Des desseins laissés inachevés – ( RC )
Tiré de AAARG
Il y a des desseins que j’ai laissés inachevés ;
ils me saisissent par le bras,
m’habillent de signes du zodiaque , qui se repèrent sur mes épaules, coude et genoux,
et se mettent à clignoter.
Des nuages qui se forment en un manège duveteux,
sont des licornes, des lions et des serpents.
Tout le monde a l’air de bien s’entendre ;
ils me convient avec eux , pour partager les restes du buffet,
habiller les piétas de goudron et de plumes,
sortir les balais des sorcières des profondeurs de l’histoire
comme ceux cachés derrière les portes grises des placards des vestiaires ,
remplacer les hommes politiques par des héros bien connus de bandes dessinées:
je désigne aussi Bibi Fricotin, Felix Le Chat , Mandrake comme gagnants des épreuves olympiques
et les télés repeintes en noir mat.
Cela ne trompe pas: c’est un clin d’oeil du destin :
– je vais me présenter à ma propre succession ! ,
juste avant de me diluer dans un sommeil en deux dimensions
dont je n’apprécie même pas la superficie.
J’ai dû sortir, par inadvertance , de la case prévue à mon intention…
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RC – mai 2016
Cela vaut le coup d’essayer ( un jeu qui en vaut la chandelle ) – ( RC )
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Il faut miser sur des cases,.
C’est la règle du jeu,
Un peu comme à la marelle.
On se déplace,
puisque c’est le hasard qui décide,
D’un jet de dés.
Le voyage se fait,
de façon instantanée:
On peut passer de la passion,
à la prison – sans transition.
Si c’est un jeu…
qui donc en édicte les règles ?
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
mais tout au long de l’existence,
A passer d’une case à l’autre ;
On ne sait quelles sont les chances
de finir sur la case « ciel ».
Les prêtres ont à ce sujet leur idée,
mais il se pourrait, vu ce qu’on connait,
qu’elles soient orientées…
Le mathématicien parlerait de probabilités,
mais tout le monde ne termine pas en même temps,
ni dans la même case…
> » un jeu qui en vaut la chandelle »…
mais celle-ci se consume
inexorablement. La flamme s’abaisse.
Au final, la dernière case se remplit
de cire fondue,
avant que la mèche tombe,
et ne s’éteigne pour de bon…
mais où, précisément ?
je ne peux vous répondre.
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RC- juin 2015

photo: affiche d’Amnesty international contre la torture
Compte à rebours, en émois ( RC )
Je compte jusqu’à trois,
Je ne sais plus combien de fois,
Peut être que, petite fille,
A cloche-pied, tu t’égosilles,
Sautant de case en case,
Et la jupe s’envole, un peu grivoise
Si tu es prête à l’envol
Dans ton parasol
Je compte à rebours,
Au visage de l’amour,
Un deux, trois,
Et si nous sommes à l’étroit,
Je vise le ciel,
Il y a plein de soleils,
Avec tes cheveux de soie,
Au-dessus de moi.
Je compte sur toi,
Au bout de mes doigts,
Et parcours monts et vallées,
Aux courbes avalées,
Quand la musique de chambre
Ôte les dernières feuilles de novembre,
Je voyage à pas menus ,dans l’inconnue
Si l’automne laisse ton parc à nu.
Je compte en émois,
Aux mois succèdent les tois,
Les vents portent la bise,
Remettons la chemise,
Contre les courants d’airs,
Je te couvre pour l’hiver,
Tandis que fuient les hirondelles…
> Te souviens-tu de ta marelle ?
Tu y comptais tes pas,
En moulinant des bras…
Suivant les cheveux libres,
Le corps en équilibre,
Je te regarde, je t’attends !
Regarde, c’est déjà le printemps,
Maintenant, comme je vascille,
A tes bas en résille,
Viens vite dessiner le bonheur !
Le dessin de tes mains a la forme d’un coeur…
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RC – 27 août 2013
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poème bantou – feu – ( trad Leopold Sédar Senghor )

peinture perso: maternelle age 5 ans ( j’ai probablement été fortement aidé… toujours est-il que j’ai toujours cette peinture, d’un format 50×65 cm)
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Feu
« Feu que les hommes regardent dans la nuit, dans la nuit profonde,
Feu qui brûles et ne chauffes pas, qui brilles et ne brûles pas.
Feu qui voles sans corps, sans coeur, qui ne connais case ni foyer,
Feu transparent des palmes, un homme sans peur t’invoque.
Feu des sorciers, ton père est où ? Ta mère est où ? Qui t’a nourri ?
Tu es ton père, tu es ta mère, tu passes et ne laisses traces.
Le bois sec ne t’engendre, tu n’as pas les cendres pour filles, tu meurs et ne meurs pas.
L’ âme errante se transforme en toi, et nul ne le sait.
Feu des sorciers, Esprit des eaux inférieures, Esprit des airs supérieurs,
Fulgore qui brilles, luciole qui illumines le marais,
Oiseau sans ailes, matière sans corps,
Esprit de la Force du Feu,
Ecoute ma voix : un homme sans peur t’invoque »
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Poème Bantou
(traduit par Léopold Sedar Senghor)
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