En quittant la Cène – ( RC )

Tu peux mettre la table,
puis renverser la sauce,
découper le gigot en petits morceaux,
sceller le fromage dans un coffre.
Mais oublieras-tu ta faim éternelle,
les osselets qui tintinnabulent
dans une boîte en fer blanc,
identique à celle que tu portes
depuis la naissance ?
Tu as quitté la Cène,
en oubliant ton auréole,
mais tu pourras toujours
témoigner du dernier repas,
et placer des reliques
dans les églises,
les garantissant authentiques.
Un certificat d’origine sera fourni,
avec un ruban rouge
et un petit cachet portant foi,
marqué d’une croix.
Certains utilisent ce symbole
pour en faire de petits couteaux,
qui s’enfoncent à merveille
dans la chair des vivants.
Socrate – ( RC )
peinture: J L David: la mort de Socrate
En suspens sa phrase commencée
il peut reprendre son haleine
au bord de la falaise, avancé
il n’est pas au bout de sa peine :
personne ne voit que s’interrompt la ligne :
le discours peut reprendre
les dieux lui font signe
le temps peut se suspendre
nul n’attend son départ
quand il porte à ses lèvres le verre :
il peut savourer le nectar,
et bientôt voir à travers :
Baisse le niveau du breuvage
comme la mer se vide
découvrant la plage
une étendue livide
Passant du verre au bronze ancien
pas de vin écarlate
ni le sirop du pharmacien,
mais le poison offert à Socrate
Tu peux le voir, inclinant son calice,
les compagnons détournant la tête,
et lui, boit – comme avec délice
( on l’imaginerait bientôt « pompette »)
tout cela sans qu’il confesse
l’idée même d’une vie interrompue
dans la curieuse ivresse
donnée par la cigüe
comme quoi on ne sait pas où mène
une simple boisson :
l’accompagnant comme pour la Cène
( ce dernier repas manquait de cuisson )
C’est à mesure que tu bois,
que tu t’éloignes des bords,
> c’est ainsi que l’on se noie,
et qu’on trinque avec la mort.
–
RC – oct 2016
Scène en Cène – ( RC )
assemblage-installation sculpture: Marisol Escobar
–
Que l’on passe de vie à trépas
Il vaut mieux, pour ces saints,
Avoir le ventre plein,
– ( C’est un grand repas,
qui se prépare )
– Treize à la douzaine,
Pour une grande Cène,
Et tous ces fêtards
Avec ces préparatifs,
on voit au centre, le Christ,
Il ne semble pas triste
.. On va servir l’apéritif
On a changé de l’eau en vin,
Et multiplié les petits pains
Regardez dans les assiettes,
Il n’y a pas une miette.
–
Le vin reste bien pâle,
mais peut conduire à l’ivresse,
— pour l’instant, rien ne presse,
Et les verres sont sales.
Que ça s’appelle la Cène ,
n’est pas anecdotique,
Même dans le monde antique,
— pas besoin de remonter au pliocène…
Il y a douze convives,
On n’entend pas la discussion,
De ces gestes pleins de Passion,
Et de paroles vives.
Avé l »acceing méditerranéen
Le verbe haut et fort,
On ne sait plus qui a tort
On cause beaucoup avec les mains…
–
A l’époque, y avait pas la photographie,
Et tous ces invités,
ont été fixés pour l’Eternité,
Par Leonard de Vinci.
Que le peintre capte en l’instant
— C’est une cacophonie,
On en perd l’appétit,
Si tout le monde parle en même temps !
Il y avait donc – un autre témoin,
Caché dans un coin,
Griffonnant sur un papier
Assistant à ce repas, le dernier.
Une sorte de reporter,
Diffusant les nouvelles,
Auprès de l’Eternel,
Prié de rester jusqu’au dessert.
–
Pour l’instant , on en est à l’entrée,
Tout le monde s’agite,
En attendant la suite,
Jésus reste concentré.
Le motif de cette discussion
– On ne l’a jamais dit,
C’est le repas du vendredi,
Il y aura du poisson
( Comme c’est la tradition )
> On remarque Judas,
Qui ronchonne tout bas
– Il parle de trahison.
Lui préférerait un plat,
Bien consistant
Comme celui du restaurant
Pas loin du Golgotha.
–
C’est un signe du destin,
Un steack bien saignant,
Enfin, quelque chose à se mettre sous la dent
Accompagné d’un verre de vin,
Demande bien légitime,
Mais … ne faisant pas l’unanimité,
De cette petite société,
Paraissant soumise au même régime.
Il y avait bien St Pierre (celui avec les clefs)
Qui porte justement un nom de poisson
Il voulait celui-ci avec du citron
– ( il fut prié de la boucler).
» Et puis quoi encore ? Par le plus grand des hasards
C’est encore moi qui commande
Tous ces filets de limande …
Vous faut-il aussi du caviar ? «
—
La décision est prise
» -Pour ce repas de fête,
Si quelques uns s’entêtent,
Finies les gourmandises…«
Comme on n’est pas loin de Pâques,
Il a fallu trancher dans le vif,
– …En restant positif,
Jésus a sorti de son sac,
Tout un paquet d’hosties,
Qu’il distribue à la ronde,
» Ce sera pour tout le monde ! «
– Voila qui vous garantit.
– Au delà des outrages,
– De marcher plus droit,
– Malgré le chemin de croix …
– Mais …. vous s’rez privés d’fromage… !
–
» Finissez votre potage
Dit-il d’une voix sonore
….. Ceci est mon corps !! ,
Vous serez un peu anthropophages… «
—( faut toujours réfléchir à son avenir,
Mais quand même , … les gastronomes,
Se méfièrent de notre homme…
Et refusèrent d’obéir. )
C’était quand même un investissement,
Qui ne fit pas sourire,
Les marchands de poële à frire,
Alors évidemment
C’était à prévoir, ça sentait l’roussi,
Voilà pourquoi on a vendu l’Messie,
Pour des histoires de bonne chère
A une société étrangère…
D’armateurs , de bateaux pirates,
Spécialisée dans le transport d’épices
> Un tableau représente Dieu et son fils,
Trinquant avec Ponce Pilate…
L’histoire présente bien des versions
On peut toujours graver dans la pierre,
Des évènements d’hier…
N’ayant rien à voir entre eux (selon les opinions)
Chacun peut ainsi, tout autant
Partager un délire peu crédible,
Ou ajouter un chapitre à la Bible,
Les témoins d’alors s’étant effacés dans le temps.
–
RC – février 2014
( texte auquel on pourrait ajouter les trois strophes suivantes, pour poursuivre dans la même voie… )
( Ponce Pilate…)- celui-ci – s’en étant lavé les mains,
Avec l’avantage d’éviter l’opprobe,
Et celui de la profusion de microbes,
C’est donc beaucoup plus sain…
—-
Tenez, par exemple, la crucifixion…
On aurait mis quelqu’un d’autre à la place,
Pour satisfaire la populace…
Il n’est pas certain , que ce soit pure fiction…
Voilà, avec d’autres paroles, un dire contestataire
On comprendrait mieux ainsi, la résurrection
Après la descente de croix, créant stupéfaction,
Le crucifié, évidemment volontaire (ne pouvant que se taire)
—
voir aussi, au niveau image, les versions irrévérencieuses , de la Cène,
–