Caroline Dufour – Saturation

et l’arbre se tient béant
devant tant d’yeux
sur le vide
et tant de vide
à vendre
d’autant béant
qu’autour de lui,
la blanche tombe cristalline
comme une grande
chanson d’amour
des milliards de
diamants cosmiques
projetés
d’une bouche céleste
sur un monde
gorgé
mais que
sais-je, se dit-il,
de l’instable
peut-être, dans
sa parfaite élégance, sa
courbure patiente
Justo Jorge Padron – la visite de la mer

Sur l’oxydation verte des rochers
je me réserve, je le sais, une merveille.
l’eau en images va et vient.
Son écume bâtit des temples diaphanes.
Des régions de diamants
éclatent miettes dures contre le basalte noir
laissant la brise constellée
d’amandiers neigeux et tremblants.
Leurs émaux à peine tournoient
dans le miroir prodigue du soleil
et retournent à l’eau comme pluie fourvoyée.
Reviennent les chevaux en incessants suicides.
Formant une unité parfaite. Un voisinage.
Une haleine les guide, cristalline,
qui s’avance vers moi, ailée et majestueuse.
Toutes couleurs se découvrant elle me dit :
“Moi aussi je t’attendais.
Prenons le temps de nous parler,
mais d’abord rêve et vis pour moi cette journée, la tienne,
chez les hommes… ”
Gabrielle Althen – le sourire antérieur
photo-montage RC
Je voudrais le mot blanc d’un ciel absent
qui laissât trace de demeure.
Un mot qui fût le lit du jour et parvînt
à la fête unanime du vent.
Croisement de chances et de campagne,
bourdonnement des boucles de ta tête, rosaces,
rosaces en partance et applaudissement
sous le pic impavide du gris de l’horizon,
des mains battraient dans l’herbe
parmi les arbres et la faux des grands jours,
et la vertu émancipée roulerait jusques aux franges du moment.
Foules prolixes et ciselées, royaume retourné,
jeunesse sous l’or gris et pivot d’une aisance somptueuse,
— aucun diamant n’est autre
que la possession nue de l’esprit sur le langage.
Magnolias de Lady Day – ( RC )
montage – RC
—
Comment dire en mots,
cette voix presque fluette,
les magnolias de Lady Day,
le blues intemporel,
de miss Billie,
à l’infinie fêlure :
j’y entends toujours,
le feu couvant sous les braises,
la langueur de vivre,
les pages d’amour,
déchirées de mots naufragés.
Si elle donne corps
aux plus simples mélodies,
le swing et sa détresse,
parfument le jazz, de son ivresse :
> Comment dire cette émotion
en cristal fragile,
recueilli dans le désert,
mais toujours intacte ? .
> Il y a les magnolias de Billie
qui jamais ne fanent,
le souffle de Lester :
de la musique au firmament
> des étoiles, des diamants …
–
RC – fev 2018
Perfections et symétries – ( RC )
Tu mesures les formes parfaites,
où tous les côtés se répondent,
et obéissent aux mesures identiques .
Ainsi le constructeur tend vers l’utopie
de la vision où la mathématique
prend le dessus de la vie .
Les rosaces des cathédrales,
tournent en mouvements figés ,
aux soleils fractionnés,
Les mosaïques aux jeux complexes,
zelliges enchevêtrés
excluent l’humain dans le décoratif.
Des palais imposants,
forçant la symétrie,
se mirent à l’identique
avec le double inversé,
du bavardage pompeux
des images de l’eau .
Se multiplie la dictature
de la géométrie des formes
répondant à leur abstraction ,
comme des planètes qui seraient
cuirassées dans une sphère lisse
d’où rien ne dépasse.
… Des formes si lisses,
voulues à tout prix,
qu’elles génèrent l’ennui
excluant la fantaisie
le désordre
et le bruit.
Les formes parfaites
s’ignorent entre elles
définitives, excluant la vie
comme des pièces de musée,
pierres précieuses,
diamants de l’inutile
dont finalement
la froid dessin, clos sur lui-même
finit par encombrer .
