Sur la pointe des pieds – (Susanne Derève) –

Rends plus léger ton pas, qui donc irait te suivre ? Cueille, cueille sur la pointe des pieds l’éphémère beauté, la danse fragile du printemps. Prends soin de dérober ton larcin aux regards, bientôt il ne sera plus temps : le chemin des saisons s’égare et voici que rampe à nouveau la bête immonde
Le musée dans la piscine – ( RC )

C’est un endroit curieux
( généralement le cas des musées
que l’on fréquente encore habillé )
où l’on voit des demi-dieux
interrompant leur mouvement ,
bien conscients du danger,
avant d’aller plonger
avec leur accoutrement
dans la piscine
évoquant de très loin
la mer qui se souvient
des marées ( et ici, piétine ).
C’est une eau stagnante
où personne ne se risque
car la vie se confisque
dans une mort lente .
Quelques émanations perfides
auxquelles on ne s’attendait guère
ont changé ces héros en pierre,
( à tout jamais rigides
semblerait-il, pour l’éternité ):
on ne s’attend pas à les voir courir
ou les voir s’enfuir ,
condamnés à l’immobilité .
Peut-être est-ce préférable
à un autre destin tragique:
ces personnages de l’antique
retournant en sable
ou bien des anges
à qui on aurait coupé les ailes,
transformés en statues de sel…
le Moïse de Michel-Ange
souffrant d’insomnies
soumis à rude épreuve
retrouvé au fond d’un fleuve
ou au large d’Alexandrie…
Alors, mieux vaut patienter
( contre mauvaise fortune, bon coeur )
sous l’oeil des connaisseurs
fréquentant le musée…
L’éternité est pour eux,
rien ne presse :
ils attendront que le charme disparaisse:
il faut voir le côté avantageux,
d’être quand même à l’abri,
rassemblés ici
dans cet endroit incongru
plutôt que d’errer dans les rues .
Je ne vois qu’une solution :
c’est ce que je pense et estime –
Pour que ces statues s’animent,
proposons l’absolution,
et que des génies
changent l’eau en vin
( ou plutôt en eau de vie…)
il faut aider son prochain,
faire que le sang
de nouveau circule,
que les dieux fassent des bulles,
ils nous en seront reconnaissants –
Erri de Luca – la brebis brune
photo denvedarvro ( écomusée du musée de Rennes )
La brebis brune
Est la première agressée par l’éclair et le loup,
le tour de mauvaise chance qui gâte la couleur uniforme
du blanc troupeau.
Le jour la chasse, la nuit l’accueille
dans le noir térébenthine qui dissout couleurs et contours
et fait qu’elle ressemble aux autres.
La nuit est plus juste que le jour.
Face au danger le cri le plus limpide est le sien,
sur la glace de l’aube c’est elle qui marque la trace.
Où passent les confins, elle seule longe la haie de mures
Qui fait frontière à la vie frénétique, féroce, qui ne donne répit.
—
La pecora bruna
È la prima aggredita dal lampo e dal lupo,
lo scherzo di mala fortuna che guasta il colore uniforme
del bianco di gregge.
Il giorno la scaccia, la notte l’accoglie
nel buio d’acqua ragia che scioglie colore e contorno
e fa che assomigli alle altre.
La notte è più giusta del giorno.
In faccia al pericolo il grido più limpido è il suo,
sul ghiaccio dell’ alba la traccia è battuta da lei.
Dove corre il confine, lei sola rasenta la siepe di more,
e chi si è smarrito si tiene al di qua della pecora bruna,
che fa da frontiera alla vita veloce, feroce, che tregua non dà.
———-
traduction par Antonio Silvestrone : voir son site
Autochtone – ( RC )
Image :: création perso 2005
–
On peut s’égarer dans la forêt,
Si tu ne connais pas bien le chemin,
et tourner jusqu’au lendemain,
– On n’en connait pas bien les secrets .
