voir l'art autrement – en relation avec les textes

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Nathalie Bachand – la table de cuisine


montage RC

On est assise à la table de la cuisine, la nuit.
On observe des roches blanches. Il y a le thé et le napperon vert-de-gris.

Le thé dans la théière métallique et dans la tasse blanche.
Le napperon sur la table rectangulaire bois de pin et le cahier sur le napperon.
Le stylo à encre noire. On ne va pas écrire.
On a bu le thé et enlevé le napperon. Puis ses vêtements.
C’est le corps chaud qu’on s’est étendue sur le dos, nue, en étoile.
Le cœur en mouvance dans le corps immobile.
On a imaginé les étoiles par-delà le plafond, le stuc en donnait presque l’illusion.
Ce n’était pas spécialement singulier.
Simplement une façon comme une autre de se détacher de soi.
Coucher le corps plutôt que l’écriture, suspendue hors de soi pour un temps.
On a tenu deux roches: une dans chaque main, bras ballants dans le vide, les mains tournées vers la nuit.
Le corps étendu en étoile sur la table, un million de minuscules stucs de plâtre dans les yeux, deux roches froides et blanches dans les mains.
Une parfaite impossibilité d’écrire dans cette immobilité minérale et son cœur, d’un rouge éclatant dans la blancheur de cette cuisine devenue l’antichambre de soi-même.
Les roches sont devenues tièdes au creux des mains.
On aurait dit deux cœurs ossifiés: tout le corps comme un os.
On est longuement restée ainsi.
Et puis, les bras engourdis, on a légèrement retourné les mains vers le bas.
On a lâché les roches sous la table.
C’est dans le vide quelles sont tombées.

origine du texte revue québécoise « Jet d’encre n°9 »

Nathalie Bachand est diplômée en pratique des arts à l’université de Québec Montréal et s’intéresse à la relation entre l’art et l’écrit.


Hala Mohammad – Ce crépuscule jaune


photo transfo RC

J’ai posé le plus beau marbre au seuil de la maison
Un marbre vieilli et jaune
J’ai posé un nouveau verrou en bas de la porte
Un verrou de cuivre jaune
J’ai fermé la maison sur tout ce qu’elle renferme
Dans ce crépuscule jaune
Sous l’œil du soleil couchant
J’ai fermé la porte sur la poussière jaune rassemblée
pour me faire ses adieux
Et je me suis retirée de ma vie
Lorsque je vois de loin
Le salon, les miroirs
Les rideaux
Mes robes dans les armoires
Les assiettes dans la cuisine
Le réfrigérateur
La table en bois jaune
Les belles chaises cannées
Qui reflètent la lumière du soleil
Et la répartissent sur le carrelage
En un tapis de lumière
Sous les pieds de la table
Le téléviseur noir
Et muet
Je ne veux pas de fin à ce poème
Que j’écris maintenant
Je veux rester suspendue au-dessus de ce vide
Le vide qui évacue les pensées de mon esprit
Et le métamorphose en cœur

Un seul arrêt cardiaque
N’en finirait pas
Avec tout cet amour.

In Prête-moi une fenêtre, © Bruno Doucey, 2018


Jean-Claude Pinson – Saison des civelles


( extrait de son ouvrage    » J’habite ici )

Tard un soir que nous traversions la Loire à Nantes
nous fascina le spectacle de dizaines de bateaux

qui allaient et venaient entre les ponts semblant fouiller les eaux avec leurs projecteurs
on était en mars et c’était comme si dans ce remuement nocturne le printemps
bientôt à naître avait
eu un cœur et qu’il battait au rythme étouffé
des diesels nous avions laissé la voiture sur la berge pour marcher
et mieux respirer l’odeur de la marée
montante, celle qui pousse les civelles
dans les eaux de l’estuaire
Le long du quai il y avait aussi des pêcheurs à pied ceux-là; ils trempaient des tamis
dans les remous
du mascaret avec des gestes graves d’orpailleurs nous nous étions approchés: au fond des épuisettes ce qu’ils remontaient ressemblait à du verre en
fusion ou plutôt à des spermatozoïdes vibrionnant désormais en vain et nous avions parlé aux enfants
d’une odyssée commencée là où dort dans les grands fonds l’Atlantide engloutie
du moins c’est la légende, avions-nous ajouté en remontant dans la voiture
je songeai à me servir de cet exemple dans un cours sur la nature et la finalité
je poserais la question de savoir s’il y a un sens à dire qu’une intention quelconque a présidé au long voyage des civelles comme si quelque main anonyme et connaissant les cartes marines les avait guidées jour après jour depuis qu’elles sont confiées aux bras infatigables du courant et en quel sens leur transhumance témoigne pour la force d’une mémoire, d’une lumière d’avant les hommes- droit d’aînesse que d’ailleurs il leur faut payer au prix fort
Ainsi je fais moins fi des variations du temps,sèche avec le vent d’est, revis lorsqu’une dépression approche son haleine, humecte l’horizon d’un front bas de nuages
alors le corps est comme une maison où des chambranles gonflent où des parquets respirent  les lèvres colmatent leurs fissures prêtes pour la pluie ou plutôt le crachin qui est comme les postillons d’une grande parole le regard intérieur s’assouplit tandis qu’à l’horizon le bocage lève comme un gâteau on dirait même que les viscères sont prêts (pourtant les miens sont franchement athées)
à écouter la pluie et son crépi jeté évanescent sur les fenêtres comme une aria céleste
mais c’est évidemment trop dire
Au printemps j’ai des chemins creux qui poussent dans la tête, des envies de campagne
rarement je passe à l’acte je me complais plutôt à choyer la mémoire d’un jour à l’île aux Moines où nous avons marché entre deux fanfares d’aubépines (la métaphore tant pis trahit la paix du lieu)

