hombres dans l’ombre des révolutions il construit une échelle de bois blanc une volée de marches pour voler à nouveau escalier qui porte à la porte des femmes chambre où se découvre le pot aux roses de la mémoire aveugle écossant des images de papier glacé ses doigts révèlent des héroïsmes de soldats de plomb il rêve de ce miroir obscur où se reflète une étoile araignée d’argent dans la gourmandise de sa toile chapeau de feutre visage de plomb il est cousu dans un linceul de silence et puis dans la douleur d’un petit lit de fer chemise tachée de sang avec lui nous tombons la face contre le mur dans le pressentiment du petit jour
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde Les pleurs peuvent inonder toute la vision. La souffrance Peut enfoncer ses griffes dans ma gorge. Le regret, L’amertume, peuvent élever leurs murailles de cendre, La lâcheté, la haine, peuvent étendre leur nuit, Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Nulle défaite ne m’a été épargnée. J’ai connu Le goût amer de la séparation. Et l’oubli de l’ami Et les veilles auprès du mourant. Et le retour Vide du cimetière. Et le terrible regard de l’épouse Abandonnée. Et l’âme enténébrée de l’étranger, Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Ah ! On voulait me mettre à l’épreuve, détourner Mes yeux d’ici-bas. On se demandait : « Résistera-t-il ? » Ce qui m’était cher m’était arraché. Et des voiles Sombres, recouvraient les jardins à mon approche La femme aimée tournait de loin sa face aveugle Mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Je savais qu’en dessous il y avait des contours tendres, La charrue dans le champ comme un soleil levant, Félicité, rivière glacée, qui au printemps S’éveille et les voix chantent dans le marbre En haut des promontoires flotte le pavillon du vent Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Allons ! Il faut tenir bon. Car on veut nous tromper, Si l’on se donne au désarroi on est perdu. Chaque tristesse est là pour couvrir un miracle. Un rideau que l’on baisse sur le jour éclatant, Rappelle-toi les douces rencontres, les serments, Car rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Il faudra jeter bas le masque de la douleur, Et annoncer le temps de l’homme, la bonté, Et les contrées du rire et de la quiétude. Joyeux, nous .marcherons vers la dernière épreuve Le front dans la clarté, libation de l’espoir. Rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
René Chabrière – Le cheval jaune (dessin aquarellé) –
Un cheval juif
ça n’existe pas
pourtant j’en ai vu un.
Tête noire et crinière blanche
qui ne s’était pas enfui
d’une écurie de Chagall.
Cheval aveugle qui pleurait
paupières lourdes
de toutes les larmes du monde.
Hirsute échappé soudain du visible
peut-être de la Bible
ou d’une énigme du Zohar.
Il avait fléchi son allure
oublié son galop
et ne portait pour cavalier
qu’un maigre halo de lune.
Il ressemblait au portrait
d’un aïeul désolé
incarcéré dans les fissures
de son image.
Tressaillement des naseaux
et sous sa robe tremblante
une douleur insatiable.
La douleur qui est l’azote
des âmes tombées
d’un trou de l’ozone.
Le cheval ne se cabrait pas
face au destin déserté
il flairait les lointains.
Il humait dans l’herbe rêveuse
une rosée millénaire
l’histoire volée en éclats.
Le cheval traverse la nuit
sans la voir et puis il entre
dans le jour à son insu
comme on entre dans un miroir.
Je l’enfourchais parfois
sa tendresse me soulevait
je le tenais par le mors.
Il me tenait par la mort.
Ils t’ont habillé du linceul De la Résignation Et tu t’es souvenu du Barbu Et tu as hurlé « que la joie demeure que la joie demeure » qui m’empêchera de chanter tes yeux et qui me fera oublier la chaleur de tes mains rugueuses qui s’étreignent ? Où est-il celui qui signait d’un Soleil ?
