Yves Heurté – Magdala 1
peinture: Eugène Delacroix: Marie-Madeleine au pied de la croix
1
Je n’ai pas su garder ma vigne
pour le profane.
A tes mains j’ai donné
le nœud de ma ceinture
et dans tes yeux se dénouait
toute écriture de ma chair.
Vérité nue comme la femme
il faut qu’amour t’incarne
avant le chant grégorien .
Cécile Sauvage – Le vallon
dessin perso RC
Le cœur tremblant, la joue en feu,
J’emporte dans mes cheveux
Tes lèvres encore tièdes.
Tes baisers restent suspendus
Sur mon front et mes bras nus
Comme des papillons humides.
Je garde aussi ton bras d’amant,
Autoritaire enlacement,
Comme une ceinture à ma taille.
Cécile Sauvage.
Marceline Desbordes – Les roses de Saadi
J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses, envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées,
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.
Marceline DESBORDES-VALMORE « Poésies inédites »
Lucie Delarue-Mardrus – Par ma fenêtre ouverte
–
Par ma fenêtre ouverte où la clarté s’attarde,
Dans la douceur du soir printanier, je regarde…
Chaque arbre, chaque toit qui s’élance dans l’air,
Tel le roc qui finit où commence la mer,
Marque la fin d’un monde au bord d’un autre monde.
Ici la terre et là le vide où, toute ronde,
Cette terre, toupie en marche dans l’éther,
Sans sa pauvre ceinture d’air
Ne serait à son tour qu’une lune inféconde.
Je contemple ce toit et cet arbre, montés
Vers l’insondable énigme et ses immensités.
En bas, la rue est calme et le printemps tranquille.
Rien ne trouble la paix de la petite ville.
On entend au lointain un merle. Il fait très beau.
C’est tout.
— Pourquoi mes yeux regardent-ils si haut ?
L D-M
—
( beaucoup des créations de l’auteure peuvent être lus sur le site qui lui est consacré)
Marceline Desbordes- Valmore – Les Roses de Saadi
.
J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les noeuds trop serrés n’ont pu les contenir.
Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées,
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.
–
Jean-Jacques Ampère – Urania
Urania.
Adieu ce beau soleil de la terre amoureux,
Esclave de ses fils et se levant pour eux,
Qui n’avait d’autre soin dans toute la nature
Que de lui faire au ciel reluire une ceinture !
Adieu la Terre enfin, paresseuse beauté,
Se berçant sur son lit dans l’espace arrêté…
Plus de ciel ! il n’est pas. Son azur est un mensonge.
Plus rien qu’un vide immense où le regard qui plonge
Voit dans l’espace noir des flots d’astres nombreux,
Trop loin pour que jamais nous soyons rien pour eux
En un coin de ce vide… et là-bas… notre monde.
Jean-Jacques Ampère
–