la Main noire (RC)
Mains noires…
Je me souviens
De mes peurs d’enfant
De ces peurs de mortel
Quand on s’aperçoit
Que le fragile nous est
Que ces ténèbres nous guettent
En peurs secrètes
L’hésite
D’un devenir adulte
En angoisses réelles
Au seuil cruel
Géant, complexe
Le monde est là
Le futur aussi
Qui guette
Interdits, et sexes
Premiers appels
Carmins bavards
Fleurs, et peurs
Futur « grand » et ex-
Aux années de plomb (RC)
Entre mon sourire,
je crois percevoir,
le grain de ta peau.
Aux années de plomb
A la fontaine scellée
Esprit retiré
Au baiser du crapaud
Aux contes de Perrault
La belle endormie
Maîtresse du temps
De plomb fera plume
Les mots jailliront
Captive libérée
Oppression dégelée
Pensée désentravée
Aux sources sans larmes
Fontaine je boirai de ton eau
Et encore boire tes pages.
—
ce texte est un écho à celui d’Arthémisia: voir son post:
Entre les larmes
Je crois encore voir
Les pages de ta peau.
Photo: Imogen Cunningham
Ivresse et « cuisine » avec JoBougon (RC)
Ivresse ( texte original à partir duquel les autres sont en « écho » )
19 juin 2011 par jobougon
Ces douleurs que le monde méprise
Nous freinent telles les douleurs exquises
Qu’il conviendrait très chère marquise
De transformer en friandises
A faire dégeler les banquises
En vivant nos passions torrides
S’il advenait qu’à tout hasard
On apprenne à faire don de l’art
De s’abandonner en amour
Sans plus de peur ni de détour.
-
Ainsi par quelques détours
Et revenu à l’Amour,
Chère Marquise
tu m’a conquise
gilles/lepoete71 -
le 19 juin 2011 à 23:48 |
Ainsi va notre amour
Redessinant les contours
De nos deux vies réunies
Pour être plus épanouis.Jobougon/lapoétesse13
Avec mille bisous -
le 20 juin 2011 à 00:18 |
Souffrez, chère marquise,
Qu’à ces mots, à mon oreille si tendres
Je sorte du congélateur aux douces bises
La crème fouettée, qu’il fallait se prendre
Afin d’orner, du four extrait, torride
Ce gâteau aux saveurs exquisesQui n’attend que votre bouche avide
Abandonnant sans peur ni timide
Son fondant d’arômes liquides
Pour ne laisser plus aucune miette
Sur votre délicate assietteSans détour , ni peur
Je vous donnerai de tête
Les secrets de ma recette
Deux cent cinquante grammes de beurre
De la tendresse ,de la bonne humeur…
Et à vos joues émues, un peu de couleur ! -
Ah cher marquis c’est étourdie
Par toutes ces jolies sucreries
Qui sentent bon les joies refleuries
Que vous me voyez alanguie
Vous m’avez tant fait rire ce soir
La poésie est une victoire
Et c’est renversée comme la crème
Que sur mes joues monte l’érythème
D’une ivresse où votre tendresse
N’a d’égale que vos douces caresses. -
Ainsi , je suis fort aise que ce dessert
de suite après le camembert
vous tirez, Marquise, une caresse
des ces mots renversés, une prouesse,Il convient maintenant de savourer
ce que vie peut nous donneraussi je propose une fine liqueur
Que nous boirons en coeurAutant faire de l’ivresse
Une divine messe ! -
Votre messe cher marquis adoré
N’a vraiment plus rien du curé
Vous savez combien j’aime pourtant
A rester un tant soit peu décent
Mais puisque vous relevez le jeu
Je vais donc me servir de ce feu
Pour allumer dans la cuisine
Sous ma petite recette coquine
Et aller réchauffer l’humour
Avec plein d’autres calembours. -
Et bien, Marquise, en cuisine coquine,
Je ne doute qu’elle sera fine,
Et de l’humour à petit feu
De l’amour toujours ce sera jeuIl faut céans laisser de coté,
Il est vrai, notre brave curé
N’aurait cure (et) de propos polissons
De ses ouailles, surtout en juponsCeci non plus, sans invoquer diable
Ou, si c’est vous , Marquise, si aimable
Aux saveurs et propos de miel
On a évoqué le septième cielA partager en deux , je dirai cieux
Que votre recette est bonne ( grands Dieux) ! -
Existe-t-il au autre destin, pour les passions torrides qui se vivraient sur des banquises, que celui de tomber à l’eau ?
