François Corvol – Setis
Setis
Je me souviens d’elle allumant la nuit rouge-bleue
en tirant sur la corde
la plante des pieds sur les tuiles froides
assise sur la cheminée de grès
des chats transalpins nombreux sur ses jambes s’emmêlaient
les crayons de ne plus savoir s’ils voulaient une caresse ou le lait
du nuage de son essor ou de son corps
ou de ses cheveux parsemés de photophores je lui dit
ceci -Chaque nuit des fantômes
mille fois plus vivants retombent
de tes arceaux, je veux moi aussi
ma part de bonheur sur la Terre mon rêve mon rêve-
mais elle ne compris pas elle ne compris rien
de mon langage et d’un coup sec
tira sur la corde afin que la nuit tombe
coule
le lait.
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on peut retrouver les écrits de François Corvol dans décadences.net
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Bassam Hajjar – tes mains contiennent mon corps
Petites sont tes mains, mais elles contiennent mon corps tant il s’est amenuisé,
tant tu es présente dans mon absence.
Je n’ai pas peur à présent qu’un rêve gris m’emporte vers un gouffre sans fond, je sais que la paume de ta main droite m’ouvre une porte vers le double de la lumière, et que mon visage conserve, comme un embrasement, le contact de ta paume gauche.
Étais-je absent à ce point ? Je veux dire que je ne trouvais personne pour me conduire vers mon sommeil. (…)

peinture: Nikewen
Il a suffi que tu soulèves, d’une caresse, le marbre du lourd sommeil. Et que tes mains m’emportent, pas tant que ça, juste à la mesure à laquelle je vis. Il a suffi que tu essuies mes lèvres du bout de ton index pour que parler cesse de me faire souffrir.
Lambert Savigneux – lueur
lueur
( visible dans sa page Lamazezen)
deux lueurs
à l’étoile
l’une transperce le néant tandis que l’autre la caresse
une seule lumière
le moment et le ciel
vibre
un seul ciel toi et moi
des deux cotés de l’étoile
réunis par la distance
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photo de Richard Mitchell: visible sur le blog Touching light
José Gorostiza – mort sans fin – extr 01
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O, quelle joie aveugle,
Quelle soif d’utiliser à fond
L’air que nous respirons,
La bouche, l’oeil, la main.
Quelle démangeaison vive
De dépenser tout de nous-mêmes
En un seul éclat de rire.
O, cette mort impudente, insultante,
Qui nous assassine de très loin,
Par delà le plaisir d’avoir envie à mourir
D’une tasse de thé…
D’une petite caresse.
***
… ce mourir entêté et incessant,
cette mort vivante,
qui te poignarde, ô mon Dieu,
dans ton travail rigoureux,
dans les roses, dans les pierres,
dans les étoiles indomptables,
et dans la chair qui se consume
comme un feu de joie allumé par une chanson,
un rêve,
une nuance de couleur qui attire l’oeil,
… et toi, toi-même,
tu es peut-être mort depuis une éternité, là-bas,
sans que nous le sachions,
nous qui sommes des résidus, des cendres, des fragments de toi ;
toi qui es encore présent,
comme une étoile cachée par sa propre lumière,
une lumière vide sans étoile
qui vient à nous,
camouflant
son désastre infini.

peinture: A Manessier: Passion
(Mort sans fin)
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Vêtement de rosée ( RC )
Une pause en prose,
En vêtement de rose
Habillé seulement de rosée
Et d’un vent frais – et osé,
C’est un voyage tendre
A celui qui sait attendre
Une caresse déposée
– Le fruit de tes baisers…
RC 23 septembre 2012
Eugénio de Andrade – J’entends courir la nuit
Eugénio Andrade – J’entends courir la nuit
J’entends courir la nuit par les sillons
Du visage – on dirait qu’elle m’appelle,
Que soudain elle me caresse,
Moi, qui ne sais même pas encore
Comment assembler les syllabes du silence
Et sur elles m’endormir.
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D’Reality – L’inévitable évidence
Voir le blog récent de D’Reality

peinture: Marlène Dumas - qui a eu une exposition importante à la dernière Biennale d'Art Contemporain de Lyon
L’inévitable évidence
février 21, 2012 in Du Velours et du Satin |, poésie
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En un instant je suis là, nue sous la pluie. Perméable au désir. Sans armes face à l’inévitable évidence.
En un instant, tout est compris, sans armure et sans peur. Les sens en éveil au silence, à la nuit.
Ce soir, les forces s’affrontent et nous épargnent leur lutte. Nous sommes hors du temps, là où le réel n’a pas d’emprise, là où se cacher est dérisoire, là où le mensonge est démasqué.
Nous sommes nus face à l’illusion. Plus présents que jamais.
Le corps comme seul carte, comme seul chemin. Sans obligation ni devoir, à l’instinct, à l’écoute… l’œil qui se perd et s’oublie. La main tendue sans attentes. Le frisson perdu sur la peau. Tout est neuf et tout est beau comme le secret éclos sous la caresse. Comme la vérité s’illumine à la vie.
Dans un souffle la clé du temps ouvre la porte et tout est comme avant, et rien n’est plus pareil. Dans nos yeux, l’élégance du silence… sans espoir ni oubli.

