Ile Eniger – La lampe de l’ange
peinture: – artiste non identifié
On tombe toujours de plus haut à l’intérieur. Mon père, ma mère, où êtes-vous qui m’avez faite et abandonnée sans même le savoir. Où êtes-vous si loin si près que la compréhension fissure et fond en larmes. C’est un temps périlleux de marche sans appuis, d’existence dépouillée de ce qu’elle n’a pas. La vie est une poignée d’olives sous le pressoir des jours. La mue du temps quitte sa peau au crépuscule, que suis-je dans cette grande conversion ? La lanterne brisée du monde s’agite en tous sens. Quelque chose tremble quand vivre joue avec des allumettes. Je cherche une certitude, une seule mais qui vaille. La fleur dans le jardin en friche. La lampe de l’ange sur la nuit qui se perd. Un silence d’ombre violette quand se déchirent les anciennes écritures et leurs promesses de papier. Le souffle d’un paysan penché sur sa terre. Une trace de confiance malgré les ossuaires. Quand un mouvement d’aile corne le ciel, j’aperçois la terre rousse, les vignes noires, la pelouse tatouée de pissenlits, des abeilles tournées vers le miel. Une étonnante pluie de lumière s’attarde au portant du soir, sa blondeur éparse dit quelque chose que je connais bien, mais que je traduis mal. Le soleil reviendra, il revient toujours.
provenance lafreniere blog
Sous la surface des choses – (RC)

–
S’il faut voir les poissons de plus près,
et s’immerger sous la surface des choses
j’endosse la combinaison de plongée
L’attirail du scaphandrier
Et je me laisse aller à des distances obscures
Et ne plus penser à l’air,qui d’habitude,
gonfle mes poumons…
Je suis un ludion suspendu en eaux
Frôlé par des bancs de poissons qui errent
Caressé par des méduses avides d’un pays,
Celui du dessus, qui ne leur est pas permis
Comme ne m’est plus permis la lumière du soleil
Si faible sous les tonnes de liquide en mouvement.
C’est, franchi la frontière agitée des vagues,
Un domaine réservé, que tâter du pied, ne peut suffire
Et qui m’englobe, et qui m’avale
Comme toutes les certitudes de plancher sec…
Et les seiches me prêtent leur encre marine
Pour que j’écrive la mémoire des abysses,
Le vrombissemnt silencieux du passage des orques
Les étranges lanternes des baudroies
Et le dédale de couleurs des coraux et anémones
Qui dansent avec les courants chauds
Avec à peine le souvenir de l’homme
Et une épave oblique, aux hublots sertis
De coquilles et de rouille, avec son échelle
Accrochée au bastingage de l’inutile.
RC – 17 juin 2012
–
If we have to see the fishes closer
and immerse ourselves under the surface of things
I put on the wetsuit
The diver’s paraphernalia
And I let myself go to obscure distances
And think no more at the air, which usually
fill my lungs …
I am a ludion suspended in waters
Tickled by shoals of fish that roam
Caressed by jellyfishes, eager for a country ,
One above, which they are not allowed
As I am no longer allowed for sunlight
So low, beneath tons of moving liquid.
That is, across the border turbulent waves,
A reserved area, where the feeling of feet wouldn’t be enough
And that includes me, and swallows me
Like all the certainties of dry floor …
And cuttlefish lend me their naval ink
Writing for the memory of the abyss,
The silent vrombissemnt of orcas passing
The strange lanterns of monkfishes
And the maze of colorful corals and anemones
Dancing with the warm currents
Barely the memory of man
And an oblique wreck, portholes with crimped
Shells and rust, with its scale
Hanging on the railing of useless.
–
Jean-Jacques Dorio – Finalement
Jean-Jacques Dorio