Anthony Phelps – fleur-soleil

Au plus vert de la vie
ma voix est sur ta voix
et ta pensée double la mienne
Tu es ma meilleure part
le matin de mes yeux
Ma plus pure émotion
Et ton sourire est dans mon cœur
un talisman contre la peur
Passe le temps sans toi plus lent si vide
Pleuvent à tout instant les confettis du souvenir
et l’écho de tes mimes se profile en silhouette
sur le blanc de l’absence
Mon nénuphar ma fleur-soleil
mon oiseau-mouche aux ailes vibrantes
ton infini est ma limite
car ta vie contredit la mort
et je bénis le jour où nos yeux s’allumèrent •
Mizpirondo – à l’approche de la pierre

cote rocheuse en Sardaigne
Tu entends, sortilège ( RC )
Tu entends sortilège , oui c’est ce qui se passe en nous,
Ce qui traverse, et touche…
Et pourquoi la graine germe dans la terre,
Et pourquoi la graine germe en nous?
et pourquoi notre regard est d’émotion.
Et pourquoi certains sont sensibles à certains arts
ces arts, ce que l’on pense tels…? cette pâte étalée sur la toile,
qui, -pour citer Denis: » avant d’être un cheval de bataille,
une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane
recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées … »
Oui, mais l’ attouchement du hasard – d’un froissement une aile ou une feuille ,
venant à mon regard, et la lumière d’un instant, qui rebondit jusqu’à moi…
que je fixe en photographie, l’instant fugitif,
Comme celui où le bras se lance, le pinceau affleure, et puis se pose, virevolte…
—–> Je le laisse faire, regardant ce qui arrive. Ce geste est le mien…
RC – 22 mai 2013
–
—
tu entends sortilège, ( cette expression ) est issue d’un article récent de Lamber Sav, visible ici:http://aloredelam.com/2013/05/23/lingua-franca-ou-comment-sen-debarrasser/#respond
-
Lamber Sav j’aime bien tes dessins , c’est à la plume ?
-
Re Chab Non, au pinceau calligraphique
-
Re Chab ( ils ne sont pas tous de qualité égale, mais il y en a des intéressants)… https://www.facebook.com/media/set/?set=a.605439832799455.1073741828.100000003307397&type=3 Et- comme le permet les sculptures, l’intérêt est de tourner autour… donc qq fois il y a plusieurs versions dessins de mêmes sculptures avec des angles différents
faites en gde majorité à partir des sculptures de Matisse fin 2009–que je complète avec cet extrait de « Oreiller d’herbes » de N Sôseki:visible dans « à fleur de mots… »–Puisqu’il est difficile de vivre dans ce monde que l’on ne peut quitter, il faut le rendre un tant soit peu confortable, afin que la vie éphémère y soit vivable, ne fût-ce qu’en ce laps de temps éphémère. C’est alors que se déclare la vocation du poète, c’est alors que se révèle la mission du peintre. Tout artiste est précieux car il apaise le monde humain et enrichit le cœur des hommes.Ce qui débarrasse de tout ennui ce monde, où il est difficile de vivre et projette sous vos yeux un monde de grâce, c’est la poésie, c’est la peinture. Ou encore, c’est la musique et la sculpture. Pour être exact, il ne s’agit pas de projeter le monde. Il suffit d’y poser son regard directement, c’est là que naît la poésie et c’est là que le chant s’élève. Même si l’idée n’est pas couchée par écrit, le son du cristal résonne dans le cœur. Même si la peinture n’est pas étalée sur la toile, l’éclat des couleurs se reflète dans le regard intérieur. Il suffit de contempler le monde où l’on vit, et de contenir, avec pureté et clarté, dans l’appareil photographique de l’esprit, le monde d’ici-bas, futile et chaotique. C’est pourquoi un poète anonyme qui n’a pas écrit un seul vers, un peintre obscur qui n’a pas peint une seule toile, sont plus heureux qu’un millionnaire, qu’un prince, que toutes les célébrités du monde trivial, car les premiers savent observer la vie, peuvent s’abstraire de toute préoccupation, sont en mesure d’entrer dans le monde de la pureté, de construire l’univers unique et de balayer les contraintes de l’égoïsme.Soseki Natsume, Oreiller d’herbes, 1906 (trad. R. de Ceccatty, Rivages, 1987)
Ahmed Mehaoudi – Si Proust n’avait pas écrit « à la recherche du temps perdu.
