Cendres de baltique – ( RC )
photo Greg Clouzeau
Je n’ai pas vu de désert de pierres vers la mer baltique,
mais des étendues plates
et des marécages
d’où s’envolaient les cigognes,
De ces lointains horizons, mutiques,
on a dissimulé les stigmates
sous l’oubli : ( un habillage ) .
La nature a fait sa besogne
Des forêts ont développé
leurs racines et frondaisons
sur des cadavres enfouis
et font corps avec les charniers .
Du sol détrempé,
du passage des saisons,
les arbres se sont épanouis,
se nourrissent des prisonniers.
Allez donc voir
du côté de Vilnius :
il y a des terres acides,
et des forêts de bouleaux
en retournant une terre noire,
il ne serait pas improbable de trouver des dents dans l’ humus ,
témoignage de génocide ,
ossements et pauvres oripeaux ,
( plus rarement des bijoux ).
Dans ces pays de baltique
il y a de l’ivoire
et de l’ambre
Vous pourrez en parer votre cou,
en visitant les boutiques;
mais qui vous parlera du désespoir,
et des cendres ?
–
RC – mai 2017
migrations ( RC )
Il y a des oiseaux qui se posent sur le champ
Et qu’éparpille un peu de vent;
Comme il ondule les blés dressés
Sous sa main tiède, caressés.
Il y a les oiseaux qui se suivent dans l’attente
En formations serrées, à la fin de l’été,
Et qui dessinent des nuées mouvantes,
Comme le sable poussé par les vagues de la marée.
Aussi semblables que les grains voisins,
Et pourtant différents, comme les messages
Dont ils portent les nouvelles, en passage
Migrations , des ailleurs lointains.
Les familles des cigognes, qui bâtissent leurs nids
Sur les cheminées de Lithuanie
Viennent peut-être reprendre leur place,
Fidèles, aux sommets de celles d’Alsace
C’est au dessus de la Pologne
Que passent les cigognes,
Malgré les aventures du vol, et des longs kilomètres,
On pourrait les identifier, peut-être,
Chacune à sa patte, une bague de fiançailles
A célébrer du pays, les retrouvailles.
RC – 29 Juillet 2012