C’est pour celà que tu l’as reconnue – ( RC )
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Que se passe-t-il, une fois retraversé le temps ?
Ou plutôt que le temps nous ait retraversé.
Tu as enfoui dans ta mémoire un évènement
vécu dans ta jeunesse… oh, rien de spectaculaire :
une impression, un bruit, une odeur , une image.
Et tout cela s’est transformé en une petite boule invisible,
une graine, comme il doit y en avoir tant d’autres.
Puis un jour tu es revenu au même endroit,
et ces impressions, ces odeurs, identiques
sont venues te traverser, comme si tu étais passé
de l’autre côté d’une surface, qui serait venue
s’interposer, entre ce que tu étais
et ce que tu es aujourd’hui.
Tu saisis une limite mystérieuse,
qui n’a pas de consistance,
encore moins que celle du tain d’une glace
où tu sembles regarder un autre toi-même
avec lequel tu serais prêt à dialoguer.
Bien entendu, d’autres morceaux d’existence ,
d’autres graines seraient prêtes à éclore,
si les circonstances s’y prêtent…
en fait il suffirait de plonger au plus profond de soi,
que l’espace qui nous en sépare se dissolve .
Çà peut arriver. C’est une sorte de réminiscence,
qui franchit des limites mystérieuses.
Mais plus encore, quand ces impressions,
une fois exprimées, sont aussi partagées par d’autres .
comme si elles n’avaient plus d’hier ni demeure ,
comme si on passait en-dehors de notre enveloppe,
à travers soi, pour rejoindre l’autre personne :
elle a peut-être vécu sur un rythme aux phases identiques
quelque part, elle s’est égarée dans les mêmes labyrinthes.
C’est pour celà que tu l’as reconnue.
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RC – avr 2017
Parole scellée ,de l’intérieur ( RC )
Sculpture; une vue inhabituelle de la « muse endormie », de Constantin Brancusi, Paris
Les objets muets le montrent du doigt
Celui-ci ne parle pas, et c’est toi
Tes yeux roulent, depuis ton plus jeune age
Sans connaitre, le discours, et le bavardage.
La force du silence impressionne…
Ils parlent beaucoup, tu chantonnes
Marqué , peut-être d’une aile d’ange
Tu ne souris pas …. çà dérange
Tout se passe au loin, de ta tête
Certains diront, peut-être, que tu t’entêtes
Qu’autour de toi, la vie glisse
Et que tu es, on dirait, sans malice
Bien sûr, on peut toujours en rire,
– ( On ne parle pas pour ne rien dire )
———Tu maintiens la parole à distance
Et fais éclore, des fleurs de silence…
RC – 20 septembre 2012
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( en rapport avec le texte de Françoise Lefèvre » le petit prince cannibale » ed Actes/sud 1990 , racontant les rapports dune mère et de son enfant autiste)
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