Ne cherche pas à m’appeler, je suis déjà ailleurs… – ( RC )

photo R Koudelka
Dans les courbes de la nuit se cachent les pensées
les plus secrètes, là où je ne peux avoir accès,
car les lendemains ne connaissent pas de parole :
celles ci ne sont pas nées et le discours reste bouche bée,
n’émettant que des sons muets.
Si j’écris le chant, chacun y lit sa propre histoire,
les raisons de croire, et les chemins où ils s’égarent,
alors que déjà les lumières s’éteignent sur les jours passés,
brûlées par le sel, ensevelies sous les marches d’un temps,
où l’on n’espère plus de printemps .
Ne cherche pas à m’appeler, je suis déjà ailleurs.
RC – dec 2022
De gros traits noirs au feutre gras – ( RC )

Voyage au bord de l’écriture,
barre ce qui ne convient pas
au déroulement de l’histoire
de gros traits noirs
au feutre gras !
Exerce ton droit à la censure
tu répandras d’autres taches
héritées d’un autre âge
( quand la parole fâche ) :
C’est juste du maquillage,
une action anodine
qui s’exerce sans recours :
tu changes le discours
en paroles anonymes
( personne ne t’accusera d’un crime,
ne te traînera devant les tribunaux,
pour avoir coupé tant de mots )….!
à partir de « panique » ( poème express n°842 de Lucien Suel )
Blés des causses – ( RC )
photos perso :causses Méjean & Sauveterre
Les petites sorcières de la nuit,
se cachent entre les pierres,
présentes et toujours immobiles ,
même dans la brume du jour.
En silhouettes inanimées ,
elles activent leurs ombres ,
endossant leur poids de silence.
Leur échappant , des vagues vert-jaune
ondulent au sol , caressées par le vent.
Les blés contredisent les gris austères .
Le causse a son discours
empreint de mystère
qu’on ne peut traduire,
avec des mots .
Mêmes les images
ne parlent que d’instants .
son étendue ne se cerne pas .
Comme l’ancienne mer qu’elle recouvre ,
il a quelque chose d’une houle
qui se prolonge aux horizons ,
avant de chuter brutalement
au plus profond des gorges.
–
RC – juin 2017
Que chacun reste à sa place – (RC )
montage perso 2012
–
Je me méfie des signes
Clignotant dans la nuit.
Ce sont peut-être des phares,
Guidant les marins vers le port,
Ou des feux sournois qui égarent…
Je me méfie des symboles,
Et des grandes formules;
Des lions ailés sur les drapeaux,
Des discours et grandes phrases,
De bavards, et de l’emphase.
L’image peut-être trompeuse,
Et celui qui l’utilise,
Le fait souvent habilement,
L’abondance nous cerne,
Ce qu’on appelle « prendre des vessies pour des lanternes ».
Que chacun reste à sa place,
Et vénère ou non, un dieu.
Je n’ai rien contre les convictions,
Le parcours de l’imaginaire.
Chacun est libre, les pieds sur la terre,
De percevoir entre les nuages,
Les murmures des oracles,
Et de croire aux miracles,
De lire des figures
Dans le marc de café…
Chacun ses choix.
Quant à en faire une loi,,
Imposer ce qu’il faut croire,
Permettez que je doute,
Je ne partage pas avec la planète,
Mes hallucinations.
Je ne suis pas conforme,
Et pas fait pour les dogmes.
Et j’ai quelque suspicion,
Envers la politique, et la religion.
–
RC – sept 214
Aux motifs de l’oubli ( RC )
–
massacre de Katyn – document historique
Sous le ciel amnésique,
Les odeurs du néant,
De décharge tragique,
Conduisent sûrement,
–
Au long parcours,
Où il n’est plus d’espoir,
De changer le cours,
De ce qu’on nomme Histoire…
–
Les massacres perpétrés,
Ont des remugles d’égoût
Et restent empêtrés
De toutes leurs boues.
–
La loi des vainqueurs,
Soucieux de jeter un voile d’oubli
Jouent le temps et les heures,
Aux victimes de conflits.
–
Il n’est souvent de mémoire,
Des guerres fratricides,
Qu’un immense trou noir
Niant les génocides.
–
Disant qu’il n’y a pas de témoins,
Les négationnistes,
Veulent convaincre avec soin,
De l’absence d’oppressions, et meurtres racistes.
–
Mais on ne peut nier,
Ce que conservent les fosses
communes, et leurs charniers :
De pauvres restes et beaucoup d’os,
–
Qui parlent en silence,
Mieux que tous les discours,
Criante pestilence,
D’un voyage sans retour.
–
RC – 10 juillet 2013
–
Rimes de murs ( RC )
Il y a sur les murs , tant de portraits,
Tout en sourires, sûrs d’eux, rieurs
Ils nous promettent, les jours les meilleurs
Notre choix sera le bon, et au plus-que-parfait
A voir, ce que prédisent les partis, en futur
De l’aujourd’hui , demain sera toujours mieux,
La politique parle au peuple, en ces lieux
…. ainsi les murs … murmurent
Souhaitez vous une vie moins étroite ?
