La figure de proue , interroge les siècles – ( RC )
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Quelque part dans le manteau d’eau
Se rencontrent des formes,
– elles n’ont rien de géométriques –
Assouplies aux contacts des courants,
Elles glissent, parfois l’une à côté de l’autre,
Se regardent avec curiosité,
Des cousins lointains,
Dont on aurait oublié la langue…
Et puis ces hommes carapaces,
Se risquant à quitter la terre ferme,
Et reliés d’un tuyau à l’atmosphère
Du sable meuble sous les semelles de plomb,
Communiquant par signes,
Intrus en scaphandriers,
Frôlés par des raies manta,
Aux lentes évolutions sombres.
Les rubans d’algues pendantes,
Les lumières feutrées d’un soleil
Remué de vagues, – plus haut –
Les bancs de poissons argentés,
Jouent, furtifs ,
Dans le gîte de l’épave d’un voyage arrêté
Dans le silence liquide,
Il y a trois cent années.
Les humains d’aujourd’hui, inspectent sans scrupule,
Le vieux navire , de coquillages incrustés ,
Et ces longues années , au sens propre , écoulées,
Eléments étrangers, venus crever la surface lisse
Du secret des eaux… réunis…un peu comme la rencontre ,
Sur la table de dissection – de Lautréamont
D’une machine à coudre et d’un parapuie.
Le regard vide de la figure de proue , interroge les siècles.
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RC – février 2014
La mer, que l’on voit danser ( RC )

peinture : Georgia O’Keefe
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La mer, que l’on voit danser
Et se jeter sur les rochers, encore
Et encore, comme des chiens voraces
Sur ce qu’il reste de terre
A dissoudre et avaler, en taisant le temps
– Qui s’étire, à faire des demains,
Les ressacs violacés
De profondeurs de nacre,
Les chevelures d’algues affolées
Au milieu de l’écume.
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Le sable fauve, participe à ce destin..
Et on ne sait, s’il appartient encore
A la terre, ou au liquide
Ou l’écume du temps, portée des courants
Et des vents, jaloux des éléments ;
Il se tisse en cordons blonds,
S’accroche en dunes, aux reliefs,
Reliant , le temps d’une marée,
Les cachant,
Au gré de ses sanglots,
Tout un monde, …. loin de la surface.
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Ce large, – si large
….. Qu’embrassent les courants
A l’écart des légèretés d’atmosphères
Où même la lumière se fait discrète,
Au sein de l’épaisseur secrète
Que parcourent rarement les hommes,
Cuirassés de combinaisons et scaphandriers
Où évoluent des bancs de poissons chatoyants
Aux détours de plages et rochers, ……… posés là
Sur le fond, – …..et les épaves aussi,
– Sentinelles inutiles d’une autre époque.
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RC 23 avril 2013