Izou, couleur de fumée – ( RC )

Où es tu maintenant
toi qui veillais sur mes nuits,
poids doux de tes pattes
sur mon visage ?
Pelage gris-brun
l’ ange animal
qui veillait
sur le château de la nuit…
Toute proche encore
à la façon d’un enfant
qui se pelotonne
dans mes rêves.
Petit cœur battant
dans un corps
couleur de fumée,
velours de l’ombre …
Et soudain,
la coupe des jours
sonne par le creux
de ton existence.
Ainsi la vie s’absente,
la sonate s’est tue,
la corde du violon
brisée, ne peut être réparée .
Pourquoi faut-il
que rien ne perdure,
que la lumière de ton regard
s’éteigne ?
Pourquoi as-tu quitté mon songe éveillé
et les lueurs du jour ?
Il n’y a pas de réponse,
je le sais .
Rien d’autre que le souvenir .
C’est peu de chose ;
dans l’immatériel,
tu continues à vivre ainsi .
Où es-tu maintenant ?
–
RC- juill 2019
La maison où le cœur chante – ( RC )

La maison s’est blottie
au creux des collines
à côté de l’étang.
L’ombre est rare
sous le soleil de midi.
Un arbre penche
vers son ombre douce.
De ses branches
s’épanchent des gouttes de résine.
L’été étend sa main
parmi les champs.
Je reprendrai le chemin
qui s’écarte des grandes voies
et j’irai vers toi
retrouver la maison accueillante
où tu m’attends
depuis bien longtemps,
là, où toujours le cœur chante….
Christophe Condello – âme

Fille je suis fille
d’un homme d’une autre saison
feu je suis feu
de l’éclair et de l’univers
belle je suis belle
dans le don et le pardon
femme je suis femme
de pensées et d’évasion
flamme je suis flamme
de plaisirs et de passions
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
âme je suis âme
âme je suis âme
mère je suis mère
de nos bases, nos fondations
fière je suis fière
de l’homme que tu peux devenir
cœur je suis cœur
du passé et de l’avenir
promesse je suis promise
sans ombre et sans trahison
forte je suis forte
de caresses et de tendresse
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
âme je suis âme
âme je suis âme
sœur je suis sœur
de la terre et de la mer
racine je suis racine
de l’harmonie, de la vie
lumière je suis lumière
de nos clartés, nos voluptés
pleurs je suis pleurs
sur nos plaies, perles de rosée
amour je suis amour
le flux et reflux des marées
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
âme je suis âme
âme je suis âme
femme je suis femme
debout, sans compromission
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
âme je suis âme
du présent et de l’horizon
voir l’abondant site poétique de Christophe Condello où il met en lumière beaucoup de poètes connus ou moins connus ( en particulier celui de son pays, le Québec )
Nathalie Bachand – la table de cuisine

On est assise à la table de la cuisine, la nuit.
On observe des roches blanches. Il y a le thé et le napperon vert-de-gris.
Le thé dans la théière métallique et dans la tasse blanche.
Le napperon sur la table rectangulaire bois de pin et le cahier sur le napperon.
Le stylo à encre noire. On ne va pas écrire.
On a bu le thé et enlevé le napperon. Puis ses vêtements.
C’est le corps chaud qu’on s’est étendue sur le dos, nue, en étoile.
Le cœur en mouvance dans le corps immobile.
On a imaginé les étoiles par-delà le plafond, le stuc en donnait presque l’illusion.
Ce n’était pas spécialement singulier.
Simplement une façon comme une autre de se détacher de soi.
Coucher le corps plutôt que l’écriture, suspendue hors de soi pour un temps.
On a tenu deux roches: une dans chaque main, bras ballants dans le vide, les mains tournées vers la nuit.
Le corps étendu en étoile sur la table, un million de minuscules stucs de plâtre dans les yeux, deux roches froides et blanches dans les mains.
Une parfaite impossibilité d’écrire dans cette immobilité minérale et son cœur, d’un rouge éclatant dans la blancheur de cette cuisine devenue l’antichambre de soi-même.
Les roches sont devenues tièdes au creux des mains.
On aurait dit deux cœurs ossifiés: tout le corps comme un os.
On est longuement restée ainsi.
Et puis, les bras engourdis, on a légèrement retourné les mains vers le bas.
On a lâché les roches sous la table.
C’est dans le vide quelles sont tombées.
origine du texte revue québécoise « Jet d’encre n°9 »
Nathalie Bachand est diplômée en pratique des arts à l’université de Québec Montréal et s’intéresse à la relation entre l’art et l’écrit.
Serge Marcel Roche – Poèmes d’amour et de Pygmésie intérieure 3

