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Quelques notes de piano au fond de la bassine – ( RC )


 

C’est un triste matin
dans un Paris déserté
où l’on s’imagine voyager
au-delà des toits de zinc:

un de ces longs jours d’hiver
si pluvieux
qu’on ne peut espérer mieux
que les pensées d’hier

Elles nous jouent cet air
la chanson perpétuelle
de l’eau qui ruisselle:
la chanson de la gouttière

( quelques notes de piano
au fond de la bassine … )
une chanson citadine
à défaut de concerto .

RC – mars 2020

à partir d’un texte  de Susanne Derève:   » Ce pourrait être »

 

Une note

je dirais de piano

Un toit de zinc

l’eau 

Ce pourrait être la mer
la mer n’est jamais loin

Ce pourrait être un air
de flûte
un concerto en ut

Ce n’est que la gouttière

à l’angle du perron

par un matin d’hiver

pluvieux

pluvieux

pluvieux

  

qui chante la triste chanson

des adieux


Que faire de sa main droite ? – ( RC )


image extraite  du  « chien andalou »  de Luis Bunuel & S Dali

 

Que faire de sa main droite
quand la gauche prend toute la place… ?
–   déjà, on peut s’appuyer
sur le côté du piano,
la distraire par de petits objets,
faire des allées-venues
en frôlant les touches d’ivoire,
écraser la cigarette
qui s’est consumée,
sans que tu t’en aperçoives
pendant que tu jouais,
le concerto pour la main gauche :
( c’est le cadeau de Ravel pour Wittgenstein,
lui qui revint des combats
sans le bras droit ) .

Que faire de sa main droite,
quand elle ne parle pas
ou devient un accessoire ?
La laisser tomber
comme une feuille morte,
devenue froide et mutique,
détachée des rêves coupables ,
la coller à un autre endroit,
–      qu’elle trouve le chemin des épaves.
On en distingue les stigmates,
qu’elle puisse aller chercher des croissants
et fasse partie d’un collage surréaliste,
pouvant blanchir à loisir
si l’orchestre communie avec la gauche .


RC – juill 2018


Je repasse inlassablement le même air – ( RC )


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Je repasse inlassablement le même air,
–  comme pour vérifier que rien n’a changé.
Ainsi, faisant face à un paysage renouvelé :
je m’assure que les rochers sont bien à leur place.

Les accords se suivent,       sans fausse note,
et même,       on oublie qu’il y a une composition,
des musiciens,          chacun à leur instrument,
l’oeil rivé sur la partition,
emportés par le flux de sons,
s’y fondant littéralement .

L’oreille s’est faite familière ,
moulée dans la forme du concerto,
les prestos ,        les andante ,
suspendue au défilé des mesures .

Il n’y a pas de surprise,
–   pourtant on attend le thème,
sous les doigts du pianiste
comme s’il venait de fleurir à l’instant,
creusant son sillon
d’une fraîcheur renouvelée .

Les cordes se superposent,
s’entraînent l’une l’autre dans un entrelac,
où les archets caressent la mélodie,
ou lui répondent .

C’est un flux d’amour,
d’une alchimie savante,
qui parait pourtant spontanée ,
née du souffle des cuivres
et du rythme lancinant des basses,
comme un orgasme sonore qui enfle .

….enfle et finit par se déverser,
à la manière de la grande vague d’Hokusaï :
( on en vient même à regretter la progression de la musique,
lorsque le finale s’achève,                  et que le disque s’arrête )  .


RC – sept 2017