Catherine Pozzi – Lotus

Sur le lac pâle inondé de lueurs,
Sur le lac triste où l’eau froide frissonne,
Bien loin des bords où le chant monotone
Des grillons noirs, égrène sa douceur,
Seul et divin, planant sur l’eau dormante,
Eblouissant, pur, et mystérieux,
Un lotus blanc, magique , radieux,
Etale au ciel brumeux sa splendeur languissante.
Tu t’ouvriras peut-être ainsi, une nuit sombre,
Ô Fleur de mon amour suprême et désolé !
Et tu endormiras mon coeur désespéré
Dans un rêve alangui de volupté et d’ombre.
Le coeur funambule – Ecchymoses

Sur les ecchymoses du jour
Perlent quelques gouttes de ciel
L’onguent du crépuscule
Brode un ourlet pourpre
Aux jupes élimées des vagues
Brindilles de mer
Le souffle du courant
Efface les taches de l’oubli
Sur les visages de l’eau
Toutes les teintes du vent
Accrochées aux ailes des mots
En friselis d’écume
Dansent aux marges des rochers
Le bavardage des algues
En strophes d’ombre et de lumière
Sème les graines des phrases
Au chant muet de nos lèvres
Face aux festins des couleurs
Nous habitons tout à la fois
Le paysage et son reflet
Le brasier montant aux joues de la lune
Dans le silence aiguisé du jusant
Les rouges gorges des braises du couchant
En rayons brûlants pénètrent lentement
Le ventre humide de l’océan
avec l’autorisation d’Olivier ( voir son site )
Béatrice Douvre – Feu qui ose
peinture au feu : Yves Klein
Feu qui ose
Achève
Ce peu de bois mouillé
Par l’orage et délivre
Précède-moi, qui ose, précède-moi ,espère
Mars et les affections même sans souvenir
Vois c’est déjà la splendeur
Bleue des trèfles, des pensées
Demeure
Pour celle enfin dont les seuls auront tremblé les yeux
Une dernière fois le dernier passager
Ose
Flamme soudain la sueur
Debout qui saigne
Et la grande odeur du froid
La haute arche de neige
Est-ce enfin le vrai cœur au-delà d’âme et corps
L’ébauche d’un soleil beau d’hiver ascendant ?
Abbas Kiarostami – j’ai la poésie
dessin: Barbara Hepworth
quand je n’ai rien dans la poche
j’ai la poésie
quand je n’ai rien dans le frigo
j’ai la poésie
quand je n’ai rien dans le cœur
je n’ai rien
Extrait du recueil 7 heures moins 7
Clarice Lispector – Et alors ? J’adore voler !
Peinture: Leopold Survage
Il m’est arrivé de cacher un amour par peur de le perdre,
Il m’est arrivé de perdre un amour pour l’avoir caché.
Il m’est arrivé de serrer les mains de quelqu’un par peur
Il m’est arrivé d’avoir peur au point de ne plus sentir mes mains
Il m’est arrivé de faire sortir de ma vie des personnes que j’aimais
Il m’est arrivé de le regretter
Il m’est arrivé de pleurer des nuits durant, jusqu’à trouver le sommeil
Il m’est arrivé d’être heureuse au point de pas parvenir à fermer les yeux.
Il m’est arrivé de croire en des amours parfaites.
Puis de découvrir qu’elles n’existent pas.
Il m’est arrivé d’aimer des personnes qui m’ont déçue.
Il m’est arrivé de décevoir des personnes qui m’ont aimée
Il m’est arrivé de passer des heures devant le miroir pour tenter de découvrir qui je suis et d’être sure de moi au point de vouloir disparaître
Il m’est arrivé de mentir et de m’en vouloir ensuite, de dire la vérité et de m’en vouloir aussi.
Il m’est arrivé de faire semblant de me moquer de personnes que j’aimais avant de pleurer plus tard, en silence dans mon coin.
Il m’est arrivé de sourire en pleurant des larmes de tristesses et de pleurer tant j’avais ri.
Il m’est arrivé de croire en des personnes qui n’en valaient pas la peine, et de cesser de croire en ceux qui pourtant le méritaient.
Il m’est arrivé d’avoir des crises de rire quand il ne fallait pas.
Il m’est arrivé de casser des assiettes, des verres et des vases, de rage.
