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Un livre difficile absorbe son temps de lumière – ( RC )


C’est un livre difficile
qui absorbe son temps de lumière
avant que le savoir se diffuse
en pensées lentes
qui grandissent en toi :
heures de vie studieuses
où juste t’accompagne
dans la cellule vide
la flamme d’une chandelle .

Sa lueur vacille
au moindre courant d’air,
et si tu lèves les yeux du livre
pour la regarder,
seules, les ombres
accompagnent ta veillée,
hors du savoir
contenu dans ces pages .

Fais vite avant que la lumière chancelle
et finisse par s’éteindre,
transmets ce que tu apprends
à ceux qui viendront t’écouter.
Tu seras l’éclairage
précédant leur chemin solitaire,
un peu de liberté acquise
qui agrandit
leur vision du monde.

1632 Rideau de douche avec le tableau Le Philosophe en méditation de Rembrandt van Rijn
voir le « philosophe » , de Rembrandt

d’après « la solitude du rêveur de chandelle » ( Bachelard )


Discrète à ses côtés – ( RC )


Fig. 18. L’Ombre, Loïe Fuller 1921.

 

photo  Loïe Fuller  –  1921

 

C’est elle qui suit notre personnage.

Elle en a les gestes, mais pas la consistance,
elle est attachée aux pas,
fidèle et obstinée
s’adapte aux circonstances, se déforme à loisir.

Rien ne peut la soumettre, si ce n’est
l’extinction des lumières.
Elle demeure anonyme, et n’a pas d’autre nom
qu’ombre.
Discrète elle demeure à ses côtés,
jamais elle ne prend  d’initiatives.
Est-ce un personnage secondaire,
qui s’en détachera,         lorsque la vie
                         brusquement, le quittera ,

comme on mouche une chandelle… ?


Pierre Mhanna – dans le silence


Kokoreva candle   -  v-romance--groo.jpg

My poem…
the light of a candle
slowly gathering
in the silence of her heart.

Mon poème …
la lumière d’une chandelle
se rassemblant doucement
dans le silence de son coeur

 


Pierre Mhanna – à la lumière d’une chandelle


 

peinture : Artemisia Gentileschi:  Judith

 

 

My poem…
the light of a candle
slowly gathering
in the silence of her heart.

Mon poème …
la lumière d’une chandelle
se rassemblant doucement
dans le silence de son coeur


Cela vaut le coup d’essayer ( un jeu qui en vaut la chandelle ) – ( RC )


 

Il faut miser sur des cases,.
C’est la  règle du jeu,
Un peu comme à la marelle.
On se déplace,
puisque  c’est le hasard  qui décide,
D’un jet de dés.

Le voyage  se fait,
de façon instantanée:
On peut passer de la passion,
à la prison  –  sans transition.

Si c’est un jeu…
qui donc  en édicte les  règles  ?
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
mais  tout  au long  de l’existence,

A passer  d’une  case  à l’autre  ;
On ne sait quelles  sont les  chances
de finir  sur la  case « ciel ».
Les  prêtres  ont à ce sujet leur idée,
mais il se pourrait, vu ce qu’on connait,
qu’elles soient  orientées…

Le mathématicien parlerait de probabilités,
mais tout le monde ne termine pas  en même temps,
ni dans la même case…
>               » un jeu qui en vaut la chandelle »…

mais celle-ci se consume
inexorablement.     La flamme  s’abaisse.
Au final, la dernière case se remplit
de cire fondue,
avant que la mèche  tombe,
et ne s’éteigne pour  de bon…

mais où,  précisément ?
je ne peux  vous  répondre.


RC-  juin 2015

photo: affiche d’Amnesty international contre la torture


Philippe Delaveau – Jean-Sebastien Bach


peinture :  Fr Kupka

 

 

JEAN-SÉBASTIEN BACH

 

Au commencement et à la fin de la phrase,

c’est ton visage qui attend vieux maître et ton regard

sous la chandelle au grenier – presque aveugle.

 

Avec ces bruits d’enfants nombreux entre querelle et rires

dans la maison comme une fugue où se perd

le nom dilaté par les voix de musique,

de tant de signes sur les cinq traits où ta main s’est posée.

L’été qui a mûri les fruits et l’harmonie du monde

offre un répit sur le gué de l’accord au vaste hiver.

 

Le fil de soie de la mélodie élabore

un chemin sombre et clair sur les décombres

du thème au préalable inscrit et simple

au blason gris des bémols ou des dièses.

 

Avant l’épuisement de ses détours et la résolution

sur le clavier d’ivoire de la tonique.

 

Ici ta main rature de sa plume : Seigneur

si ton Nom est grand et pauvre, mon espérance.

Que la joie qui redescend de la voûte avec les cors

et les voix d’anges. Mais dimanche s’approche.

 

Il faut dans l’harmonie ingérer l’air et que le souffle

illumine un chemin vrai du cœur au cœur.

Puis un accord résout longuement au point d’orgue

le commencement à la fin de la phrase.

 

Son nom secret d’une musique, Philippe Delaveau, éditions Gallimard, 2008.