
A Carnac, on a planté des petites pierres,
pour retenir les rayons de lune.
– C’était au début, quand elle a commencé
sa course autour de la terre. –
Maintenant les pierres ont bien grandi,
ce sont des témoins,
Ils se sont redressés, au fil du temps,
Communiquent avec le soleil et le vent :
Ils racontent, muets, en grandes files, alignés,
beaucoup de choses, sur ce qu’on ne connaît pas.
Pour notre portée d’hommes modernes,
C’est comme un langage des signes, venu de l’en-deçà…
La nuit venue, elles se déplacent dans leur ombre,
Et grandissent encore un petit peu, imperceptiblement,
Le dialogue se perpétue avec le sol,
Et le rayonnement des astres .
Avec leur station debout, on peut leur attribuer
un caractère, comme si une présence humaine était enfermée dedans.
Il se pourrait qu’elles se soient rassemblées d’elles-même,
en vue d’une cérémonie à venir.
D’autres le font de manière étrangement proche, dans des pays différents,
Où déjà la distance fait qu’on se demande comment elles font.
Peut-être que la roche en marche aurait les instincts d’une commune famille…
c’est difficile à dire, et personne n’a vécu des millénaires pour affirmer le contraire.
Vu leur silence apparent, juste couronné de vent,
il faut laisser parler les légendes ; c’est un peu leur chanson.
–
RC – juillet 2015
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03/12/2016 | Catégories: photography | Tags: astres, caractère, Carnac, cérémonie, chabriere, chanson, distance, famille, légendes, lune, millénaires, pierres, roche, signes | 2 Commentaires
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A Carnac, l’odeur de la terre
A quelque chose de pas reconnaissable.
C’est une odeur de terre
Peut-être, mais passée
A l’échelon de la géométrie
Où le vent, le soleil, le sel,
L’iode, les ossements, l’eau douce des fontaines,
Les coquillages morts, les herbes, le purin,
La saxifrage, la pierre chauffée, les détritus,
Le linge encore mouillé, le goudron des barques,
Les étables, la chaux des murs, les figuiers,
Les vieux vêtements des gens, leurs paroles,
Et toujours le vent, le soleil, le sel,
L’humus un peu honteux, le goémon séché,
Tous ensemble et séparément luttent
Avec l’époque des menhirs
Pour être dimension.
Femme, femme, au secours
Contre le souvenir
Enrôleur de la mer.
Mets près de moi
Ton corps qui donne.
Toujours nouvelle — et pas
Parce que tu changes.
Toujours nouvelle
Puisque je t’apprends
Et jamais ne sais ce que tu seras.
Donc tu donnes, quand même,
Tu ouvres.
Donne au moins ce qu’en loi
Nous avons investi.
Pour remplacer ce
Dieu
Où nous t’avons jetée,
Nous avons besoin
De trouver la fête.
—
Il ne semble pas
Que tu aies la tienne.
Pour se faufiler
Dans l’étroit canal
Qui menait au port avant les bassins,
Elles se pressaient, tes vagues,
Lors de la marée,
Elles se bousculaient.
Elles avaient besoin
Que l’interminable
Soit fini pour elles.
Je parle mal de toi.
Il me faudrait parler
Aussi vague et confus
Que rabâchent tes eaux.
Et des éclats
Pour ta colère,
Tes idées fixes
Sous le soleil.
Je n’ai jamais compris
Pourquoi, où qu’ils soient,
Toujours les gens causaient
Et rarement j’ai su de quoi.
Tu fais comme eux,
Tu veux causer,
Tu te racontes.
Ce qu’aussi tu veux
C’est t’allonger jusque dans les terres,
C’est les pénétrer, c’est être avec l’herbe.
Tu fais des rivières,
De vieux marais.
Mais là tu te perds
En perdant ta masse
Et ce néant
Qui te traverse.
Toute une arithmétique
Est morte dans tes vagues.
Il y a des moments
Où l’on te trouve entière,
Brutale d’être toi.
Là tu viens verticale et verte te dresser
A toucher notre face.
Là tu nais en toi-même
A chaque instant que nous faisons.
Parfois tu étais
Un moment de moi.
Je nous exposais
Au risque d’aller,
Car plus tard
Est toujours présent.
Quand je te regardais jusqu’au plus loin possible,
C’est vers le midi
Que je me tournais.
Je l’ai su depuis,
Lumière extasiée,
Horizon vaincu.
Il me semble parfois
Qu’entre nous il y a
Le souvenir confus
De crimes en commun.
Nous voici projetés face à face
Pour comprendre.
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10/09/2015 | Catégories: photography, poètes connus | Tags: barques, Carnac, colère, crimes, goémon, goudron, Guillevic, horizon, marée, menhirs, vagues, vent | Poster un commentaire