Colette Fournier – Apprends-moi à danser
Photo : Emmanuelle Gabory
Apprends-moi à danser
Je veux retrouver le soleil
Flirter sur un rayon de miel
Brûler la pointe de mon cœur
Sur des épines d’arc-en ciel
J’ai besoin du velours de la voix
Feutrant ses frissons de soie
J’ai besoin de la couleur du vin
Fleuve de rubis où tout chavire
J’ai besoin du nectar des abeilles
Des parfums du paradis
Des ailes de tous les anges
J’ai besoin de devenir archange
De me transmuter, de m’alchimiser
J’ai eu si mal dans mon corps
Irradié et somesthesique
Que ce soir je veux danser
Libre, nue, échevelée
Ivre comme une bacchante
Et quelque part folle à délier
Avant que ne descende sur moi
La lente douceur du soir…
Colette Fournier – Je te regarde
peinture: P Bonnard Coin de salle à manger au Cannet, 1932 ( détail) Musée d’Orsay
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Colette Fournier – Au matin
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Longtemps, mon cœur a battu au flanc du jour.
L’aube était pure, si pure,
Un lever de mystères blancs,
Une pluie d’instants menus dessinés au fusain noir,
La rue et son appel rauque et volage,
La prairie songeuse au soleil,
Et immobile sous un ciel d’extase,
L’eau dormante d’un étang blond.
Longtemps, je suis restée suspendue aux matins,
Aux histoires de fées et de lutins,
Osant à peine, à peine, poser mes pas pointus,
Sur l’herbe mouillée de peur de l’abimer un peu,
Craignant de réveiller juste par mon souffle,
Les esprits endormis de la forêt,
Et les fleurs assoupies dans leurs corolles soumises,
Et que le vent, doucement, plie.
Je ne veux pas, donnant à mon cœur du repos,
Oublier l’odeur des départs,
La nuit couchée en coin comme un chat dispos,
Je ne veux pas refuser tes larmes,
Quand tu te penches sur la vie et que tu l’aimes encore,
Je ne veux rien effacer dans tes yeux, pas même ta mémoire,
Juste goûter encore la ferveur des matins, encore, demain….
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( visible dans le blog de phedrienne : http://colettefournier.com/2013/02/21/au-matin/)
Les pensées qui tanguent ( RC )
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Les pensées qui tanguent s’entremêlent de rêves;
Ce que tu écris, – les échos de sève –
Portées de musique et les mots défilent
en constructions fragiles,
tendues en liens de dentelles,
comme deux plantes s’emmêlent…
Je ne sais distinguer de qui se débride,
De tes fièvres rouges ou paroles limpides,
Des mots jetés et paroles farouches…
A chaque arbre, ses racines, sa souche…
Les plantes en symbiose sont en voisinage,
Et cohabitent sans se faire ombrage.
L’une , de l’autre ose aller plus loin
Vers la lumière, c’est donc un besoin
Toujours renouvelé
De la parole descellée,
A partager la soie et le satin,
Pour les draps étendus de beaux lendemains.
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en dialogue avec Phedrienne…
Le ruban de tes pensées m’obsède,
Déroulant ses volutes de neurones entêtants,
Passant, galonné de dentelles,
Ou crocheté de fièvres rouges,
Où flamboie la connectique
De tes contradictions majeures…..
J’y surnage, brassant de mes idées farouches
Ton alternatif courant,
Tanguant de satin en soie saumonée,
De coton dur en voile satiné,
Craignant de déchirer au tranchant de mes synapses
L’organza trouble de tes chimères osées…
Le ruban de tes pensées m’enlace,
Noue de ses ligatures serrées,
Un bout de mon cœur oppressé,
Liane mes caprices débridés,
Et dans cet entrelacement sauvage,
Douceur et rudesse mêlées,
Se tisse un dialogue endiablé !
voir son « Ruban »…
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Danse des lucioles ( RC )

-Il faut bien le dire,
Tu m’as aidé à ôter la robe
Celle des nuages, recouvrant les étoiles
Et dans la nuit scintillante; qui m’attendait
S’échangent les avions d’argent
Vers les destinations lointaines
Peut-être celles des bonheurs partagés
Et la danse des points dans le sombre,
Celle des lucioles
S’appuie sur les traits fugaces
Des comètes, dessinant à la lumière
Sans les craies, sur la tableau d’ardoise de la nuit.
Et tu rassembles aussi les clins d’oeil,
Des lucioles,— la danse des anges,
Avec le pont des heures couchées
Sans les ballerines, avec la forme de ton sourire
En équilibre, quelque part – ballon léger
Au dessus,corsage transparent, de mon sommeil….
RC – 03 mars 2013
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inspiré du texte de Colette Fournier,( Phedrienne ) ci dessous, …………..et visible sur http://colettefournier.com/2013/01/27/5-heures-du-matin/
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J’ai parcouru la nuit à grandes enjambées
Franchi le pont des heures couchées
La nuit est amicale, elle sourit à la vie
Cachée sous les étoiles, et puis,
Elle a une allure folle dans sa robe ajustée
Son corset bleu marine et ses douces ballerines
Je l’ai suivi marchant à pas silencieux
Sur ses traces fuyantes de danseuse invisible
Et me voilà debout sur une crête noire
Un si drôle de perchoir, où je ne pense plus
Mais laisse traverser les comètes en goguette
Quelques anges déchus aux ailes harassées
Moi je suis sans fatigues, mais aussi sans idées
Une tête noctambule, ballon hydrogéné
Qui implosera peut-être en laissant dériver
Une petite luciole espiègle et inspirée !
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Horatu, traduction du mot luciole en japonais, est un astre qui vole au bord de l’eau et annonce l’été aux japonais. Deux sortes de lucioles différentes par leur « style de vie » : le genji-botaru (12 à 18 mm) qui vit au bord de l’eau douce et le heike-botaru (8 à 10 mm) qui préfère les rizières et les eaux stagnantes, se nourrissent de colimaçons. Elles font partie des espèces aquatiques au stade larvaire parmi les dix répertoriées dans le monde, ce qui semble normal étant donné la géographie du Japon et des iles environnantes.
Colette Fournier – transfuge
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Entre dérobade et vertiges
La cambrure de ton âme ressemble
A s’y méprendre à ces nefs d’église
Que la foi a désertées…
Paysage rongé de ronciers et aride
Où nulle eau ne serpente
Où nulle joie ne se créée…
J’en connais de ces vaisseaux amers
Qu’une houle bascule
En roulis de bitume
Et qui ne veulent plus même
Etre sauvés !
Et frotter leurs cœurs vides
A l’aumône du temps
Battant à pleine pompe
L’heure de tous les vents !
Crois bien que ma lanterne
Se brise plus qu’à son tour
Sur des récifs étranges
Aux étranges contours
Mais je les veux mouvants
Malléables et tordus
A l’aune de mes désirs
Trempés d’encre et perdus
S’ils ne s’écrivent pas…..
Je suis une maison
Balayée de printemps
Et qui se refuse à mourir
Tant qu’il restera
Quelque chose à faire frémir
A la pointe de mon regard
Transfuge
De toutes les mémoires…
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