-
Espérons que la glace tienne suffisamment longtemps pour qu’elles meurent de leur belle mort.
-
Je commanderai café liegeois
Pour le siroter avec toi
S’il reste suffisamment de place
Pour tenir à deux sur la glace. -
Le tout est bien glissant
Et le café sur ma chemise
En traces, n’est pas de mise
Sur un blanc très salissantC’est la faute au vin de messe
Dont j’ai rempli de calice
Marquise aurait appelé la police
Si elle n’avait, en grande prêtresseEffleuré le bonheur
D’une badine farouche
Qui à tous les coups fait mouche
—
un p’tit verre de liqueur ? -
Ce cher marquis
Il dit liqueur
Mais mon honneur
Me commande de faire à son heure
Mieux que le café en couleurPuisqu’ une tache qui serait brune
Sur sa poitrine moi je l’assume
Je roulerais jusqu’à sa plume
La dite messe d’une douce écume
C’est la glace qui fond je l’assure
Et puisque cette prune est mûre
Ne reculez pas d’aventure
Devant la pâte et la levure
Entrons direct dans la cuisine
De cette jolie diablesse divine
Qui a le palais si sublime.
–
Que diriez-vous d’être au régime ? -
Car ce sera si j’ai bien compris
En cette saison un clafoutils
Je serais prêt à en faire pari
Et vous avez tous les outilsEt par vos dons, Marquise,
Dans la farine, vos doigts
Et la juste cuisson requise,
Ce sera un plat de choixAu régime me souhaitez vous?
Cruelle, cette préparation exquise
Au moelleux si doux
Pour moi, n’était pas de mise ?Ce n’est pourtant pas l’embonpoint
Que vous montrez de vos doigts blancs
Ce qui tend ainsi mon pourpoint
N’est pas un songe gourmand( réservé aux amants ?)
-
A brûle-pourpoint je vous réponds
Que le régime de ma cuisine
Est réservée à ceux intimes
Qui ont su faire fondre les pontsMais marquis vous qui vivez loin
Saurez-vous rejoindre ces matins
Où le clafoutis dégusté
Nous aurons les noyaux crachésCroyez bien très cher samouraï
Qu’avec toutes ces victuailles
Vous soyez bénis par les « Dieux »
Je le ressort toujours un peuAimant à toujours concocter
Des plats de chambre* à plaisanter
En toute sorte de saisons
Et toute sorte de positions…(réservé aux aimants)
-
Si c’est donc là, le régime
D’un sourire en coin
Ce n’était pas l’embonpoint
Dans vos propos légitimesJe partage à distance
Les prunes que mon jardin
M’offrent dans ma main
Noyaux exceptés, de préférenceChère Marquise,j’imagine votre geste
Clafoutis dégusté, rejoindre le matin
Plats de chambre en un tournemain
(tours de mains), pour les propos lestesEt plaisanter de concert,sur la cuisine
La façon et la cuisson
En toutes positions
Il est dit , »de parties fines »Je vous crois sur parole,
A faire fondre les ponts, votre visage
S’illuminera – selon l’usage
Comme celui d’une sainte, sous l’auréolePour cela, puisque nous parlions d’ivresse
Boissons dégustées et plats partagés
Seront goûtés comme il se doit, et mangés
Bien épicées, de caresses et tendresses. -
Marquis je chambre et j’aime chambrer
Et de parties fines je connais
Ce que vous voudrez bien montrer
Si c’est l’embonpoint qui vous siedNos complicités culinaires
Seront rejointe volontiers
Par d’autres jeux bien plus sucrés
Qui ne sortent pas du frigidaireSachez donc que mars et vénus
Sous la couette ont des imprévus