Mère j’ai égrené les pustules de la Révolte J’ai craché dans les gueules Béantes des cellules J’ai lu Hikmet à m’en soûler Et j’ai pleuré à Diar Yassine Dérisoire révolution Pourras-tu tourner le dos à l’espoir Et t’en aller résolument Chercher les hommes et leur expliquer Leur diras-tu «je cherche la beauté » Aux Hommes aux mains calleuses Leur diras-tu Les mots sont tous magiques Leur parleras-tu Des yeux de la Bien-aimée Mais que diras-tu quand les mots se dénudent Versets et Décrets obstruant les portes Eclate mon poème au curur du mensonge.
oui le Départ était un arrachement de ferrailles déchirées le rebeb escalade la mémoire millénaire Anéantissement dans la retraite du Cheikh… Le chacal chasse le lion…
Une odeur de bout de pain brûlé j’ai vingt ans et je suis épuisé Oui tu ne sauras jamais la terreur des yeux écarquillés Qui ne verront jamais ; tu ne sauras jamais la douleur Du verbe se donnant tour à tour au pré épanoui au noir De tes yeux aux rêves du sourire à la saveur sauvage Des fruits libres aux flétrissures du vers
Une odeur de bout de pain trahi J’ai vingt-cinq ans et je suis épuisé
Oui la malédiction du sein a un souffle d’incantation Et tu ne connaîtras jamais le silence de la mort te cernant Tu ne pourras même pas t’accrocher à la douceur D’une chanson à la joie d’un retour. Tu ne t’es jamais Arrêté dans la foule d’Alger pour pleurer Une odeur de bout de pain renié J’ai cinquante ans et j’ai peur
L’angoisse Dis mère Dis-moi que nous avons le droit d’aimer Le droit de rencontrer d’autres yeux Sans avilir le Regard Il faut croire mère Que toi et moi pourrons un jour
« crucifier le refus et répudier la Nuit » mais Re Dis-moi ce conte du mot qui fait fondre la pierre
extrait du recueil de la poésie Algérienne ed « points »
Tant d’années à se dire à se lire , à déchirer les ténèbres de tant d’heures, pour que la lumière vienne, et rebondisse sur les fleurs dont la tête penche ; Elles n’égarent pas leurs couleurs, car elles restent vivantes dans le tableau.
Je suis derrière, je ne sais si tu me reconnaîtras, car j’ai un peu changé, et ma voix est chargée de mes pas égarés dont l’immobilité rejoint celle la pierre Le silence serait-il de la même nuance qu’hier ?.
Je me suis exercé avec le jeu des pinceaux, pourtant , je ne façonne pas les heures, je laisse passer les oiseaux, je me retire dans des paroles souvent vaines, mais j’y loge un peu de soleil pour détourner la douleur vers un peu de sourire.
Comment pouvez-vous croire qu’une mort se raconte ?
Elle se vit, jour par jour, pendant des semaines, […]
C’est votre douleur qui vous trompe.
J’emploie les mots comme ils me viennent. Derrière ce que vous m’écrivez, derrière votre ironie, votre mépris, votre insolence, je sais qu’il y a la douleur.
Vous parlez de votre maison comme d’une maison double. J’y vois plutôt un labyrinthe où vous tournez en rond à la recherche d’une issue que votre douleur, – j’y reviens – vous empêche d’apercevoir.
Contrairement à ce qu’il redoutait, cette musique ne réveille rien du passé.
C’est un son pur , sans attache, qui déroule son propre chant hors du temps et de la mémoire, et l’émotion qu’il fait naître ressemble si fort au plaisir que Jean s’effraie de l’avouer.
Il augmente le son. La chambre devient lumineuse.
Il s’oblige à fermer les yeux pour que cette lumière ne soit qu’intérieure, liée à sa seule écoute, la première frontière entrouverte. Les trois mouvements de la sonate dissipent les dernières ténèbres et s’achèvent sur trois accords. Il les laisse sonner longtemps avant d’éteindre l’appareil. […] Sur la dernière note, il sait qu’il y a quelqu’un dans la chambre. Il écarte les mains vers ce qui pourrait être une présence. Il s’entend dire : « – Toi ? »
Il parle à Julia. Il essaie, du moins. Il apprend. – Parler seul, c’est facile.
Quand tu ne vois personne et que l’envie te prend, autant te parler à toi-même, d’un fou à un autre, et alors ? Ricane qui voudra.
Mais te parler à toi, après un tel silence… Il hésite. – Nous avons parlé du silence à New-York, après l’enterrement de Serge. Tu t’en souviens ? Tu m’as dit que c’était simple de se taire lorsqu’on était deux. Un voyage qu’on faisait ensemble, à partir d’un bruit, d’une odeur, en se regardant simplement pour être sûrs de faire le même.
