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Carnets de dessins de Provence – ( RC )


dessin RC , environs de La Tour d’Aigues

A chausser les sandales de l’enfance,
te rappelles-tu des champs de Provence ?
Tu n’avais pas à ouvrir ton herbier,
le vent poussait ses vagues dans le blé,
comme dans la farandole
de la voix du mistral
soufflant par rafales
sur le plateau de Valensole.

Tu l’as parcouru à pied,
en sortant ton carnet à dessins.
De jeunes lavandes
déroulaient leurs points
avec de curieuses perspectives,
où le feuillage argenté
des oliviers, voisine celui, plus léger
de la promesse des amandes.

Contre les montagnes lointaines,
je me souviens de la teinte rousse
tirant sur le brun de Sienne,
opposée aux vertes pousses
des rangées de vignes
étagées sur les pentes ,
offertes à la cuisson du soleil.

Tu en parcours les lignes,
un soleil de miel
sous tes sandales de silence.
Les ceps crient
dans l’impatience
d’une lumière de braise
aux senteurs de la garrigue.

Bousculés dans les croquis
d’encre et de fusain,
sont-ils l’essence
de la morsure du midi
que rien n’apaise ,
calmés seulement
par la douceur de lait des figues…?


Mémoire de l’Art Africain – (RC )


croquis perso: masque du Congo Lulua – exposition « voir l’invisible » Bordeaux 2011

 

Il y a, massives, les présences  de bois,  revêches  et enfermées  dans leur masse
Sévères les porteurs  d’esprits, qui daignent à peine  refléter les lumières.
La géométrie  entaillée, de fentes pour les yeux, les masques  qui ont dansé, encore habillés de fibres.
Que l’on imagine  sur des corps noirs, et au soleil implacable  de l’Afrique.

A l’abri de l’enceinte sacrée, Il y a tout hérissés  de clous, les  fétiches ,
qui voisinent les  boîtes à onguents, et les calebasses ventrues,
chez celui qui va se guider de l’âme des ancêtres  et jeter les  cauris.
C’est un parcours, à gagner la faveur des éléments,

à espérer que la maladie soit tenue à l’écart, que le bonheur se construise, et que la pluie viennent caresser les  récoltes…

Dans la lumière tamisée des grandes salles, l’éclairage  étudié vient  caresser les  formes et les matières
nous raconter une autre façon de voir le monde, et de dessiner le destin.
Et si je pouvais, en capter une partie du mystère, debout deux jours durant, à faire voyager mon crayon
et donner un peu à voir de moi-même…    je le ferais.

 

RC   17  juillet  2012

croquis perso – fétiche Butti du Congo   –  expo « voir  l’invisble »  Bordeaux  2011

 

photo perso: masque Tschokwe – Congo         expo « voir l’invisble » Bordeaux 2011

 

 

 

statue ancestrale   Teke  (Congo)

 

-Figure masculine dont le corps est englobé dans une masse presque semi-sphérique composée d’argile mélée à des matériaux organiques. Le visage est couvert sur les tempes et sur les joues de fines scarifications verticales. Dans la masse en terre rougeâtre – qui est un « médicament » (bilongo)- sont enfoncés des clous et lames de métal, des plumes et d’autres éléments . Cette pratique magique était opérée par le nganga,féticheur, médecin, devin et spécialiste du rituel dans les sociétés bantoues d’Afrique Centrale.

 

 

 

 

 


Ecriture paysagère, plume voyageuse ( RC )


photo:             Yann Arthus Bertrand             – îles d’Aran – Inishmore

 

 

J’ai écrit sur les causses et les montagnes
L’aube sur les étangs gelés, en rase campagne
Les déplacements minuscules, qui font sans doute
La différence, aux zébrures de parcours d’autoroute…

J’ai aimé la nef affleurant  des îles d’Aran
Les nuages empilés, de ces îles sous le vent
Les champs qui ondulent, et contournent les collines,
Les pins sylvestres attentifs, au bord des dolines,

En attendant que l’orage cesse, sous un abri de roc,
Ma tête convoquait les ogives d’une cantate baroque
Les toits dansants d’un village provençal,
Un marché,  fruits et légumes, jonglant de couleurs sur les étals.

Avec mes croquis des maisons d’Amsterdam,
Sous un ciel si bas, que les nuées condamnent,
Je me suis donné  l’espace d’un défi,
Sans transcrire en photos, architectures, et géographies…

La plaine est immobile, et la plume voyageuse,
Et caresse aussi bien  les bords de la Meuse,
Que le bourdonnement têtu des abeilles
Dans les calanques, près de Marseille.

RC  –  29 juin  2012