Qu’il convient aussi de dompter
Pour que le partage soit entierSi vous touchez à l’émotion
Il viendra alors des frissons
Evitons l’écueil du rendement
Qui paralyse et glace le sangPour que les visages s’illuminent
Vous oserez ces jeux sublimes
Qui ne demandent aucun effort
Et nous mettrons tous deux d’accordA venir lâcher nos défenses
Il nous faudra toute la patience
Et la vulnérabilité
Nécessaire à la volupté. -
Rassurez vous Madame
Point d’embonpoint n’ai
Bien que je sois gourmet
Et même, ce ne serait pas drameVoulez vous avec biscuit ,volupté
partager ? Je connais des boudoirs
Qu’il faudrait savoir
Tremper dans votre théMars et Vénus
en planètes associées
sans atmosphère viciée
sont les bienvenusLoin de moi les rendements
D’une cuisine rapide
Aux plats insipides
Je vous prendrai doucementPar la taille
pour accompagner les jeux sucrés
ceux de votre spécialité
les aventures de la failleQue je rempliai de grains
Dorés de raisins
Pour mieux savourer
Les fruits de vos bontés -
Vous êtes mon empereur
J’ai fait salon dans mon boudoir
En tendre faim de recevoir
Cet embonpoint que n’avait pas
Marquis et son doux chocolatDe thés parfumés au jasmin
Vous avez trouvé le chemin
Je n’en dirai pas davantage
Sur la profondeur de l’ouvrageCar sans être béni oui-oui
Marquis vous avez bien admis
Que loin d’être une sauterie
Pour jeter d’en haut l’ennemi
C’est de boudeuse dont il s’agit
D’envers ou d’endroit je l’oubliePour nul naufrage il faut courage
Vous avez relevé le défi
A travers les mailles du corsage
Vous êtes allé sans faire un pliDe cette bonté partagée
Comment faire pour vous remercier
Si ce n’est en vous laissant faire
Dans l’entrée vos douces affairesEt de portail en cheminée
Comment aurais-je pu deviner
Dans quelles sortes de mondes enchantés
Vous alliez là me projeterNos ravissements planétaires
Viendraient comme un grand souffle d’air
Aérer le feu des idées
Bien mieux qu’un âtre ordinaire
A me pulser sur vos avés
Sans jamais être offenséeLes miroirs en lie de folie
C’est d’une bouteille dont il s’agit
Un de vos crus millésimés
Dont seul vous avez le secret
C’est ainsi qu’il fallait traiter
Les fruits de vos raisins dorésQuand par la taille vous m’avez prise
De bonheur suis restée éprise
Vos failles sont pleines de surprises
Que sans vous n’aurais pas apprisesSans chercher aucune petite bête
Mon araignée fût stupéfaite
De se trouver au cœur d’une fête
Dans l’imprévu de vos fenêtresMarquis de boudoirs en salons
Vous avez œuvré pour de bon
A faire le tour de ma question
Réservée à mon grand champion
J’avoue que c’est votre nez rond
Impérial qui eut le pompon. -
C’est ainsi, grande duchesse
Que par la luxure de vos tresses
Nous montons en grade
Sans que rien de dégrade
De complicité, nos relations
Boudeuse, Bougon, c’est votre appréciation
Du courage certain, dont il est question
Pour les douces affaires
Au ventre salutaireJ’ouvrirai mon pourpoint
Pour, de vous, prendre soin
En crus millésimés
J’oserai vous limer
Et duchesse , à vous presser
En surprises caressées
Votre araignée maligne
Saura se montrer digne
D’une visite ino-pinée
D’une seringue d’élixir
Qui vous fera rougir
Sitôt ino-culée.Que j’aime votre entaille !
