Georges Vernat – Dämmerung ( crépuscule )
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‘Il a senti son dos sa nuque se raidir
Ses bras se consteller de brunes moisissures
Il allait raide blanc dans les éclats de rire
Ses petits yeux mouillés plantés sur ses chaussures’
Georges Vernat – Dämmerung (de Juego y Libertad )
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plus de renseignements ? : voir chez Voxpoesi
Vagabond des étoiles – ( RC )
Marcheur du ciel- Alfred’s campus New York
Marcheur du ciel Alfred’ campus New York
C’est tracer un chemin,
Le doigt posé sur la carte,
Passant de collines en villages,
Puis décider de le suivre,
Avec de bonnes chaussures,
Juste avec quelques ronds en poche,
Un carnet de notes,
Un appareil photo en bandoulière.
Juste travailler d’étape en étape,
Pour pouvoir manger,
Et poursuivre sa route ,
A travers le monde,
Sous les azurs et les pluies,
Et faire d’une cabane sa maison,
Le temps de reposer le corps,
Et continuer la voie choisie.
Au dessus passent les avions,
Tirant des traits blancs
A travers le monde,
Ignorant les pierres sur les sentiers,
Et la glaise collant aux pieds,
Quand on choisit son passage
Entre deux pentes rocheuses,
Aux lisières des bois,
Que le vent agite les branches,
Et fait ondoyer les champs d’orge.
Les senteurs des foins emplissent les poumons,
Les insectes bruissent et grésillent
La peau se tanne aux soleils,
Et croisent les lunes
Le sac tirant sur les épaules,
La suée sous les efforts
S’attirer la curiosité des oiseaux,
C’est être comme un vagabond,
A continuer jour après jour,
Minuscule et lent déplacement,
Tout au long du pays ,
Les pieds recouverts de poussière…
Et s ‘endormir sous les étoiles,
> Elles ne sont pas si loin …
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RC- juin 2014
Laetitia Lisa – Offrande
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Le sable me chuchotait
De marcher dans sa chaleur
J’ai ôté mes chaussures
Pour recevoir ses caresses
J’ai laissé glisser au sol
Mon manteau d’ombres
Et ma robe de feuillets
J’ai offert ma peau aux embruns
Et revêtu le vent
J’ai libéré mes cheveux
Evadés sur ma nuque
En cascades légères
En vagues irisées
Priant le soleil
De venir s’y coucher
A l’appel de l’heure bleue
J’ai déposé sur le sable
Ma peau d’arc-en-ciel
Mon sang de rosée
Puis chevauchant la nuit
J’ai étreint l’univers
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L L – septembre 2010
Reflet du toi à moi ( RC )
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Il y a bien encore, une ombre furtive ,
Puis cet homme, vu à contrejour.
Au quai voisin passait alors la rame de métro :
Il ne l’a pas prise, et reste debout
devant les sièges vides
aux couleurs acides.
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– A sa tenue, je me suis dit
-
je pourrais être lui –
Et dans le même temps,
Il a hoché la tête,
Et s’est sans doute dit
-
qu’il pourrait être moi .
–
Nous aurions pu échanger quelques mots,
Chacun sur son quai,
Les rails au milieu,
et même intervertir
ce qui se voit :
Habits , chaussures, lunettes,
Mais aussi ce que nous portons en nous,
–
La part la plus secrète
notre identité,
ne se limitant pas aux papiers.
Il aurait pu être moi,
Peut-être l’a-t-il été,
quelques instants.
mais sur chacun des quais,
La rame s’est arrêtée,
en un lent chuintement,
nous sommes rentrés dans les wagons,
Dans un même mouvement,
sans nous quitter des yeux.
–
Avant que les rames ne s’ébranlent,
chacune,
dans une direction opposée,
Et cet autre moi-même,
– Peut-être était-ce,
seulement mon reflet ?
> Il y a des chances,
…qu’il se pose la même question.
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RC- 23 août 2013
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Franck Venaille – Quelqu’un habite en nous
quelqu’un se tient de nuit
lourdement obscur
debout
contre un portail
en fait on ne distingue que ses chaussures noires, leurs lacets élégants
quelqu’un
ça ! il ne laisse rien voir de lui, il
observe les passants, les habitués de la brasserie, il
se tient comme un cavalier de l’Apocalypse dont le cheval se serait noyé Il et Il
ô monde malade, mon devoir est de rendre compte de l’état de tes nerfs
de ta pensée et de certains de tes actes
cet autre moi-même, debout, adossé à la porte, s’y emploie
mais qui est-il vraiment ? double – jumeau ? faussaire en identité scabreuse ?
on ne voit que ses chaussures, leurs larges lacets élégants, cela suffit
cela suffit pour l’instant
quelqu’un habite en nous : amoureux de la vie, stratège de la mort
qui chaque nuit
dirige la Baraque des rêves ouverte toute l’année
ô monde si peu scrupuleux, si versatile, si mal ouvert aux autres
accepte aussi mon étrange présence
pour en finir jamais
Franck Venaille, Ça, Mercure de France, 2009
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-grimalkin- |
Date du message : octobre 23, 2011 02:35 |