Dans le passé, on ajoutait
à un visage de femme trop régulier
un grain de beauté, une mouche,
quelque chose pour lui apporter
une différence, un cachet
sa personnalisation, un « plus » de charme
une irrégularité, une surprise,
portant dans son accomplissement
la griffure du vivant
Elle se démarque du cercle fermé
de la beauté idéalisée par quelque chose
contredisant la perfection
Celle-ci demeure une vue de l’esprit,
bien trop lointaine
pour qu’on puisse s’en saisir.
–
RC – août 2016
Camille Loty Malebranche – La lune danse sur le parvis de ton corps

image: Laurent Laveder – Telegraph
La lune danse sur le parvis de ton corps
À ton front visage emblème brun
Chantent les ivresses de lune de la nuit marine
Sur la plage de tes vingt ans au sable des Caraïbes
Tu réponds à la lune, lumière contre lumière !
Astrale et provocante, ton corps lunaire
Contre mon corps, envoûte les vagues des houles océanes.
Tu es l’urne des diamants stellaires au cœur des univers…
Tu es le pétale d’aube au crépuscule marin
Ah ! Ton corps de lune charnelle au charme crural déchirant…
Ah ! Ton corps de sang luné aux pores nocturnes…
Ta chair en transe enrobée de lune !
–
Camille Loty Malebranche
visible sur la page de « danger poésie »
–
Richesse inutile ( RC ) – ( écho à Isabelle Dalbe)
–
Aux pays lointains,
Ceux où le soleil s’attarde,
méridiens d’Afrique,
La Noire
Ne s’imagine
Une couverture blanche,
Que la nudité du silence,
Il recouvrirait
A ce qu’on dit
Des terres d’abondance,
Forêts denses,
Rivières clarté,
Mais si loin encore,
Le froid qui recouvre,
Etendues, et convoitées
D’autant de diamants,
La blanche
Ce qui reste de cristaux,
Qu’on ne peut emporter,
Richesse inutile.
A portée de mains,
Glacée,
La neige se fond en elle-même.
–
RC – 25 juillet 2013
–
La neige
à Laurent Albarracin
La neige noue clepsydre et giboulées.
Elle fleurit la bombe de cet écho.
Dans la nudité de la blancheur
elle existe pour le silence.
La neige continue l’objet convoité.
Elle est le temple de la grêle.
Une poupée de la rosée
à hauteur de la vive allure.
A l’enseigne de nos pas
c’est un loup d’azur.
Tout un temps bâti
pour le huitième jour.
La neige se fond dans la neige.
Mère à-pic baptisée Ẻquilibre.
S’enterre sa racine phénix.
La neige ne s’arrache pas.
I. Dalbe
—
également ce texte de Sophie G Lucas, qui dit quelque chose d’approchant à ce que j’écris…
extrait de « Se recoudre à la terre »
on n’en fait rien de
la neige
(toute l’épaisseur de
ce monde dans une fenêtre)
tout juste se demande-t-on
comment ce sera une fois
que tout aura fondu
si la vie sera la
même
et si c’est bien la neige
qui bloque les siens
dans le
silence
–
La Provence se penche pour un baiser profond (RC )
–
Il est des calanques, comme une personne que vous aimez,
En la conduisant vers la mer, juste pour y tomber dans son lit,
En allant vers le mirage sauvage de l’eau,
La Provence se penche pour un baiser profond,
Sertie de roches blanches, coupantes
– Comme menaçant la terre, en la poussant
Dans les flots sertis de diamants mobiles,
Avec ses pins qui résistent, avec leurs manches vertes,
Leurs racines puisant le ciel d’un soleil,
Et la pente fourbue des rochers
– S’éparpille en îles,
Battues par le vent sauvage de l’azur.
