Le terme du voyage (sur une peinture de N De Staël ) – (RC )

C’est au sommet de la montée
que se joue le terme du voyage .
L’horizon nous est caché,
mais on peut le deviner
derrière la pente.
La colline se divise en deux parties
nettement opposées :
le couteau d’ombre a tranché
dans les plages de lumière,
et les arbres, dont on ne voit que la tête
opposent au vent leur silhouette
juste avant la descente.
Si j’emprunte ce chemin
plus aride que le ciel désert
sans savoir où il conduit,
ne me mène-t-il pas tout droit
dans la vallée de pierres
du pays d’effroi
où le Blanc sombre dans un Noir
qui n’a pas de fin ?
quand je bascule de l’autre côté
de ce paysage illusoire
où s’égarent les repères …
Cesare Pavèse – Rencontre

Ces dures collines qui ont façonné mon corps
et qui ébranlent en lui autant de souvenirs,
m’ont fait entrevoir le prodige de cette femme
qui ne sait que je la vis sans réussir à la comprendre.
Un soir, je l’ai rencontrée : tache plus claire
sous les étoiles incertaines, dans la brume d’été.
Le parfum des collines flottait tout autour
plus profond que l’ombre et soudain une voix résonna
qu’on eût dit surgie de ces collines, voix plus nette
et plus âpre à la fois, une voix de saisons oubliées.
Quelquefois je la vois, elle vit devant mes yeux,
définie, immuable, tel un souvenir.
Jamais je n’ai pu la saisir : sa réalité
chaque fois m’échappe et m’emporte au loin.
Je ne sais si elle est belle. Elle est jeune entre les femmes :
lorsque je pense à elle, un lointain souvenir
d’une enfance vécue parmi ces collines, me surprend
tellement elle est jeune.
Elle ressemble au matin. Ses yeux me suggèrent
tous les ciels lointains de ces matins anciens.
Et son regard enferme un tenace dessein : la plus nette lumière
que sur ces collines l’aube ait jamais connue.
Je l’ai créée du fond de toutes les choses
qui me sont le plus chères sans réussir à la comprendre.
In Travailler fatigue, © Poésie/Gallimard, p.51
Tomas Tranströmer – Journal de nuit

image du site branchesculture.com
Une nuit de mai, j’ai accosté
dans une fraîche clarté lunaire
là où les fleurs et les herbes sont grises
mais les senteurs verdoient.
J’ai glissé en haut de la colline
dans la nuit daltonienne
alors que des pierres blanches
le signalaient à la lune.
Un espace de temps
de quelques minutes de long
de cinquante-huit ans de large.
Et derrière moi
au-delà de l’eau plombée
s’étendait l’autre rive
et ceux qui la gouvernent.
Des gens avec un avenir
à la place du visage.
Le couple de pierre a perdu son ombrelle – ( RC )

Je ne sais depuis combien de temps
patientent ces gens
au sommet de la colline .
Ont-ils perdu leurs habits d’hermine
ainsi que leur ombrelle ?
Les voila changés en statues de sel,
ces deux amants
exposés au vent,
mais toujours aussi proches.
Leur visage de roche
par un sculpteur, immortalisé
en prolongeant leur baiser
en aplomb du précipice.
On pense à Philémon et Baucis
dont l’existence réelle
ne s’embarrasse pas d’ailes :
leurs branches enlacées ,
un face à face rapproché ,
où l’amour peut affronter
le passage des années, pour l’éternité.