Pour la visite, on n’y voit goutte
Mais c’est sans doute
La profondeur de la faille
Afin d’en avoir le cœur net
J’écarterai les pétales
Avec ma langue frontale
D’une pichenetteD’une fontaine jaillissante
Je récupérerai les raisins aplatis
Par mon grand appétit
De passion fouissante
Et du jus de fruits
Extraite de votre puits
Une bouteille tiède
D’un puissant remède
Pour le festin galant
Des nouveaux amants -
Lampe frontale
Dans les escaliers de mes nuits
Qui donne accès au fond du puits
J’ai trouvé cet équipement
Pour visiter l’appartementQui serait témoin de l’épreuve
A laquelle les yeux qui s’abreuvent
Permettrait de naître à soi-même
Sans que la détresse nous promèneNée de notre conversation
La lampe frontale fait allusion
A d’autres lieux bien plus intimes
Qui ne sombrent pas dans l’abîmeMais bien qui donneraient le frisson
A l’épervier et au faucon
Qui réunissent de toute façon
La gaité de tous les pinsonsJ’ai opté pour la guérison
Sans effort et dans l’abandon
J’y retrouve ici le pardon
De toutes mes erreurs d’illusionsLa lampe frontale n’est pas fatale
Mais bien guérisseuse en crotale
Lorsque celui-ci n’a pas mal
De ma dévoreuse mygale. -
Et apparemment, peut-on visiter cet appartement ? – décemment
Il y a des coussins de velours, et des canapés profonds – frissons
Les erreurs d’illusions, sont-elles des illusions d’erreur? – barrissons
Et la guérison, – comme la tête de loup…
chasserait de l’obscurité, les remous, les doutes et fantômetsDéjà faute d’oiseaux nocturnes ( enfin ceux que tu as cités), – publicité – Chouette et hibou feront à défaut du ménage, bon ménage
Au fond de ta grotte, en langue frontale ( et non pas lampe)
on ne pAnse pas à mal ( car honni soit qui mal y pense)…
et de mygale… les frissons, c’était les amidales – qui les donnaient– amicales
-
Aucune guérison n’est fatale
Aucune lampe frontale bacchanale
Nos oiseaux nocturnes dans la turne
Verront ainsi l’âge de saturne
Vous avez de drôles d’amygdales
Un rien peut-être archétypales
J’ai pansé qu’il valait mieux
De penser l’âme de mes bleus
J’irai ainsi faire le ménage
Dans les remous de votre cage
Des grottes en trous un peu partout
Là c’est à en devenir fou
Mais vous délivrez ce message
Ces deux là feront bon ménage
Serait-ce une illusion d’érreuse
Si cela me rendrait heureuse
Sous une toile du peintre maudit
Vous visiteriez mon taudis
Ah doux marquis vous m’ébranlez
Dans mes convictions intégrées
Des amis que dalle entre nous
Je n’en suis pas si sûre du tout
Au fond des canapés profonds
Vous auriez raison d’une raison
La mienne. -
A vous rassurer
Et puis commenter
C’est plus un oraison
Et être au diapasonA votre écoute
Parmi les doutes
Et de mon propre aveu
En panser les bleusSi je bouscule vos habitudes
C’est pour alléger votre servitude
Et si la déraison en votre maison
Devient un poisonAlors oui, pour vous ébranler
de certitude,Il vous faudra aller
Et peut-être déranger
Un esprit mélangéDe doutes et d’errances
et « casser la croûte »
Celle que l’on redoute
Qui est d’importance -
La croûte se casse en pots Félés
Ce soir le ciel n’est plus doré
C’est dans un brouhaha intense
Que j’ai donné toute mon essence
Sur le lieu de tous les secrets
Celui de mon travail de fée
Hospitalière et pas surfaite
Surfeuse de têtes dans sa défaite
Ce jour n’est pas une réussite
J’en reviens un peu déconfite
Mais n’aurai pas manque de bon sens
En pensant que c’est dans l’instance
Que les projets peuvent prendre naissance
Et si parfois les circonstances
Ne sont pas bonnes, pas d’impatience
La vie n’est pas sans nulle surprises
Suffit d’être pour ça disponibles
Et de cueillir toutes les joies
Tout en restant de bon aloi
En attendant que l’heure sonne
Pour aller réveiller la donne
Les jeux sont faits rien ne va plus
Je remballe mes espoirs déçus.
