En-jeux ( RC )

gravure: Otto Dix Les joueurs de carte, 1920, , gravure N°4 sur 11.
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A battre le carton,
Celui-là, protégé par les dieux,
Fera des envieux…
« Et qui c’est, le patron ? »
Les valets défilent,
Roi, et as de carreau,
Ou bien cartes de tarot,
Entre les doigts habiles,
Les piliers de hantise
Disent une histoire contée,
Dont je n’ai pas les clefs…
Penchent comme tour de Pise,
Je me vois comme Alice,
Face à la dame de pique,
Sévère et mélancolique.
Au destin qui se plisse,
Au gré de ces figures ,
Brûlant du trèfle ou du cœur,
Sous les mains des joueurs
Défilent les augures,
D’une aventure noire,
Les défis se lancent,
A étaler la puissance,
Aux prises de pouvoir.
Remplaçons les jeux
Par d’autres, géographiques,
Aux frontières politiques,
Etendus d’autres en-jeux
Jouer de l’arnaque,
Pour découper la plus belle part de gâteau
Aidé de fusils, chars,et couteaux
S’il faut passer à l’attaque…
Appétits aiguisés,
Chacun étend son territoire,
Des pays de l’or noir,
Aux châteaux des destins croisés.
Ou bien, sur un plateau d’échecs,
Où s’échangent les influences,
En toute indépendance
( Et qui sort son carnet de chèques ? )
A travers la planète,
C’est un drôle de tournoi,
Où bataille l’argent roi…
Trop beau pour être honnête.
Qu’on se le dise,
> Aux jeux des puissants,
Décompte des mille et des sangs, …..
C’est de notre vie, la mise.
– RC – 8 juillet et 18 juillet 2013
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Ce texte fait référence au livre d’Italo Calvino, « le château des destins croisés »,
mais est aussi inspiré par le poème de Jules Supervielle « les figures » de Les amis inconnus – 1934
Stephan Zweig – le joueur d’échecs

photo: Marcel Duchamp, jeu d'échecs. NB: le célèbre artiste, a fait plusieurs peintures représentant le jeu, il existe aussi plusieurs photographies le montrant en "action"... en voici une
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Du matin au soir, je ne voyais que pions, tours, rois et fous et je n’avais en tête que a,b,et c, que mat et roque.
Tout mon être, toute ma sensibilité se concentraient sur les cases d’un échiquier imaginaire .
La joie que j’avais à jouer , était devenue un désir violent, le désir d’une contrainte, d’une manie, une fureur frénétique qui envahissait mes jours et mes nuits.
Je ne pensais plus qu’échecs, problèmes d’échecs, déplacement des pièces.
Souvent , m’éveillant le front en sueur, je m’apercevais que j’avais continué à jouer en dormant.
Si des figures humaines paraissaient dans mes rêves, elles se mouvaient uniquement à la manière de la tour, du cavalier , du fou .