Raymond Queneau – L’ouverture –

Sang fumée ce sont les chasseurs qui jouent du cor, de l’arbalète autour d’eux sont les corps morts de bêtes d’animaux qui jouaient et mangeaient dans les taillis dans la luzerne et qui point ne se doutaient de la giberne adieu la vie adieu l’amour le gibier gît devant les gîtes des reîtres et des pandours cyniques oiseaux oiseaux que je déplore tout ce mal qui vous assiège ces gens qui veulent la mort de vos arpèges lièvres dansant dans la rosée biches bramant au fond des bois la guerre vous est déclarée au mois de septembre
Courir les rues
Battre la campagne
Fendre les flots
nrf Poésie Gallimard
F-R de Chateaubriand – les chasseurs ( de Atala )
Les chasseurs (fragment)
Chaque soir nous allumions un grand feu et nous bâtissions la hutte du voyage,
avec une écorce élevée sur quatre piquets. Si j’avais tué une dinde sauvage, un ramier,
un faisan des bois, nous le suspendions devant le chêne embrasé, au bout d’une gaule
plantée en terre, et nous abandonnions au vent le soin de tourner la proie du chasseur.
Nous mangions des mousses appelées tripes de roche, des écorces sucrées de bouleau,
et des pommes de mai, qui ont le goût de la pêche et de la framboise.
Le noyer noir, l’érable,le sumac, fournissaient le vin à notre table.
Quelquefois j’allais chercher parmi les roseaux une plante,
dont la fleur allongée en cornet contenait un verre de la plus pure rosée.
Nous bénissions la Providence ou sur la faible tige d’une fleur avait placé cette source limpide au milieu des marais corrompus, comme elle a mis l’espérance au fond des cœurs ulcérés par le chagrin comme elle a fait jaillir la vertu du sein des misères de la vie.
François-René de CHATEAUBRIAND
« Atala »