Vision du Menez-Hom – ( RC )

Quand on pense
que culminaient
de fières montagnes,
comme le sont aujourd’hui
les Alpes,
et qu’une chaine
marquait peut-être
la frontière avec ce que sont
les îles des « Grands-Bretons ».
C’était sans doute
bien avant
que les hommes
ne prennent pied
vers le Menez-Hom,
dont la base
est la côte même
de la mer d’Iroise…
Elle ne fut peut-être
qu’un lagon sous les tropiques
où une légion de crocodiles
circulait entre les îles.
Vision occidentale
dépassée par les évènements géologiques
et ne figurant
sur aucune carte postale ….
RC
Pas de motif suffisant, pour inventer une carte postale – ( RC )
Je me souviens assez peu
de ces paysages de Hollande,
à part ce qu’on voit
des photos des touristes,
ou des ruelles de briques,
comme Vermeer en a peint…
Les souvenirs se tordent,
comme une hélice,
mais elle est à l’arrêt,
ruisselant d’eau
d’une pluie fine
qui ne cesse pas.
Il y a des boulevards rectilignes,
et les maisons hautes
dont les pignons font,
aux bords des canaux,
une succession de façades,
aux toits en dents de scie .
La campagne est plate,
l’herbe y est spongieuse,
et, toi qui est venue
quand c’était l’époque, il y avait sans doute
ces bandes de couleurs vives,
des champs de tulipes.
En fait je me rappelle davantage du port,
des grues géantes, et du cri des mouettes .
Je m’attendais à entendre la voix d’une sirène,
mais celle que l’on connaît est restée figée
dans le bronze à Copenhague ;
ce n’est pas la même chose.
Quand la lumière s’enfuit ,
j’y marche à reculons.
Que sont donc devenus ces passages,
où nous nous tenions par la main ?
les quais luisent sous la pluie,
les arbres se confondant les uns avec les autres,
et l’ensemble ne serait pas
un motif suffisant
pour inventer une carte postale
même si j’y ajoutais quelques moulins ,
un drapeau claquant au vent ;
le ciel aurait quand même mangé
une partie de colline .
–
RC – mars 2019
Des particules, s’éparpillent dans la fête – (RC )
–
C’est juste une portée du hasard,
Quand se perd le regard…
Il s’essaie au noir,
En reliant les étoiles,
Pour en faire des figures,
Celles que l’on trouve en peinture
Les constellations se bousculent,
Dans une longue suite,
Celle des années-lumière, en fuite.
Quels miracles lient les morceaux d’azur ?
Depuis longtemps basculés dans le sombre…
Je n’en connais même pas le nombre.
Des mondes entiers, des particules,
S’éparpillent dans la fête,
Etoiles filantes , et comètes.
Il ne reste de leur passage,
Qu’une légère trace.
…. L’instant suivant les efface .
Peut-être fourbues…
Dans l’espace inter-sidéral ;
Je me sens un peu perdu
A l’intérieur , même, de cette carte postale.
–
RC- sept 2014
Châteaux en Espagne, une île au milieu des mers ( RC )

Château d’Atienza – Espagne
—
Il faut je crois, suivre une ligne,
Un fil invisible, de ténacité,
Pour construire, comme on dirait,
Ces « châteaux en Espagne »,
–
Se parsèment, dans les espaces vides,
Sur des monticules ocre , et jaune,
Des constructions, que l’on dirait utopiques,
Jamais achevées, et offertes aux vents,
–
Les semblables propulsant les ailes,
Des moulins à vent,
Chargés par Don Quichotte,
– Sa lance en avant.
–
Oui, les grandes ailes tournent,
Et souvent broient du vide,
Elles tournent dans la tête,
Comme de grands oiseaux blancs,
–
Peut-être ne sont-ils maintenant
Qu’une image, marquant les esprits,
Marqué par l’imaginaire,
photo: forteresse reconstituée de Mornas, vallée du Rhône, Vaucluse
–
Ainsi se remontent,
Pour le bonheur des touristes,
D’anciennes forteresses,
Habitées par les ronces.
–
Tout y est sécurisé,
On y accède en voiture,
On domine la vallée,
Et son autoroute.
–
C’est une belle carte postale,
Dont les assaillants d’antan,
Devaient garder dans leur cœur,
Pour raconter leurs exploits aux enfants,
–
Ah, les volées de flèches,
Tirées des meurtrières !
Ah, l’huile bouillante, rebondissant,
Aux pieds de la tour !
–
Ah les beaux boulets,
De plus de cinq livres,
Expédiés au-dessus des murailles,
Par notre artillerie…. !
–
Et ces soldats aux casques luisants,
Leurs écus aux couleurs du drapeau,
Claquant sur le donjon,
Leurs cottes de maille… !
–
Ceux qui ont de la chance,
Lors des fêtes médiévales,
Peuvent voir, dans des copies d’habits d’époque,
La comtesse ,tout en damas et soieries, et sa suite….
–
Tout est reconstitué,
Des histoires de batailles,
Dans le moindre détail,
En panneaux explicatifs.
–
C’est très instructif,
On a même refait, au milieu de la cour,
Un grand jouet, grandeur nature,
C’est une catapulte – toute neuve-,
–
…. Qui participe au décor…
Car ici tout est décor,
Il n’y a plus de vie,
Dans les salles désertes,
–
Que l’on occupe,
– Toujours pour la culture, –
Par des pièces énigmatiques,
De grands artistes
–
Inspirés sans doute,
Par les murs en pierres lourdes,
Les verres troubles des fenêtres,
Et le sol en terre cuite.
–
Les salles d’exposition sont climatisées,
L’humidité est contrôlée,
La lumière est étudiée,
Pour le confort du visiteur
–
Le département s’occupe de tout :
De l’art, de la culture, et du patrimoine,
( Et le fait savoir en multipliant,
Publicités et affiches voyantes. )
–
Mais revenons à nos châteaux en Espagne,
Ou plutôt ce que chacun,
Dans la discrétion et l’intime,
Construit pour lui-même…
–
En forgeant son monde intérieur,
De formes et de couleurs,
De passions et d’utopies,
En se construisant la vie…
–
Une île au milieu des mers,
Perdurant contre vents et marées,
Ouvert à la perspective des sens,
- c’est un grand voyage –
–
A s’arc-bouter,
Contre les éléments hostiles,
Mais les vagues sont porteuses,
Vous y serez bientôt…
–
– Je vous y invite –
–
RC- 13 octobre 2013

Moulins de Consuegra – Espagne