Gazelle – (Susanne Dereve)

scène d’art préhistorique
Fuir, fuir comme une gazelle
une frêle antilope à travers les hautes herbes de la savane
la terre nue, et les broussailles sèches
Se délester de tout
et ne garder qu’une pure image de toi
me parlant de couleurs
Un volcan au Havre – ( RC )
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L’esplanade aurait pu continuer,
Indéfiniment.
Il suffisait d’aligner les plaques de béton.
Tant que l’espace le permet ,
Entre les barres d’immeubles ,
Sans accroc.
Propice aux courses folles,
Où viennent voleter
des sacs en plastique .
Il y a encore les traces de peinture renversée,
Puis les arcs sombres
laissés par les pneus des voitures.
C’est un espace sec, infertile,
De plaques préfabriquées,
Où la ville a chassé ses arbres.
On s’étonne de voir une frêle silhouette le traverser.
Incongrue.
Comme un scarabée sur une plaque de cuisson.
Et encore davantage
lorsque le gris uniforme,
Est stoppé net,
Par les pentes blanches, abruptes,
D’un Fuji-Yama,
Surgi, là où on l’attendait pas.
Une envolée de l’esprit,
Prenant ses racines au sein même du banal,
Décisive.
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RC – dec 2014
Histoire, as tu encore un royaume ? – ( RC )

Louis Philippe en poire – caricature de Daumier
Histoire, as tu encore un royaume ?
Je ne me souviens plus des dates,
Des héros des gravures des manuels,
Clovis, Courtisanes en crinoline, Louis-Philippe en poire…
… Est-ce grave ?
L’oubli tricote l’effacage de la mémoire,
On ne retient souvent que les mariages princiers,
Les heures de prestige – trompettes sonnantes,
Fêtes somptueuses et feux d’artifices,
Galerie des glaces et parquets cirés, – au château,
Les enfilades de pièces,
Inhabitées, ne sont plus que décor,
Un vernis où une peau d’apparence,
Ne soutient que l’absence,
Comme ces bois dévorés de termites.
Tout est brouillé,
Offert à la béance des jours.
Et le vide,
D’un bleu , aspirant la distance,
M’observe dans l’obscurité.
Pendant que les eaux lasses,
Continuent leur course sous les ponts.
…. Il passa ainsi dans la Seine,
pourtant si familière aux touristes
Tant de cadavres…
Et l’histoire se répète ,
De la Saint-Barthélémy
A l’octobre noir des Algériens…
Comme justement l’eau se renouvelle,
Et passe en silence,
> La vertu des faits d’armes,
Porte , incrustée, son revers de doutes,
De lâchetés,
Passées sous le filtre du silence.
Histoire, as tu encore un royaume ?
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RC- 4 octobre 2013
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Course recommencée de la rivière ( RC)
aquarelle- Shay Clanton
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A l’abri des saules,
L’ombre légère se courbe,
Et effleure le courant,
Où passent furtifs,
Des éclairs d’argent.
Des feuilles jaunies
D’un calme après-midi,
Suivent à quelque distance,
Le défilé des heures
Qui les portent au loin.
Il n’ y a de bruits,
Que l’envol des oiseaux,
L’écho du bruissement des flots,
Contournant les branches,
Dépassant de l’onde.
A peu de distance de l’île,
Le pêcheur immobile,
Reste debout
Dans ses bottes de cahoutchouc,
Et laisse filer le temps.
Dans un autre univers,
D’ors et de verts
Les points de soleil ricochent,
Autour de quelques roches,
Que les truites contournent.
La lumière invente ses fins de jours,
Et se pose en détours,
< Sans se souvenir d’hier,
Ni des poissons, des hameçons,
La course recommencée de la rivière..