Il m’est arrivé de ressentir le manque de quelqu’un sans jamais le lui dire.
Il m’est arrivé de crier quand j’aurais dû me taire, de me taire quand j’aurais dû crier.
De nombreuses fois, je n’ai pas dit ce que je pensais pour plaire à certains, d’autres fois, j’ai dit ce que je ne pensais pas pour en blesser d’autres.
Il m’est arrivé de prétendre être ce que je ne suis pas pour plaire à certains,et de prétendre être ce que je ne suis pas pour déplaire à d’autres.
Il m’est arrivé de raconter des blagues un peu bêtes encore et encore, juste pour voir un ami heureux.
Il m’est arrivé d’inventer une fin heureuse à des histoires pour donner de l’espoir à celui qui n’en avait plus.
Il m’est arrivé de trop rêver, au point de confondre le rêve et la réalité…
Il m’est arrivé d’avoir peur de l’obscurité, aujourd’hui dans l’obscurité
“je me trouve, je m’abaisse, je reste là »
Je suis déjà tombée un nombre innombrable de fois en pensant que je ne me relèverais pas.
Je me suis relevé un nombre innombrable de fois en pensant que
je ne tomberais plus.
Il m’est arrivé d’appeler quelqu’un pour ne pas appeler celui que
je voulais appeler.
Il m’est arrivé de courir après une voiture parce qu’elle emmenait
celui que j’aimais.
Il m’est arrivé d’appeler maman au milieu de la nuit en m’échappant d’un cauchemar.
Mais elle n’est pas apparu et le cauchemar fut pire encore.
Il m’est arrivé de donner à des proches le nom d’ami et de découvrir qu’ils ne l’étaient pas.
D’autres en revanche, que je n’ai jamais eu besoin de nommer m’ont toujours été et me seront toujours chers.
Ne me donnez pas de vérités, parce que je ne souhaite pas avoir
toujours raison.
Ne me montrez pas ce que vous attendez de moi parce que je vais suivre mon cœur !
Ne me demandez pas d’être ce que je ne suis pas, ne m’invitez pas à être conforme, parce que sincèrement je suis différente ! Je ne sais pas aimer à moitié, je ne sais pas vivre de mensonges, je ne sais pas voler les pieds sur terre. Je suis toujours moi-même mais je ne serais pas toujours la même !
J’aime les poisons les plus lents, les boissons les plus amères, les
drogues les plus puissantes, les idées les plus folles, les pensées les plus complexes, les sentiments les plus forts.
Mon appétit est vorace et mes délires sont les plus fous.
Vous pouvez même me pousser du haut d’un rocher, je dirai : – et alors
J’adore voler !
Pierre Mhanna – dans le silence
My poem…
the light of a candle
slowly gathering
in the silence of her heart.
Mon poème …
la lumière d’une chandelle
se rassemblant doucement
dans le silence de son coeur
Une pierre informe dressée dans un jardin- ( RC )
Il y a une pierre informe
dressée dans un jardin
et que chaque matin entoure,
comme des stries concentriques
tracées dans le gravier .
De la mousse s’incline
du côté où l’ombre persiste
avec l’aide de celle
de l’arbre qui s’épanche
en brouillon de branches .
C’est un monolithe griffé d’incidences,
fendillé de gel,
de lignes qui se prolongent,
et finissent par se perdre en segments
dont aucun n’est rectiligne .
C’est un temps indéfini
qui a mordu dans ce corps,
arraché sa chevelure ,
imprimé ses tangentes,
en rides et en fragments.
Peut-être était-ce une statue
qui a fini par perdre ses membres,
oublier son visage
et sa première apparence :
aucun indice ne la rend lisible .
Personne ne nous dit sa légende,
son histoire et le pourquoi
de sa présence :
elle est dans le jardin à la manière
d’un cœur entouré de ses graviers .
C’est juste une vielle pierre dressée,
que l’on dirait vivante ,
une vie y pulse encore , énigmatique ,
pour ceux que le temps dépasse :
personne ne pénètre dans son secret .