le vert d’une île en face faisait comme un motif mit la très grande assiette de la mer

Pourquoi étions-nous si sereins?
Etait-ce au bout du chemin la certitude que serait une plage où ramasser des coquillages?
Ce matin j’ai senti un avant-goût d’été
il suffisait que soit ouverte une fenêtre de cuisine que s’en échappent des bruits légers de vaisselle qu’on range fugitivement faisant tinter comme des sous du nouvel an
les beaux jours à venir et que sur le rebord fume la tache rose des langoustines
dans un grand plat qu’on avait mises à refroidir


Mike Stern – la marche du danseur


spectacle de Lucinda Childs

 

 

La marche du danseur
J’adore voir un danseur marcher
sur une surface ordinaire
hors scène et hors service
Gracieux même quand il pousse un caddy
le corps spontanément
devient si détendu si léger
que la pesante loi de gravité
semble n’être qu’une rumeur
La terre tourne sous les pieds du danseur
La lune et autres satellites
ajustent leurs orbites
Tout cherche sa place de nuit
Le danseur, de retour chez lui,
coupe des tomates en tranches et fait frire des oignons
debout dans la cuisine
comme un héron faisant une pause entre le rivage
et le soleil couchant.

 


Alain Giorgetti – pourquoi il marche


image:  Street-art        Escif    Valence  -Espagne

image:           Street-art            Escif            Valence -Espagne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

un des textes d’ Alain Giorgetti  visible  sur  son site  tumblr …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Est-ce qu’on a le droit de demander à quelqu’un pourquoi il marche de la façon dont il marche… Est-ce qu’on demande à quelqu’un pourquoi il respire comme il respire, pourquoi il a ce grain de voix, cette odeur corporelle, pourquoi il dort sur le côté, pourquoi il crie quand il jouit ou pourquoi il ne prend jamais de sucre dans son café… Mais alors, pourquoi donc demander toujours à celui qui écrit peu ou prou, pourquoi il écrit comme il le fait ? Est-ce que ça ne suffit pas, que ce soit là, parce que ça devait sortir et surtout parce que ça devait sortir comme ça ? N’y a-t-il pas que cela qui compte en fait, en réalité et en définitive…

Parce que, dis-donc ! tu ne la trouves pas un peu compliquée toi, la Vie, des fois… Et ta vie-même, la tienne-là ! celle qui s’écrit sous tes yeux sans s’écrire ! est-elle vraiment si simple, ta vie… Ne se nourrit-elle pas de traces confuses, de paillettes morbides, d’illusions kaléidoscopiques et d’ombres et de lumières… Est-ce que tu as déjà regardé de près une feuille de papier, une tache d’encre, un mille-feuille, un marc de café, un morceau de sucre ou la lampe de ta cuisine…

A chaque fois que l’on me parle d’un écrivain tellement si « super » ou « génial » en la raison de sa simplicité, de son accessibilité ou de son art supposé de la belle communication (spécialité du journaliste-culture estampillé France Inter par exemple)… A chaque fois oui ! un malaise insidieux s’empare de moi, dont l’essence m’entre dans l’oreille comme le poison de Hamlet et je ne cherche plus dès lors qu’à m’enfuir au loin, tel un daim au devant des bulldozers autoroutiers… Sans rien demander.

Ah ! que la vie est quotidienne. 