( extrait de Jacques Tournier : A l’intérieur du chien ( Ed. Grasset – 2002 )
Chute de feuilles Ivres de lune. Aboyant tournoiement, Comme la douleur Sous le soc des heures ! La figue ensanglantée crie Dans le miroir La trajectoire des veines. L’ombre se glisse, Derrière le souffle. L’oiseau n’a pas encore su se faire lumière. Il se cache dans le mouchoir mort d’un passager !
C’est comme un coeur qui garde sa couleur encore quelque temps : il parle doucement de ses quelques printemps vécus bien avant . – C’est une fleur à l’abri de l’air, qui, par quelque mystère jamais ne fane, mais ses teintes diaphanes à defaut de mourir, finissent toujours par pâlir .
Détachée de la terre , elle est prisonnière d’une gangue en plastique, un procédé bien pratique pour que la fleur donne l’illusion de fraîcheur . – C’est comme un coeur qui cache sa douleur , et sa mémoire, dans un bocal de laboratoire, ( une sorte de symbole conservé dans le formol ) .
Une fleur de souvenir , l’évocation d’un soupir : celui de la dépouille devant laquelle on s’agenouille : les larmes que l’on a versées, au milieu des pots renversés . C’est comme s’il était interdit à la fleur, d’être flétrie : elle, immobilisée , figée, muséifiée, ( églantine sans épines, au milieu de la résine ) .
A son tour de vieillir : elle va lentement dépérir : le plastique fendille, craque ou devient opaque : les vieux pétales cachés derrière un voile entament leur retrait : d’un pâle reflet où les couleurs se diffusent : la rose recluse se ferait virtuelle : – elle en contredit l’éternel –
Et l’unique cordeau des trompettes marines résonne encore en moi. Je suis debout à la pointe de l’île et je tremble de douleur.
J’ai entendu la voix qui montait des grands fonds marins, peut-être avait-elle traversé l’univers depuis les plus lointaines étoiles, elle avait parcouru tous les temps qui se sont écoulés, elle portait la trace de la première nuit, elle avait voyagé à travers l’immensité pour trouver une âme qui l’écoute et je me suis redressée, élue entre toutes, j’ai ouvert les bras, j’ai ouvert tout mon corps qu’elle a pénétré d’un seul coup, je suis devenue le lieu même qu’elle cherchait de toute éternité,nous nous sommes fondues l’une dans l’autre, j’ai connu l’appartenance absolue, j’étais elle, elle était moi, pendant l’intervalle
effroyablement court entre avant et après je suis devenue l’évidence, l’incontestable, l’affirmation définitive, mais elle ne s’est pas arrêtée, peut-être l’avais-je déçue ou devait-elle poursuivre sa route car je me suis retrouvée vide.
Le silence a repris son empire et j’écoute, malade de manque, rongée par l’espoir comme par un cancer, des trous s’ouvrent en moi, je suis en état d’hémorragie interne et je vais mourir noyée dansmon sang.
On n’entend plus que le vent ou le fracas des vagues, je les distingue mal l’un de l’autre.
Parfois une femme s’approche de moi et me tend de la nourriture, mais je ne peux pas la prendre,ma bouche se ferme irrésistiblement, il semble que mon corps refuse l’accès à tout ce qui n’est pas la voix.
Quand l’hiver a commencé, un homme est venu poser sur mes épaules un vêtement chaud, peut-être y est-il encore.
Je ne sais pas si je l’ai remercié, cela est probable car j’étais une femme très polie.
Du moins, il me semble. Je ne sais plus grand-chose de moi.
Qui me parlera, désormais?
Je ne veux plus rien entendre et je dis que tout est silence qui n’est pas la voix.
Il semble que je vais me dessécher sur place, debout dans le vent, les oreilles tendues, j’ai mal à force d’écouter et j’ai le terrible pressentiment que la voix ne me parlera plus.
Je ne suis même pas sûre de savoir ce qu’elle promettait et voilà que je ne veux rien d’autre.
Cela va me faire mourir, c’est sûr, on ne survit pas en restant tout un hiver debout devant l’océan sans manger, sans dormir.
Mais qu’y puis-je?
Suis-je responsable de l’avoir entendue?
Je n’aurais pas même pu me boucher les oreilles car elle est arrivée à l’improviste, rien ne m’avait avertie.
On n’est pas responsable de ces choses, on vit innocemment, on écoute parler les enfants, les maris, les voisins, rien n’avertit que l’éternité peut entrer par les oreilles.
