![Matthew Saba - Breathing [2015].jpg](https://ecritscrisdotcom.files.wordpress.com/2016/09/matthew-saba-breathing-2015.jpg?w=590)
peinture: Matthew Saba – Breathing – 2015
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Dans la maison arrive, sans prévenir et pour quelques jours, un journaliste de radio assez connu.
La maison étant pleine, il dort, comme tous ceux qui font escale ici, sur un canapé du salon, et ne semble pas souffrir de la chaleur, ni de la promiscuité, ni de rien.
Agités comme nous le sommes, nous apprécions son élocution tranquille, son timbre posé, la texture de sa voix, le son apaisant qu’elle produit – l’apaisant son France-Culture -, nous le faisons donc parler, prêts à entendre n’importe quoi de cette voix, un bon vieux conte de Noël, un récit de pêche, et, en écoutant, nous apprenons qu’il a autrefois fait un peu de prison – ce que ses auditeurs en principe ignorent.
Nous le faisons donc parler de la prison où aucun de nous n’est allé, et dont il se rappelle essentiellement les bruits et les résonances métalliques.
Ainsi que l’odeur. L’odeur de la prison – où, nous dit-il, il écoutait déjà France- Culture – est très proche de l’odeur des studios de la Maison de la radio – où il retrouve celle de la prison.
La preuve en est les anciens prisonniers, désormais écrivains ou scénaristes, qu’il lui arrive d’inviter dans son émission.
Il les voit, à peine assis, renifler l’air du studio, parcourir du regard les murs capitonnés, s’attarder sur la vitre fumée qui sépare les gens de la technique, approcher leur nez de la mousse du micro, avec le résultat qu’ils deviennent nerveux.
Il est en effet, nous dit-il, impossible de se débarrasser tout à fait de l’odeur de la prison qui resurgit çà et là à l’improviste alors même qu’ayant purgé notre peine nous sommes supposés avancer dans l’existence d’une âme tranquille et dans nos habits neufs.
En aucun cas naturellement nous ne conservons à l’extérieur nos habits de la prison, nous laissons ces habits à l’intérieur de la prison, à la disposition de nos camarades encore détenus, ou bien nous les fourrons dès notre sortie dans la première poubelle que nous rencontrons, après quoi nous n’avons en tête que de nous frictionner la peau sous une interminable douche.
Mais les jours passant, jours de supposée liberté, nous finissons par comprendre qu’il est parfaitement illusoire d’espérer la disparition de cette odeur dont nous sommes en réalité infectés jusqu’à la moelle de nos os, et qui, où que nous allions sur cette terre, est comme un signe d’appartenance par lequel nous nous reconnaissons entre nous.
De sorte que, dit-il, pour ce qui est de ces anciens prisonniers que je reçois à la radio, vient le moment où c’est moi qu’ils se mettent à scruter, quelques secondes à peine, et les voila tranquilles.
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extrait de « Une île ». V Bizot Actes/sud 2014
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09/10/2016 | Catégories: Art, auteurs à découvrir, peinture | Tags: canapé, conte, disparition, douche, fumée, habits, journaliste, métalliques, Noël, peine, poubelle, prison, promiscuité, studio, technique, véronique Bizot, voix | 1 commentaire

art – manuscrit perse
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Des mille et une nuits
Voila l’humeur voyageuse
D’objets, l’abondance et l’envie
C’est cette histoire merveilleuse;
L’escadrille de tapis volants
Au souvenir des parfums d’orient
Celle des roses d’Ispahan
Qui berce l’esprit des enfants …
Il est question de diamants
D’or et d’objets, de bandits
Dans l’obscurité les yeux agrandis
Captent des éclairs d’objets brillants
Abondance à remplir son cabas
» C’est un hasard heureux
Qui m’a fait pénétrer ces lieux
Se dira, rêveur, Ali Baba
Je n’ai pas pu en faire le compte
De tous ces objets de valeur
Détenus par quarante voleurs »
( enfin, c’est ce que suggère le conte)
Tant de richesses rendrait avide
Si on les savait quelque part
La misère est partout, chacun réclame sa part
Et réchauffe les esprits cupides…
Ou bien c’est un objet précieux
Qui permet d’exaucer les voeux,
D’avoir tout ce dont on manque
Et de faire « sauter la banque »
La lampe d’Aladin contenait un génie
Qui faisait de son mieux
Pour rendre les hommes heureux
Surtout pour les plus démunis…
Une demande pour l’avenir ?
Et ceci, à quel tarif ?
Devenir calife à la place du calife ?
La lampe à huile va tout vous dire…
Mais attention, à ce qu’on croit
Faites bien votre choix
Les voeux se limitent à trois
Au delà vous pouvez faire une croix…
Et attendre des jours meilleurs
Assis dans la poussière
Vivant dans la misère …
A attendre le bienfaiteur…
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Je conte sur lui…
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RC – 22 et 28 juin 2012
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06/28/2012 | Catégories: Art, d'images, fine arts, les arts nous parlent, mythology, self creation | Tags: banque, brillant, cabas, chabriere, compte, conte, diamants, enfants, heureux, manque, nuits, or, poussière, précieux, tapis, voeux, voleur | Poster un commentaire