Langston Hugues – Weary Blues poems


photo: auteur non identifié              le bluesman       T Bone Walker

Et loin dans la nuit, il chantonnait cet air.
Les étoiles sont parties ,  et ainsi fit la lune.
Le chanteur a arrêté de jouer et est allé dormir
Pendant que le Weary Blues lui fait écho dans sa tête.
Il dormit comme un roc ou un homme qui est mort .

(ma traduction diffère sensiblement  de celle fournie avec le poème entier en dessous)

And far into the night he crooned that tune.
The stars went out and so did the moon.
The singer stopped playing and went to bed
While the Weary Blues echoed through his head.
He slept like a rock or a man that’s dead…

( Le haut-parleur de « The Weary Blues » de Langston Hughes décrit une soirée à écouter un musicien de blues à Harlem.

Avec sa diction, sa répétition de lignes et sa prise en compte des paroles de blues, le poème évoque le ton lugubre et le tempo de la musique blues et donne aux lecteurs une appréciation de l’état d’esprit du musicien de blues dans le poème.)

–Langston Hughes,  a laissé une œuvre abondante de poète, de nouvelliste, de dramaturge et d’essayiste. Les poèmes qui suivent sont extraits de son premier recueil paru en 1925, « The Weary Blues ».

d’autres poèmes  de Langston Hugues:

LE NÈGRE PARLE DES FLEUVES

J’ai connu des fleuves
J’ai connu des fleuves anciens comme le monde et plus vieux
que le flux du sang humain dans les veines humaines.

Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves.

Je me suis baigné dans l’Euphrate quand les aubes étaient neuves.
J’ai bâti ma hutte près du Congo et il a bercé mon sommeil.
J’ai contemplé le Nil et au-dessus j’ai construit les pyramides.
J’ai entendu le chant du Mississipi quand Abe Lincoln descendit
à la Nouvelle-Orléans, et j’ai vu ses nappes boueuses transfigurées
en or au soleil couchant.

J’ai connu des fleuves :
Fleuves anciens et ténébreux.

Mon âme est devenue aussi profonde que les fleuves.

(paru dans la revue « Crisis » en 1921)

I’ve known rivers:
I’ve known rivers ancient as the world and older than the flow of human blood in human veins.
My soul has grown deep like the rivers.
I bathed in the Euphrates when dawns were young.
I built my hut near the Congo and it lulled me to sleep.
I looked upon the Nile and raised the pyramids above it.
I heard the singing of the Mississippi when Abe Lincoln went down to New Orleans, and I’ve seen its muddy bosom turn all golden in the sunset.
I’ve known rivers:
Ancient, dusky rivers.
My soul has grown deep like the rivers.

MOI AUSSI

Moi aussi, je chante l’Amérique.

Je suis le frère à la peau sombre.
Ils m’envoient manger à la cuisine
Quand il vient du monde.
Mais je ris,
Et mange bien,
Et prends des forces.

Demain
Je me mettrai à table
Quand il viendra du monde
Personne n’osera
Me dire
Alors
« Mange à la cuisine ».

De plus, ils verront comme je suis beau
Et ils auront honte, –

Moi aussi, je suis l’Amérique.

—–

I, Too

I, too, sing America.

I am the darker brother.
They send me to eat in the kitchen
When company comes,
But I laugh,
And eat well,
And grow strong.

Tomorrow,
I’ll be at the table
When company comes.
Nobody’ll dare
Say to me,
« Eat in the kitchen, »
Then.

Besides,
They’ll see how beautiful I am
And be ashamed–

I, too, am America.

LE BLUES DU DÉSESPOIR
[THE WEARY BLUES]

Fredonnant un air syncopé et nonchalant,
Balançant d’avant en arrière avec son chant moelleux,
J’écoutais un Nègre jouer.
En descendant la Lenox Avenue l’autre nuit
A la lueur pâle et maussade d’une vieille lampe à gaz
Il se balançait indolent…
Il se balançait indolent…
Pour jouer cet air, ce Blues du Désespoir.
Avec ses mains d’ébène sur chaque touche d’ivoire
Il amenait son pauvre piano à pleurer sa mélodie.
O Blues !
Se balançant sur son tabouret bancal
Il jouait cet air triste et rugueux comme un fou,
Tendre Blues !
Jailli de l’âme d’un Noir
O Blues !

