Poppies – (Susanne Derève) –

Ne crois pas que les coeurs s’éteignent Poppies coeurs charbonniers le vent s’en joue et les malmène froisse leurs pétales à regret Ainsi agaçait-il les jupes rouges des filles le vent avec ses ailes bleues de paon feu follet sur la lande palpitant sous la boue et la nuit comme un cierge brûlait à nos genoux Lande brune de bruyères et d’ajoncs croix des calvaires jaunies de mousses la pierre sous nos doigts était douce et les lointains noyés dans les brumes d’été résonnaient de la mer la grande Ourse de sel sur les sables déserts Poppies ne crois pas que les coeurs s’éteignent Là où les champs de blés essaiment leur butin on voit parfois des fleurs aux croisées des chemins un sanglot rouge que noie le vent marin
Miguel Veyrat – Il cache le feu ( à la mémoire de Paul Celan )
Il cache le feu »
Il cache le feu
dans les bassins de la mort récente
Et regarde la voix indiquant
un saut léger
à d’autres seins:
Mémoire d’une l’eau agitée par le vent
souvenir de brûlure,semelles de mémoire , vapeur d’ombre
qui ne laisse pas de sillage,
ou tremblements
dépôt à la mémoire. Voile sanglante
ceux dont la mémoire
ne se rappelle pas
et n’ont jamais choisi d’être catholiques ou juifs:
Mémoire de coquelicots dans la neige.
Feux. Pentes confuses. Zones de tirs.
Miguel Veyrat
Dans ‘ contre-jour» (Onze poèmes à la mémoire de Paul Celan) – tentative de traduction RC, de
“Se esconde el fuego”
Se esconde el fuego
en las cuencas de los muertos más recientes
y aguarda la voz que indique
el salto leve
hacia otros pechos:
Memoria de agua agitada por el viento
que arde, memoria de soles, vapor de sombra
que no deja estela,
ni trémula
gota a la memoria. Sudario sangriento,
memoria de aquellos
que no recuerdan
haber nunca elegido ser católico o judío:
Memoria de amapolas en la nieve.
Fuego fatuo. Confusas laderas. Zona de tiro.
En “Contraluz” (Once poemas en memoria de Paul Celan)
Ed. Los Cuadernos del Céfiro (Breviarios poéticos) 1996©
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Claude Minière – je reprends la main
………..je reprends la main
à la bonne vitesse
dans la courbe penché
sur la ligne du cercle
blanc sur noir
l’inconnu comme conscience
comme rail matériel et abstrait
comme écoutant le sol trembler
je reprends la main
à la limite de l’adhérence
le pneu soudain quittant la chair du bitume
perdant le contact, le fil
Je reprends la main
je me reprends par la main sur le tapis vert
de la vérité chorale des pâquerettes
du sang des coquelicots
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Sedna – Sanguine
J’ai apprivoisé les feux du soleil couchant
Pour les clouer sur nos deux cœurs pastel
Combinaison d’écumes chauffées à blanc
Offertes au soir comme un reflet du ciel.
Voici que dans le lac de mes yeux ouverts
Ton bâtonnet s’approprie l’eau lacrymale
Pour tenter une esquisse à ras de terre,
Caresser de sa brume, l’horizon pictural.
Sur le sable rouge des pensées bonheur
Nos corps portés par les désirs hématite
S’envolent vers le grand large sans peur
Abandonnant les ombres qui s’irritent.
Là-bas, c’est l’hiver qui roule sa bosse
Le long des sentiers où le pas s’enlise.
Ici, les heures s’habillent et endossent
Un drapé arabique aux couleurs cerise.
Sur les carnets où dégouline ton talent
Le chuchotement de nos mains bouscule
Le silence allongé sur la ramure du vent
En filigrane, nos bouches se congratulent.
Si mon regard est rempli de tes étoiles
C’est avec ton sourire qu’il se nourrit
Tout comme ma plume, qui sur la toile
Essaie avec toi, une autre chorégraphie.
Au verso des rêves, des perles d’amour
Se sont échappées d’une romance perdue
Pour envahir l’ébène de tous ces jours
Chassant les étés de coquelicots repus.
Et le fusain improvise des flous voluptueux
Installe les soupirs au bord de nos racines
Nous invite sur le rivage du merveilleux
J’aime être là, avec toi, sur la sanguine.