Dominique Grandmont – le spectacle n’aura pas lieu ( extrait 01 )
photo Josef Südek
De sorte évidemment qu’ils seraient là sans l’être sous la peau déchirée des murs où des lambeaux d’annonces dessineraient pour eux une carte inconnue peut-être
un quartier comme un autre ces cafés agrandis par la résonance construits tout en longueur pour qu’on ne puisse pas compter les silhouettes ni trouver l’entrée
Un tel silence pourtant le samedi après-midi les guêpes s’énervaient tu le lui disais un peu plus quand on entendait l’hymne national qu’on se serait cru dans un studio après quoi dans des cours envahies d’herbes folles qui atteignent la poitrine ou bien quand tu t’arrêtes en plein milieu d’une phrase la lumière est si fausse que toute la ville est vide
C’est seulement quand ils tournaient la tête qu’on s’apercevait qu’ils n’avaient
qu’un seul profil et pas de visage ou restée dans les yeux mais verts tu l’oubliais toujours comme à travers une vitre l’ombre sans vêtement une route sur la colline
‘
du chapitre « L’autre côté du vide »
« Le spectacle n’aura pas lieu » a été publié chez messidor 1986, dispo aussi en version numérique.
Pas de motif suffisant, pour inventer une carte postale – ( RC )
Je me souviens assez peu
de ces paysages de Hollande,
à part ce qu’on voit
des photos des touristes,
ou des ruelles de briques,
comme Vermeer en a peint…
Les souvenirs se tordent,
comme une hélice,
mais elle est à l’arrêt,
ruisselant d’eau
d’une pluie fine
qui ne cesse pas.
Il y a des boulevards rectilignes,
et les maisons hautes
dont les pignons font,
aux bords des canaux,
une succession de façades,
aux toits en dents de scie .
La campagne est plate,
l’herbe y est spongieuse,
et, toi qui est venue
quand c’était l’époque, il y avait sans doute
ces bandes de couleurs vives,
des champs de tulipes.
En fait je me rappelle davantage du port,
des grues géantes, et du cri des mouettes .
Je m’attendais à entendre la voix d’une sirène,
mais celle que l’on connaît est restée figée
dans le bronze à Copenhague ;
ce n’est pas la même chose.
Quand la lumière s’enfuit ,
j’y marche à reculons.
Que sont donc devenus ces passages,
où nous nous tenions par la main ?
les quais luisent sous la pluie,
les arbres se confondant les uns avec les autres,
et l’ensemble ne serait pas
un motif suffisant
pour inventer une carte postale
même si j’y ajoutais quelques moulins ,
un drapeau claquant au vent ;
le ciel aurait quand même mangé
une partie de colline .
–
RC – mars 2019
Bordée par la nuit – ( RC )
peinture: Arthur Dove « moon & see II »
L’œil blanc est sans expression,
et dissémine un clair distant ,
qui ne rappelle pas les ombres .
L’univers est bordé par la nuit .
On ne sait pas s’il s’éveillera
dans le balbutiement des étoiles .
Les entrecroisements des branches
se courbent dans une silhouette
les confondant avec celles d’autres arbres .
La lune pointe parfois entre les nuages,
aiguisant le regard des oiseaux nocturnes.
Ils se répondent de colline en colline.
Jusqu’à ce qu’elle descende
contre toute attente
prélever sur la terre
un peu d’atmosphère
un reflet dans le lac,
qu’elle emporte aussitôt
avec des meutes de fleurs noires,
avant de s’effacer
comme si elle n’avait jamais existé .
–
RC – janv 2018
Henri Pourrat – Le clos au levant
Lorsque le soleil se lève,
Il se lève sur un clos :
La fraise y vient sous la fève,
Le cassis sous le bouleau.
Loin des fumées du village
Et des jardins en casiers,
Un clos qui sent le sauvage,
Plein d’ombre et de framboisiers.
J’entends le vent des collines
Qui m’apporte son odeur
De cerfeuil et de racine,
Son goût d’herbe de senteur.
Juste un toit pour notre couette
— Les nuits sont fraîches, l’été —,
Et puis, comme l’alouette,
Y vivre de liberté.
Henri POURRAT « Libertés » in « Anthologie des Poètes de la N.R.F. »
Kenneth Patchen – Le village Tuda
peinture H Bosch – l’enfer ( détail )
–
On dit que
Jadis, avant la venue de l’homme,
Une colline prit feu et la déesse Anna
Mourut, en criant dans les flammes, le ventre
Brûlé comme une outre d’huile.