D’une voix profonde au timbre mélancolique
J’écoutais ce Nègre chanter, ce vieux piano pleurer –
« J’n’ai personne en ce monde,
J’n’ai personne à part moi.
J’veux en finir avec les soucis
J’veux mettre mes tracas au rancart. »
Tamp, tamp, tamp ; faisait son pied sur le plancher.
Il joua quelques accords et continua de chanter –
« J’ai le Blues du Désespoir
Rien ne peut me satisfaire.
J’n’aurai plus de joie
Et je voudrais être mort. »
Et tard dans la nuit il fredonnait cet air.
Les étoiles disparurent et la lune à son tour.
Le chanteur s’arrêta de jouer et rentra dormir
Tandis que dans sa tête le Blues du Désespoir résonnait.
Il dormit comme un roc ou comme un homme qui serait mort.

———————–

Droning a drowsy syncopated tune,
Rocking back and forth to a mellow croon,
I heard a Negro play.
Down on Lenox Avenue the other night
By the pale dull pallor of an old gas light
He did a lazy sway . . .
He did a lazy sway . . .
To the tune o’ those Weary Blues.
With his ebony hands on each ivory key
He made that poor piano moan with melody.
O Blues!
Swaying to and fro on his rickety stool He played that sad raggy tune like a musical fool.
Sweet Blues!
Coming from a black man’s soul.
O Blues! In a deep song voice with a melancholy tone I heard that Negro sing, that old piano moan—
« Ain’t got nobody in all this world,
Ain’t got nobody but ma self.
I’s gwine to quit ma frownin’
And put ma troubles on the shelf. »
Thump, thump, thump, went his foot on the floor.
He played a few chords then he sang some more— « I got the Weary Blues
And I can’t be satisfied. Got the Weary Blues
And can’t be satisfied— I ain’t happy no mo’
And I wish that I had died. » And far into the night he crooned that tune.
The stars went out and so did the moon.
The singer stopped playing and went to bed
While the Weary Blues echoed through his head.
He slept like a rock or a man that’s dead. –

NÈGRE

Je suis un Nègre :
Noir comme la nuit est noire,
Noir comme les profondeurs de mon Afrique.

J’ai été un esclave :
César m’a dit de tenir ses escaliers propres.
J’ai ciré les bottes de Washington.

J’ai été ouvrier :
Sous ma main les pyramides se sont dressées.
J’ai fait le mortier du Woolworth Building.

J’ai été un chanteur :
Tout au long du chemin de l’Afrique à la Géorgie
J’ai porté mes chants de tristesse.
J’ai créé le ragtime.

Je suis un Nègre :
Les Belges m’ont coupé les mains au Congo.
On me lynche toujours au Mississipi.

Je suis un Nègre :
Noir comme la nuit est noire
Noir comme les profondeurs de mon Afrique.

I am a Negro:
Black as the night is black,
Black like the depths of my Africa.

I’ve been a slave:
Caesar told me to keep his door-steps clean.
I brushed the boots of Washington.

I’ve been a worker:
Under my hand the pyramids arose.
I made mortar for the Woolworth Building.

I’ve been a singer:
All the way from Africa to Georgia
I carried my sorrow songs.
I made ragtime.

I’ve been a victim:
The Belgians cut off my hands in the Congo.
They lynch me still in Mississippi.

I am a Negro:
Black as the night is black,
Black like the depths of my Africa.

et  toujours  sur Langston Hugues,  voir ma parution  » fresque  sur Lennox Avenue« 

.


Surprise de la chaîne de fredonne. ( RC )


photo et montage perso –          juin 2011

surprise de la chaîne de fredonne…

Il faut que je ressource, en lumière délectable… et, que léger, je chantonne
Une cascade de mots, qui font source, à l’aimable chaîne de fredonne…

Que je source, que je me ressource, que je prenne la queue des mots pour tremplin
Et que je rebondisse, pour que j’ajoute un maillon à cette chaîne sans fin…

Heure d’hiver,   heure d’été – passage en douceur , mais qui jamais ne s’arrête,
En ajoutant mon grain de sel à la grande cuisine, et ingrédients, en fête

Est-ce en chantant ( et j’en suis fort aise), à capter ainsi le moindre prétexte,
De plus, sans queue, ni tête – je les montre à ces messieurs – sortis du contexte

Qu’à jouer de la sorte , rend notre destin d’ écriture, au plus futile ?
Combien faut-il de fois, le répéter, et cette répétition inutile…

Car chaque fois, partant de rien, ( de rien  » y a pas d’quoi »), c’est un nouveau voyage,
Un dessein, d’images, qui nous pousse dans les étoiles, avec ou sans bagages…

Arrêtez-moi ( Ou je fais un malheur)… prêts pour cette expédition sans retour
Dont   ( inutile d’insister, je ne suis pas là),   personne ne connaît les détours…

De mon ptit vaisseau spatial, j’envoie une gerbe de signaux et de messages,
Agitant les bras, comme sémaphore, C’est l’ instant de mon passage.