peinture: Richard Diebenkorn: l'homme à la fenêtre 1958, - à noter que ces deux reproductions proviennent du très beau blog de Weimar, qui associe art, photographies, par thèmes, vivement conseillé à la visite
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Eugene Durif – L’étreinte, le temps- 08
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La peau sentie contre les lèvres
douceur bue et toute honte,
la douceur de l’ oubli qui ne peut venir
fermer les yeux.
A tout instant, je crois te serrer contre moi
et te voir comme si je voyais au premier jour.
Paroles qui n’en finissaient pas dans le noir,
je te parle
et ce moment ou nos mains l’ une contre l’autre,
tendues l’une en l’autre à jamais.
( Ce jour là)
Et je t appelle et crois te saisir,
l écho de ton nom dans toutes les pièces vides.
(.J’ai senti sur mon visage les étoffes, caresses d absence,
dans l’armoire où sont tes vêtements et le parfum dessous)
Et je crus te serrer dans la blancheur de ce jour de novembre;
crevais te serrer contre moi, ce n’ étaient que mains qui s effleuraient dans le pauvre jour, à peine s effleuraient et ce sourire tout à coup d’humanité.
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Patricia Ahdjoudj – La nuit a d’étranges frissons
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La nuit a d’étranges frissons
Qui vous laissent les larmes aux yeux
L’amour a d’étranges secondes
Qui vous laissent la glace au cœur
Ses mains ont d’étranges audaces
Qui me laissent le cri aux lèvres
Sa voix a d’étranges caresses
Qui me laissent la fièvre au corps
Le ciel a d’étranges tendresses
Qui vous laissent les bras tendus.
Ivan V. Lalic – Lieux que nous aimons
Lieux que nous aimons
Les lieux aimés n’existent que par nous,
L’espace détruit n’est qu’apparence dans le temps durable,
Les lieux aimés nous ne pouvons les abandonner,
Les lieux aimés ensemble, ensemble, ensemble.
Et cette chambre est-elle chambre ou caresse,
Et qu’y a-t-il sous la fenêtre : la rue ou les années ?
Et la fenêtre n’est-elle que l’empreinte de la première pluie
Que nous avons comprise, et qui sans cesse se répète ?
Et ce mur n’est-il pas la limite de la chambre, mais peut-être de la nuit
Où le fils vint dans ton sang endormi,
Le fils comme un papillon de feu dans la chambre de tes miroirs,
La nuit où tu eus peur de ta lumière.
Et cette porte donne sur n’importe quel après-midi
Qui lui servit, à jamais peuplé
de tes simples mouvements, lorsque tu entrais
Dans ma seule mémoire, comme le feu dans le cuivre;
Quand tu es absente, derrière toi l’espace se referme comme l’eau ;
Ne te retourne pas : il n’est rien en dehors de toi,
L’espace n’est que temps visible d’autre manière;
Les lieux aimés nous ne pouvons les abandonner.
Ivan V. LALIC « Temps, feu, jardins » (Éd. Saint-Germain-des-Prés, 1973)
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Arthemisia- Le Jardin suspendu
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La parole chante aussi bien que l’âme et corps chez Arthie, dans une de ses publications anciennes, que je me permets d’accompagner à mafaçon avec un de mes peintres « phare » Clyfford Still-
qui a maintenant un musée consacré à son oeuvre à Denver...
(grand peintre expressioniste abstrait américain, dont je conseille vraiment une vue en « réel » ).
voir aussi le bel article sur l’expressionisme abstrait sur http://ecoledeny.blogspot.com/
Jean-Jacques Dorio et son hommage à Mirò – 2 – LE CREPUSCULE AUX DOIGTS DE ROSE
Miro, Constellation 21
Le crépuscule rose caresse les femmes et les oiseaux
LE CREPUSCULE AUX DOIGTS DE ROSE
LE CRÉPUSCULE ROSE CARESSE LES FEMMES ET LES OISEAUX
Les oiseaux sont des flammes qui raniment le printemps
Le printemps en hiver sous l’amandier sans fleurs
Cent fleurs et mille épines qui déchirent nos vies
Nos vies à l’eau de rose à l’eau de purin à l’eau de vie
L’eau de vie où la part des anges n’est pas faite pour les chiens
Les chiens qui lèchent nos arpèges et nos mains que caressent le concert des Constellations
quand le crépuscule est rose
et caresse d’un geste auroral
les femmes et les oiseaux
Arthémisia: – Au Bord de l’explosion
Je me fais toujours un plaisir de parcourir corpsetame d’Arthemisia… ( et j’aime faire écho à ses écrits au style toujours particulier… qu’ils soient anciens ou présents
418 – Au Bord de l’explosion

Angèle Paoli: All blues
Article inspiré de la page de blog de http://lebontempsdelavie.centerblog.net/
qui inévitablement fait penser au célèbre disque de Miles Davis en Quintet, « Kind of Blue », qui a marqué durablement l’histoire du jazz
L’Azur se courbe
et devant ton œil
bleu déclin
le baume cerisier blanc
de tes caresses
savamment décline
sa rhapsody
blue
strompin’ at the Savoy
le pianiste
aux doigts de cristal
étire
de Bessie les langueurs
désirables
et pianote
tempo blasé
les notes désenchantées de saveurs
oubliées
le blues le blues le blues
ronge ton âme esseulée
songe songe songe
à la lenteur du temps
qui s’écoule
se délasse et s’enlace
en cet instant
tandis qu’au ciel glisse
un long goéland
et qu’au firmament
passe la trace
ardeur de tes rêves
brûlants
Angèle Paoli