Le lendemain le monde se divisa en quatre :
Le lieu de l’eau,
Le lieu du ciel,
Le lieu de l’esprit,
Et le lieu de l’air.
On dit que la terre n’existait point,
Bien que beaucoup de gens ne connussent qu’elle.
Sur cette colline d’étranges êtres s’embrassaient
leurs enfants haïssaient l’espèce sur terre.
Kenneth PATCHEN in « 35 jeunes poètes américains »
L’alphabet des métaphores – ( RC )
–
Ecoute le tressage des abeilles
Le bourdonnement de la ruche,
L’alphabet des métaphores…
Je dois contempler la lumière ,
M’agenouiller pour regarder
Les gouttes d’étoiles prisonnières d’une toile d’araignée,
Après avoir suivi des cours d’eau
Leur course étalée comme les doigts
Ou les nervures d’une feuille sur le sol,
La palette du ciel abrite toutes les nuances du vent
C’est un haut clocher,
On ne peut pas l’atteindre sans s’arracher au sol
Et les strates empilées des terres et rochers
Une colline est une voix à l’intérieur ,
Les arbres essaient d’en saisir les mystères,
En creusant plus profond encore,
Et dialoguent avec l’appel des saisons.
Peut-être y a-t-il beaucoup à lire,
Sous l’écorce de la matière,
Les nuances de l’écriture qui y est cachée,
Passent de l’anthracite à l’ivoire,
En ne négligeant aucune couleur de l’arc-en-ciel.
–
RC- mars 2015
Philippe Delaveau – Leçon d’automne
LEÇON D’AUTOMNE
–
« Les oiseaux sur les peupliers de la plaine des notes dispersées, liquides, vagabondes.
Pourtant la symphonie d’un bel après-midi sous les violons des feuilles
qui tigrent d’ombre leurs arpèges. Pont de pierre bombé, contrebasse.
Altiers violons de verts. La partition repose
Avec la longue élévation de ses sillons jusqu’au sommet de la colline.
Les blanches s’envolent en lançant leurs cris de mer au retour du tracteur puis s’agglutinent, fouillant la terre avec la même obstination. Venues de l’océan, remontant les rivières.
«Semailles» serait le titre du morceau, avec les trilles d’un clavecin sous les doigts de Rameau.
Leçon d’automne et vieil ivoire rouillé, sombre.
Les deux claviers sous la dextérité de l’attaque joyeuse. »
–
Stefanu Cesari – Là où vous avez bâti cette maison
Là où vous avez bâti cette maison, l’eau sous la colline.
sa chanson rampe, le soir. vous ne dormez pas.
on vous laisse, toujours au même point de l’aube
sachant que vous resterez, là, à nous attendre, sans redire
c’est vrai. on s’habille d’une faute, elle nous lie comme le sang, à travers les herbes folles.
le moment venu, un doigt passe sur la bouche,
une petite flamme,
vous laissez la lumière allumée le temps que nous partions.
Indò vo eti pisatu a casa ci hè l’acqua sutt’à a parata.
a sera, a so canzona, à rampaconu.
vo ch’ùn durmiti, vi lachemu sempri à quiddu mumentu albinu,
sapendu ch’eti à stà quì, ad aspittàcci. senza lagnàvvi, mancu una volta.
hè vera. ci ‘mpannumenu cù li nosci falta, par travirsà u bagnaghju, è ci liani com’è u
sangu.
spicchènduci, nienti ci veni.
daretu à no, una pìccula fiara, di matinata, tini accesu mentri chè no partimu …
Stefanu Cesari est un auteur corse, on peut le retrouver sur Voxpoesi....
Neige sur le dos de pierres – (RC )
–
Le dos de pierres
Courbé dessous
Le tas de cendres,
Et puis l’été,
Et puis la colline,
Vautrée sous le passage de l’orage.
Demeurent, parmi les restes de murs,
De la petite ruine,
Les éclats d’ardoise,
Que le feu a révélés…
Les mauvaises herbes, en tas,
Agressives,
Avaient pris possession des lieux,
Et les orties, étaient chez elles.