Des espaces et de paragraphes , je les remplis d’encre du soir,
A cheval sur les comètes, bientôt traversant les trous noirs…

C’est le compte  rendu de l’opération       ( en toute  discrétion)…

Il ne reste  qu’à poster,    expédions ————->     (  expédition)

 

 

RC      14 juin 2012

 

 


Galerie

Ivresse et « cuisine » avec JoBougon (RC)


Ivresse   ( texte original à partir duquel les autres sont en  « écho » )

19 juin 2011 par jobougon

Ces douleurs que le monde méprise
Nous freinent telles les douleurs exquises
Qu’il conviendrait très chère marquise
De transformer en friandises
A faire dégeler les banquises
En vivant nos passions torrides
S’il advenait qu’à tout hasard
On apprenne à faire don de l’art
De s’abandonner en amour
Sans plus de peur ni de détour.


  1. Ainsi par quelques détours
    Et revenu à l’Amour,
    Chère Marquise
    tu m’a conquise
    gilles/lepoete71
  2. Ainsi va notre amour
    Redessinant les contours
    De nos deux vies réunies
    Pour être plus épanouis.

    Jobougon/lapoétesse13
    Avec mille bisous

  3. Souffrez, chère marquise,
    Qu’à ces mots, à mon oreille si tendres
    Je sorte du congélateur aux douces bises
    La crème fouettée, qu’il fallait se prendre
    Afin d’orner, du four extrait, torride
    Ce gâteau aux saveurs exquises

    Qui n’attend que votre bouche avide
    Abandonnant sans peur ni timide
    Son fondant d’arômes liquides
    Pour ne laisser plus aucune miette
    Sur votre délicate assiette

    Sans détour , ni peur
    Je vous donnerai de tête
    Les secrets de ma recette
    Deux cent cinquante grammes de beurre
    De la tendresse ,de la bonne humeur…
    Et à vos joues émues, un peu de couleur !

  4. Ah cher marquis c’est étourdie
    Par toutes ces jolies sucreries
    Qui sentent bon les joies refleuries
    Que vous me voyez alanguie
    Vous m’avez tant fait rire ce soir
    La poésie est une victoire
    Et c’est renversée comme la crème
    Que sur mes joues monte l’érythème
    D’une ivresse où votre tendresse
    N’a d’égale que vos douces caresses.

  5. Ainsi , je suis fort aise que ce dessert
    de suite après le camembert
    vous tirez, Marquise, une caresse
    des ces mots renversés, une prouesse,

    Il convient maintenant de savourer
    ce que vie peut nous donner

    aussi je propose une fine liqueur
    Que nous boirons en coeur

    Autant faire de l’ivresse
    Une divine messe !

  6. Votre messe cher marquis adoré
    N’a vraiment plus rien du curé
    Vous savez combien j’aime pourtant
    A rester un tant soit peu décent
    Mais puisque vous relevez le jeu
    Je vais donc me servir de ce feu
    Pour allumer dans la cuisine
    Sous ma petite recette coquine
    Et aller réchauffer l’humour
    Avec plein d’autres calembours.

  7. Et bien, Marquise, en cuisine coquine,
    Je ne doute qu’elle sera fine,
    Et de l’humour à petit feu
    De l’amour toujours ce sera jeu

    Il faut céans laisser de coté,
    Il est vrai, notre brave curé
    N’aurait cure (et) de propos polissons
    De ses ouailles, surtout en jupons

    Ceci non plus, sans invoquer diable
    Ou, si c’est vous , Marquise, si aimable
    Aux saveurs et propos de miel
    On a évoqué le septième ciel

    A partager en deux , je dirai cieux
    Que votre recette est bonne ( grands Dieux) !

  8. Existe-t-il au autre destin, pour les passions torrides qui se vivraient sur des banquises, que celui de tomber à l’eau ?

  9. Espérons que la glace tienne suffisamment longtemps pour qu’elles meurent de leur belle mort.

  10. C’était pour le dessert, la glace
    Vanille, Rhum et raisins
    A la cuiller, et puis—- non, avec la main
    Pour elle il y aura la place..

  11. Je commanderai café liegeois
    Pour le siroter avec toi
    S’il reste suffisamment de place
    Pour tenir à deux sur la glace.

  12. Le tout est bien glissant
    Et le café sur ma chemise
    En traces, n’est pas de mise
    Sur un blanc très salissant

    C’est la faute au vin de messe
    Dont j’ai rempli de calice
    Marquise aurait appelé la police
    Si elle n’avait, en grande prêtresse

    Effleuré le bonheur
    D’une badine farouche
    Qui à tous les coups fait mouche

    un p’tit verre de liqueur ?