–
RC – janv 2019
Fouad El Etr – amour, ma double solitude
photo craigmac
–
Amour
Ma double solitude
Qui surprends
Même en rêve
Avec tes seins pensifs
Mon cœur
Rien que
Retenant notre souffle
Ton goût de silex
Doucement
Dans le noir
M’asphyxie
Quand tu déplies
Jusqu’aux étoiles
Tes jambes
Et me dissous
Dans ta beauté acide
Foie reins cœur moelle
Dyane Léger – faire danser le cœur du monde
peinture Winslow Homer
Dis-moi, toi qui sais tenir le monde dans ta main
sans lui faire mal, sans le faire pleurer,
pourrais-tu m’expliquer, à moi qui suis
à peine capable de transplanter un rosier
sans déchirer ses racines, à moi qui peux
à peine raconter une histoire sans la déformer,
à moi qui ne peux sourire à un vieillard
et à son chien sans les faire fuir,
pourrais-tu me dire comment,
si l’on me le demandait,
comment pourrais-je arriver
à faire danser le cœur du monde
sans lui marcher sur les pieds?
Il y avait , sur le dessin – ( RC )
Brooklyn Street-art
–
Il y avait sur le dessin
des ombres, mais aussi des couleurs
qui sont venues habiller le mur.
A travers les grilles,
je le voyais
avec ses fleurs blanches et pourpres,
mais aussi le ciel plombé
d’un proche orage,
Il faisait ce contraste au bonheur
et aussi le mettait en valeur .
Il y avait ,
—– ( car un jour de colère,
quand le cœur se déchire,
j’ai voulu effacer les clématites
avec un chiffon et de l’essence ).
Quand le regard s’y pose,
on voit que tout a dégouliné :
Ce n’était pourtant pas suite à l’averse :
tout n’est pas complètement gommé:
je ne repars pas d’une toile vierge :
on devine bien des choses,
malgré le repentir
on y voit des restes de bonheur
que je n’ai pas pu
( ou pas voulu )
complètement effacer …
RC – août 2018
James Joyce – musique de chambre V
assemblage: Joseph Cornell » Cassiopea »
V
Quand l’étoile s’élance au paradis,
Timide et inconsolée, chastement ;
Daigne entendre dans le soir assoupi
Celui qui à ta porte vient chantant.
Son chant est plus tendre que la rosée
Et lui est venu pour te visiter.
Ô ne te penche dans la rêverie
Quand il t’appelle à l’orée de la nuit.
Ni ne songe «Qui est donc le chanteur
Dont tombe ce chant qui parle à mon cœur ?»
Reconnais l’amoureuse mélopée :
C’est moi qui suis venu te visiter.
V
When the shy star goes forth in heaven
All maidenly, disconsolate,
Hear you amid the drowsy even
One who is singing by your gate.
His song is softer than the dew
And he is come to visit you.
O bend no more in revery
When he at eventide is calling.
Nor muse : Who may this singer be
Whose song about my heart is falling ?
Know you by this, the lover’s chant,
’Tis I that am your visitant.
Nayim Snida – Alors c’est elle qui peut consoler mon âme
sculpture : Gertraud Möhwald
Alors c’est elle qui quand l’odeur austère
Du passé affaibli par l’éphémère
Où sous le pont du temps le vent efface
Machinalement toutes les traces
Des instants d’aimer qui hélas en ombres
Se sont métamorphosés comme l’état du monde
Aux yeux de l’homme rêvant de paix de tolérance
Tandis que l’on se noie dans l’indifférence
A l’égard des victimes à l’égard des misères
A l’égard des rancunes qui puisent dans les guerres
Ses armes écrasant le repos des gens
Horrifiés par des morts enterrés tout vivants
Alors c’est elle qui peut consoler mon âme
Confusément perdue un batelier qui rame
Vers un îlot sans nom pour l’évasion du cœur
Habillé d’ennui vis-à-vis des malheurs
Patrick Aspe – Les rires sont des oiseaux de passage
Les rires sont des oiseaux de passage
la mémoire une éponge
la nuit une dissidente
tangue la vie des fuites lentes
mascarades sans limites
comme un filin d’acier au dessus du vide
je revois l’olivier des allées
la maison rose sous les cyprès
les grands peupliers jaunes d’octobre
précipice sans fond
sabordage des illusions
danse macabre aux sons des tamtams
le cri vient du ventre friable et déchiqueté
attirances des bleus voilés d’or sur la mer qui balance
la forêt d’endort aux silences des pins
chagrin parfumé d’oranges
imaginons cette vague sur le sable doré
lancinante passion des mains qui passent sur ton dos l’huile frémissante
la colline des horizons
sables mouvants de l’enfance
mon chevalier foudroyé d’ignorance
dragon frissonnant de flammes
la lune échappe aux brouillards
élève toi élève toi vers les neiges des cimes mon cœur brisé
l’azur pur tourmente l’épée qui s’agite …
Salah Al Hamdani – Sagesse sur le coeur
Premier pas .
lorsque les souvenirs se dissipent dans l’absurdité de l’éloignement,
et que les saisons d’autrefois n’ont rien dire… pas d’affolement
c’est le cœur qui prendra en charge de souffler l’âme
de la vie du passé le plus reculé.