—
-
D’espoirs en succès
Je suis à vous
Et vos doigts sucés
qui me sont si doux -
J’arrose nos succès
Et je t’offre ma paix
Une fois tes plats goûtés,
Repus, on s’endormaitLa musique du hasard —- (la musique du hasard est le titre d’un livre de Paul Auster)
Ne viendra pas trop tard
Sur le piano des doigts
Quand ils courent sur moi -
Mes doigts courent comme il neige
Et sur ton piano, les plus beaux Arpèges
Courent sur ta peau quand je beige
En un somptueux florilège -
Reprenons notre dîner, après ce court entr’acte
Ce n’est pas à laisser se faner, les fleurs de septembre
Qui vivaient en juin, puis en janvier en couleur d’ambre
C’était avec l’ivresse, et repus que nous avons scellé le pacte,Dressée sur la table, en dansant tango, en femme éprise,
Comme un petit bonbon, de ceux qui nous tentent
Indolente et parfumante, goûtait bon la menthe
Sans te nommer sainte, des anges, MarquiseAdmirant les plantes, guérissant les plaintes
La voila qu’en danse, elle se dresse et ondule
Revirant l’ivresse, pécheresse funambule
De tout son sexe doux elle va, sans crainteRépondre en mélodie,l’arpège des accords
Tanguer, Tango, accélérer tempo
A se faire liquide, engloutir ma peau
Et cueillir étincelles, grande sonate du corps.
Fabienne Verdier, calligraphe – sur le site de JLK
—–
Fabienne Verdier ou l’abstraction vitale
ENTRETIEN Un livre magnifique, rassemblant ses œuvres et un entretien avec Charles Juliet, illustre la démarche exemplaire de l’artiste.
Le parcours existentiel et artistique de Fabienne Verdier fait figure, pour beaucoup, de véritable leçon de vie. Initiée à la calligraphie traditionnelle au fin fond de la Chine, au lendemain de la Révolution culturelle, ainsi qu’elle le raconte dansPassagère du silence, l’humble disciple de Maître Huang Yuan est aujourd’hui une artiste de renommée internationale. Est-ce pour autant une « star » ? Le prétendre serait ne rien comprendre à ce qui l’anime ni à ce qu’elle vit…
– Qu’est-ce qui, depuis votre rude apprentissage en Chine, a changé pour vous ?
– Pour l’essentiel rien n’a changé : j’en suis toujours à me battre pour me construire, et ce n’est pas plus facile aujourd’hui que dans mes périodes d’apprentissage les plus rudes. Cela tient d’abord au fait que la relation au monde actuel est très difficile. Le monde de la consommation fausse notre rapport à autrui autant qu’il menace chacun de nous. J’ai tout à fait conscience, par exemple, du danger que représente ce qu’on appelle le marché de l’art, auquel je participe pour vivre de ma peinture, mais avec réticence, sans aucun goût pour les mondanités, et je sens que plus ça ira et plus je m’enfermerai. Je constate que plusieurs de mes camarades artistes chinois, qui crevaient de faim quand je les ai connus, gagnent aujourd’hui des millions de dollars. Je m’en réjouis pour eux, mais l’art est autre chose pour moi qu’un moyen de se faire de l’argent. On n’a pas idée des sacrifices qu’il représente, et je me refuse d’ailleurs à produire pour vendre.. Je tiens à rester rare afin de préserver mon intégrité ; en fait je me bats contre le marché ! Par ailleurs, je détruis 80% de mes travaux. Ceci dit, je viens de passer deux mois durant lesquels, ayant à présenter mon livre en Belgique et en Suisse, j’ai fait d’innombrables rencontres à la fois émouvantes et stimulantes : de jeunes gens qui doutent de tout et que ma démarche encourage à poursuivre une recherche personnelle ; de vieilles personnes aussi qui me disent que ma peinture les aide à vivre ; et cela va plus loin que la jouissance esthétique : cela touche au sens de la vie. Bref, on me rend au centuple ce que j’essaie de donner.
– Le grand collectionneur zurichois Hubert Looser vous a comparée aux maîtres de l’abstraction lyrique américaine, avant de vous inviter à « dialoguer » avec De Kooning, Cy Twombly ou Donald Judd par des créations qu’il a incorporées à sa collection. Comment l’avez-vous vécu ?