  13. Ce cher marquis

    Il dit liqueur
    Mais mon honneur
    Me commande de faire à son heure
    Mieux que le café en couleur

    Puisqu’ une tache qui serait brune
    Sur sa poitrine moi je l’assume
    Je roulerais jusqu’à sa plume
    La dite messe d’une douce écume
    C’est la glace qui fond je l’assure
    Et puisque cette prune est mûre
    Ne reculez pas d’aventure
    Devant la pâte et la levure
    Entrons direct dans la cuisine
    De cette jolie diablesse divine
    Qui a le palais si sublime.

    Que diriez-vous d’être au régime ?

  14. Car ce sera si j’ai bien compris
    En cette saison un clafoutils
    Je serais prêt à en faire pari
    Et vous avez tous les outils

    Et par vos dons, Marquise,
    Dans la farine, vos doigts
    Et la juste cuisson requise,
    Ce sera un plat de choix

    Au régime me souhaitez vous?
    Cruelle, cette préparation exquise
    Au moelleux si doux
    Pour moi, n’était pas de mise ?

    Ce n’est pourtant pas l’embonpoint
    Que vous montrez de vos doigts blancs
    Ce qui tend ainsi mon pourpoint
    N’est pas un songe gourmand

    ( réservé aux amants ?)

  15. A brûle-pourpoint je vous réponds
    Que le régime de ma cuisine
    Est réservée à ceux intimes
    Qui ont su faire fondre les ponts

    Mais marquis vous qui vivez loin
    Saurez-vous rejoindre ces matins
    Où le clafoutis dégusté
    Nous aurons les noyaux crachés

    Croyez bien très cher samouraï
    Qu’avec toutes ces victuailles
    Vous soyez bénis par les « Dieux »
    Je le ressort toujours un peu

    Aimant à toujours concocter
    Des plats de chambre* à plaisanter
    En toute sorte de saisons
    Et toute sorte de positions…

    (réservé aux aimants)

  16. Si c’est donc là, le régime
    D’un sourire en coin
    Ce n’était pas l’embonpoint
    Dans vos propos légitimes

    Je partage à distance
    Les prunes que mon jardin
    M’offrent dans ma main
    Noyaux exceptés, de préférence

    Chère Marquise,j’imagine votre geste
    Clafoutis dégusté, rejoindre le matin
    Plats de chambre en un tournemain
    (tours de mains), pour les propos lestes

    Et plaisanter de concert,sur la cuisine
    La façon et la cuisson
    En toutes positions
    Il est dit , »de parties fines »

    Je vous crois sur parole,
    A faire fondre les ponts, votre visage
    S’illuminera – selon l’usage
    Comme celui d’une sainte, sous l’auréole

    Pour cela, puisque nous parlions d’ivresse
    Boissons dégustées et plats partagés
    Seront goûtés comme il se doit, et mangés
    Bien épicées, de caresses et tendresses.

  17. Marquis je chambre et j’aime chambrer
    Et de parties fines je connais
    Ce que vous voudrez bien montrer
    Si c’est l’embonpoint qui vous sied

    Nos complicités culinaires
    Seront rejointe volontiers
    Par d’autres jeux bien plus sucrés
    Qui ne sortent pas du frigidaire

    Sachez donc que mars et vénus
    Sous la couette ont des imprévus
    Qu’il convient aussi de dompter
    Pour que le partage soit entier

    Si vous touchez à l’émotion
    Il viendra alors des frissons
    Evitons l’écueil du rendement
    Qui paralyse et glace le sang

    Pour que les visages s’illuminent
    Vous oserez ces jeux sublimes
    Qui ne demandent aucun effort
    Et nous mettrons tous deux d’accord

    A venir lâcher nos défenses
    Il nous faudra toute la patience
    Et la vulnérabilité
    Nécessaire à la volupté.

