Une sculpture fragile ,une chemise de nuit, et un nuage de dentelles – ( RC )
peinture: Anselm Kiefer
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Sur le socle, une sculpture fragile ,
une chemise de nuit, et un nuage de dentelles.
Elle protège ton corps, hautement inflammable .
Ceci a à voir avec la magie :
tu repousses la pénombre,
celle des fumées, qui ont fini – autodafés –
par fermer le monde d’un couvercle.
Le bitume se fendille, la terre ouvre des crevasses.
Elle a soif.
Les gens ont des robes de béton,
et des voiles noirs
qui pèsent autant que s’effacent les couleurs.
Ils essaient de sauver quelques objets,
ce qu’ils ont pu emporter
sur une charette.
Ils m’ont pris pour l’un des leurs,
car j’avais sous le bras
ton portrait inventé,
dans une chemise de nuit,
et un nuage de dentelles.
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RC – mai 2017
Kenneth White – que personne n’aille dire que tu as eu peur du silence
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Nourris le feu allume ta lampe
Sans te soucier du froid ni du noir qui s’en vient
Prends tes bouquins continue tes études
Et que personne n’aille dire que tu as eu peur du silence
Ou qu’à t’apitoyer sur toi-même tu t’es pourri
Les bêtes hurlent à la lune elle les fascine
Mais toi prends-lui sa force et tourne-lui le dos
Et puis écris dans ta propre blancheur
Trace ton propre parcours
Toutes les mues cachées de l’hiver
Laisse la vieille buse jeter sa morve et faire des siennes
De la neige tisse-toi une chemise de flanelle
Avec un pan épais pour te couvrir les fesses
Fais usage de la pluie pour fabriquer ton grog
Et du vent pour tourner les pages de ton livre
La force personnelle peut faire des prodiges
Sans elle le talent n’est rien
Augmente ta vie
Trempe-toi le caractère
Et tire profit à plein de cet hiver
In « En toute candeur »
Compte à rebours, en émois ( RC )
Je compte jusqu’à trois,
Je ne sais plus combien de fois,
Peut être que, petite fille,
A cloche-pied, tu t’égosilles,
Sautant de case en case,
Et la jupe s’envole, un peu grivoise
Si tu es prête à l’envol
Dans ton parasol
Je compte à rebours,
Au visage de l’amour,
Un deux, trois,
Et si nous sommes à l’étroit,
Je vise le ciel,
Il y a plein de soleils,
Avec tes cheveux de soie,
Au-dessus de moi.
Je compte sur toi,
Au bout de mes doigts,
Et parcours monts et vallées,
Aux courbes avalées,
Quand la musique de chambre
Ôte les dernières feuilles de novembre,
Je voyage à pas menus ,dans l’inconnue
Si l’automne laisse ton parc à nu.
Je compte en émois,
Aux mois succèdent les tois,
Les vents portent la bise,
Remettons la chemise,
Contre les courants d’airs,
Je te couvre pour l’hiver,
Tandis que fuient les hirondelles…
> Te souviens-tu de ta marelle ?
Tu y comptais tes pas,
En moulinant des bras…
Suivant les cheveux libres,
Le corps en équilibre,
Je te regarde, je t’attends !
Regarde, c’est déjà le printemps,
Maintenant, comme je vascille,
A tes bas en résille,
Viens vite dessiner le bonheur !
Le dessin de tes mains a la forme d’un coeur…
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RC – 27 août 2013
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Guy Goffette – Le palier
Le palier
Le soleil debout dans le vert
avec les troupeaux frais
réapprend pas à pas la rondeur du monde
et l’équilibre au convalescent
qui va sous sa propre chemise.
Main posée sur l’échine des jours
il gravit lentement chaque marche du ciel
jusqu’à ce palier derrière ta nuque
où ce qui est advenu
et ce que tu attends
partagent la même ombre
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Guy Goffette
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Jean-Claude Pirotte – la fille, le bossu
Extrait du « Promenoir magique »
à la fille qui lui dit viens
l’homme promet sa chemise
les néons luisent dans le noir
et le filet d’eau du trottoir,
le bossu qui passe en boitant
ne peut jamais se retourner
à cause de sa bosse
et puis aussi du fardeau des années
mais les bossus deviennent rares
les tout derniers sont clandestins
comme dans la chanson
si tu vois un bossu
pense à ton destin