– Looser a découvert mon travail à Lausanne, à la galerie Pauli, puis il a débarqué dans mon atelier avec toute une documentation qui m’expliquait la parenté de mes recherches avec celles de Kooning, de Pollock ou de Barnett Newman, dont je ne me doutais pas. Or j’ai trouvé, chez ces peintres, une préoccupation spirituelle fondé sur des recherches que j’ignorais, recoupant la mienne. Jusque-là, je ne comprenais pas l’art radical d’un Donald Judd. Or la proposition si généreuse de Hubert Looser, de créer des œuvres en résonance avec ces maîtres m’a révélé leurs univers tout en m’aidant à mieux définir la spécificité de mon abstraction.
– Dans quelle mesure celle-ci participe-t-elle encore de sa source chinoise ?
– Il est évident que l’enseignement de mon maître reste une base fondamentale, avec tout ce qu’il implique. Les bâtonnets primordiaux, mais aussi la transmission d’un souffle immense. Ainsi je voulais que ma peinture s’ouvre à une dimension plus universelle, et c’est le sens aussi des grands formats que j’investis comme des paysages. Je m’y promène, J’y rêve. Par rapport aux abstraits américains, je ne me sens pas, comme eux, démiurges tout-puissants, mais plutôt dans la lignée du non-vouloir et d’une connaissance purement intuitive. Ma peinture est une peinture d’au-delà du désir d’art, elle s’accorde à une notion que le bouddhisme appelle l’« ainsité », exprimant avec fulgurance ce qui est ainsi, ce qui doit être ainsi et pas autrement. Sans jugement de valeur, « cela » chute dans le réel. Je foudroie la forme. C’est le sens de l’expression « entre ciel et terre ». Le tableau prend forme parce qu’on est en plein accord avec cette verticalité. J’ai alors le sentiment de travailler dans une sorte de mémoire primordiale. Nous sommes tous des fragments de mémoire. Je ne suis, pour ma part, qu’une petite tête chercheuse de cette mémoire incommensurable. Il y a en chacun de nous des milliards d’univers « à naître », et cette alchimie intérieure qui entre en résonance avec la nature – fondamentale pour moi – mais aussi avec les œuvres les plus diverses, les mystiques du moyen âge ou Gabriel Fauré, Leopardi ou Hofmannstahl, entre tant d’autres rencontres vivantes ou posthumes, constitue l’ « encre » d’où se précipite le trait de pinceau…
Ainsi fulgure la beauté
Un formidable trait vertical de pinceau rouge sur fond vert (couleurs de la passion) et le titreEntre terre et ciel, constituent le fronton du magnifique ouvrage faisant suite (notamment) àL’unique trait de pinceau (Albin Michel, 2001), où se trouvait illustré, non moins somptueusement, la passage de l’œuvre calligraphique à la peinture, et à Passagère du silence (Albin Michel, 2004), récit de l’apprentissage et des tribulations chinoises de Fabienne Verdier. Devenue peintre à part entière, accueillie dans le gotha de l’art contemporain par le truchement de la galerie lausannoise d’Alice Pauli, Fabienne Verdier nous fait entrer ici dans le jardin secret d’île-de-France où, loin de la rumeur du monde, dans le voisinage privilégié de la nature, elle exerce son ascèse créatrice. Un entretien de haute volée, avec l’écrivain Charles Juliet, nous éclaire sur le processus de cristallisation de l’œuvre, de la plus simple donnée quotidienne à la plus profonde méditation, alors que deux reportages photographiques (un portrait en mouvement de Dolorès Marat et un aperçu du Rituel du feu, signé Naoya Hatakeyama, par lequel l’artiste brûle impitoyablement ses « ratés ») nous font approcher la réalité physique du travail de Fabienne Verdier, pour lequel un atelier avec « fosse à peindre » a été construit par l’architecte Denis Valode. On se rappelle alors que cet art de l’épure extrême procède d’un véritable combat, évoquant une sorte de danse de tournoyant derviche, avec un pinceau plus grand que l’artiste, suspendu au plafond et tenu verticalement, dont le trait va saillir comme une foudre liquide. Fascinante « visite », que prolonge l’émerveillement de quatre-vingt peintures admirablement reproduites, où la beauté fulgure.
