Abdelkhebir Khatibi – Etoiles du jour étoiles de la nuit ( 1ère partie)

Etoiles du jour étoiles de la nuit
Votre éclat est-il le garant de notre serment ?
De notre beau secret sur sa fleur vocale ?
Et qui peut m’assurer que l’illusion ne s’est pas évanouie ?
Ou que le vertige du litige n’est pas en instance
Dans la caresse d’aujourd’hui que tu nous prêtes ?
Va et viens dans le cycle de l’Aimance
Je te passe l’anneau au centre du cœur
Ce qu’il reçoit de noblesse et de grâce
Ne l’avons-nous pas risqué en sa pensée la plus légère ?
Qu’avons-nous rassemblé dans l’ivresse de l’irréel ?
Chante-moi la forme du Nom sous sa parure transparente
Mais à l’oubli du temps ajoute la moindre blessure
Nous habitons d’heure en heure une jouissance passagère
Et ce que j’en retiens je le pense tout bas dans son rythme
Peut-être sommes-nous allés trop loin dans l’insouciance
Laissant au temps la mesure de la dispersion
Nous sortons du rire de l’enfance et de ses voyances
Es-tu ma maîtresse ? mon élue ? mon amie du bel âge ?
Lorsque j’entre dans ce lit surpris par son orgasme
Je me demande vers quelle distance le corps appareille
Vers quelle contrée qui nous défende de nous égarer
Dans la déraison d’un sentiment si tôt chancelant ?
Armel Guerne – l’éclat dernier des trompettes dernières

photo RC Malaisie
Aux fleurs, voyez, qui sont fidèles au terrestre,
Nous prêtons un destin sur le bord du destin.
Mais s’il leur est amer, qui sait ? de se faner,
C’est à nous de porter, d’être leur repentir.
*
L’avenir est muré, voûté comme une cave
Où vient demain, furieusement
Retentir seul l’éclat dernier
Des trompettes dernières,
Plus grandes que le soleil et la nuit.
Ismaël – la page de Tunis
»
la page de Tunis « est extraite d’une parution de la revue sic du collectif Dixit
Je n’ai d’autre chevelure, à tresser d’azur. Que celle de la nuit. Tombant, opaque, et malléable, sur le jasmin du mur. Son image. Le miroir n’est pas un miroir. S’il consent à la forme. Et la nuit, n’est pas nuit. Si elle ne tombe, que sur sa propre image. La mort est perpétuelle. Tresser la nuit. Briser le miroir. Ce n’est que faire trembler l’invisible. Ce n’est que chatouiller l’arbre, lorsque le désir du fruit cueille la faim. Déraciner la perpétuation,
en lieu et place, laisser l’inconnu germer. Le seul travail de la terre, qui vaille la peine d’oublier l’horizon.
Je n’ai aucun devoir de mémoire, sauf celui du rêve. Sauf le devoir de verser au sommeil, à boire, à se désaltérer, du nuage. Les nuits sont faites du même rêve exactement de la même manière, que les mers sont faites de la même eau. Le rêve du jour n’est pas un rêve, c’est la négation du rêve.
Peut-être la mémoire du rêve, est-elle le sommeil de l’altérité.
Peut-être que c’est le sommeil qui se meut dans le rêve, non le contraire.
(Démonstration) le v(i)oleur ne veut plus de moi. Un corps (en dé)coule, une inclinaison. Il (dé)laisse ma personne vidée de tout bruit, sur cette pente, ailleurs.(Réponse)Je suis ailleurs
Peut-être que les inconnus que nous croisons en rêve ne sont-ils pas imaginaires, mais qu’ils se sont perdus dans notre sommeil. Ou bien peut-être que c’est nous, qui nous sommes perdus dans leur sommeil, à eux. Peut-être qu’eux aussi nous prennent pour des personnages imaginaires.
Peut-être que l’homme qui a cherché toute sa vie, la femme qu’il a aimée en rêve, savait-il, lui, qu’elle était endormie, comme lui, qu’elle s’était éveillée, aussi. Peut-être espérait-il qu’elle le chercherait, aussi. Et qu’ils finiraient, par se perdre, l’un dans l’éclat, de l’autre.
Peut-être le rêve est-il l’au-delà, du feu.
Je n’ai pas d’étoiles, à éplucher. Elle ne m’a laissé, qu’une ombre, inhabitable, dans la bouche.
Un samedi à minuit et dix minutes.