Tu peux te guider aux petits bruits
Les déplacements subtils
des yeux de la nuit
Le glissement des reptiles
qui te surveillent,
l’ombre taciturne,
éloignée du soleil,
les oiseaux nocturnes
cachés dans les frondaisons
mènent leur vie tranquille
comme sur une île
séparée de l’horizon.
Imagine-toi en Afrique
où les singes se répondent,
alors que tu vagabondes
dans un lieu typique
qui t’éloigne quelque peu
des sentiers balisés :
pas de Champs Elysées,
mais un autre milieu :
une jungle épaisse
qui s’auto-multiplie
et où jamais elle ne te laisse
faire un safari .
Tu vas tenter de te guider
avec ces bruits furtifs :
Voila ce que c’est de se balader
dans ce parcours évolutif.
Tu vas contourner de larges flaques d’eau,
des rochers de latérite
– des obstacles dans ta visite –
et toi, toujours sac à dos
Quand tout à coup, un bruit t’immobilise
et qui va grandissant :
C’est la démarche imprécise
d’un ce ces habitants :
On les nomme autochtones,
comparés à toi, l’étranger :
ce ne sont pas des hommes
qui portent le danger ,
mais de ces animaux
qui parcourent avec aisance
de grandes distances
par monts et par vaux :
En voila un à présent
qui écrase de grands végétaux
comme de vulgaires poireaux
en s’avançant nonchalament.
C’est un peu bizarre
cette rencontre inopinée ,
mais choisissant de se baigner
dans la première mare :
C’est une sorte de colosse gris
qui paraît immense
et tranquillement s’avance
sans forfanterie
Tu peux voir de trois-quart
l’animal et son curieux épiderme
maintenant au milieu des nénufars :
c’est un pachyderme
Un de ces géants
pas très discrets
mais qui connait bien la forêt :
tu pourras suivre en son temps
les traces qu’a laissées
négligeamment
le grand éléphant
dans son pas cadencé
pour retrouver en effet
avec les arbres aplatis,
rapidement la sortie
à la façon du petit Poucet
A la place des cailloux,
tu peux remercier ton baigneur
qui fut aussi ton sauveur
et tu rapportes une photo de lui, ( floue ).
–
RC – oct 2016
Une éternelle Odyssée – ( RC )
peinture:V Velickovic soleil noir 1996
Ce sont des tranches de vie,
égrainant leur retour :
Il n’y a pas de répit
dans le défilé des jours;
L’un après l’autre, se succèdent,
ceux qui se déguisent.
Des heures belles ou laides,
sur lesquelles on n’a pas de prise
C’est cette âme en peine,
voulant atteindre les sommets,
et que le destin enchaîne,
au toujours et au jamais.
Voir la légende de Sysiphe,
portant son rocher,
destin de l’éternel sportif
n’ayant qu’ à recommencer.
( Les exploits de la veille
ne sont plus d’actualité.
Plongés dans le sommeil
Ils n’ont plus existé ).
Ainsi on atteint à peine le solstice,
que, d’un parcours inexorable
on plonge dans les abysses,
pour renaître semblable.
La marée va et vient,
Le soleil s’efface dans le noir
on ne se souvient de rien,
et c’est une autre histoire :
Pourtant rien n’a changé ,
On est plongé dans la nuit,
( celle de tous les dangers)
et l’on connaît l’ennui.
Ce n’est même pas la mémoire,
qui nous joue des tours,
mais du dévidoir,
l’éternel labour,
Revenant sur chaque sillon,
exactement au même endroit,
dont nous nous rappelons
à chaque tour de courroie.
Jamais elle ne se casse :
Tu as voulu l’étérnité,
– plus jamais le temps ne passe –
et tout est banalité .
Aucune place à l’accidentel
Tu as déjà parcouru les chemins,
d’un retour sempiternel,
qui ne porte plus le nom de destin.
C’est pourtant toi qui l’as voulu :
échapper à la trajectoire mortelle :
la quête d’absolu
t’as fait client de l’habituel
de la gravité terrestre, échappé
tu es comme un satellite
qui s’est drapé,
dans son orbite.
Ne viens pas te plaindre :
tes désirs ont étés exaucés;
Tu as pu atteindre
cette nouvelle Odyssée.
