voir l'art autrement – en relation avec les textes

Articles tagués “catalogue

Lié à la transparence – ( RC )


Résultat de recherche d'images pour "empty mirror illustration"

C’était comme un cauchemar,
       car , au sortir d’un songe
je n’avais plus de visage,
comme le disait le miroir :
         j’en avais perdu l’usage,
peut-être la glace renvoyait-elle un mensonge…
derrière moi             – que du noir…
– ce qui est difficile à décrire…

c’est ainsi que l’on pense reconnaître
le plus commun des vampires
– n’arborant même pas une tête de mort…
or, j’étais vivant           – et sûr de l’être
mais par un coup du sort
         je n’avais plus d’apparence…
une vision un peu fantasque,
liée à la transparence :

j’ai dû me composer un masque,
copié sur un homologue :
          une figure de cire
trouvée dans un catalogue :
histoire d’appartenir
à l’humanité ordinaire
que l’on croise d’habitude
sous toutes latitudes,

tous se donnant des airs
d’être eux même ..
mais comme savoir
si c’est un stratagème
          donnant autre chose à voir
qu’ un vide habité:
quelqu’un définitivement effacé
        qu’il a fallu remplacer
par une autre personnalité…


RC – nov 2016


Yvonne Green – La chambre de mon père


peinture: Edgard Degas  -  Portrait de Duranty

peinture:           Edgar Degas –       Portrait de Duranty

La chambre de mon père

Mon père avait une chambre mansardée où il  écrivait ses livres .
Quand il n’ était pas là, j’avais l’habitude d’y aller et de regarder.
Il y avait des bouts de papier arrachés , de bloc-notes en spirale;
des catalogues de maisons d’enchères, du texte entouré de cercles, aux pages écornées,
le prix de réserve marqué dans un code; une chaise pliante dure,
une table aux tréteaux éclatés        et toujours son odeur .

À côté de sa chambre , il y avait une chambre pleine de livres et des bibliothèques;
des livres à l’intérieur,d’autres, empilés,et sur le sol (mon dictionnaire
un petit Larousse recouvert de papier brun de mon père
provenant du camp de prisonniers ).

Je ne me suis  jamais assise dans la bibliothèque, quand mon père était là
J’ avais peur de lui et de toute façon nous n’y étions pas admis
quand il se concentrait.
Il détestait faire ses livres mais je crois qu’il aimait être seul.

J’y allais après qu’il soit parti
comme une façon d’être auprès de lui.
Puis je suis allée à la bibliothèque
où tant d’histoires abandonnées sont ensemble sous la poussière
jusqu’à ce que je les ouvre, poudrant le bout de mes doigts.
—-

trad  RC

texte  original ci-dessous

My Father’s Room

My father had an attic room where he did his books
when he wasn’t there I used to go and look.
There were scraps of paper torn off spiral pads;
auction house catalogues, text circled, pages dog eared,
reserve prices marked in code; a hard folding chair;
a splintered trestle table and always the smell of him.

Next to his room was a room full of books and bookcases;
books in them, on them and on the floor (my dictionary
a tiny Larousse covered in brown paper was my father’s
from prison camp).

I never sat in the book room when my father was there
I was afraid of him and anyway we weren’t allowed
when he was concentrating. He hated doing his books
but I think he liked being alone. I’d visit after he’d gone
as a way to be near him. Then I went to the book room
where so many abandoned stories gathered dust
until I opened them, powdering the tips of my fingers.

(from The Assay Smith/Doorstop 2010)