  18. Rassurez vous Madame
    Point d’embonpoint n’ai
    Bien que je sois gourmet
    Et même, ce ne serait pas drame

    Voulez vous avec biscuit ,volupté
    partager ? Je connais des boudoirs
    Qu’il faudrait savoir
    Tremper dans votre thé

    Mars et Vénus
    en planètes associées
    sans atmosphère viciée
    sont les bienvenus

    Loin de moi les rendements
    D’une cuisine rapide
    Aux plats insipides
    Je vous prendrai doucement

    Par la taille
    pour accompagner les jeux sucrés
    ceux de votre spécialité
    les aventures de la faille

    Que je rempliai de grains
    Dorés de raisins
    Pour mieux savourer
    Les fruits de vos bontés

  19. Vous êtes mon empereur

    J’ai fait salon dans mon boudoir
    En tendre faim de recevoir
    Cet embonpoint que n’avait pas
    Marquis et son doux chocolat

    De thés parfumés au jasmin
    Vous avez trouvé le chemin
    Je n’en dirai pas davantage
    Sur la profondeur de l’ouvrage

    Car sans être béni oui-oui
    Marquis vous avez bien admis
    Que loin d’être une sauterie
    Pour jeter d’en haut l’ennemi
    C’est de boudeuse dont il s’agit
    D’envers ou d’endroit je l’oublie

    Pour nul naufrage il faut courage
    Vous avez relevé le défi
    A travers les mailles du corsage
    Vous êtes allé sans faire un pli

    De cette bonté partagée
    Comment faire pour vous remercier
    Si ce n’est en vous laissant faire
    Dans l’entrée vos douces affaires

    Et de portail en cheminée
    Comment aurais-je pu deviner
    Dans quelles sortes de mondes enchantés
    Vous alliez là me projeter

    Nos ravissements planétaires
    Viendraient comme un grand souffle d’air
    Aérer le feu des idées
    Bien mieux qu’un âtre ordinaire
    A me pulser sur vos avés
    Sans jamais être offensée

    Les miroirs en lie de folie
    C’est d’une bouteille dont il s’agit
    Un de vos crus millésimés


    Dont seul vous avez le secret
    C’est ainsi qu’il fallait traiter
    Les fruits de vos raisins dorés

    Quand par la taille vous m’avez prise
    De bonheur suis restée éprise
    Vos failles sont pleines de surprises
    Que sans vous n’aurais pas apprises

    Sans chercher aucune petite bête
    Mon araignée fût stupéfaite
    De se trouver au cœur d’une fête
    Dans l’imprévu de vos fenêtres

    Marquis de boudoirs en salons
    Vous avez œuvré pour de bon
    A faire le tour de ma question
    Réservée à mon grand champion
    J’avoue que c’est votre nez rond
    Impérial qui eut le pompon.

  20. C’est ainsi, grande duchesse
    Que par la luxure de vos tresses
    Nous montons en grade
    Sans que rien de dégrade
    De complicité, nos relations
    Boudeuse, Bougon, c’est votre appréciation
    Du courage certain, dont il est question
    Pour les douces affaires
    Au ventre salutaire

    J’ouvrirai mon pourpoint
    Pour, de vous, prendre soin
    En crus millésimés
    J’oserai vous limer
    Et duchesse , à vous presser
    En surprises caressées
    Votre araignée maligne
    Saura se montrer digne
    D’une visite ino-pinée
    D’une seringue d’élixir
    Qui vous fera rougir
    Sitôt ino-culée.

    Que j’aime votre entaille !
    Pour la visite, on n’y voit goutte
    Mais c’est sans doute
    La profondeur de la faille
    Afin d’en avoir le cœur net
    J’écarterai les pétales
    Avec ma langue frontale
    D’une pichenette

    D’une fontaine jaillissante
    Je récupérerai les raisins aplatis


    Par mon grand appétit
    De passion fouissante
    Et du jus de fruits
    Extraite de votre puits
    Une bouteille tiède
    D’un puissant remède
    Pour le festin galant
    Des nouveaux amants

  21. Lampe frontale

    Dans les escaliers de mes nuits
    Qui donne accès au fond du puits
    J’ai trouvé cet équipement
    Pour visiter l’appartement

    Qui serait témoin de l’épreuve
    A laquelle les yeux qui s’abreuvent
    Permettrait de naître à soi-même
    Sans que la détresse nous promène

    Née de notre conversation
    La lampe frontale fait allusion
    A d’autres lieux bien plus intimes
    Qui ne sombrent pas dans l’abîme

    Mais bien qui donneraient le frisson
    A l’épervier et au faucon
    Qui réunissent de toute façon
    La gaité de tous les pinsons

    J’ai opté pour la guérison
    Sans effort et dans l’abandon
    J’y retrouve ici le pardon
    De toutes mes erreurs d’illusions

    La lampe frontale n’est pas fatale
    Mais bien guérisseuse en crotale
    Lorsque celui-ci n’a pas mal
    De ma dévoreuse mygale.