Mettez le cap à droite
Construire le pays, en dessiner l’ébauche ?
Tournez donc à gauche …
Puis les années passent, on retrouve de vieilles affiches
Dont il reste des lambeaux, délavés par la pluie
Les discours se sont tus, emportés par le bruit
Après les élections, … restent les champs en friche
RC – 4 octobre 2012
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Parole scellée ,de l’intérieur ( RC )
Sculpture; une vue inhabituelle de la « muse endormie », de Constantin Brancusi, Paris
Les objets muets le montrent du doigt
Celui-ci ne parle pas, et c’est toi
Tes yeux roulent, depuis ton plus jeune age
Sans connaitre, le discours, et le bavardage.
La force du silence impressionne…
Ils parlent beaucoup, tu chantonnes
Marqué , peut-être d’une aile d’ange
Tu ne souris pas …. çà dérange
Tout se passe au loin, de ta tête
Certains diront, peut-être, que tu t’entêtes
Qu’autour de toi, la vie glisse
Et que tu es, on dirait, sans malice
Bien sûr, on peut toujours en rire,
– ( On ne parle pas pour ne rien dire )
———Tu maintiens la parole à distance
Et fais éclore, des fleurs de silence…
RC – 20 septembre 2012
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( en rapport avec le texte de Françoise Lefèvre » le petit prince cannibale » ed Actes/sud 1990 , racontant les rapports dune mère et de son enfant autiste)
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Liberté et langue de bois (RC)
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Le paradoxe de la liberté
C’est de vouloir la regagner
Mais qui a dit qu’on l’avait une fois gagnée?
Ou si on en a l’idée, seulement en petite quantité …
Elle est effectivement délimitée
En actualités et calamités
Et quand on la saisit, c’est de joie
— et quand on la perd, nous sommes aux abois
Aussi tant que peut se faire
Ne pas en faire de mystères ( ni se taire)
C’est l’inverse des politiques et rois
Oui, justement, les grands discours en langue de bois
Une langue ,où parler équivaut à ,ne rien dire
– je préfère dans ce cas un concert de poêles à frire
Et garder la liberté de penser… plutôt que celle, mitée
Des discours des phraseurs (tout en habiletés )
Car même en captivité , l’esprit humain s’échappe
Les colombes volent, et personne ne les attrape
—
RC 11 avril 2012
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La théorie – du complot (RC)
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La théorie du complot
Je te la dessine à la craie
C’est une histoire d’intérêts
Et nous en n’avons pas notre lot
Des suggestions d’accusation
Mènent l’esprit en déroute
Autant qu’elles sèment le doute
Et font maintenir la pression
Parfois , des histoires d’espions
Outrepassent la barrière du droit
Et construisent la guerre du froid
Nous n’en sommes que les pions
Mais où se cache la vérité ?
Est-ce celle que l’on nous dit
Ou bien celle qu’on subit?
Dans ces calamités…
Bien malin qui le dirait
On le prendra pour prophète
On demandera sa tête
Mais çà se saurait…
On ne construit de vérité
Qu’en évitant les discours
Qui conduisent à des détours
de mains, bien parasités
En évitant les phrases
Toujours prolifiques
De nos bons politiques
Toujours en emphase
Surtout quand ils nous dictent
De leurs paroles à abuser
Les victimes à accuser
Pour jouer leur vindicte
De ces discours , cerner les intérêts
Des individus et nations
Prêts en compromission
Il faudrait faire l’arrêt
C’est un coup les immigrés
C’est de l’autre un corps de métier
A prendre dans son entier
Et autres simagrées
Diviser pour régner
C’est en politique l’unique sujet
De l’ absence de projets
Où l’on veut nous faire baigner.
Des ténébreux ciels, osbcurcis
A transmettre les angoisses
Nous devons fuir les porte- poisse
Pour ne pas être à leur merci
–
la poésie particulière de Dominique Fourcade
Tu parles toute seule pourtant pas seule parce qu’on ne l’est
jamais avec les sons des mots
Tu parles parce que tu as besoin d’entendre les mots leurs éclats
plus ou moins sourds plus ou moins enchaînés besoin
d’entendre le blanc de leur corps tu n’es présente que dans
leurs modalités (coriaces ou non) et il n’est question que de
présence
Plus ou moins éclatée
Tu as largué les amarres c’était la conditionde ton discours tu
t’es arrachée et tu es maintenant loin du bouquet
Ce n’est pas rauque comme je l’aurais cru tu parles posément
même parfois
Tu parles toute seule c’est un lieu d’indomination tu ne t’adresses
à personne mais plusieurs se sont tournés vers toi
( Dominique Fourcade publie aux éditions P.O.L. )