–
RC – 12 avril 2013
–
Paillettes de beauté ( RC )

photo: Joce V ( voir son ensemble de photos sur flickR)
Un peu de beauté, en grains
Paillettes d’or flottant un instant dans l’air
Et s’y dessine ton sourire
En pointillés,
un lointain peut-être,
Mais un sourire,
Traversant les distances, les froidures;
Vois-tu cette beauté,
Celle que le froid justement,
Dépose en dentelles
De givre … à la robe grise de l’hiver,
Et qu’un bref sourire ,
Le soleil que tu m’envoies
Font de ces paillettes d’eau, autant de diamants ?
Un peu de beauté
Echappée au banal
Aux injures et insanités,
Et si précieuse,
Si fragile en ses cristaux
Qu’on ne peut la conserver,
Que dans son regard et son coeur…
–
RC – 9 février 2013
–
( écrit à la suite de la lecture de extrait de il(e) 4, de Agathe Elieva
–
Cathy Garcia – Sweet Alice
SWEET ALICE
Peuples champignons
Chuchotent tout bas
Porteurs de visions
Conseillers des bois.
Fillette ingénue
Beaux yeux de biche
Ses petits pieds nus
Galopent sur la friche.
Les esprits te veillent
Enfant de la terre
Regarde, les abeilles
Te dessinent la mer!
Les pavots sont sages,
La mer est calme,
Sens, sur ton visage
Le sel de mes larmes.
Respire, Sweet Alice,
Les vents d’Orient,
Et toutes leurs épices,
Vifs poisons ardents !
Vois, la lune qui pleure
Des poissons d’argent,
D’argent et de beurre,
En flots de diamants.
Et tu dors encore
D’un profond sommeil
Et tu rêves encore
Mon enfant de miel
–
Béatrice Douvre – Habiter la halte brève , la rive avant la traversée
Habiter la halte brève
La rive avant la traversée
La distance fascinée qui saigne
Et la pierre verte à l’anse des ponts
Dans la nuit sans fin du splendide amour
Porter sur l’ombre et la détruire
Nos voix de lave soudain belliqueuses
L’amont tremblé de nos tenailles
Il y a loin au ruisseau
Un seuil gelé qui brille
Un nid de pierre sur les tables
Et le pain rouge du marteau
La terre
Après la terre honora nos fureurs
Ô ses éclats de lampes brèves
Midis
Martelés de nos hâtes
Tant d’éphémères mains, tant de vent
Ce soir
Tarde la magique lueur
Et ton nom est incertain
Parmi de pauvres roses
Ton nom défait les fleuves où la lumière nage
J’ai patienté pour accueillir
Longue ta voix le long des longues herbes
Mais tu es seul parmi la pierre des étoiles
Ta voix prolonge la source des vivants
J’attends pour te reprendre de n’être qu’un langage
L’aube étincelle dans l’herbe des vigueurs
Souffle mûr mêlé du sang des hommes
Tu marchais réinventant le pas du sol comme une soif
Dans le vent neuf
Je te regarde tu courais
Geste habité du voeu de naître
Auprès des croix
Qui font parfois les pierres profondes
Le visage traversé
Dans des jardins à jambes de verre, et de roses
Quand recommence la mer tendue
Des lampes, et le froid
Et que l’on tient, dans les mains, le dernier monde
Rêve, et à l’avant du rêve un corps l’éclaire
J’ai peur de ces troupeaux dans le progrès des lampes
Peur de la terre des pas
Près de la porte où penche
La nuit lourde de l’aile
Il y a ce péril
Des lampes dans la maison
Ce désir
Comme un taureau dans l’or
Un feu de bois de rose
Coupé par l’hiver
La voix changée m’emmenait dans ses tours
Je dérivais au son des campagnes
Dont l’été meurt
Marcher maintenait une lampe
Des lacets d’oiseaux noirs de songes
Cherchant farouchement le ciel
D’un bord à l’autre
Comme une voix changée qui chante
Qui refuse
Marcher maintenant m’éclairait
Des mains brunes ce soir ont recueilli
Longuement l’eau patiente du soir
Du vent passait
Dans le vent des doigts
Amers des fileuses
Et au-devant
Les troupeaux sont la pierre même
Etrangement
Debout dans la paille limpide
Venue
Des mains fidèles des fileuses
Aux fronts de vent.
