la fuite éperdue du langage – ( RC )

Ici ce sont des mots
accrochés aux poteaux.
Ils balbutient,
aux orgues du couchant,
et peut-être que le concertiste
a pris les devants
avec mille et une variations,
du cor nu
qui délaisse les bois
pour résonner, ingénu
sous d’autres climats
d’autres lois .
Et ce sont celles de la ville
qui indiquent au passage
la fuite éperdue du langage
emporté par la symphonie urbaine.
Lire ce récit comme une partition
serait bien chose vaine :
Jusqu’aujourd’hui on n’a jamais pu
en faire un poème
à portée de rue :
un cor nu
n’est pas ce corps nu
allongé sur un piano
qui tenterait de lire les mots
accrochés aux poteaux.
Il rêva ce cor nu – (Susanne Derève)

Il rêva ce cor nu
l’olifant
un cerf filant sous la ramée
une tendre biche aux abois
et leur fuite éperdue
les orgues du couchant
la mise à mort la curée
Il rêva d’un corps nu
plus pur qu’un corps d’enfant
de la douceur des draps
sur sa peau de son rire ingénu
Il rêva d’être amant
Il rêva d’un cor nu
rêve de concertiste
dans une symphonie
portée par les hautbois
si fervente et si tendre
qu’il s’éveilla tremblant
se demandant
qui de la mort
ou de l’amour
viendrait le prendre
(inspiré d’une des pancartes de rue de Recouvrance )