Le temps coulait comme une eau libre, il arrivait que je parle, je connaissais beaucoup de mots que je pouvais assembler selon des règles familières que j’observais sans y penser, de sorte qu’on me comprenait aisément.
Depuis que j’ai entendu la voix, j’ai la gorge nouée et la tête vide.
Il me semble que je crie de manière ininterrompue, au maximum de mes forces, mais je n’en suispas sûre : je suppose que je m’entendrais et, depuis un moment, je n’entends plus rien.
Rien du tout.
Je vois que l’herbe de la plaine est ployée, couchée et mouvante comme quand il y adu vent, que les vagues viennent se briser sur la grève et je n’entends plus un seul bruit.
Peut-être la voix m’a-t-elle rendue sourde ou je veux tellement l’entendre que je refuse d’entendretout ce qui n’est pas elle ?
Les gens viennent et me parlent, je vois leurs lèvres bouger.
Cela m’ennuie beaucoup et je tente de me rassurer en me disant que la voix est très puissante, quele petit bavardage humain ne peut pas la couvrir, mais l’agacement grandit en moi.
Je détourne mon regard d’eux, je le porte vers l’horizon ou vers le ciel puisque c’est de là qu’elle viendra, et je m’applique à ne pas voir les petits visages grimaçants de ceux qui veulent me distraire.
Je n’ai plus envie de bouger, après tout mes propres mouvements font un certain bruit
qui pourrait me distraire du bruit essentiel.
Si discrète qu’elle soit, ma respiration ne m’empêche-t-elle pas d’entendre?
Et les battements de mon cœur? Je suis sûre qu’ils m’assourdissent.
Il faudrait que je fasse tout taire en moi, que j’arrive au silence absolu des statues,
je veux que tous mes bruits s’arrêtent, le sang, les entrailles, les poumons sont insupportablement agités, mon corps vocifère, ce doit être lui qui encombre mon ouïe, il bouche l’éther, les sons ne se propagent plus, mon corps rend l’air si lourd que les délicates vibrations de la voix ne peuvent plus l’ébranler, tout cela doit s’immobiliser et je crois qu’alors, dans l’instant qui suit le dernier battement de cœur, la dernière exhalaison, il y aura ce qu’il faut d’immensité pour que, juste avant que je meure, se déploie de nouveau le bonheur et l’unique cordeau des trompettes marines.
–
extrait du recueil de nouvelles « La Lucarne » Stock 1992
C’est pareil pour un amour. Un jour on ne connaît pas un homme. Et le lendemain, subitement, on le connaît.
Subitement, en une seconde on le voit et on apprend son prénom, on découvre son visage et après il est trop tard pour oublier cela que l’on nomme « faire connaissance » de quelqu’un.
« Défaire la connaissance » est impossible.
Et c’est là qu’elle prend toute sa place. La douleur.
Elle s’installe sans qu’on s’en doute, au premier regard, et simplement elle attend son tour, elle a l’habitude. Elle est toujours l’invitée de la dernière heure. La souffrance liée à l’impossibilité de l’amnésie, la souffrance, main géante qui vous tient et hésite. Vous asphyxier lentement ou vous broyer d’un seul geste.
–
ce passage est extrait du roman de Véronique Olmi : » C’était mieux quand c’était toi «
Je me croyais invulnérable, Je me croyais à tout jamais Inaccessible à la souffrance – Bien défendue contre la douleur intérieure, Le tourment. Le monde était tout illuminé de soleil de mars Mon esprit traversé d’éclats verts et or Mon coeur plein de joie, et pourtant si sûr De cette douleur douce et aiguë que seule cache La joie. Mon esprit volait plus vite que la mouette, Qui sillonne les hauteurs à perdre le souffle Et de ses ailes de grand voilier Raye l’étendue faussement bleue Du ciel. ( Comme le coeur de l’homme doit être faible, Un pouls qui bat, quelque chose qui tremble, Un instrument fragile et brillant, Un instrument de verre qui un jour chante et Un jour pleure.) Et brusquement le monde est devenu gris, L’obscurité a chassé la joie. Et il n’est resté que le vide sourd et douloureux Que des mains inattentives avaient touché Détruit Mon filet tout argenté de bonheur. Les mains se sont arrêtées, interdites, Comme elles m’aimaient, elles ont pleuré, Quand elles ont vu mon firmament tomber, En lambeaux. ( Comme le coeur de l’homme doit être faible, Un pouls qui bat, quelque chose qui tremble, Un instrument fragile et brillant, Un instrument de verre qui un jour chante et Un jour pleure. )
L’âcre odeur de sueur Qui monte de la terre A dissipé l’encens Et ronge les suaires Les mains durcies fermées par le labeur Et les mains sans limites S’effilochant en rêves Se cherchent et se crispent Dans la même douleur.