Regarde-moi courir, m’éloigner dans l’apparence
Vers les rires bleus de l’air
Immense
La soif divisée
J’ai l’appétit fermé par le malheur
Comme ces bêtes au front silencieux
Ont mille morts mille hontes légères
Un vent du sol entier
Parcourt mes membres, leur perfection
De sable froid
Soulève encore une piste de pas
Et d’autres pas se perdent sur la mer
D’autres mains, doucement infinies
J’ai l’âge travesti des forêts, mais je danse.
La part du jour froissée d’oiseaux
Jusqu’aux fatigues
Nos pas
Relancés en lueurs
Déjà
L’air élargi
Là sous le volet lourd
Ô d’heures encore chaudes
Jusqu’à l’ouvert où vaincre
L’inanité
De nos demeures
Femmes pleines de nuit, aux voiles vierges et noirs, vous saignez dans les ports et vos
barques sont sèches.
Le silex de vos mains taille des regards de diamant aux enfants qui vous pendent.
Il vous faudra perdre le vent de vos cheveux et revenir aux Villes. Mendiantes au ventre
lourd, vous dressez des drapeaux avec vos âcres jupes odorantes.
L’acier de vos paupières ressemble aux grands radeaux qu’on voit sur les tableaux de mer.
Rires, et l’évidence de vos pas nus sur le marbre des pelouses ; indifférentes aux grandes croix
qui trouent le ciel bas et mauve.
Je bénis vos épaules que creuse un sein maudit, et vos bras matinaux, blancs de draps,
comme un lait de montagne.
BEATRICE DOUVRE
Comptes d’Orient ( RC )
–
–
Des mille et une nuits
Voila l’humeur voyageuse
D’objets, l’abondance et l’envie
C’est cette histoire merveilleuse;
L’escadrille de tapis volants
Au souvenir des parfums d’orient
Celle des roses d’Ispahan
Qui berce l’esprit des enfants …
Il est question de diamants
D’or et d’objets, de bandits
Dans l’obscurité les yeux agrandis
Captent des éclairs d’objets brillants
Abondance à remplir son cabas
» C’est un hasard heureux
Qui m’a fait pénétrer ces lieux
Se dira, rêveur, Ali Baba
Je n’ai pas pu en faire le compte
De tous ces objets de valeur
Détenus par quarante voleurs »
( enfin, c’est ce que suggère le conte)
Tant de richesses rendrait avide
Si on les savait quelque part
La misère est partout, chacun réclame sa part
Et réchauffe les esprits cupides…
Ou bien c’est un objet précieux
Qui permet d’exaucer les voeux,
D’avoir tout ce dont on manque
Et de faire « sauter la banque »
La lampe d’Aladin contenait un génie
Qui faisait de son mieux
Pour rendre les hommes heureux
Surtout pour les plus démunis…
Une demande pour l’avenir ?
Et ceci, à quel tarif ?
Devenir calife à la place du calife ?
La lampe à huile va tout vous dire…
Mais attention, à ce qu’on croit
Faites bien votre choix
Les voeux se limitent à trois
Au delà vous pouvez faire une croix…
Et attendre des jours meilleurs
Assis dans la poussière
Vivant dans la misère …
A attendre le bienfaiteur…
–
Je conte sur lui…
—
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RC – 22 et 28 juin 2012
G M C – Anvers by night

-Antwerpen
du blog de gmc
ANVERS BY NIGHT
Chacun son odyssée
De dédale en bohème
Un surf sur les yeux
Distraction de passant
Nul besoin d’une trace
Sur l’épaule veillent
Les corbeaux impassibles
Et la noirceur de leur chant
Tout paysage est intime
Quel qu’en soit le commentateur
Tout ruisselle sur la scène
Comme une rivière de diamants
–
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