Edoardo Sanguinetti- elle est cachée (stigmate névrotique) dans ma bouche
–
1.
(et : eh !) ; elle est cachée ; et je dois dire, et je veux
(entre-temps) dire ; (et sous le coup de l’émotion) : eh ! ;
dire : eh, meine Wunderkammer ! meine Rosenfeld ! ;
(corne d’unicorne !) ; (cherchant (par exemple)
l’exaltation Vague) ;
et descendant (le 22 avril) la Rue
Royale, puis la Rue du Bois ; et je dois dire : tu es un
crabe (par insinuations) pétrifié ; et : elle est cachée
(stigmate névrotique) dans ma bouche ; (et la chose a
commencé) ; (…) ; (peut-être, vraiment) ; (précisément, je
ne me souviens pas, pas même quand,) ; et tu es un
caméléon (par inhibitions) sec ; cachée sur ma langue ;
(mais la chose) ; (…) ; (mais cette nuit, je ne la raconte
pas) (…) ; (et descendant vers la Rue de la Montagne, vers
le Marché aux Herbes, cherchant) ; cachée ainsi, à
creuser ; à creuser ici ; (eh !) ; et à creuser ici (cherchant) ;
cherchant (eh ! ici !), dans ma bouche, dans ma langue :
ce grotesque : ce grotesque triste :
il écrivit : est-il du capricorne ?
il est revenu (plus ardent qu’auparavant) ;
(c’était un fragment de conversation) ; puis il écrivit :
dans le cas où ; et au-dessus : dans le cas où LUI était
(et : dans le cas où LUI) ; et au-dessous : au cas (e : au ; et :
en ; et : n) ;
et : en tourment ; (et pour inspirer de la terreur : (du dégoût, peut-être) ;
chez les filles
aussi) ;
et le 24
février il écrivit : je ne pense plus ; parce que tu es une
mouche, une araignée (en gélatine) ; (dans un morceau,
en fusion, d’ambre) ;
P.S . en réalité il s’agissait de SAG
(et ici, eh ! ici
fait suite une longue ligne, une flèche) ; (une langue) ;
(obscène) ;
ittari ;
et : O (un savarin difforme qui finit sur la page (obscène) ;
à la page suivante) ;
je ne médite plus ; parce
qu’il écrivit ( : et tu es un théâtre anatomique) : voir E3
au-dessus de la carte (mais pense 6D, avec le Parc
d’Egmont, dans la nuit, et avec le conservatoire, et avec
l’hôtel d’Egmont lui-même, et avec tout, bref, avec
tout) ; et parce qu’il écrivit : j’écris ; (et : j’écris
encore) ; (et : j’écris moins) ;
encore moins :
Edoardo Sanguineti, Wirrwarr in La Nouvelle Revue Française, octobre 2007, n° 583, pp. 212-213. Traduit par Philippe Di Meo.
1.
(e:eh!); è nascosta; e devo dire, e voglio (per intanto) dire; (e
per emozione): eh!; dire: eh, meine Wunderkammer! mein
Rosenfeld!; (corno di unicorno!); (cercando (per esempio) l’exaltation
vague);
e scendendo (il 22 aprile) per Rue Royale, poi per Rue
du Bois; e devo dire: tu sei un granchio (per insinuazioni) petrificato; e:
è nascosta (nevrotico stigma) dentro la mia bocca; (e la cosa
è incominciata); (…); (forse, veramente); (non ricordo, di preciso,
quando, nemmeno); e tu sei un camaleonte (per inibizioni) secco; nascosta
sopra la mia lingua; (ma la cosa); (…); (ma quella notte, non la
racconto) (…); (e scendendo verso Rue de la Montagne, verso il Marché
aux Herbes, cercando) ; nascosta così, a scavare; a scavare qui; (eh!)