Les pieds dans les bottes, humides,
Le pêcheur , son panier vide,
Ne veut pas forcer la chance
Que la ligne se tende et mouille,
Qu’importe de rentrer bredouille…
RC – 17 juillet 2013
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Feuilleter le recueil des causses ( RC )
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Texte en rapport avec « A la mer retirée »
Causse Méjean – reliefs et neige – ( toutes photos présentes ici : perso – me contacter pour une réutilisation éventuelle )
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Des bouffées de lumière,
décrivent ,mieux que je ne ferais,
le recueil des causses.
Encore striés sous les neiges,
piquetés d’impatientes pousses, et de bruns.
A chaque détour, le savoir lire ,
du vent de l’ivresse,
épouse les accidents des collines,
chapeautées de bois sombres.
Le dialogue menu des eaux, serpentant dociles,
puis, rassemblées, mugissantes,
De chants clairs cascadeurs,
et résurgences vertes.
Le pied des pentes abruptes,
surplombées de témoins sévères, verticaux
Une route mince, s’essaie à contourner
ces vases de pierre,
Pour plonger dans une vallée étroite,
encore habitée par l’obscur,
Dispensée des lignes orgueilleuses,
des ponts de béton.
Et le silence matinal, n’est habité
que de spirales lentes
Des vautours, glissant sous des écharpes
blanches, effilochées ,portées par la brise.
Peu importe la route
Ses dévers et sa course,
Soumise au caprice de la rivière,
Ou lancée sur les plateaux.
La constance du roc
Ou le moelleux des terres.
Le paysage reste une porte
Feuilletant le passé calcaire
D’un océan, son souvenir
Enfui
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RC – 19 mai 2013
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Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse Méjean – restes de neige
Causse de Sauveterre, vers Montmirat
Vallée du Tarn au dessus de St Chély
Arbre illuminé entre rocs St Chély-du-Tarn
« couple »: rochers ruiniformes vallée du Tarn
Sainte Enimie, Vallée du Tarn, résurgence de la Burle
Sainte Enimie, Vallée du Tarn
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Causse de Sauveterre, environs de Champerboux |
![]() |
Causse de Sauveterre, environs de Champerboux
Article visible aussi sur mon site de photos des causses .
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Il est des paroles précieuses ( RC )

installation: Michael Heizer
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Il est des paroles précieuses,
De celles qui dessinent un contour inoubliable
A travers l’air, à travers l’espace d’une page.
Il est des voix, qui traversent les époques,
Marquent la peau des mots
De la couleur des choses précieuses,
Et qu’il serait inutile de taire, d’enfermer dans une boîte,
Et de soustraire au monde,
Comme celui qui enfouit son or, sous la terre.
Celle-ci a beau garder ses secrets,
Sous l’épaisseur nourricière, parcourue de racines,
On y trouve quelquefois des bijoux, et quelques pièces,
Mais surtout des cadavres, qu’il est plus décent
De cacher aux yeux des vivants,
Et de cacher aussi les crimes, des mêmes vivants,
En attendant l’oubli, – à défaut de pardon
Et le retour à la terre…
Sous elle, – beaucoup de silence,
De la glaise collante et des pierres lourdes,,
Mais , des pensées et des voix, point ;
– Elles ont besoin des vivants
Pour continuer leur course,
De bouche en oreilles, d’écriture en lecture,
– De pensées en pensées, comme ricochant
Sans s’arrêter sur un fleuve devenu très large,
Que chacun alimente, à sa façon.
Il est des paroles précieuses,
Marquées de la peau des mots,
Qui coulent de source
Et leur couleur importe aussi , peu,
Sans jamais les enfouir
Dans son corps
Ou au creux de la terre.
— > Il suffit de les écouter.