Tu auras des choses à dire,
beaucoup d’aventures dans ton poème,
mais à bien les parcourir,
on comprendra que ce sont toujours les mêmes.
légende du capitaine Fracasse

Gravure d’Abraham Bosse – le capitaine Fracasse… le texte ci dessous est exactement celui de la légende…
Je suis un vrai foudre de guerre
Invincible dans les dangers
Et mon haleine est un tonnerre,
Contre les efforts étrangers
Aussi je viens pour défier
La Faim, qui dompte les plus Braves
Ayant pour me fortifier
Des aulx des oignons et des raves.
–
Sempre0allegra – j’aime quelq’un en secret
peinture-dessin: Odilon Redon, figure de profil
amo qualcuno in segreto / j’aime qq’un en secret
27 mars 2011
J’aime quelqu’un en secret
Un que je ne verrai jamais
Quand l’écran s’allume
Je crois de suite que c’est lui.
Ses mains dans ses cheveux
Me disent qu’il pourrait bien m’aimer
Il est dans mes yeux
Comme le soleil, lumineux
Illuminant mes pupilles
Je l’imaginais Or et Lumière
En réalité il est comme vous et moi
Dans ce caléidoscope je vois
Le contraire de ce je que je crois
Donc amour impossible
Parfums de pays lointains
Miettes de leurs pains
L’amour me fuit
Se faufilant entre mes doigts
Il m’abandonne, à la fin de la nuit
Me laissant seule face à moi
Cet amour – là est tel
Une douche glaciale, que rien ne dégèle
Peu importe, ce que je veux
Avant toute chose, c’est aimer
La douceur du danger
Car j’aime quelqu’un en secret
Quand vous verrez l’écran s’allumer
Vous croirez que c’est lui
Sa main dans son épaisse chevelure
Vous penserez, c’est sûr
Quelqu’un qui peut m’aimer
J’aime quelqu’un en secret
Oui un jour peut être il saura m’aimer
Ecrite en italien le 31/01/2006
Traduite le 27/03/2011
Amo qualcuno in segreto
Uno che non vedo mai
Quando si accende lo schermo
Credo sempre che stia lui
Le sue mani nei suoi capelli
Mi dicono che potrebbe ben amarmi
Sta nei miei occhi
Come il sole, Lucenti
Illuminandomi i pupilli.
Immaginavo L’oro e la luce
Invece è come voi o me
Tale un caleidoscopico
Il rovescio delle mie idee
Anche un amore improbabile
Profumi di paesi lontani
Bricioli di soliti pani
L’amore si fuga di me
Filando tra i miei dita
Abandonnandomi
alla fine della notte
lasciandomi sola alla porta
L’amore è tale
una doccia giaciale
Che nulla possa sbrinare
Ma cio che voglio amare
Prima di tutto,
è la dolcezza del pericolo.
Amo qualcuno in segreto
Uno che non vedo mai
Quando si accende lo schermo
Credo sempre che stia lui
Vedo la sua chioma spessa sotto i suoi dita
Che mi dice che saprà amarmi
semrpeallegra@fr martedì 31 gennaio 2006
–
Chr Jeanney – tentatives – Habitacle /54
l’écriture de c Jeanney, dans sa section « habitacles »…. nous dit

volume: corps "fossile" Pompéï
habitacle en L jambes repliées position chien de fusil
le soir le plus souvent une chape noire tombe monte et
retombe remonte revient de loin est depuis l’ancestral
dos incurvé et tête penchée de la légèreté avant toute
chose faire avec vieux réflexes du cerveau reptilien à
l’arrière de soi une ribambelle d’ancêtres se place là
genoux collés au ventre et s’enroulant dans la chaleur
qu’on se fabrique seul à seuls un feu de grotte éteint
depuis longtemps ainsi le chien tourne sur lui-même un
peu avant de s’allonger la mémoire des cellules radote
quand le danger est loin ou un autre danger s’allume à
l’affût des ondes électriques vaines vains les efforts
jambes repliées sous couverture le doux du soir repose
–