e a scavare qui, sempre (cercando); cercando (eh! qui!); nella mia
bocca, nella mia lingua: questo grotesque: questo grotesque
triste:
scrisse : è del capricorno? è tornato (più ardente
di prima); (era un frammento di conversazione); poi scrisse: nel caso che;
e sopra: nel caso che LUI fosse (e : nel caso che LUI); e sotto: nel
caso (e: nel; e: ne; e: n);
e: in tormento; (e per incutere
terrore: (disgusto, forse); nelle ragazze, anche);
e il 24
febbraio scrisse : je ne pense plus; perchè tu sei una
mosca, un ragno (in gelatina); (in un pezzo, in confusione, d’ambra);
PS.in realtà trattasi di SAG
(e qui, eh ! qui
segue una lunga linea, una freccia); (una lingua); (oscena);
ittari ;
e : O (una ciambella deforme che termina nella pagina (oscena) ; nella pagina
seguente);
je ne médite plus ; perché scrisse (: e tu sei un teatro
anatomico): vedi E3 sopra la carta (ma pensa 6D, con il Parc d’Egmont,
nella notte, e con il conservatorio, e con l’albergo stesso
d’Egmont, e con tutto, insomma, con tutto); e perché
scrisse: j’écris; (e: j’écris encore); (e:j’écris moins) ;
encore moins:
Edoardo Sanguineti, Wirrwarr, in Mikrokosmos. Poesie 1951-2004, 2004, Editore Feltrinelli, Collana Universale economica, 2004, pagina 41. A cura di Erminio Risso.
La colline aux cigales – Petite audace dans le débris du jour.
LA belle écriture de « la colline aux cigales », dans la véhémence de la parole.. et pour une fois, je re-publie un de ses textes récents
–
Petite audace dans le débris du jour.
–
Je n’attends plus dieu dans la fissure. Sucre fœtal alangui, le trac suprême fait office. Qu’est-ce qui doute ?
Le camouflé du réel rangé dans un placard sordide. Des balais et des serpillières. Des copeaux d’air brûlé reposent dans une bouteille d’alcool. Eau de vie sans vergogne, un enfant meurt toutes les trois secondes. Le miel de la mer bafouille quelques vagues insonores. La récolte des courbes se fait dans les arbres. Dans mon cœur, j’ai la vision du lait que l’on refuse aux chatons. Liqueur d’oliviers répandue dans les champs archaïques, hublot refermé sur la plénitude des couteaux. La lumière s’est rétractée au fin fond de l’intime ombilic. Jets de pétoncles, huîtres écaillées, et encore des couteaux plongés dans le sable. Reptile ordinaire en vrilles jaillissantes, la terre mordue et le venin artisan du soufflet des forges. Où se trouve le sursaut ? J’irai lire le petit jour qui se déhanche dans le corps du matin neuf. Les bras cassés de la plume, j’irai écrire les notes muettes de l’abîme sous tes paupières de cristal.
Tout est redevenu comme avant. Sauf qu’avant les orties brûlantes ne poussaient pas sur ton visage. Sauf qu’avant la lumière refusait de couler dans l’ombre, derrière la vitre. Goutte d’air rebrisée sans fin, ouverte aux mots levés dans le cœur, je marcherai sur cette route qui ne conduit à aucune maison, sur cette corde où nos pieds se dessinent. Nos lèvres sont tremblantes et la terre collée dessus nous embrasse. La mémoire pèse le silence des foudres que l’amour ignore. Puisque de toute façon ta mémoire survie dans l’intervalle où se déroule la vague tendre qui tapisse l’horizon. Rien ne m’encourage davantage à déplacer le temps de sa course effrénée. Au loin, tout existe très fort dans les signes jaillissant par le ricochet des flammes réanimées. Ce matin, alors que le jour balbutiait à peine quelques pépites de lumière, j’ai pris le réveil sur la table de nuit et j’ai ouvert son boîtier. J’ai posé mes doigts sur la mécanique éventrée et j’ai senti le tic tac modifié de la cadence de mon pouls. Il n’y a pas de zones neutres dans l’escarcelle des émotions qui nous animent. Ma charrette est remplie de terre et de cendre mélangées.
Toutes les balises encore vivantes crépitent et se tonifient dans cet amas nostalgique. Ma peau touche à l’engrais des impulsions instinctives.
Je suis déjà lié aux soupirs du ciel. J’entends remuer derrière les nuages. Quelque chose s’agite. Peut-être les épousailles des étoiles et des terreaux fertiles ? Chaque journée grimpe au mât des contraintes, et l’enfer du monde se noie dans son dégoût. Je n’irai plus à toi comme un déversoir d’orages émaciés, toutes les braises de la terre s’étalent au couteau.