Sur le dos de pierres, de la voûte écroulée,
– C’était il y a longtemps,
. Et déjà le feu,
. La rumeur de la guerre,
Les maisons abandonnées,
A l’étrange été de neige sale,
Une neige de cendre,
Qui recouvrit
Aussi,
La table bleue,
> Elle n’avait pas sa place,
Sur la charrette…
–
RC – 18 août 2013
–
Cribas – Sur la colline du 24ème siècle
Sur la colline du 24ème siècle
Le soleil monte sur la colline encore un peu rouge
Je sais que tout à l’heure
Mon ombre y dessinera à nouveau son tombeau
J’étais parti sans partir
Je reviens sans revenir
Mais je dois rejoindre les rayons brûlants de son halo
Je dois retrouver mon chemin qui a rencontré le chaos
Je dois retourner au bord du précipice
Tout au bord de ma voie suspendue
Je reviens là où continue le vide
Où s’est arrêtée la folie
Inerte et vaincue.
On en fait des détours et des tours
Avec ou sans aide on refait le grand tour
Mais on revient toujours sur le lieu du crime
Un lac, un parking, un souvenir
L’amour en morse gueule depuis l’antenne de secours
On revient toujours, après mille lieues, mille heures du même parcours
On revient effondré
Haletant et déjà à nouveau assoiffé
On revient une fois encore
Comme toujours
Sur la ligne de départ de ses amours dopées
On revient comme un cheveu blanc, gavé du gras des années de grisailles, un écheveau sans projets sur le fil du rasoir
Avec des mots, et dans sa bouche ses propres yeux,
Et dans sa poche
Des oreilles pleines de guerres
Comme des prières secrètes qu’on ne peut plus taire
Des sourdines qui tombent comme un cheval mort sur la soupe
Avec un os rongé jusqu’à la moelle dans la gueule, et un reste de tord-boyau somnifère qui n’a pas servi
On fait mine
En posant un genou à terre dans les starting-blocks
D’être déjà prêt,
C’est reparti pour un tour, une course dans la nuit sous la lune étoilée
Avec en point de mire une vie de moins en moins murgée
Sobre et contemplant la grande ourse
Comme inerte et vaincue
Et de calme gorgée.
La colline vire au bleu
Je sais que tout à l’heure
Je l’aurai entièrement remontée
Ma petite vie en retard
Mon existence d’esthète à remontrances automatiques
Cribas 07.07.2013
–
Dylan Thomas – La colline des fougères
Fernhill
(la colline des fougères)
Insouciant sous les pommiers en fleurs
Jadis, Je fus un enfant
Heureux car l’herbe était verte
Auprès de la maison joyeuse
Et la nuit recouvrait le vallon étoilé…
Ô temps, laisse-moi regrimper pour saluer toutes choses
Et recouvrer, glorieux, l’âge d’or de mon regard
Quand les chariots étaient carrosses
Et les pommeraies villes dont j’étais prince
Et que jadis, avant le commencement du temps,
Je gouvernais les arbres et les feuilles
Et suivais, dans les rivières de la clarté,
Le sillage des épis et des marguerites.
Jeune pousse verdoyante, célèbre dans les granges,
M’approchant de ma ferme et de ma cour joyeuse,
je chantais.
j’allais dans le soleil qui n’est jeune qu’une fois.
Ô temps, que je rayonne sur le chemin de grâce,
Chasseur et puis berger, vêtu d’or et de vert.
Les veaux me répondaient quand je sonnais du cor,
Les clairs aboiements frais des renards des collines
Et tintaient lentement comme les cloches du dimanche
Tous les galets des saints ruisseaux.
Merveilleuse mélodie des jours,
les foins hauts comme la maison,
Le chant des cheminées,
le vent adorable dansant avec le pluie
Le feu, vert comme l’herbe
Et la nuit sous les simples étoiles,
Comme je glissais dans le sommeil
Les chouettes transportaient la ferme au loin
Et j’entendais voler sous la lune
Bénies par les bêtes des étables
Les engoulevents avec les meules de foin
Et devinais l’éclair des chevaux dans la nuit.
