d’une pièce pour piano d’Alexandre Scriabine.
Une de mes peintures de cette suite – qui en comporte 6,
a fait l’objet d’une pochette de CD de la part de la pianiste Virginie Dejos, interprète de A Scriabine ( étude, préludes, et sonate n°9) et M Ravel (Gaspard de la nuit) – voir son site et écouter des extraits du disque
Grande sonate ( RC )
–
Au secret, imprimé de signes, sur la partition,
S’arrangent triolets, triples-croches et soupirs,
Complotant sur les portées…
Pour jaillir,
Sous les doigts du pianiste,
L’haleine des accords sauvages,
Martelés de la gauche
Tempérant la dentelle d’un thème
–
L’épopée fraîche,
Scintillante cascade,
Passant, fluide, d’une main à l’autre,
Se poursuivent sans relâche,
Semblant inventer l’instant d’après,
Comme aussi, à l’intérieur,
Les ondes visibles, les petits marteaux
de feutre qui ondulent,
–
Ainsi le vent dans les blés
Devient palpable,
La musique ici, on la voit
Elle s’échappe,
D’un grand piano noir,
A l’arrondi d’une oreille,
Son couvercle est ouvert
L’intérieur est de feu,
–
Vers la flamme,
Ses cordes frémissent.
Se succèdent les mesures,
Les tempos se détendent ,
puis accélèrent,
Comme s’ouvrent les bras du pianiste,
Et survolent le clavier.
– Deux ailes d’un oiseau de proie -,
–
Puis se referment sur les touches d’ivoire,
Les notes s’envolent, se pressent et se cabrent,
Les cheveux saccadés au même rythme,
Balayant presque le pupitre…
Crescendo, lumières croisées sur nos folies,
Puis ombres de détente et retour du thème,
Indiquant , ré majeur,
La fin du premier mouvement.
–
La caresse dansée, au royaume sonore *
De la sonate.
–
* » Vers la Flamme », et « Caresse dansée », sont le nom de pièces pour piano d’ Alexandre Scriabine
RC – 9 septembre 2013
–
Luis Mizon – Caresse-moi de tes doigts
Caresse-moi de tes doigts
Toi qui récoltes les algues
Approche tes mains
Je veux respirer ton rêve
(Poèmes d’eau et de lumière)
Muse à musée (RC )
–
La muse reste tranquille,
Enveloppée de sa tunique,
Geste antique de pierre
Egarant ses couleurs d’un oeil si lointain,
Qu’un rectangle de lumière, étalé sur le sol,
Ose une caresse blanche,
D’un doigt de soleil,
Désignant du marbre, la cuisse,
Et la rondeur des heures,
Puis les ors des cadres,
Lourds, de scènes bibliques,
des tableaux vernis.
Un ange joufflu, peint au plafond,
Observe d’un oeil repu,
La progression lente,
D’un visiteur attardé,
Penché sur les étiquettes,
Et dont les souliers vernis
Répondent aux cracs du parquet
Sans pour autant réveiller,
Le gardien endormi.
–
RC- 28 mai 2013
–