Tu ne viendras plus à moi comme un désert assoiffé d’eau claire. Immergés sous nos cathédrales en talus de fumée, nous marcherons dans la blancheur, à l’intérieur même de la blancheur. Nous sommes concassés de prières arrogantes. Nous sommes des poussières abruptes. Un pas de trop, et ce serait la chute. Nous flirtons dans le bout de monde, non loin des tumultes du silence profond, et nous grappillons notre part d’amour retaillée dans la pierre noire. Le jour est la géode osseuse de la nuit. Nous devenons des blancheurs alignées sur le vertige des silences. Assis sur le rebord de l’éternité, nous contemplons l’audace des heures qui meurent et qui renaissent. L’affrontement entre la nuit et le jour semble être une usure sans salive. Nous sommes toujours vaincus par la couleur des mille feuilles et nos âmes coulent profondément dans les saisons vierges où les fleurs se métamorphosent. Quoi d’autre que des fruits bien mûrs pour répandre des parfums enivrants ?
Tu as pénétré ma solitude comme une farine se dilue à l’eau. Une course liquide est debout, à nouveau. Une droite horizontale soutient la parole au-dessus des étoiles. Un trait rouge s’est enfoncé dans la marge, à la périphérie des jours dénivelés.
Nos jardins en escaliers gravissent le passage bariolé des mots dans l’opaque centrifugeuse des rêves. Dans l’ébriété des cendres entassées, une griffe insolente vient titiller la mansuétude avec la précision d’un horloger.
Nous avons avalé puis ingurgité la réparation de nos fibres. La première clarté de ta beauté ne luira que dans la nuit la plus extrême. Parce que le noir possède des vertus insoupçonnées, le rêve aime y piocher les pigments aigus qui troublent la réalité. Sous le brouet de fumigène, ma langue s’alanguie dans l’épaisseur des verves muettes. Je suis un soldat d’utopie en faction. Immobile comme les galons d’un général, je veille sur la bataille des fantômes qui peuplent mes souvenirs. L’illusion a la lourde tache d’inventer le réel. Le silence parle la langue ancienne et méconnue des pâturages préhistoriques.
Des cerceaux d’air s’échappent des cavernes. Je me découvre fourmillant d’étincelles au milieu de l’immensité implacable. La joie ne se cultive pas, elle surgit à l’improviste comme une lumière béate. J’aime te savoir dépossédée comme je le suis. Nos ruines jointées, les mots peuvent mieux graviter sur la corde de fumée transparente où la mort a eu lieu. Nos chagrins sont désavoués par l’amour replié dans nos chairs. Nos vies s’entravent de l’urgence que le passé remonte de ses caves insalubres.
Nos lacunes répondent par défaut à l’insistance de l’émotion imprimée à l’esprit. Le manque se traduit dans le dédoublement de la parole précipitée. J’aime le bruit du torrent que tu fais jaillir dans mon sang. Je dois admettre que l’amour n’est pas qu’une liturgie fantastique. Il est également la passerelle qui nous permet de traverser les ravins. Il colmate les brèches de l’absence et le vide n’est plus aussi effrayant. La joie vient combler le manque. Elle mastique les fentes de nos jardins ébréchés. Une douce chaleur se relève dans l’obscurité. Nous sommes assis au-dessus de l’ombre. L’amour se coupe comme du papier. Nos encres piochent sous nos peaux le souffle qui emporte. Nous sommes éblouis. La nuit agrandit la lumière. Nos poussières se forgent lentement dans la paume pliée de nos mains, et nos cœurs s’accoudent doucement sur l’éternité. La brume est passée au tamis, l’eau est bue par le rayon du soleil, tout est rendu au centuple à la pierre qui saigne. Tu es ma déesse Fortune. Celle qui incarne le hasard subjectif et l’échec de la pensée. Le bonheur bizarrement s’est immiscé à l’enjeu que m’impose l’épanouissement. Je reconnais humblement postuler à sa providence chaque fois que ma vie inquiète te souhaite comme un aveu nécessaire.
Les baisers qui sortent de la vase n’ont pas encore eu le temps de fleurir. Pourtant, les tiges fièrement élancées se dirigent vers le cayeu des lèvres où tout est inhabitable. Le mot plus que toute autre chose. Dépossédés, nous sommes le rayonnement de toutes les opportunités. A présent, il nous suffit d’enfourcher l’aube comme une monture ailée. L’amour est redevenu lui-même : aveugle et fou. Il domine la vallée verte comme les cheveux d’un arbre décoiffé. Mon cœur est cintré de bouffées rouges et mes frissons décapitent les silhouettes qui ne te ressemblent pas. Nous tirerons à la courte paille celui de nous deux qui devra embrasser l’autre le premier. Mon cœur est sur la route, tes mains aux carrefours. Je m’enflamme comme une nova sacrifie sa pudeur aux scintillements célestes. Plus loin que l’emportement, le temps caché derrière le soleil tire sa manche d’où tombe la blancheur comme une farine broyée par la meule de la lumière. Tout se retire d’un ressac. Même l’ombre qui nous suivait se dérobe sous les pas musclés du vertige.
