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Tes mots revenus – ( RC )


 

 

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J’ai emporté les mots que tu m’as glissé à l’oreille,

je les ai confiés aux ,
afin qu’ils voyagent,
et qu’ils les racontent à leur façon…

Je suis le passeur des phrases, celles qui sont dites,
et celles qui ne le sont pas.
Un jour, comme je l’ai vu,
( ou plutôt, comme je les ai entendus,

les mésanges sont venues frapper à ma fenêtre ) :
c’est qu’elles avaient sans doute
une réponse à me donner, et le récit de ton voyage .
J’ai essayé de l’interpéter à ma façon,

et les mots pensés,
ont ainsi continué leur voyage,
dans ma tête peut-être,
en donnant naissance à d’autres écrits .

C’est que tu parles un peu en moi…


RC – avr 2017

 

(  réponse à Anna Jouy : voir les mots partis )


Une infime parcelle- comme une découpe du ciel – ( RC )


création numérique perso 1999

création numérique perso 1999

A l’extrème limite de la conscience,

une bouche balbutie,

sur une surface horizontale..

une couche de glace,

dont on ne sait encore l’épaisseur,

mais bousculée par les courants de l’intime,

d’une profondeur insondable.

J’imagine le violoncelle de Yoyo-Ma,

Jouant Bach, sur une pellicule de glace,

la pique s’enfonçant peu à peu,

à chaque coup d’archet,

pour retrouver,

une fois la suite achevée,

l’essence même de la musique.

Et , de même la page d’écriture,

Qui se révèle :

une façon de communiquer son sang

à l’encre :

une mémoire magnétique,

venant de régions inconnues

avant que celle-ci ne fige .

Bien sûr, on peut rester

la plume en suspens,

au point de laisser les oiseaux

dessiner, écrire à notre place,

le geste immobilisé,

pour des récits qui resteront

à jamais non écrits …

Faut-il se révéler à soi-même,

Et remonter du lac,

sous nos pieds,

un seau d’eau glacée

dans laquelle nous mirer ?

Reflétant aussi les oiseaux ,

et l’encre transparente du silence …

De toute façon,

ce qui est puisé,

n’est qu’une infime parcelle,

comme le serait la découpe du ciel,

visible dans le seau,

mais il contient une voix,

avant d’être naufragée, gelée …

la nôtre .

_

 

RC- sept 2015

 

( variation sur un texte de Michèle Dujardin, tiré de « Abadôn » elle-même évoquant Henri Thomas avec cet extrait : « Je n’ai le goût de rien exprimer, si ce n’est ce noyau d’obscurité tenace qui est mon être même, ma substance morale et poétique. »
Henri Thomas )


La tombe de l’écrivain – ( RC )


Heiner Mueller Grave Berlin 3 2013 am-grab-von-heiner-mueller-a313f54e-7c62-4d32-beb5-b15dd0557757
provenance photo: philippocock.net

 

Il y aura un cube de grès rose,
dressé               en lisière des bois,
une borne, à priori des plus banales,
( qui n’est pas kilométrique  ).

En effet        on s’y repose,
aussi bien      on s’y assoit,
quoi de plus normal,
après la gymnastique.

Certains y laissent
quelques souvenirs,
de petits cailloux,
une canette de bière.

Les amoureux s’y pressent,
en mains et en soupirs .
C’est le lieu du rendez-vous,
plus que de la prière.

La mousse s’y incruste,
le lierre prolifère,
Pourtant ce volume  ne porte
pas de  date , mais des noms gravés.

Ce n’est         pas un buste,
Mais        une simple pierre,
posée de la sorte,
juste au bout de l’allée.

Entourée d’herbe verte,
et de pins qui penchent,
elle marquerait le dernier lit,
du célèbre écrivain :

une tombe offerte
comme           une page blanche
qui attendrait encore des écrits,
confiés              à d’autres mains .

Echappée de l’enclos
étroit du cimetière
on viendrait comme dans la supplique
de Brassens, y faire d’affectueuses révérences

Entre le ciel et l’eau
A moitié enfouie dans la terre
discrète                     et monolithique ,
prolongeant dans le temps, son acte de silence .

RC – fev 2016


Jean-Jacques Dorio LUNE À PARTIR


Jean-Jacques Dorio, publie sur son blog, quantité d’écrits, dont il m’a autorisé à faire  écho ici, dans le mien

Voici une de ses nombreuses publications,  datant de janvier 2008

LUNE À PARTIR

Je ne dis pas grand chose ce soir

Des paroles éparpillées

     Je dis que j’ai oublié ce que j’avais à dire

     Et que la lune à travers mon petit carreau

     Me regarde

     À l’ouest de ma mémoire

Je ne sais ce qu’elle me veut la lune

Elle doit savoir que je suis entrain de me demander

Pourquoi y a-t-il une lune?

     N’empêche

     Du pas-grand-chose à dire

     On a fait cette maille de mots

     À partir peut-être

     Puisqu’il s’agit de partager…

le soir qui est déjà la nuit

la mémoire les paroles éparpillées le rien à dire

et cette lune qui reviendra demain

poursuivre ses mille et un récits

 

phot-montage Man Ray