Et puis me réveiller et retrouver la ferme
Comme un errant dans la blancheur de l’aube
Qui regagne enfin son pays,
Un coq perché sur son épaule.
Le monde était alors comme le jardin d’Eden,
le ciel venait d’éclore,
Le soleil de jaillir, tout comme au premier jour,
La pure lumière d’être tissée.
Les chevaux ensorcelés
Quittaient la chaleur hénnissante des étables
Pour la gloire des prairies.
Et honoré parmi les renards et les faisans,
Près de la maison joyeuse,
Sous les nuages nouveaux nés,
Et heureux tant que le coeur était fort,
Dans le soleil renouvelé,
je courais parmi les chemins insouciants,
Mes voeux lancés dans le foin
Aussi hauts que la maison,
Et je me moquais bien dans mon commerce avec le bleu du ciel
Que le temps n’accorde, dans son cycle mélodieux,
Que si peu de ces chants matinaux
Avant que les enfants verdoyants et dorés
Ne le suivent hors de la grâce.
J’ignorais en ces jours candides comme des agneaux
Que le temps m’emporterait bientôt dans ce grenier
Rempli d’hirondelles à l’ombre de ma main,
Dans la lune toujours montante
Et que, galopant vers le sommeil
Je l’entendrais voler par les moissons
Et m’éveillerais dans la ferme
Chassé à jamais du paradis de l’enfance
Oh ! Je fus un enfant rayonnant sur le chemin de grâce
Et le temps me retenait verdoyant loin de la mort
Tandis que je chantais dans mes chaînes
Comme la mer.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.
Bien que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur
est mérité,
Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.
Les hommes bons, passés la dernière vague, criant combien
clairs
Leurs actes frêles auraient pu danser en une verte baie
ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.
Les hommes violents qui prirent et chantèrent le soleil
en plein vol,
Et apprennent, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa
course,
N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.
Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue
aveuglante
Que leurs yeux aveugles pouraient briller comme
météores et s’égayer,
Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.
Et toi, mon père, ici sur la triste élévation
Maudis, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes,
Je t’en prie.
N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit.
Rage, enrage contre la mort de la lumière.
(Dylan Thomas, « Vision et Prière » et autres poèmes, traduction et présentation d’Alain Suied, NRF, Poésie/Gallimard)
Fern Hill
Now as I was young and easy under the apple boughs
About the lilting house as the grass was green,
The night above the dingle starry,
Time let me hail and climb
Golden in the heydays of his eyes,
And honoured amoung wagons I was prince of the apple towns
And once below a time I lordly had the trees and leaves
Trail with the daisies and barley
Down the rivers of the windfall light.
And as I was green and carefree, famous amoung the barns
About the happy yard ans singing as the farm was home,
Il the sun that is young once only,
Time let me play and be
Golden in the mercy of his means,
And green and golden I was huntsman and herdsman, the calves
Sang to my horn, the foxes on the hills barked clear and cold,
And the sabbath rang slowly
In the pebbles of the holy streams.
All the sun long it was running, it was lovely, the hay
Fields high as the house, the tunes from the chimneys, it was air
And playing, lovely and watery
And fire green as grass.
And nightly under the simple stars
As I rode to sleep the owls were bearing the farm away,
All the moon long I heard, blessed amoung stables, the nightjars
Flying with the ricks, and the horses
Flashing into the dark.
And then to awake, and the farm, like a wanderer white
With the dew, come back, the cock on his shoulder : it was all
Shining, it was Adam and maiden,
The sky gathered again
And the sun grew round that very day.
So it must have been after the birth of the simple light
In the first, spinning place, the spellbound horses walking warm
Out of the whinnying green stable
On to the fields of praise.