La marche est poudreuse. Elle nous conduit l’un à l’autre, clairsemés. Trop d’espace me déconcentre. Détestable saveur du monde, ma main vieillit dans cet amour basculé. A l’aube, elle n’écrit plus que des choses usées. La vie maintient le ciel hors de portée. Nos cœurs amenuisent les distances en resserrant la lumière. Une montagne devient papier. Des rires circulent sur une trottinette. La mer se déchaîne dans le fond d’un verre. D’un regard je remplis l’entonnoir par lequel tu t’es dissipée. Je réalise ce que la providence articule en moi pour y faire naître ce que je suis. Elle gouverne l’immense part qui échappe à la raison. L’amour pulvérise la blancheur où s’effacent les griefs que le temps amoncelle. Il gicle comme une source traverse le feu qui se hâte dans la nuit déchirée. La mort est l’intermédiaire où la matière se défait, elle exclue tout avenir et pose le présent dans le sac noir de l’éternité. Il nous reste à gorger les ombres du fluide intarissable de l’innocence qui danse dans toute chose. Rien n’est écrit sur l’évidence de la nécessité.
Rien n’est écrit comme une finalité.
L’amour dans son hasard de merveilles subjugue et met en lumière l’immensité des espaces ignorés. Et aujourd’hui, j’assume pleinement cet indéfini créateur.
C’est à lui que je dois mon étonnement profond. L’événement insensé c’est ce que l’on est. L’amour que l’on a en soi nous suit toujours, partout, où que l’on soit. Toi, et seulement toi ! Je sais maintenant la tache que tu avais au fond de l’œil. Toute l’existence repose sur la rencontre. Elle ne peut tolérer la défection d’un lien intime et amoureux. Toute perte est une chute.
C’est une avalanche de tristesse qui déboule de la montagne où le loup s’est caché. Plus aucun bruit de branches, la nuit disparaît sous les couvertures du rêve insolent où remuent des images défectueuses. Le cauchemar ne connaît pas de distinction entre le jour et la nuit. Lumière aigre de la première lampe au fond du couloir, mes mains cherchent la rampe. Tu restes éveillée de ta seule présence dans mon esprit. Nos collines brûlent sans bruit. Tous ces mots enchevêtrés à nos cils.
Il faut sortir de nos paupières closes, aller dehors. Le thym traverse notre jardin au pas de course. Le parfum n’arrive pas à se poser, l’air non plus. C’est un chassé-croisé entre nos cœurs percés d’aiguilles. On ne parle pas davantage que la source. Le feu est un bouquet du premier jour.
Un sentier de mouchoirs borde le Mistral qui nous pousse dans le dos. Salves d’air en remous, tourbillons remontant nos narines. Il fallait creuser dans l’ombre longeant le mur. Alors, j’ai ramassé des pierres et des glycines. Un peu de lierre dans la buée des choses sans nom.
L’endroit où je touche à ma parole, le lieu d’unisson est pure partie de l’abîme. Dans l’extrémité où planent des moineaux, des platanes s’envolent laissant place au canal criblé de nuages blancs.
Nos voix sont fermées à clef, de l’intérieur, et les mots d’amour incendiés se retrouvent dans le désastre des gestes incompréhensibles. A toi qui n’es pas là, je peux le dire, si la mémoire flambe aujourd’hui comme un feu de forêt, c’est que mon cœur s’acharne à brûler l’aube qui t’a suivie. Caravane d’émotions transbahutée dans le jour replié sous la terre. Tes yeux au-dessus de tout soupçon, à la lisère des souffles.
Crémaillère accrochée au silence, je bute encore sur le linge où tu te caches. Il appartient aux étoiles de travailler à la construction de l’infini. Nous parlerons à la terre, aux herbes et aux fruits. Un mot suffira à dilater nos clapotis d’enfant. Nous ressusciterons comme les vieux troncs d’oliviers fendus par le froid sibérien.
De jeunes pousses sont déjà incrustées à la paume de nos mains. Dorénavant pour saisir les heures enfuies, nous tremblerons comme l’air détonne avec le tonnerre. Rien n’a plus d’audace que le jour pour terrasser toute une nuit.
23-03-12
–