« Des paniers pour les sourds », 1953.
L’aspra adori di sudori Chì cresci di a tarra Hà alluntanatu l’incensu È runzicheghja i fossi È i mani induriti è senza fini Chì si starpiddani in sonnia Circhendusi stantarati In un stessu dulori
La grande amour que vous m’aviez donnée Le vent des jours a rompu ses rayons — Où fut la flamme, où fut la destinée Où nous étions, où par la main serrée Nous nous tenions
Notre soleil, dont l’ardeur fut pensée L’orbe pour nous de l’être sans second Le second ciel d’une âme divisée Le double exil où le double se fond
Son lieu pour vous apparaît cendre et crainte, Vos yeux vers lui ne l’ont pas reconnu L’astre enchanté qui portait hors d’atteinte L’extrême instant de notre seule étreinte Vers l’inconnu.
Mais le futur dont vous attendez vivre Est moins présent que le bien disparu. Toute vendange à la fin qu’il vous livre Vous la boirez sans pouvoir être qu’ivre Du vin perdu.
J’ai retrouvé le céleste et sauvage Le paradis où l’angoisse est désir. Le haut passé qui grandi d’âge en âge Il est mon corps et sera mon partage Après mourir.
Quand dans un corps ma délice oubliée Où fut ton nom, prendra forme de cœur Je revivrai notre grande journée, Et cette amour que je t’avais donnée Pour la douleur.
Vale
Del gran amor que tú me habías dado
El viento de los días los rayos destrozó —
Donde estuvo la llama, donde estuvo el destino
Donde estuvimos, donde, las manos enlazadas,
Juntos estábamos
Sol que fue nuestro, de ardiente pensamiento
Para nosotros orbe del ser sin semejante
Segundo cielo de un alma dividida
Exilio doble donde el doble se funde
Ceniza y miedo para ti representa
Su lugar, tus ojos no lo han reconocido
Astro encantado que con él se llevaba
De nuestro solo abrazo el alto instante
Hacia lo ignoto.
Pero el futuro del que vivir esperas
Menos presente está que el bien ausente
Toda vendimia que él al final te entregue
La beberás mientras te embriaga el
Vino perdido..
Volví a encontrar lo celeste y salvaje
El paraíso en que angustia es deseo
Alto pasado que con el tiempo crece
Es hoy mi cuerpo, mi posesión será
Tras el morir.
Cuando en un cuerpo mi delicia olvidada
En que estuvo tu nombre se vuelva corazón
Reviviré los días que fueron nuestro día
Y aquel amor que yo te había dado
Para el dolor.
Tu es venu un moment auprès de moi, et tu m’as ému par le grand mystère de la femme, qui palpite au coeur de la création. C’est elle toujours qui retourne à Dieu le flot de sa douceur; elle est la beauté toujours fraîche, la jeunesse dans la nature; elle danse dans les huiles de l’eau, elle chante dans la lumière du matin; en vagues bondissantes elle apaise la soif de la terre; en elle éclate l’Éternel, jaillissant en une joie qui ne peut se contraindre plus longtemps et s’épand dans la douleur de l’amour.
photo: sculpture anthropomorphe aux jardins Bomarzo
« Nous ne sommes que bouche.
Qui chantera le cœur lointain que rien n’atteint, qui règne au plus profond de toutes choses ? Sa grande pulsation se partage entre nous en pulsations moindres.
Et sa grande douleur, comme sa grande exultation, sont trop fortes pour nous. Ainsi, nous ne cessons de faire effort pour nous en détacher et n’en être ainsi que la bouche.
Mais soudain fait irruption secrètement la grande pulsation au plus profond de nous, qui nous arrache un cri. Et dès lors nous sommes aussi être,
The existence, always swivels on pain. Steps, and steps again…. We do not know where they lead us, It’s as the days crumbles, and we must live with an iron splinter, wear it, feel it continually. It makes forget , sometimes to the red sun of love, but soon reappears, when wounds are bleeding. Crossing the thongue We just only have to drink our own blood.