And honoured among foxes and pheasants by the gay house
Under the new made clouds and happy as the heart was long,
In the sun born over et over,
I ran my heedless ways,
My wishes raced through the house high hay
And nothing I cared, at my sky blue trades, that time allows
In all his tuneful turning so few and such morning songs
Before the children green and golden
Follow him out of grace.
Nothing I cared, in the lamb white days, that time would take me
Up to the swallow thronged loft by the shadow of my hand,
In the moon that is always rising,
Nor that riding to sleep
I should hear him fly with the high fields
And wake to the farm forever fled from the childless land.
Oh as I was young and easy in the mercy of his means,
Time held me green and dying
Though I sang in my chains like the sea.
–
Romain Verger- Ascension
Romain Verger, à l’écriture foisonnante, est l’auteur de « Grande Ourse », et plus récemment « Forêts noires », que je recommanderai pour la richesse de la langue et des images…
De ses parutions « feuilleton » de ses sept collines
C’est arrivé. D’un coup, sans douleur. Comme une dent morte extirpée d’une gencive blette. À chaque pas, la membrane gluante qui nous enveloppe se lézarde au coude et au genou, se déchire et tombe au sol en lambeaux.
Corps aimé j’étais, devenu étranger, rejeté et abandonné au jour cru, à pied d’œuvre : l’impressionnante ascension qui m’attend! Droit devant, mais jusqu’où ? C’est une cascade inversée de pâturages et de frisons ponctuée d’enrochements d’une blancheur d’os ou de meringue. Et ça monte vers la lumière, se répétant à l’infini. Un sol étagé, hérissé de séracs curieusement souples, qui appesantissent le pas. Et l’écorchée qui pèse, enroulée autour de mon cou, la tête engoncée dans ma peau pour fuir la lumière. Quand je détache le regard du sol, j’ai bien les yeux qui brûlent encore un peu — depuis quand n’ai-je plus vu le jour ? — mais elle… l’a-t-elle seulement connu ? Exposée au soleil, sa chair cramoisie ruisselle dans mon cou, d’un sang mêlé d’humeurs. Elle sue ou saigne, quelle différence ? Une caresse, une simple torsion de ma tête et la bête se liquéfie. Alors je sens ses griffes et crocs s’enfoncer dans ma peau, y fouiller pour retrouver le noir d’où nous venons.
Je monte. Je monte ébloui. La colline étincelle. Au loin, certains rochers ont des allures de villes suspendues. On y grouille et le lait de tigresse coule en abondance. Allez petite ! Accroche-toi !
—
La chaise du dormeur (RC)
Hommage à Henry Moore ( le célèbre sculpteur anglais)
–
La chaise du dormeur
est au sommet de la colline
Si elle promet le repos
C’est après de longs efforts d’ascension
Que l’on voit ses pieds de bronze
Scellés sur la roche
Le roi et la reine, échappés
peut-être d’un échiquier
Déjà arrivés, ont occupé la place
En laissant la partie se dérouler
Dans la vallée que déjà le soir remplit
De frissons et d’airs gris.
Des souverains, la couronne
A déjà servi d’abri
Pour construire un nid
A un couple d’étourneaux
Venu apporter comme cadeau
Le premier baiser de la lune.
—
Traces du futur en plans lointains (RC)
Si la forêt semble s’épaissir, le sentier s’étrécir
Au détour du trajet, les lieux semblent s’évanouir
La certitude tremble, et fait place aux suppositions
Les repères ,effacés par les ans, autant de questions
Qui émergent, et traquent, ce pas et le suivant
Au point de nous laisser , refrain obsédant
Une saveur trépassée, d’un mouvement sur place
Que des rubans de brume, enlacent
A la mesure du temps, aux promesses du futur
La suite des collines, semble nous offrir un mur
De perspectives basculées en escalades indécises
Qu’il faudrait qu’un grand-œuvre précise
Et nous guide, comme Ariane, sur l’étroit chemin
Ou le petit Poucet, des cailloux de sa main
Pour accomplir le destin, encore à concevoir
Qu’en partant, on n’a fait qu’entre-voir.
