Le regard des planches – ( RC )

C’est cet arbre qui penche
et se courbe de vieillesse:
la pluie n’est plus une caresse
pour le poids de ses branches.
Le vent le déshabille
puis le couche sur le flanc
au milieu des brindilles :
il a fait son temps…
D’une coupe franche,
on a débité son tronc
pour du bois de construction,
et des tas de planches.
As-tu vu ce que je vois ?
une empreinte indélébile:
un regard immobile
incrusté dans le bois
– et ce sont ces noeuds
au milieu des échardes
qui me regardent
comme des yeux .
L’arbre défunt ,
des jeunes pousses, se souvient ,
du sol couvert de mousse,
et des feuilles rousses ….
Encadrant mon bois de lit
il m’arrive de penser à lui
quand son regard me suit :
C’est comme cela qu’il survit.
Les veilles, les poings serrés – ( RC )
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Tu tournes la tête, vers des espaces si éloignés, encore ,
Qu’on ne peut les sentir, les toucher.
Ce sont des veilles de pensées, comme on veillerait le défunt.
Tout s’est tu, et même les coups de fouet des éclairs,
Dans le ciel chaviré, n’atteignent plus ce théâtre.
… Les lumières se sont éteintes.
Un courant d’air sournois est arrivé .
Un éteignoir, où les chandelles n’ont plus pu respirer .
La parole est emportée.
– Elle ne peut plus t’atteindre .
Même l’espace des rêves semble inaccessible .
Pour que tu entendes, il faudrait que nous retournions,
jusqu’aux marges de l’enfance… desserrions les poings,
Pour que l’ombre, peu à peu, s’en échappe …
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RC – nov 2014
( texte créé à partir d’une lecture de Ile Eniger )
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