–
RC – 22 avril 2013
–
écrit en relation avec un texte précédent:
–
le bois des mots ( RC)
une réponse à
« De quel bois sont faits les mots »
–
Si les mots se refusent à lui
Lesquels ne coulent plus de source
C’est dire aussi, le reflux, celui
De l’inspiration arrêtant sa course
Des idées , qui n’ont plus de sens
Le texte en dérive, partant à vau-l’eau
Ne résonne plus que d’absence
Quand le poète cherche dans son stylo
Le temps qui s’est arrêté. L a fluidité
De l’écrit et des motifs qui s’enchaînent
Au naturel, et sans difficulté
Et que nul questionnement ne freine…
Il n’est même pas question de talent
Celui dont la pensée, veut le partage
Ira toujours , porté en avant
Ne faisant pas ,des phrases en friche, une cage…
RC 10 mai 2012
–
Sous la voûte noire des tropiques (RC)
Comme un rêve de voie lactée avec étoiles vertes
Sous le signe du singe, ce singe serait-il en hiver
En tournant autour de la terre,les galaxies offertes
La balance d’un soir, balançoire, envoyée en l’air
Les éléphants,zébus,buffles au rendez-vous
Des humains endormis sous la couette des nuées
Castors pumas si élégants, le savez-vous ?
Chameaux, chèvres et cochons, au milieu du marché
C’est avec fraternité retrouver vivante ménagerie
Jolies , jolies bulles en frasques douces
Le concert des pintades aux branches, confrérie
Réveille tortues, serpents et hyènes rousses
Les constellations animalières ont changé d’ordre
A la tête renversée, j’ai perdu la grande ourse
Et la petite aussi. Girafe, girafon, il aurait fallu tordre
Le grand cou , encore, pour rattraper sa course.
texte inspiré de celui de JOBougon:
Robert Piccamiglio – Midlands – 03
En poursuivant le partage d’extraits du livre du poète Robert Piccamiglio, et le souffle de son récit épopée… ( noter que, comme moi, R Piccamiglio – le savoyard -, apprécie l’esprit particulier des récits de Richard Brautigan,, dont j’ai publié il y a une semaine un extrait…
RP, dont j’ai déja publié des textes ici... et LA
Puissant, fier, Indestructible.
Tranchant à même l’absurde de la vie
et de la terre qui s’étonne de nous
Puis s’étale d’elle-même
dans les saisons
garnissant l’impitoyable silence.
Mais que reste-t-il à raconter
Et surtout à qui ?
Même ces murs je les sens si faibles
accrochés désespérément à la triste couleur du papier.
D’une terre sans racine,
D’une branche innombrable, Multiple, sans écorce.
D’une écorce sans nourriture
pour se fixer au tronc moelleux de l’arbre
A notre image
Puisque nous nous ressemblons L’arbre,l’écorce, l’homme
Partageant toutes ces paroles oubliées.
Avec cet argile si faible
entourant le coeur.
Comme la tristesse du papier
entoure les murs assoupis de la chambre
_ Ouvre-moi tes bras !
Dis-moi je t’en prie quelle histoire
de vie ou de mort , s ‘il me reste à raconter.
Et que tous les échecs passés ne soient plus que triomphe au seuil de l’impitoyable course.
Une nuit. ! Une seule nuit d’espérance
—
NB: R Piccamiglio est l’auteurs de nombreux récits, poèmes, romans, pièces de théâtre…
Midlands, dont sont extraits les textes présentés, est publié par les éditions Jacques Bremond ( à Remoulins, Gard)
—
Roland Dauxois: – Le vent soulève des présages
Le vent soulève des présages,
nous allons vite, tous les vivants vont trop vite,
et le coursier noir qui emportait lénore
nous emporte aussi en une course absurde.
Nous allons vite, tous les vivants vont aujourd’hui trop vite
en abandonnant la lenteur
nous avons peu à peu déserté les paysages de la pensée.
Que nous importe de rejoindre une autre rive lointaine
en quelques heures ou minutes
si notre esprit est enchaîné à ce corps
mué en un seul véhicule,
que nous importe cette liberté
si la distance amoindrie dans l’espace physique
devient un gouffre pour nos rêves.
Merci à Roland Dauxois, pour ses publications toujours appréciées… voir son blog…