En parvenant malgré tout au premier sommet
Le paysage s’étale en tapis d’autres forêts
Espaces, lacs, dunes, et précipices
Se faisant suite, sans artifices
Le sommet, une colline bien basse
Au regard des horizons qu’on embrasse
Portant sur des distances insoupçonnées
Montagnes et plateaux moutonnés
Seront les futures étapes à franchir
Et peut-être laisser, pour l’avenir
Au delà d’autres monts, l’espace
Garder, provisoirement une légère trace.
RC 14- 01-2012
( variation sur « un homme sachant omettre » ) voir le blog de « les idées heureuses »
texte de R. L. Stevenson à Will H.Low…
R. L. Stevenson étant l’auteur, justement dans le contexte du voyage, de Voyage avec un âne dans les Cévennes
—–
A titre d’information » Ce pas et le suivant » est le titre d’un roman superbe, ne serait-ce que par sa science des mots et des phrases, de Pierre Bergounioux, cité deux fois dans mes publications précédentes. Livre au souffle fort, édité chez Gallimard.
—-
Eugène Durif – L’étreinte, le temps 06
Voix voilées de brume.
D’un seul tenant, comme
elles tombaient devant nous les maisons étagées des collines.
Le jour glissant à sa perte,
à peine bougions-nous
pour un peu de lumière.
Jean-Jacques Dorio —- Lorca

29 janvier 2006
LORCA
tiré d‘un des premiers posts de Jean-Jacques Dorio, visible à l’adresse suivante
C’est une poésie
Où les fleurs recouvrent la peur
Où le vent court rouge sur la colline
Et vert près du ruisseau
Où le coeur des enfants
C’est une poésie
Que l’on ne lit plus guère
Maladroite Endormie sur les lèvres
Un éventail de lunes et de mules
Qui caracolent entre chansons
Et paysages habités par les mots
Leurs cavaliers sont morts
Ou peut-être se balancent-ils encore
Dans quelque grande rumeur dorée
Jean-Jacques Dorio
Sur la croisée des chemins (RC)
–
Sur la croisée des chemins, en ondules et creux,
du paysage c’était sa main
des traces qui menaient quelque part,
sans doute, mais où?
je ne savais rien de l’après ,
de ce qu’ était derrière la colline du lendemain,
la boule de cristal peut-être, – c’est sûr -,
les lignes de la main, encore,
m’auraient lu mon destin,
mais j’ai préféré continuer ma route,
avec toi, la main dans la main
–
et la traduction en espagnol que m’a gentiment fait parvenir Josephine Coll…
En la encrucijada
–
En la encrucijada, en ondulaciones y oquedades
del paisaje era su mano
huellas que llevaban hacia algún rumbo,
sin lugar a dudas, pero ¿a dónde?
del después yo lo ignoraba todo
de lo existente detrás del monte del mañana,
la bola de cristal quizás, — es cierto–,
las líneas de la mano, más aún,
me hubieran desvelado mi destino,
mas preferí proseguir mi travesía
contigo, cogidos de la mano
Ce texte est un commentaire à partir du thème original proposé par Juliette, et repris par JoBougon..
comme elle a fait un autre écrit dans le même sens que je cite ici, je lui ai fait la réponse suivante hier ( plus bas)…
———
Invitation
La banquise ne sied guère
A la passion torride
Venez-donc très chère
Avec moi parcourir
Le monde et ses secrets
Et s’installer qui sait
Sur la plage du désir
Qui attend nos soupirs
Puisque c’est la chaleur
Mariée à la douceur
Qui fait vibrer mon cœur.
Jo
——–
Chère toi…
tu sais tout de mes vibrations
de mon âme en sensations
de mon âme en ascension
et de mes tensions
Nous alons patiner dans les moules
Tamiser la semoule
Découper la banquise en dés
En faire chasse gardée
Et garder les glaçons
Pour faire à l’hameçon
De la pêche miraculeuse
Abondance merveilleuse
En plaisirs friandises
Qu’avec toi j’autorise
A partager moments
Au bal des amants…
–