entre les pages collées – (RC )

Ton texte reste hors champ,
dans la nudité du cahier
aux pages trop usées
d’avoir été feuilletées.
Tant de jours ont coulé
depuis ce soir d’hiver,
où même les joies se sont dissoutes :
l’encre a débordé, puis s’est enfuie .
Entre les pages ainsi collées,
il se pourrait
que la parole demeure, indéchiffrable:
qui saura donc la lire ?
Une tasse de café
s’est renversée,
tu as contourné les taches
avec un crayon,
ajouté de la couleur
et quelques traits ;
on ne saura jamais
ce que le carnet dit
il est muet désormais,
enfermé sur lui-même
comme un poème
dont on a oublié la chanson .
Parfois les choses durent – ( RC )
Parfois les choses durent
autant qu’elles le peuvent :
– C’est comme la preuve
de ce qu’elles endurent .
Il y avait quelques traits,
ceux de ton écriture,
posés dans le carnet,
avec désinvolture :
Comme ils m’étaient dédiés
ils sont restés,
au coeur même du papier :
on les dirait incrustés
unissant les paroles d’hier,
comme celles du temps qui passe
et se dépose sur la matière
avec une légère trace .
- C’était un échantillon
de la brillance de l’été :
– Souviens-toi du papillon
qui s’était frotté
sur la page :
avant qu’il ne s’en aille
pour un autre voyage :
– Il a laissé quelques écailles
qui brillent encore :
des pensées oubliées
– Comme un trésor
au fond de l’être aimé .
–
RC – avr 2017
( à partir des « cahiers du déluge » « constat #17 ) de Marlen Sauvage
Le vent me dépasse d’une courte tête – ( RC )
Image – montage perso
Ainsi court le vent :
Ce n’est pas encore la tempête.
Il me dépasse d’une courte tête,
Que je marche doucement
Ou en courant.
J’ai peur de mon ombre
Celle-ci m’encombre
Et passe devant.
C’est un peu comme l’oiseau
Effrayé par son reflet .
Le poète ouvre son carnet
Aurait-il peur des mots
Dès que se présente une idée ?:
Il se dépêche de les écrire,
Il craint de les voir s’évanouir
Il va les emprisonner .
Mais ceux-ci toujours chantent :
et disent la pluie salée,
la douceur de la peau effleurée .
Ils sont en attente .
Sous la main qui tremble
ils vont ressurgir,
crier ou bien rire :
vois comme ils s’assemblent
au moindre prétexte
un mariage illégitime,
associant des rimes
tout au long d’un texte.
On dirait qu’ils s’arrangent
pour vivre leur propre vie,
sans demander mon avis ,
quand la main me démange .
Ils débordent de l’esprit ;
je ne fais rien pour les contenir ;
juste les écrire
sans que je les aie appris.
Quelqu’un parle par ma main :
c’est une sorte de phénomène,
par lequel je me promène :
Je n’en connais pas le chemin.
–
RC – juill 2016
Image – montage perso
Reflet de fleur vive – ( RC )

photogramme: Moholy-Nagy
–
Regarde entre ses doigts,
Juste un espace,
Quelques fentes claires,
Où jouent des papillons de lumière.
Que fait-il de ses jours ?
Il dessine.
– Il dessine quoi ?
Juste ce qu’il voit, et imagine,
Ton propre reflet de fleur vive
Echappé aux heures,
Où se forment, sur ce carnet,
Ombres et traits.
Mais aussi entre ses doigts,
Glissent sur ton regard,
Nombre de ces gouttes,
Comme sur des feuilles lisses.,
D’autres courbes,
Qui se lisent entre les lignes.
Vont traverser ses yeux.
Il en surgit ton portrait.
–
RC- février 2014
Richard Brautigan – Un carnet dans la même poche que mon passeport

poème-affiche du site des ArtPenteurs
–
Les cinq poèmes
que j’ai écrits aujourd’hui,
ils sont dans un carnet
dans la même poche
que mon passeport. C’est
la même chose.
–
Richard Brautigan, Journal Japonais
–
Dans l’instant, porté par la musique ( RC )
–
C’était donc dans l’instant
Porté par la musique,
Et les sons qui se cognent
Saxo trompette et trombone.
Et je prends le carnet,
Pour des instants prolongés,
Ceux que je vais dessiner
Et laisser sur le papier.
C’est donc dans l’instant
Porté par la musique,
Une danse des lignes,
Qui se croisent et puis riment
Avec les notes
Et l’atmosphère rêveuse
Juste ce qu’il faut de pose.
Enlaçant l’instrument
Les doigts des musiciens
Sur la brillance des cuivres,
Qu’il me faut transmettre
Avec mon pinceau.
–
RC – 18 février 2013
Corps fleur, une rose (RC)
–
Si c’est une toile blanche
Qui attend en silence
Que le pinceau s’élance
Au dessin de tes hanches
Alors sur ce modèle
Corps et délits
Je le forme et le plie
Et pourrais ajouter des ailes
En appelle « l’inspiration »
Le bras, je vais le déplacer
La main, je vais l’effacer
Et puis , varier la position
–
Tes courbes opposées
Enlacées de lumière
Sans plus de frontières
Allonges , du corps reposé
Modelée de sculpture
Mon geste te compose
Corps fleur, une rose
De créature, nouvelle parure
Et c’est ainsi que tu nais
Calligraphie, déliés et pleins
Arabesques de tes seins,
Sur la page du carnet …
–
Tu peux passer à la page suivante, et continuer – ( RC )
Image : Toño Camuñas
Comme carnet de voyage,
garder les étiquettes des derniers achats,
les papiers de bonbons,
le ticket d’autobus,
la pin-up qui trône
sur le flacon du shampooing,
les diablotins
trouvés dans une pochette surprise,
l’autre jour au luna-park,
un extrait de la pub du produit
qui affirme détruire tous les insectes.
La carte de la dame de trèfle
( ouvrant une nouvelle ère de prospérité)
Ne pas oublier la mèche de cheveux
de la serveuse, qui fut l’amante…
et la page de BD déchirée,
qui patientait au fond d’un tiroir.
Disposer le tout de façon ordonnée,
dans le sens de la lecture,
utiliser une colle efficace,
relier par des quelques tracés au crayon
soulignant les ombres.
Un commentaire n’est pas nécessaire.
Tu peux passer à la page suivante,
et continuer.
–
pour les images produites par Toño Camuñas, on pourra voir aussi Larry Rivers, et Mel Ramos, dans le domaine « pop-art »..
je partage et distribue
WordPress:
04/10/2016 | Catégories: d'images, self creation | Tags: amante, carnet, chabriere, colle, commentaire, crayon, diablotins, insectes, luna-park, page, prospérité, pub, tiroir, trèfle, voyage | Poster un commentaire