Deuxième pas
Quand on ne trouve plus l’amour en imagination
il faut laisser le cœur imposer à l’esprit sa conduite.
Isabelle Debiève – Dis-moi mon coeur…pourquoi bats-tu?
peinture: Jim Dine
Dis-moi mon coeur…
pourquoi bats-tu?
Aurais-je à ce point tort
de t’entendre battre
pleurer
rire
te tordre
et battre encore
Vivant tu es!
En toi un mot écrit
En toi une parole se dit
En toi le geste se languit
En Toi
Je suis
fr (« Mascarades »)
Catherine Pozzi – Escopolamine
Le vin qui coule dans ma veine
A noyé mon cœur et l’entraîne
Et je naviguerai le ciel
À bord d’un cœur sans capitaine
Où l’oubli fond comme du miel.
Mon cœur est un astre apparu
Qui nage au divin nonpareil.
Dérive, étrange devenu !
Ô voyage vers le soleil —
Un son nouvel et continu
Est la trame de ton sommeil.
Mon cœur a quitté mon histoire
Adieu Forme je ne sens plus
Je suis sauvé je suis perdu
Je me cherche dans l’inconnu
Un nom libre de la mémoire.
Escopolamina
El vino que por mis venas fluye
Ahogó mi corazón y se lo lleva
Y por el cielo yo navegaré
En un corazón sin capitán
Donde el olvido es blanda miel.
Mi corazón es astro aparecido,
Que nada en el divino sinigual.
¡Deriva, extraño acontecido!
Oh viaje, largo viaje hacia la luz—
Sonido nuevo y nunca interrumpido
Es la tejida trama de tu sueño.
Mi corazón abandonó mi historia
Adiós Forma ya no siento más
Estoy a salvo al fin estoy perdido
Me voy buscando en lo desconocido
Un nombre libre de la memoria.
Versión de Carlos Cámara y Miguel Ángel Frontán
Catherine Pozzi (1882-1934)
–
Cécile Sauvage – Le vallon
dessin perso RC
Le cœur tremblant, la joue en feu,
J’emporte dans mes cheveux
Tes lèvres encore tièdes.
Tes baisers restent suspendus
Sur mon front et mes bras nus
Comme des papillons humides.
Je garde aussi ton bras d’amant,
Autoritaire enlacement,
Comme une ceinture à ma taille.
Cécile Sauvage.
Mai n’en prendra pas ombrage – ( RC )
photo Emilio Jimenez
En avril ,
ne te découvre pas d’un fil,
mais en mai offre toi au ciel,
à la caresse du soleil,
dorée comme le pain chaud,
étendue sur ta peau.
Très chère dame,
on voit bien l’ombre de la palme
qui se dessine
sur tes collines,
à la façon d’un coeur
posé tout en douceur
Une feuille dont les doigts
oscillent et s’emploient
à laisser leur trace claire
– un dessin sur la chair
du paysage .
Mai n’en prendra pas ombrage.
–
RC – mai 2017
Fouad el Etr – Si elle pense
Montage perso 2011
Si elle pense je l’entends
Si elle bouge mon cœur bat
Si elle rêve j’apparais
Si je bois elle s’enivre
Quand elle est là j’ai soif
Et faim et je suis ivre .
Cheminement contradictoire – ( RC )
C’est devenu une habitude :
Je supporte mon corps
Apparemment sans effort .
Ses poumons s’ouvrent à l’air extérieur,
Le cœur est toujours en lieu sûr,
Et se manifeste par une pulsation,
d’ une évidence, portant à l’oublier.
Le chemin est tout tracé pour le sang :
Il suit son cycle, sans qu’on ait à ouvrir la mécanique,
Ni qu’on la remonte avec un ressort .
