Il y avait , sur le dessin – ( RC )
Brooklyn Street-art
–
Il y avait sur le dessin
des ombres, mais aussi des couleurs
qui sont venues habiller le mur.
A travers les grilles,
je le voyais
avec ses fleurs blanches et pourpres,
mais aussi le ciel plombé
d’un proche orage,
Il faisait ce contraste au bonheur
et aussi le mettait en valeur .
Il y avait ,
—– ( car un jour de colère,
quand le cœur se déchire,
j’ai voulu effacer les clématites
avec un chiffon et de l’essence ).
Quand le regard s’y pose,
on voit que tout a dégouliné :
Ce n’était pourtant pas suite à l’averse :
tout n’est pas complètement gommé:
je ne repars pas d’une toile vierge :
on devine bien des choses,
malgré le repentir
on y voit des restes de bonheur
que je n’ai pas pu
( ou pas voulu )
complètement effacer …
RC – août 2018
Bordée par la nuit – ( RC )
peinture: Arthur Dove « moon & see II »
L’œil blanc est sans expression,
et dissémine un clair distant ,
qui ne rappelle pas les ombres .
L’univers est bordé par la nuit .
On ne sait pas s’il s’éveillera
dans le balbutiement des étoiles .
Les entrecroisements des branches
se courbent dans une silhouette
les confondant avec celles d’autres arbres .
La lune pointe parfois entre les nuages,
aiguisant le regard des oiseaux nocturnes.
Ils se répondent de colline en colline.
Jusqu’à ce qu’elle descende
contre toute attente
prélever sur la terre
un peu d’atmosphère
un reflet dans le lac,
qu’elle emporte aussitôt
avec des meutes de fleurs noires,
avant de s’effacer
comme si elle n’avait jamais existé .
–
RC – janv 2018
Bien au-delà des yeux – ( RC )
photographe non identifié
J’ai failli rencontrer
celle qui n’a de voix,
que quelques traces
électroniques,
semées sur le clavier,
toujours en majuscules
laissées en marge
d’un jeu de lettres .
–
J’imagine la Brésilienne
campée sur de solides guibolles,
et des mèches folles
s’échappant du chapeau.
–
Il y a du vent
hier et aujourd’hui.
Il aurait emporté ses paroles,
et son accent chantant.
–
C’est une inconnue
qui observe au loin,
son amie s’éloigner:
devenant un tout petit point
Cette fois : elle est sans voix.
Ce n’est pas à cause du vent :
elle ne se retourne pas,
a laissé mon image aussi, s’effacer.
–
La plage n’est pas belle;
l’azur a déserté le ciel,
les parasols sont repliés,
peut-être l’été n’a-t-il jamais existé.
Il suffirait d’aller voir
de l’autre côté.
( Par la mer, quand elle se calme
on le peut . )
–
C’est l’immensité qui tangue,
mais sans doute au-delà
-
et l’imagination se perd
bien au-delà des yeux.
Et de la baie de Rio.
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RC – fev 2017
Peindre l’intérieur de sa tête en blanc, ou noir ( selon ) – (RC )
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Il y a des secrets enfouis sous la glace,
Elle conserve au frais les souvenirs des étés,
Au plus profond des crevasses .
Elles se sont refermées sur ce qui a été.
Un fleuve de blancheur à la coulée lente,
Qui dévale les années,
Accroché aux pentes,
Des plus hautes vallées .
–
Les secrets ont leur gardien,
Il en reste toujours une trace.
On a beau les taire, un jour, cela ne sert à rien…
Il y a toujours quelque chose qui dépasse .
C’est comme si tu repeignais de blanc,
L’intérieur de ta tête, pour effacer,
Toute trace du passé,
Gravé en lettres de sang .
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Choisis plutôt le noir
Personne n’y verra goutte …
Une bonne solution , sans doute,
Pour perdre la mémoire ,
Te refaire une santé ,
> Effacer les preuves…
— Mais crois tu qu’avec une peau neuve,
Tu peux prétendre à la virginité ?
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RC – déc 2014
Claude Esteban – Je prendrai une pierre

sculpture : Eugene Dodeigne
Je prendrai une
pierre.
Celle qui vient. Celle
qui pèse
dans son nom de pierre.
J’effacerai tout le dehors.
Je donnerai
mon sang à cette pierre.
Pour rien. Pour
retenir son nom. Pour apprendre
jour après jour
son corps de pierre.
–
Claude Esteban
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Corps fleur, une rose (RC)
–
Si c’est une toile blanche
Qui attend en silence
Que le pinceau s’élance
Au dessin de tes hanches
Alors sur ce modèle
Corps et délits
Je le forme et le plie
Et pourrais ajouter des ailes
En appelle « l’inspiration »
Le bras, je vais le déplacer
La main, je vais l’effacer
Et puis , varier la position
–
Tes courbes opposées
Enlacées de lumière
Sans plus de frontières
Allonges , du corps reposé
Modelée de sculpture
Mon geste te compose
Corps fleur, une rose
De créature, nouvelle parure
Et c’est ainsi que tu nais
Calligraphie, déliés et pleins
Arabesques de tes seins,
Sur la page du carnet …
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