Ismaël – la page de Tunis
la page de tunis par ismaël
Je n’ai d’autre chevelure, à tresser d’azur. Que celle de la nuit. Tombant,
opaque, et malléable, sur le jasmin du mur. Son image. Le miroir n’est
pas un miroir. S’il consent à la forme. Et la nuit, n’est pas nuit. Si elle
ne tombe, que sur sa propre image. La mort est perpétuelle. Tresser la
nuit. Briser le miroir. Ce n’est que faire trembler l’invisible. Ce n’est que
chatouiller l’arbre, lorsque le désir du fruit cueille la faim. Déraciner la perpétuation,
en lieu et place, laisser l’inconnu germer. Le seul travail de la terre,
qui vaille la peine d’oublier l’horizon.
Je n’ai aucun devoir de mémoire, sauf celui du rêve. Sauf le devoir de verser
au sommeil, à boire, à se désaltérer, du nuage. Les nuits sont faites du même
rêve exactement de la même manière, que les mers sont faites de la même eau.
Le rêve du jour n’est pas un rêve, c’est la négation du rêve.
Peut-être la mémoire du rêve, est-elle le sommeil de l’altérité.
Peut-être que c’est le sommeil qui se meut dans le rêve, non le contraire.
Peut-être que les inconnus que nous croisons en rêve ne sont-ils pas
imaginaires, mais qu’ils se sont perdus dans notre sommeil. Ou bien
peut-être que c’est nous, qui nous sommes perdus dans leur sommeil, à
eux. Peut-être qu’eux aussi nous prennent pour des personnages imaginaires.
Peut-être que l’homme qui a cherché toute sa vie, la femme qu’il a aimée en
rêve, savait-il, lui, qu’elle était endormie, comme lui, qu’elle s’était éveillée,
aussi. Peut-être espérait-il qu’elle le chercherait, aussi. Et qu’ils finiraient, par
se perdre, l’un dans l’éclat, de l’autre.
Peut-être le rêve est-il l’au-delà, du feu.
Je n’ai pas d’étoiles, à éplucher. Elle ne m’a laissé, qu’une ombre, inhabitable, dans la bouche.
–
Marie Bauthias – L’ombre des leurres ( extrait 01 )
–
proche ou lointaine c’est
l’ombre qu’on recherche
le seuil où pourrait être dit la main son lit
le trésor qui veille à trouver à venir
la parole nomade qui nous rendrait amis
on cherche sans savoir une nuit efficace
un ciel qui roule de plus haut
sans doute l’autre endroit
le premier mot ouvert
on cherche
l’éclat et son sort
Journée immobile ( RC )
–
La muse est malade
Conduit un astre ,pâle
Couleur de fiel
En coulures de miel
Une vague d’argent déferle
En un éclair, pareil
Confisque un soleil
D’or et de perles
La lune reste fade,
Une journée lointaine, râle
Laissée en rade
Aux couleurs sales
Les navires sont immobiles,
Se découpent en nombre
De coques sombres
Tout près de l’île.
Ma terre est encore si lointaine
Quand je revois son éclat
Malgré le soleil là;
Si las – et la route qui y mène.
–
RC – 30 septembre 2012
–
Else Lasker-Schüler – SECRÈTEMENT, à la nuit
Avec la présente, je continue la publication des poèmes de cette auteure, réunis dans la plaquette qui porte justement ce nom » SECRÈTEMENT, à la nuit »..paru auxéditions « Héros-Limite »
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pour rappel mes précédentes publications sont:
Else Lasker-Schüler – Arrivée
SECRÈTEMENT, à la nuit
Je t’ai choisi ‘ Parmi tous les astres.
Et je veille – fleur aux aguets Dans le feuillage susurrant.
‘
Nos lèvres s’apprêtent à préparer le miel Nos nuits chatoyantes sont écloses.
Les cieux de mon coeur s’embrasent À l’éclat radieux de ton corps –
Tous mes rêves irradient de ton Or, Je t’ai choisi parmi tous les astres.
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HEIMLICH ZUR NACHT
Ich habe dich gewählt Unter allen Sternen.
Und bin wach – eine lauschende Blume Im summenden Laub.
Unsere Lippen wollen Honig bereiten Unsere schimmernden Nächte sind aufgeblüht.
An dem seligen Glanz deines Leibes Zündet mein Herz seine Himmel an —
Alle meine Träume hängen an deinem Golde, Ich habe dich gewählt unter allen Sternen.
1907
et comme je l’ai fait par deux fois déjà, en écho avec les créations du peintre Andrew Wyeth.., magnifique utilisateur de la lumière…
A noter au passage que ces reproductions sont « rares » – à savoir que c’est scanné d’un livre acheté aux USA, et difficilement trouvable en Europe.
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