  22. Et apparemment, peut-on visiter cet appartement ? – décemment

    Il y a des coussins de velours, et des canapés profonds – frissons

    Les erreurs d’illusions, sont-elles des illusions d’erreur? – barrissons

    Et la guérison, – comme la tête de loup…
    chasserait de l’obscurité, les remous, les doutes et fantômets

    Déjà faute d’oiseaux nocturnes ( enfin ceux que tu as cités), – publicité – Chouette et hibou feront à défaut du ménage, bon ménage

    Au fond de ta grotte, en langue frontale ( et non pas lampe)
    on ne pAnse pas à mal ( car honni soit qui mal y pense)…
    et de mygale… les frissons, c’était les amidales – qui les donnaient

    – amicales

  23. Aucune guérison n’est fatale
    Aucune lampe frontale bacchanale
    Nos oiseaux nocturnes dans la turne
    Verront ainsi l’âge de saturne
    Vous avez de drôles d’amygdales
    Un rien peut-être archétypales
    J’ai pansé qu’il valait mieux
    De penser l’âme de mes bleus
    J’irai ainsi faire le ménage
    Dans les remous de votre cage
    Des grottes en trous un peu partout


    Là c’est à en devenir fou
    Mais vous délivrez ce message
    Ces deux là feront bon ménage
    Serait-ce une illusion d’érreuse
    Si cela me rendrait heureuse
    Sous une toile du peintre maudit
    Vous visiteriez mon taudis
    Ah doux marquis vous m’ébranlez
    Dans mes convictions intégrées
    Des amis que dalle entre nous
    Je n’en suis pas si sûre du tout
    Au fond des canapés profonds
    Vous auriez raison d’une raison
    La mienne.

  24. A vous rassurer
    Et puis commenter
    C’est plus un oraison
    Et être au diapason

    A votre écoute
    Parmi les doutes
    Et de mon propre aveu
    En panser les bleus

    Si je bouscule vos habitudes
    C’est pour alléger votre servitude
    Et si la déraison en votre maison
    Devient un poison

    Alors oui, pour vous ébranler
    de certitude,Il vous faudra aller
    Et peut-être déranger
    Un esprit mélangé

    De doutes et d’errances
    et « casser la croûte »
    Celle que l’on redoute
    Qui est d’importance

  25. La croûte se casse en pots Félés
    Ce soir le ciel n’est plus doré
    C’est dans un brouhaha intense
    Que j’ai donné toute mon essence
    Sur le lieu de tous les secrets
    Celui de mon travail de fée
    Hospitalière et pas surfaite
    Surfeuse de têtes dans sa défaite


    Ce jour n’est pas une réussite
    J’en reviens un peu déconfite
    Mais n’aurai pas manque de bon sens
    En pensant que c’est dans l’instance
    Que les projets peuvent prendre naissance
    Et si parfois les circonstances
    Ne sont pas bonnes, pas d’impatience
    La vie n’est pas sans nulle surprises
    Suffit d’être pour ça disponibles
    Et de cueillir toutes les joies
    Tout en restant de bon aloi
    En attendant que l’heure sonne
    Pour aller réveiller la donne
    Les jeux sont faits rien ne va plus
    Je remballe mes espoirs déçus.

  1. D’espoirs en succès
    Je suis à vous
    Et vos doigts sucés
    qui me sont si doux

  2. J’arrose nos succès
    Et je t’offre ma paix
    Une fois tes plats goûtés,
    Repus, on s’endormait

    La musique du hasard                             —- (la musique du hasard est le titre d’un livre de Paul Auster)
    Ne viendra pas trop tard
    Sur le piano des doigts
    Quand ils courent sur moi

  3. Mes doigts courent comme il neige
    Et sur ton piano, les plus beaux Arpèges
    Courent sur ta peau quand je beige
    En un somptueux florilège

  4. Reprenons notre dîner, après ce court entr’acte
    Ce n’est pas à laisser se faner, les fleurs de septembre
    Qui vivaient en juin, puis en janvier en couleur d’ambre
    C’était avec l’ivresse, et repus que nous avons scellé le pacte,

    Dressée sur la table, en dansant tango, en femme éprise,
    Comme un petit bonbon, de ceux qui nous tentent
    Indolente et parfumante, goûtait bon la menthe
    Sans te nommer sainte, des anges, Marquise

    Admirant les plantes, guérissant les plaintes
    La voila qu’en danse, elle se dresse et ondule
    Revirant l’ivresse, pécheresse funambule
    De tout son sexe doux elle va, sans crainte

    Répondre en mélodie,l’arpège des accords
    Tanguer, Tango, accélérer tempo
    A se faire liquide, engloutir ma peau
    Et cueillir étincelles, grande sonate du corps.