Yehuda Amichaï – L’endroit où nous avons raison

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A l’endroit où nous avons raison
ne pousseront pas les fleurs
du printemps.
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L’endroit où nous avons raison
est piétiné , hostile
comme le monde extérieur.
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Mais comme des taupes et les labours
les doutes et nos amours
rendent le monde friable.
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On entendra un murmure
s’échapper de la maison
qui a été détruite.
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Le baiser de la poésie
24 poèmes d’amour de
Yehuda Amichaï * et Ronny Someck
Revue LEVANT
traduit par Michel Eckhard Elial
* poète israélien (1924-2000)
Béatrice Douvre – L’oiseau
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peinture : Victor Brauner promenade de l’oiseau – 1958 Grenoble
L’oiseau ensemble
Ton pays se souvient
De la tempête ouverte
D’un nom plus fort que les oiseaux
D’un vent serré dans les mémoires
Les grands toits de la neige attendrissaient nos doutes
Nous courions, enfants des libertés d’oiseaux
Sous des rocs confus de la mémoire divine
Un grand souffle éclairait nos lampes dégagées
Ton pays se souvient-il
De la terre et du vin
Que nous buvions sans doute
Dans les maisons fermées ?
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Que chacun reste à sa place – (RC )
montage perso 2012
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Je me méfie des signes
Clignotant dans la nuit.
Ce sont peut-être des phares,
Guidant les marins vers le port,
Ou des feux sournois qui égarent…
Je me méfie des symboles,
Et des grandes formules;
Des lions ailés sur les drapeaux,
Des discours et grandes phrases,
De bavards, et de l’emphase.
L’image peut-être trompeuse,
Et celui qui l’utilise,
Le fait souvent habilement,
L’abondance nous cerne,
Ce qu’on appelle « prendre des vessies pour des lanternes ».
Que chacun reste à sa place,
Et vénère ou non, un dieu.
Je n’ai rien contre les convictions,
Le parcours de l’imaginaire.
Chacun est libre, les pieds sur la terre,
De percevoir entre les nuages,
Les murmures des oracles,
Et de croire aux miracles,
De lire des figures
Dans le marc de café…
Chacun ses choix.
Quant à en faire une loi,,
Imposer ce qu’il faut croire,
Permettez que je doute,
Je ne partage pas avec la planète,
Mes hallucinations.
Je ne suis pas conforme,
Et pas fait pour les dogmes.
Et j’ai quelque suspicion,
Envers la politique, et la religion.
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RC – sept 214
Un glissement des sens affecte le silence – ( RC )
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S’il suffit d’être le sommeil où se réveille le jour.
Je peux attendre le retour, celui de la lumière
Dessillant les paupières, mais aussi, les yeux de l’esprit.
Je peux rester immobile.
Je me ferai statue, dans un jardin,
Couvert de mousse à longueur d’années.
Celui qui reste figé à attendre, que se transforment en fleurs,
Les réalités du matin naissant.
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Mais il y a de beaux jardins et une belle terre ;
Je la prends dans mes mains
Et , jusqu’à présent disparu à moi-même,
Comme l’était la Belle-au-Bois ( elle attendait)…
J’ouvre les paupières, au début avec
Doute et circonspection.
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Je tâte mes membres.
Tout est en place,
Le cœur est là, … il ne se pose pas de questions.
Le ciel se strie d’évènements recommencés.
Des mouvements minuscules, et d’autres, apparaissant comme des cataclysmes.
Un glissement des sens affecte le silence,
Je suis pris par un frémissement.
C’est un réveil.
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La lumière est déjà haute dans le ciel.
Il ne me reste plus qu’à la dire.
La statue s’est mise en marche.
Elle ne s’arrêtera pas.
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RC – janvier 2014
Si tu manques de souffle (RC)
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Si tu manques de souffle, c’est parce que monte la route
Et qu’en début de printemps, l’oiseau picore du doute
S’il a laissé ses ailes trop longtemps pliées
Alors que la vie bruisse , dans l’éveil des insectes ailés
Et l’ours brun en sortant de sa tanière, ébloui par le soleil
Sorti de somnolence, a même oublié, jusqu’à la saveur du miel
Ainsi, en se réveillant d’une parenthèse que nul n’habite
Tu retrouves avec elle le sourire, que sa bouche abrite
Le son de sa voix, sa parole et ses gestes aimants
Qui délaissent le triste et font revenir, du passé, l’avant.
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If you run out of breath, it is because the road goes up
And in early spring, the bird pecks of doubt
If he’d left its wings, too long folded up…
While life rustles, in the wake of winged insects
And the brown bear coming out of his den, dazzled by the sun
Out of sleepiness, even forgotten, until the taste of honey
Thus, waking up for a break , that no-one dwells
You find her mouth again , where shelters her smile ,
The sound of her voice, her loving words and gestures
Who leave the sad, and makes the past forward.
RC 9-avril 2012
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en écho à Tikopia… sur son tout récent post
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aux lendemains qui doutent, les tornades immobiles (RC)
aux lendemains qui doutent, les tornades immobiles
Tornades immobiles, étendons nous,
L’épicier de passage nous assaisonne, de remords.
Tchernobyl nous survole de son œil indolore,
Le sang est invisible dans l’espèce d’espace
où les frontières n’ont plus cours.
Aux vents de l’absence, recroquevillés d’indifférence,
Des entiers des hivers des étés mélangés.
Poussières en petitude, longueurs de vie rabougries
Toujours un fauteuil roulant , pour nous attendre
Vieillesse et sécheresse, l’histoire continue sa route
Pour nous, sans nous aux lendemains qui doutent
Ce texte créé le21 mai 2011 ——->est en écho à celui de
Question d’espace