Dominique Fourcade – témoin

J’ai été témoin elle a lâché toutes ses charges tous les sons d’un
coup loin avant que la cible soit en vue c’est bien le type
fire and forget décrit dans les catalogues c’est guidé çà
trouve une autre rose filmait les effets pareil absolument
hors de vue je ne m’étonnais pas entendons-nous voyons-nos
ce que nous enregistrons toujours les images ont été
aspirées par des caméras qui ne les voyaient pas démentes
succions les déserts
Celle qui actionnait ce poème avait un petit prolétariat d’amants
auquel je m’étais agrégé avec ferveur et j’attendais les ordres
Elle a viré très dur vers sa base elle n’est pas en fuite elle n’est
pas en fuite elle est partie sous l’urgence de refaire les pleins
elle est désireuse
Désireuse de dévaster
Elle est désireuse de dévaster à nouveau peut-être
Pierre Seghers – le toit s’est enfui
baie de Chesapeake. Maison aux Pays-Bas
« Le toit s’est enfui
La pluie est entrée
De vivre en aimant
Ce fut impossible
Futile bonheur
Fut-il pris pour cible ?
Il n’en reste rien
Qu’un corps éventré. »
(extrait de « La maison des sables »)
Alda Merini – folie
–
Folie, ma grande jeune ennemie,
il fut un temps où je te portais comme un voile
sur les yeux, me découvrant à peine.
je me suis vue dans le lointain ta cible,
et tu m’as prise pour ta muse ;
lorsqu’est venue cette chute de dents
qui m’endolorit encore parmi les dépouilles,
tu as acheté cette pomme de l’avenir
et m’as donné le fruit de ton parfum.
—
Follia, mia grande giovane nemica,
un tempo ti portavo come un velo
sopra i miei occhi e mi scoprivo appena.
Mi vide in lontananza il tuo bersaglio
e hai pensato che fossi la tua musa;
quando mi venne quel calar di denti
che ancora mi addolora tra le spoglie,
comprasti quella mela del futuro
per darmi il frutto della tua fragranza.
–
Vuoto d’amore, Einaudi, 1991
–
Le regard dans ton miroir ( RC )

sculpture-trace : Giuseppe Penone – Soffio I, 1978. Amsterdam 2004
–
Voilà sortie de la terre, ma silhouette ,
ou bien moulée dans un coffrage de béton,
C’est dire que le monde m’enveloppe
Et ainsi , suis l’île
Offerte à l’éternel chronophage…
–
Ile flottante, épave et barquette,
Amusette aux voisinages du plancton
Sous-marin, périscope
A mes risques et périls
Emerge le bout de mon visage….
–
Et s’il se trouve ainsi , que je passe
…. Hasard des trajectoires
– s’est égarée une flèche –
Au coeur des « je t’aime »
… Cible atteinte pour Cupidon?
–
Si j’apparais dans la nasse
Mon regard dans ton miroir,
C’est aller à la pêche,
– Et peut-être un poème ?
Dont nous ferons chanson…
–
RC mars 2013
–

peinture: Lorenzo Lotto – 1480-1550 – Venus et Cupidon – Met mus of Art N YC
Anne Penders – Aujourd’hui, l’envers de la pluie…
Aujourd’hui.
L’envers de la pluie, ce serait :
retrousser ses manches, apprendre à dire au revoir.
Tout ce qui s’achève promet -de beaux jours à l’oubli.
L’envers n’est pas linéaire.
Il a sa propre révolution.
Au besoin, il hausse le ton/tour.
Au besoin, il rompt sa progression.
Fige le geste qui le porte, pousse la porte, contourne l’obstacle.
L’envers concentre la force de l’immobile -centrifuge être subtile.
Eclat de ciel en tous points lumineux.
Sa révolution ne conduit pas la guerre.
Elle la pressent, elle l’étourdit.
[dévie sa trajectoire, ne rate pas sa cible]
En orbite / elle voudrait.
D’un lieu phare, un hameau.
D’un repère, tout un troupeau.
D’une circulaire, un rythme / pas une formalité.
[certains mots mériteraient d’être déracinés]
-parfois, le sens multiple estropie la langue.
Marseille/Bruxelles/Paris février 2009 (extrait de « l’envers », essai poétique en cours d’écriture)
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