et la mer était
tout le temps là
dans tes cheveux
en ruisseau le long
des filets verts
au creux
des mains qui halaient
le poisson et le cœur
en nous
d’un matin
goût citron
couleur de chair sanguine
puis une auto
nous emmenait
faire le marché
puiser le vent
sur la terrasse
chez Thérèse
jusqu’à pas d’heure
où rentrer dormir
se laver
et cueillir le sel de la nuit
–
Site de S M R » chemin tournant »
ce texte est extrait du site » les cosaques des frontières » on peut lire d’autres écrits de S M Roche sur cette page…
franchir le seuil de la porte de la nuit – ( RC )

Me verrai-je dans les bras d’une aube
ou le temps monotone
essuie mes larmes ?
Ocre saison des soupirs,
yeux noirs des souvenirs .
Je ne renierai pas
la défaite de mon cœur.
Je ne verrai blanchir le jour
qu’au lever du soleil,
et tes cheveux seront pareils
aux pays lointains
couverts de neige,
berceuse douce
des jours passés …
toi qui est partie,
a franchi le seuil
des limites de la nuit.
J’en porte aujourd’hui le deuil.
Marc Hatzfeld – la pensée
L’HORLOGE DE LA GALERIE DU CLARIDGE
horloge à eau , imaginée par Bernard Gitton,


Une araignée mélancolique
File la toile mécanique
De la pensée automatique
Et toc
Du temps savant
Que la clepsydre famélique
Des gouttes crottes
Porte au cadran symptomatique
Des mots pesants
Qui balancent leurs tacs
et leurs tiques
Pour que s’enchaîne le rythme logique
Du corps pourri
De la pensée cacophonique
Et toc
Qui m’étouffe le cœur.
Marc Hatzfeld est par ailleurs auteur de livres « reportages » et engage une réflexion sur le génocide au Rwanda; comme « là où tout se tait »;
Ibn Zaydùn – fidélité

photo Roland Michaud 1967 – l’homme à la rose- Afghanistan
Je t’ai évoqué à Az-Zahrâ avec ardeur,
Le ciel était bleu, et la terre
Toute de splendeur vêtue.
Au crépuscule le zéphyr était doux,
Et s’accordait à l’âme,
Comme si, par compassion,
Il s’apitoyait sur mon sort.
Le verger de rosée souriait
Comme s’il portait des perles
Un jour comme tant d’autres de nos jours de plaisirs écoulés,
Nous veillâmes comme des voleurs,
Quand le temps s’assoupit,
Nous jouissions de ce qui séduit l’œil dans les fleurs,
La rosée les inondait jusqu’à les faire frémir sur leurs tiges.
Si ses yeux savaient mon insomnie,
Ils pleureraient sur ce qui m’affecte,
Et les larmes auraient brillé et se seraient écoulées.
Fleurs qui étincelèrent au temps de l’éclosion,
Accordant au matin la radieuse clarté des yeux.
Dans la nuit s’exhalent les senteurs du nénuphar assoupi
Qui dessillent, de l’aube, les paupières.
Tout dans la nature éveille
Le souvenir de notre passion
Au point que le cœur en est oppressé.
Que Dieu fasse que votre souvenir ne s’absente
Ni ne s’envole sur les ailes palpitantes des passions.
Si la brise de l’aube voulait porter mon fardeau,
Quand elle répand son souffle
Elle aurait conduit à vous un jeune homme
Que les coups du malheur ont fait dépérir.
Si un jour exauçait le désir de nos retrouvailles,
Il serait de tous le plus généreux.
Ô femme précieuse, sublime,
Toute pétrie de lumière,
L’aimée de mon âme tu serais
Si je te cueillais comme les amants la rose.
La tendresse était l’aire d’intimité
Que, librement, nous avons longtemps parcourue.
Aujourd’hui je chante, de votre règne, le passé révolu.
Dans l’oubli vous avez enfoui mon souvenir,
Mais l’amour de vous ne m’a pas déserté.
extrait du recueil paru chez » Orphée » ed la Différence.
c’est un auteur qui a vécu au 10 è siècle
Cathy Garcia – arbre

–
j’aime la grâce du vent
dans tes branches
j’aime ton silence et le battement
de mon cœur contre le tien