Les muscles sont en place,
se contactent quand on le leur demande,
Mais il y a toujours un fossé,
où le corps, dans sa familiarité ;
voisine l’esprit,
sans intention de lui nuire :
Un décalage au monde,
comme si la langue que je pratique,
n’était pas celle des autres .
Un cercle invisible difficile à franchir,
occupé par les gestes quotidiens,
âme prisonnière de son destin,
côtoyant les démons intérieurs
qu’elle souhaite pourtant combattre.
Et où en trouver l’énergie,
si tous se nourrissent du même sang,
de l’air que je respire et des mêmes pensées ?
De leur bavardage continuel,
ils conduisent mes pas :
d’une démarche qui se veut assurée,
dans des intentions contradictoires .
Je connais leur dialecte,
mais je n’ai pas, pour les comprendre,
la version complète,
chacun empiétant sur l’autre
en une oscillation perpétuelle .
–
RC – sept 2015
Charles Bukowski – Oiseau bleu
Il y a un oiseau bleu dans mon coeur
qui veut sortir
Mais je suis trop dur pour lui,
Je lui dis, reste là-bas, je ne vais
te laisser voir par personne .
.
Il y a un oiseau bleu dans mon coeur
qui veut sortir
Mais je verse du whisky sur lui et inspire
de la fumée de cigarette
Et les prostituées, les barmans
Et les employés de l’épicerie
Ne sauront jamais
qu’il est
Là-dedans.
Il y a un oiseau bleu dans mon coeur
qui veut sortir
Mais je suis trop dur pour lui,
Je dis,
Reste tranquille, tu veux me gâcher la vie ?
Tu veux détruire mon travail ?
Tu veux casser mes ventes de livres
en Europe ?
Il y a un oiseau bleu dans mon coeur
qui veut sortir
Mais je suis trop malin, je ne le laisse sortir .
Que seulement la nuit
Quand tout le monde est endormi.
Je dis, je sais que tu es là,
Alors ne sois pas
triste.
Alors je l’ai rappelé,
Mais il chante un peu
Là, je ne l’ai pas tout à fait laissé
mourir
Et nous dormons ensemble comme
çà
avec notre
pacte secret
Et c’est suffisamment bien pour
faire pleurer un homme ,
mais je ne pleure pas … ,
et vous ?
–
tentative de traduction ( RC ) – écouter dans la langue originelle
Fouad El Etr – Si elle pense
peinture Edward Munch – femme allongée aquarelle
Si elle pense je l’entends
Si elle bouge mon cœur bat
Si elle rêve j’apparais
Si je bois elle s’enivre
Quand elle est là j’ai soif
Et faim et je suis ivre
Au coeur de la pierre – ( RC )
Caché par le lent défilé des années
Un gemme, comme une larme brillante
s’est dissimulé dans l’obscurité ;
et il faut un hasard heureux
pour la retrouver.
Aussi, tu vas demander à la pierre
comment aller vers elle,
quel sésame te permettrait
d’ouvrir les portes du minéral.
Comment le fossile est-il parvenu
au coeur de la roche ?
La pierre ne sait pas quoi te répondre.
Son langage s’est cristallisé ,
mais tu finis par comprendre
qu’il n’y a pas d’autre porte
que celle de la patience.
–
RC- nov 2016
( D’après un poème de Wislawa Szymborska : Conversation avec une pierre )
Hidden by the slow passage of the years
A gem, like a bright tear
was hidden in the dark,
and must serendipity
to find her.
Also, when you’ll ask the stone
how to get to it,
what sesame could
open the doors of the mineral.
How the fossil managed to go
into the heart of the rock?
The stone does not know what answer to you.
Its language has crystallized,
but you finally understand
there is no other door
than patience.
Louky Bersianik – laisse moi t’approcher
photo Fashion is Dead Magazine
laisse-moi t’approcher
laisse-moi te toucher toute et te fragmenter par petites touches
laisse-moi ma plurielle de fond en comble te dévaster
trouver réunies au secret ma soif et mon ruisseau ma verdure
et ma faim lécher jusqu’au cœur notre vaste complot
laisse mon corps immobile entrer chez lui par les seuils incalculables
de ton corps inamovible laisse s’accomplir à l’infini vertigineux
du temps vertical cette opération-extase