Fabienne Verdier Entre terre et ciel. Texte de Charles Juliet. Photographies de Dolorès Marat et Naoya Hatakeyama. Albin Michel.
Charles Juliet. Entretien avec Fabienne Verdier. Albin Michel, 73p. (ce petit ouvrage constitue l’édition séparée de l’entretien figurant dans Entre terre et ciel)
Cet entretien a paru dans l’édition de 24 Heures du 18 décembre 2007.
Contre -temps, contre froid, d’exquis mots (RC)
Si l’art s’égare
Les cils vacillent
Se perdent hagards
Langue aboie
Poèmes de gare
Garçons de course
Course des regards
Contre-danses
Contre -temps
Accordéons rances
Club des fans
Elé – faons
Barris – sons
Morceau d’Banquise
Exquis -mots
L’hôte a ri
Sirop – thé
Frigide – Air
Un ptit froid s’est jeté
Le ballon a tourné
Sur son nez
L’échec (été mat)
Et le jus ( de tomate)
Les plus hauts des détours
Faire le tour de l’amour
Et la diagonale des fous
C’est reprendre du dessert
Et combien J’vous en sers ?
Et toujours au service
Fond du court de tennis
Le grand jeu, c’est tant mieux
Fait toujours des envieux
Et le phoque est parti
Sfaire la malle, danser l’ska
Kek part en Alaska
Vous dites, c’est une fuite?
D’aller voir les inuits ?
Et si c’était sa nature
De plonger en eau pure ?
Et l’eau pure, je la bois
Et la reine mate le roi
çui qui perd il se couche
Et d’eau pure elle fait douche
Sous une toile d’araignée
Nous irons nous baigner
Il faudra se changer
L’échiquier est rangé
Toutes les tours sont prises
C’est le temps des cerises
Et les fleurs sont écloses
Laissons faire les choses
Le supplice est si doux
On en rprend un ptit coup
Art: Caspar David Friedrich
Voir cet article dans son contexte d’échanges ? , c’est avec JoBougon, dans les commentaires de http://jobougon.wordpress.com/2011/09/25/richesse-du-sort/#comment-2095
ombres mouvantes (RC)
ces ombres mouvantes, ces zones mobiles trouées de temps en temps de l’arrosoir du soleil-
Des taches lumineuses qui épousent les formes des reliefs, lèchent le pourtour des causses et sont avalées par les arbres.
Comme les nuages, il y en d’impalpables, des humides, et des qui font l’ombre épaisse… des cumulo-nimbus culminant en d’improbables échafaudages, qui se frottent d’électricité ou s’étirent en baillant…
Des ombres de notre vie, des contrastes inattendus, des soleils brefs et capricieux.
Et aussi des tentatives, insensées :
j’irai appuyer une échelle contre une nuée de nimbus, basculer dans un château d’eau mou, refuge d’éclairs encore lovés sur eux-même comme au fond d’un nid.
Tornade alanguie, densité totale, trou noir d’aspirations confuses et désirs d’absences.
Monter, changer le croissant de la lune en premier quartier…
débarquer de plein pied dans une oeuvre de Mirò, distribuer des étoiles, ou des morceaux, trouvés en passant
Demain sera un autre jour..
———————
These moving shadows, this mobile zone every once in a while perforated by the shower of the sun
Luminous spots which stick to the forms of the densities, touch the surroundings of the rocks and are swallowed by the trees
They are like clouds, there are untouchable ones, moist ones, and those which make a thick shadow . The « cumulous-nimbus » gathering up to unbelievable accumulations, which rub with electricity or will pull apart with yawning…
Shadows of our lives, unexpected contrasts, short and capricious sun shines
And unreasoned tentatives:
I shall lean a ladder against a pile of nimbus, slider over into a smooth castle water, hiding place of lightnings still cuddled up against each other like on the bottom of a nest.
Tired tornado, total density, black hole of confused aspirations and desire of absence.
To climb & change the crescent of the moon in its first quarter.
Step right out into a Miro’s painting, distribute stars, or pieces of them which were found while passing by….
Tomorrow will be another day