Quelle méthode ? – ( RC )

Y a-t-il une méthode
que l’on doive suivre
pour écrire un poème,
courber les mots,
les faire danser,
sur le fil tendu
de la pensée ?
Personne ne m’a chuchoté
la réponse
et le rythme
de la musique
qui l’accompagne,
- alors je le laisse fleurir
comme bon lui semble…
Quelques images
lui sont attachées,
au gré de ma fantaisie
houle argentée
accompagnée du vent de l’inquiétude,
d’un soleil radieux
ou bien tragique…
le poème – si on le qualifie ainsi –
prend son envol ,
sans que je mesure l’espace
entre ses pieds,
Il ne paraît pas
entravé de normes rigides :
il s’échappe, sans que je le retienne.
De la lumière, là où il n’y en avait pas – ( RC )

Puisque nos paroles repoussent l’obscurité,
nous avons fait de la lumière,
là où il n’y en avait pas,
en décrivant les songes
qui nous font voyager.
Peut-être ne suffit il pas de parler,
mais de mettre nos rêves sur le papier,
les mots d’encre rendus visibles
se mettront ensemble à danser:
petits soleils dans notre nuit partagée…
voir parallèlement l’écrit de Candice N’Guyen dans « traverses 8 »:
Tout au fond de la nuit
nos rêves comme banc de lucioles
éclairant l’obscurité des jours
déchirant leur désastre
Colette Fournier – Apprends-moi à danser
Photo : Emmanuelle Gabory
Apprends-moi à danser
Je veux retrouver le soleil
Flirter sur un rayon de miel
Brûler la pointe de mon cœur
Sur des épines d’arc-en ciel
J’ai besoin du velours de la voix
Feutrant ses frissons de soie
J’ai besoin de la couleur du vin
Fleuve de rubis où tout chavire
J’ai besoin du nectar des abeilles
Des parfums du paradis
Des ailes de tous les anges
J’ai besoin de devenir archange
De me transmuter, de m’alchimiser
J’ai eu si mal dans mon corps
Irradié et somesthesique
Que ce soir je veux danser
Libre, nue, échevelée
Ivre comme une bacchante
Et quelque part folle à délier
Avant que ne descende sur moi
La lente douceur du soir…
Li-Po – Seul et buvant sous la lune
–
Seul et buvant sous la lune
Parmi les fleurs, je suis seul avec mon pichet de vin
en buvant tout seul, puis en soulevant ma tasse
J’ai demandé à la lune de boire avec moi,
son reflet et le mien dans la coupe de vin, juste nous trois ,
puis je soupire : la lune ne peut pas boire,
et mon ombre va, se vidant avec moi , sans jamais dire un mot;
N’ayant pas d’autres amis ici, je peux en utiliser deux pour me tenir compagnie
dans un moment de bonheur,
je dois aussi être être heureux avec tout le monde autour de moi,
je m’assois et chante et c’est comme si la lune m’accompagne,
puis si je danse, c’est comme si mon ombre danse avec ,
bien que je ne sois toujours pas ivre, je suis heureux
de faire de la lune et mon ombre des amis,
mais quand j’ai trop bu, nous nous séparons,
et pourtant ce sont des amis
je peux toujours compter sur ceux-ci
qui sont pourtant insensibles,
j’espère qu’un jour nous trois
nous nous retrouverons,
au plus profond dans la Voie Lactée.
–
( trad RC )
–
Alone And Drinking Under The Moon
Amongst the flowers I
am alone with my pot of wine
drinking by myself; then lifting
my cup I asked the moon
to drink with me, its reflection
and mine in the wine cup, just
the three of us; then I sigh
for the moon cannot drink,
and my shadow goes emptily along
with me never saying a word;
with no other friends here, I can
but use these two for company;
in the time of happiness, I
too must be happy with all
around me; I sit and sing
and it is as if the moon
accompanies me; then if I
dance, it is my shadow that
dances along with me; while
still not drunk, I am glad
to make the moon and my shadow
into friends, but then when
I have drunk too much, we
all part; yet these are
friends I can always count on
these who have no emotion
whatsoever; I hope that one day
we three will meet again,
deep in the Milky Way.
Denis Scheubel – La vie est colorée de jambes de femmes
–
La vie est colorée
De jambes de femmes
Il disait
De noeuds à défaire
La vie est colorée
De jambes de femmes
Qui injectent à l’asphalte
Des rythmes affolants
Alors boire et danser
Il disait
Boire et danser
La vie est martelée
De jambes de femmes
De bas qui crissent
De bateaux qui grincent
De voix d’enfants
Qui pincent
Le coeur.
La vie est un bateau
Où tanguent les jambes de femmes
Qui grincent
Il disait
De boucles bouclées
Qui tintent à leurs oreilles
Quand elles martèlent l’asphalte
Pendant qu’on boit.
–
Denis Scheubl dans » Sex and Cities »