Langston Hughes – Accrochez-vous aux rêves

Accrochez-vous
aux rêves
parce que si les rêves meurent,
la vie est un oiseau aux ailes brisées
qui ne peut plus voler.
Accrochez-vous
aux
rêves
car lorsque les rêves disparaissent,
la vie est un champ désolé gelé par la neige.
L’habit de l’écrivain – ( RC )
C’est comme l’histoire de la petite graine
Abandonnée dans un champ,
qu’un oiseau, en volant,
ne pense pas qu’il sème
ce qui va devenir
un futur géant
dont le feuillage secoué par le vent
va lentement s’épanouir.
De même, l’habit de l’écrivain
ne se limite pas à la personne :
la robe de bronze ne fait pas l’homme
( ainsi le géant sculpté par Rodin ) .
Une houppelande, une casaque…
juste l’emprise du matériel ,
ne pouvant cerner l’essentiel :
la figure massive de Balzac .
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RC – juin 2017
Mario Luzi – Nature
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La terre et à elle accordée la mer
et partout au-dessus, une mer plus joyeuse
à cause de la rapide flamme des moineaux
et du trajet
de la lune reposante, et du sommeil
des doux corps entrouverts à la vie
et à la mort dans un champ ;
à cause aussi de ces voix qui descendent
s’échappant de mystérieuses portes, et bondissent
au-dessus de nous comme des oiseaux fous de revenir
en chantant au-dessus des îles originelles :
ici, se préparent
un grabat de pourpre et un chant qui berce
pour celui qui n’a pu dormir,
si dure était la pierre,
et si tranchant l’amour.
Mario Luzi, La Barque in Prémices du désert, Gallimard, Collection Poésie
Aujourd’hui n’est pas étanche ( RC )

photo Odette Lefebvre de l’internaute.com
Avec le jour qui se lève
Le spectacle nous laisse attablé
Aux jeux de lumière sur le champ de blés
Comme si c’était traverser le rêve
Tout est entre tes mains,
Le modelage du destin
Pétri comme une pâte à pain
L’avenir questionne son levain
L’imprévu court, l’éphémère flanche
Soumis aux courants d’air
Traces des sillons, dans les champs de mer
Ondulations mobiles, lumières blanches…
Pour se nourrir du quotidien
L’aujourd’hui n’est pas étanche
Et ma soif, le pain en tranches
D’où s’envolent mille petits riens…
Lorsque je te prends la main
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RC 25 et 26 juin 2012
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Federico Garcia-Lorca – Désir
Rien que ton coeur brûlant,
Rien d’autre.
Mon paradis: un champ
Sans rossignols
Ni lyres,
Avec une fontaine
Et un filet d’eau vive.
Pas de vent qui éperonne
Les frondaisons
Ni d’étoile qui veuille
Se faire feuille.
Un jour immense
Y serait
Le ver luisant
D’un autre jour
Dans un champ de
Regards brisés.
Lumineux repos
Où tous nos baisers,
Grains de beauté sonores
De l’écho,
Iraient là-bas éclore.
Et ton coeur brûlant,
Rien d’autre.
(Federico Garcia Lorca)