Nous écoutons cette cantate (RC ) – Que le monde soit ( SD )

retable Chartreuse de la Sainte-Trinité de Champmol ( Dijon )
Je t’ai vue à travers la musique . Tu dansais comme dans toi-même au son de ces voix, habillées de pourpre, et qui s’élevaient jusqu’aux voûtes, donnant un peu de chaleur aux âmes qui ont froid, dans le parcours des leçons de Ténèbres, où l’on mouche les chandelles une à une, jusqu’à ce que l’obscurité pèse son poids de silence . Je t’ai vue à travers la musique , tu étais loin, mais proche pourtant , tu avais tracé mon nom sur le carreau de la vitre, et nous écoutions la même cantate, comme si je te tenais la main et, les yeux fermés, les harmonies se croisant , offraient au jour naissant , la lumière vibrant , avec l’avènement d’un monde, celui que l’on ne peut décrire ni en images ni à l’aide de mots . René C – septembre 2018 variation sur " que le monde soit ( SD ) ------- Que le monde soit… comme je le veux comme je l’ai pris enfanté au matin les yeux ouverts La lumière s’y déployait si blanche avant que la couleur l’inonde, ainsi l’orgue conduit la voix - la liturgie du jour à venir était blonde et me parlait de toi. J’ai effacé un peu de buée à la fenêtre et sur le carreau froid tracé ton nom dessiné un peut-être Le jour venait de naitre limpide et pur, oratorio vibrant une césure avant que le ciel ne bascule vers son avènement dans une orgie d’ors et de cuivres Je ne sais s’il était d’une étoffe dont on peut se vêtir comme l’aube de lin des retables ou la pourpre ardente des rois s’il fallait le poursuivre dans sa marche solaire au-delà du beffroi qui claironnait les heures et l’aurais-je cherché dans le sel ou le sable comme le vent façonne la dune instable quand il glissait vers toi en éclaireur Le monde s’offrait à moi par un matin de fin d’été et je m’en suis saisie les yeux fermés. SD
Bras obscurs et songes flottants – ( RC )

Le mystère a des bras obscurs,
qui confisquent les formes,
les mélangent ,sans qu’on sache bien comment,
dès que le soir grignote l’espace connu…
Alors l’humidité sourd des plantes,
qui se détendent du jour,
et laisse place aux créatures nocturnes.
Celles que l’on entend, et celles
que l’on imagine, abrités derrière
les paupières fermées des volets de bois,
la lune essayant de se faufiler par les fentes.
On essaie d’oublier ce qui se trame
de l’autre côté des murs,
en allumant l’électricité, dont la fixité rassure.
Mais il suffit d’une panne
pour que le quotidien bascule,
on ressort les chandelles, que l’on dispose ,
pointillés lumineux dans la pièce,
tremblotantes flammes, elles , éphémères,
sans doute effrayées, elles-aussi,
que le mystère de la nuit
envahisse l’intérieur, réagissant
au plus petit mouvement d’air,
– un pressentiment –
comme si celui-ci,
profitant de la plus petite brèche,
s’apprêtait à bondir
de l’autre côté des murs,
une protection si mince,
qu’on pourrait penser qu’ils puissent
se dissoudre aussi,tel un sucre
plongé dans un verre d’eau…
la porte ouverte à tous les possibles,
de ceux dont on n’a d’autre idée
que celle des songes flottants prenant soudain consistance .
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RC- sept 2015
Les veilles, les poings serrés – ( RC )
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Tu tournes la tête, vers des espaces si éloignés, encore ,
Qu’on ne peut les sentir, les toucher.
Ce sont des veilles de pensées, comme on veillerait le défunt.
Tout s’est tu, et même les coups de fouet des éclairs,
Dans le ciel chaviré, n’atteignent plus ce théâtre.
… Les lumières se sont éteintes.
Un courant d’air sournois est arrivé .
Un éteignoir, où les chandelles n’ont plus pu respirer .
La parole est emportée.
– Elle ne peut plus t’atteindre .
Même l’espace des rêves semble inaccessible .
Pour que tu entendes, il faudrait que nous retournions,
jusqu’aux marges de l’enfance… desserrions les poings,
Pour que l’ombre, peu à peu, s’en échappe …
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RC – nov 2014
( texte créé à partir d’une lecture de Ile Eniger )
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Li-Young Lee – Attends le soir
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Attends le soir.
Après, tu seras seul.
Attends que le terrain de jeu soit vide.
Puis appelles tes compagnons d’enfance:
Celui qui ferme les yeux
et fait semblant d’être invisible.
Celui à qui tu as dit tous les secrets.
Celui qui a fait tout un monde d’une cachette.
Et n’oublies pas celui qui écoutait en silence
tandis que tu te demandais à haute voix:
L’univers est un miroir vide? Un arbre en fleurs?
Est –ce que c’est l’univers du sommeil d’une femme?
Attends dernier bleu du ciel
(La couleur de ta nostalgie).
Alors tu connais la réponse.
Attends le premier or de l’air ( cette couleur de l’Amen).
Alors tu iras espionner la progression des pieds nus du vent.
Tu te rappèleras cette histoire , au début
avec cet enfant qui s’égare dans les bois.
Sa recherche se passe dans l’ombre grandissante
De l’horloge.
Et le visage derrière le visage de l’horloge
n’est pas le visage de son père.
Et les mains derrière les aiguilles de l’horloge
ne sont pas les mains de sa mère.
Cà a toujours commencé quand tu as répondu
aux noms que votre père et mère t’ont donné.
Bientôt, ces noms se déplaceront avec les feuilles.
Ensuite,tu pourras changer de place avec le vent.
Alors tu te souviendras de ta vie
comme d’un livre aux chandelles,
chaque page étant lue par la lumière de leur propre combustion.
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( tentative de traduction: RC )
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L’abri de l’obscur ( RC )

photo Clémence Ayrolles Chapelle St Michel Sous Terre, Vidauban, Var
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A l’usure des siècles,
L’écriture liquide
Qui patiemment fore
Des passages dans la pierre,
Les ponts de roche jetés sur la rivière
Un chaos basculé, envahi par les arbres
Centenaires, et racines avides,
Un grand âge des oublis
Masquant par son rideau
L’ouverture secrète
Le chemin détrempé
Et la voûte obscure
Habillée de suie
– Chapelle dissimulée –
Aux abris d’ombre
Simplement indiquée
Aux temps d’inquisition
Par un chemin de chandelles
Chancelantes à la cécité de l’air
Et la fumée dissipée des mémoires
Gardienne des consciences
– Des libertés
Celles de penser autrement
Sous les rocs enchevêtrés,
Qu’un faux paysage
Sous l’exil du soleil
S’étalent dans la plaine
Au pied des croix
Et des échafauds.
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RC- 20 mars 2013
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furtif caressé par les roses (RC)
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Au bonjour furtif caressé par les roses
Courbant les flammes des chandelles
Peut-être diras-tu fantôme ou esprit
Celui-ci est le reflet d’une attente
Tant prolongée et désirée
Que les ailes de l’oiseau de nuit
Se heurtent aux vitres des fenêtres closes
Attiré par le courbe de ton profil
Dessiné de profil en contre-jour .
Cet hématome de désir, brisant le silence
S’éclatant sur le verre, à te savoir si proche
D’une épaisseur d’air, et pourtant inaccessible
Ce n’est pas un ciel de combat
Que la vie distante où chacun ressent
L’absence , et de la vie, le manque !
14 mai 2012
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